En contrepoint du texte de la Banquise, publié ci-dessous, il nous a paru pertinent de proposer à la réflexion ce texte de Théorie Communiste N°17, sorti en septembre 2001.
“Pour en finir avec la critique du travail”
La critique du travail ne peut avoir d’objet et se justifier elle-même que si elle construit son objet antérieurement aux rapports sociaux, mais alors elle devient purement spéculative ; inversement si ce sont les rapports sociaux historiquement déterminés qu’elle se met à critiquer, elle entre alors en contradiction avec son premier moment de formalisation abstraite de son objet. La critique du travail voudrait le travail comme rapport social antérieurement à tout rapport social. La critique du travail est une impasse. Premièrement, elle construit un objet d’analyse qui est le travail en soi ; deuxièmement, elle veut déduire de l’analyse de cette activité, qui telle qu’elle l’a posée est une abstraction spéculative, les rapports sociaux contradictoires dans lesquels évoluent les hommes. Cela, soit par un développement contradictoire interne de cette activité, soit de par un caractère irréductible à l’aliénation que, par nature, cette activité possèderait. Les modulations particulières de cette impasse générale aboutissent toutes à la transformation de la critique de la société capitaliste et de son rapport social fondamental, l’exploitation, en critique du travail, critique de l’activité.
Le sujet abordé ici est en conséquence un peu paradoxal. Il s’agit de définir le travail pour dire que le travail n’est pas un objet de la critique théorique. Cela pour deux raisons : la “critique du travail” est comme théorie une impasse ; l’abolition du travail ne passe pas par la “critique du travail”. Notre démarche est cependant nécessaire, car, si le travail n’est pas un objet de la critique théorique et si sa critique ne mène à rien, la critique théorique ne peut en revanche faire l’impasse sur les idéologies de la “critique du travail”. C’est donc comme un moment de la critique de ces idéologies, qu’il est nécessaire de critiquer la notion de travail en tant qu’objet de cette critique et parce que cette notion de travail joue un rôle actif, pratique, de mise en forme des luttes dans les courants les plus radicaux du démocratisme radical. Lire la suite…
Les derniers commentaires