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Corée du Sud : huit semaines de grève chez Ssangyong motor

Au Ssangyong Motors à Pyeongtaek, Corée du Sud (près de Séoul), on en est maintenant à sa huitième semaine de grève, et la situation des grévistes est de plus en plus catastrophique.
L’article ci-dessous rapporte des faits basés sur des relations émanant de travailleurs et d’activistes impliqués dans la lutte.[print_link]
Pour rappeler brièvement la situation d’ensemble :
Ssangyong Motors est à 51% détenue par la Shanghai Automotive Industry Corporation, société chinoise. En Février l’entreprise fait faillite, propose un plan de restructuration pour obtenir de nouveaux prêts destinés à sortir de la faillite. La cour a approuvé le plan de la faillite, dans l’attente de mises à pied suffisantes pour rendre à nouveau l’entreprise rentable.

Après une série d’actions tout au long du printemps en prévision des licenciements, la grève commence le 27 Mai lorsque la société annonce des suppression d’emploi et la retraite forcée pour 1700 des 7000 travailleurs, sans licenciements supplémentaires de 300 employés occasionnels. Les travailleurs ont immédiatement occupé l’usine, demandant l’annulation des mise à pied, l’arrêt du recours à la sous-traitance et à la précarisation. Le KMWU (Korean Metal Workers Union) a soutenu l’occupation, mais a essayé de canaliser les négations strictement sur la question des licenciements.

À la mi-Juin, environ 1000 travailleurs poursuivent l’occupation, avec leurs épouses et leur familles qui fournissent de la nourriture. Le gouvernement et la société jouent la montre ; en partie en raison d’une crise politique plus large de la droite dure, le gouvernement est hostile à une intervention policière violente ; mais deux semaines plus tard, ils se sont sentis en confiance pour passer à l’offensive. Les travailleurs, pour leur part, se sont armés avec des pinces de fer et des cocktails Molotov.

Les 26 et 27 Juin une sérieuse attaque menée par gouvernement et l’employeur a commencé : avec des briseurs de grèves recrutés pour l’occasion qui, avec l’aide de la police anti-émeute ont essayé d’entrer dans l’usine. Ils ont sécurisé le bâtiment principal, après de violents combats dans lesquels de nombreuses personnes ont été blessées. Les occupants se sont retirés dans l’atelier de peinture, conformément à un plan de défense fondé sur la conviction que la police ne lancerait pas des grenades lacrymogènes dans une zone hautement inflammable. (En Janvier, cinq personnes sont mortes à Séoul, dans un incendie au cours d’un affrontement avec la police, suscitant l’indignation générale).

Le lendemain, la société a fait une déclaration affirmant qu’il y avait eu assez de la violence, mais en réalité, c’est la résistance tenace des travailleurs qui a fait que la police et les milices ont été retirées. La société a exhorté le gouvernement à intervenir directement dans les négations. Tout approvisionnement en eau de l’usine a cependant été coupée à la fin de Juin.

Suite à une ordonnance du tribunal, les forces de répression ont frappé à nouveau le 11 Juillet lorsque la police anti-émeute a voulu de nouveau s’emparer de l’usine, à l’exception du secteur de la peinture, et a cerné la totalité du site.

Depuis l’attaque des 26-27 visant à isoler la lutte de Ssangyong et à briser la grève, les actions de solidarité à l’extérieur de l’usine ont tenté de s’élargir. Il s’agit notamment d’une campagne menée dans les rues, notamment par les organisations familiales, dans le centre de Séoul et dans la zone de Pyeongtaek, de 4 heures de grève générale appelées par le KMWU au cours de laquelle les métallurgistes se sont regroupés en face de l’usine Ssangyong ; les 4 et 11 Juillet la KCTU (Korean Confederation of Trade Unions) a appelé nationalement à des rassemblements pour appuyer la lutte du Ssangyong. Un appel qui a été peu suivi ce qui a fait que le syndicat a hésité à appeler à une grève générale au lendemain des attaques contre l’usine. Beaucoup de militants pensent que les dirigeant de KMWU et de KCTU sont davantage préoccupés par prochaines élections syndicales.

927 activistes ont également fait une journée de grève de la faim dans le centre de Séoul, le 11 Juillet. (D’après mon expérience, en Corée Au cours des quatre dernières années, ces actions sont un rituel qui influence rarement le résultat d’un combat.)

Enfin, le 16 Juillet 3000 membres de KMWU se sont réunis pour soutenir la grève Ssangyong en face de l’Hôtel de Ville Pyeongtaek. Quand ils ont essayé de se rendre à l’usine après le meeting, ils ont été bloqués par la police et 82 travailleurs ont été arrêtés sur place.

Dans l’ensemble, les chances d’une généralisation de la lutte à d’autres usines est peu probable. Beaucoup de militants « activistes » ont le sentiment que même si le KMWU appelait à une grève générale, elle ne serait suivie que dans un faible nombre de lieux. Les travailleurs de l’automobile Hyundai sont eux-mêmes en pleines négociations salariales. De nombreuses usines semblables ont déjà subi un « ajustement structurel » et ne sont plus susceptibles de se mobiliser.

Loren Golner

samedi 18 juillet 2009

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