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Le profil complexe des émeutiers anglais

Si la plupart sont des jeunes hommes issus de milieux pauvres, les tribunaux voient aussi défiler parmi les personnes arrêtées des enfants, des femmes et des quadragénaires établis.

Lorsque les premières émeutes ont éclaté samedi soir, certains journaux et politiques britanniques ont immédiatement dénoncé les «gangs», à l’origine des attaques selon eux. Quatre jours plus tard, alors que les violences et les pillages se sont propagés en dehors de la capitale, la réalité semble plus complexe. Si une majorité des émeutiers sont bien de jeunes hommes issus des quartiers pauvres, les premières comparutions révèlent des profils très atypiques.

Parmi les personnes qui ont défilé à la barre, un homme qui s’apprête à intégrer l’armée, un chauffeur de chariot élévateur, un graphiste, un ouvreur dans un opéra de Londres. Un cuisinier d’un restaurant bio âgé de 43 ans et son frère de 47 ans ont également comparu pour avoir dévalisé une enseigne de restauration rapide à Clapham, un quartier relativement aisé du sud de Londres. La plupart des accusés ont un casier judiciaire vierge, rapporte le Times.
D’autre part, les différents témoignages recueillis par les journalistes britanniques montrent que l’origine ethnique des émeutiers est très diverse. Les pilleurs sont indifféremment asiatiques, noirs, blancs ou d’origine turque. Les foules de casseurs ne sont pas plus anarchistes ou altermondialistes. Le manque de revendications politiques est patent.

Des mères de familles parmi les pilleurs

Les émeutiers présumés comptent aussi dans leurs rangs de nombreux adolescents et même des enfants dont certains n’ont pas plus d’une dizaine d’années. Le porte-parole de la mairie de Manchester, où des troubles ont éclaté mardi soir, fait état «de jeunes de 9, 10 ou 12 ans, cagoulés, brisant des magasins». Un garçon de 11 ans a même été arrêté lundi soir alors qu’il pillait une boutique à Birmingham. Autre illustration de l’extrême jeunesse d’une partie des fauteurs de troubles, Tim Godwin, qui assure l’intérim à la tête de Scotland Yard, a appelé en début de semaine les parents à «contacter leurs enfants et à leur demander où ils se trouvent.»
Mais les parents censés aider la police à ramener le calme n’ont pas été les derniers à descendre dans les rues. «J’étais dans les émeutes et c’est ma fille de 16 ans qui m’appelait pour savoir où j’étais», glousse Jackie, une mère de famille de 39 ans. Elle n’est pas la seule femme à avoir participé, loin s’en faut. Une autre mère avec deux enfants a par exemple été filmée par une caméra en train d’essayer des chaussures qu’elle venait de dérober dans un magasin de sport de Tottenham, au nord de Londres. Des jeunes londoniennes, interrogées par la BBC, se sont elles félicitées d’avoir pu voler de l’alcool pour faire la fête toute la nuit. D’autres jeunes filles ont aidé par endroit à monter des barricades, rapporte le Guardian .

La distinction entre les participants responsables de délits d’émeutes – voitures brûlées, agressions de policiers – et des pillages opportunistes n’est jamais très claire. En dépit de la grande variété des situations et des profils identifiés, David Cameron persiste à incriminer les «gangs», comme s’ils formaient une entité homogène. «Il n’est que trop clair que nous avons un grand problème avec les gangs dans notre pays», a déclaré le premier ministre mercredi matin, ajoutant qu’ils n’étaient «en rien représentatifs de l’énorme majorité des jeunes gens de notre pays qui les méprisent.»

Par lefigaro.fr Publié le 10/08/2011

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