Tunisie : déploiement de l’armée après des émeutes
Le district de Ben Guerdane incendié par les manifestants
En début de soirée du 10 janvier, les affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre se sont intensifiés à Ben Guerdane. L’utilisation du gaz lacrymogène a été constatée et même le recours à des tirs à balles réelles a été réclamé ; toutefois, le ministère de l’Intérieur a refusé ce recours.
Ce témoignage a été apporté par Ammar Mhamdi, secrétaire général de l’Union Régionale du Travail de Ben Guerdane sur les ondes de radio Mosaïque FM, qui déclare, en outre, que des manifestants ont pris d’assaut le district de Ben Guerdane et l’ont incendié.
M. Mhamdi ajoute que les forces de sécurité se sont retirées laissant place à l’armée qui devait intervenir. D’autres sources dont un reportage sur Ettounissiya TV évoque d’autres incendies des locaux du poste de police et de la douane, ainsi que le vol des véhicules de ces organismes ainsi que les actes de saccage touchant le siège du parti d’Ennahdha dans la même localité frontalière.
(BusinessNews.com.tn, 10 janvier 2013 – 21h52)
À quelques jours de l’anniversaire de la révolution
Ben Guerdane pleure lacrymogène
La grève générale à Ben Guerdane finit en … larmes : bombes lacrymogènes, pierres et matraques ont mis fin à la grève générale organisée aujourd’hui par l’Union générale des travailleurs tunisiens.
Un journaliste sur place nous raconte que « vers 14h, alors que tout paraissait calme, tous les commerces étaient fermés. Après la manifestation officielle organisée par l’UGTT le matin, les rues étaient pratiquement vides.
Et puis, des jeunes sont apparus. On sentait que l’atmosphère devenait lourde et la première bombe lacrymogène a surgi.
On nous dit que c’est ainsi depuis quelques jours. Notre témoin sur place nous fait valoir, à ce propos, une certaine tension qui persiste à Ben Guerdane malgré l’ouverture ce matin même du point de passage avec la frontière libyenne. « Le malaise est plus profond de ce qu’on dit. Il ne s’agit pas seulement de la fermeture du point de passage. C’est vrai que pratiquement tout le monde ici vit grâce au commerce avecla Libye, mais ce qu’on sent ici, c’est une sorte de révolte contre la marginalisation de la région. Les habitants de Ben Guerdane réclament leur droit à l’emploi et au développement. De manière plus subtile encore, on sent aussi une certaine révolte contre les Libyens qui deviennent, paradoxalement, indésirables ici ». Rappelons que ce sont les camionneurs libyens qui bloquent, depuis hier, le passage frontalier.
L’UGTT dépassée par les événements
Comment se fait-il que la grève générale annoncée pacifique par l’Ugtt dégénère surtout qu’on entend parler de blessés aujourd’hui ? Omar Mhamdi, secrétaire général du bureau régional de l’UGTT à Ben Guerdane, clarifie les choses : « Nous avons voulu cette grève générale pour, précisément, calmer les esprits. Cela fait deux jours que les forces de sécurité réagissent avec violence aux manifestations des jeunes dans la région. À travers la grève générale nous avons voulu alerter les autorités quant à la gravité de la situation. Mais hélas personne ne nous a entendus et les conséquences on les constate aujourd’hui sur le terrain », affirme-t-il.
Mais indépendamment de ce que disent les uns et les autres, le résultat est le même. Au final, on a une situation qui dégénère, des tensions qui s’amplifient, une ville entière en ébullition. À faire la liaison avec ce qui se passe parallèlement au Kef, on peut légitimement s’interroger sur l’issue des troubles actuels. Une deuxième révolution est-elle en train de se préparer, à quelques jours de l’anniversaire de la première ?
(LEconomisteMaghrebin, 10 janvier 2013)
Tunisie: nouveaux heurts entre manifestants et policiers dans le sud
(AFP) –
BEN GUERDANE — De nouveaux heurts ont opposé des manifestants à la police samedi à Ben Guerdane, ville du sud tunisien près de la frontière libyenne, des violences nourries par les frustrations sociales en Tunisie qui fêtera lundi les deux ans de sa révolution.
Une foule de jeunes, excédés par leurs conditions de vie et le chômage, se sont rassemblés dès la matinée face au commissariat qu’ils avaient incendié jeudi et ont lancé des pierres en nombre sur les policiers qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène, selon un journaliste de l’AFP.
En fin d’après-midi, les policiers ont quitté le poste pour se réfugier dans les locaux de la garde nationale, l’équivalent de la gendarmerie.
Quelques heures plus tard, des affrontements ont repris de plus belle et le commissariat a été incendié une seconde fois. Des manifestants ont dit avoir réagi ainsi pour protester contre des déclarations du Premier ministre, Hamadi Jebali.
“L’Etat comprend les revendications sociales et respecte la liberté d’expression, mais ne tolère point les saccageurs, les trafiquants de drogue et les agresseurs”, a dit M. Jebali, selon l’agence officielle TAP, au sujet de la situation à Ben Guerdane.
Aucun bilan des affrontements, qui ont débuté il y a une semaine, n’a été fourni. Le ministère de l’Intérieur n’a fait aucun commentaire sur ces violences.
Les slogans des émeutiers à Ben Guerdane visaient en particulier le parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement et dont le siège a aussi été saccagé et pillé cette semaine.
“Ben Guerdane est libre, Jebali dehors!” scandaient les manifestants, masqués pour la plupart.
Une réunion de conciliation a échoué en milieu de journée, selon Amar Hamdi, le dirigeant de la branche locale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), principal syndicat du pays.
“Les autorités présentent les évènements comme un problème sécuritaire alors que nous réclamons des projets de développement”, a-t-il dit, dénonçant “qu’aucun membre du gouvernement n’est venu à Ben Guerdane pour essayer de résoudre le problème”.
Les violences y ont éclaté le 6 janvier après une manifestation réclamant la réouverture de la frontière tuniso-libyenne, qui avait été fermée début décembre à l’initiative de la Libye et avait bloqué le commerce transfrontalier, une source de revenu importante pour la région.
M. Jebali a obtenu sa réouverture jeudi, mais la contestation ne s’est pas pour autant essoufflée, entraînant une fermeture temporaire du poste-frontière de Ras Jdir ces deux derniers jours.
“Nous ne voulons pas que la réouverture de Ras Jdir, nous voulons des projets de développement”, a dit à l’AFP l’un des manifestants.
Les mouvements sociaux dégénérant en violences se sont multipliés ces derniers mois en Tunisie, compte tenu des espoirs socio-économiques déçus après la première des révolutions du Printemps arabe.
Grève générale au Kef
Violences au Kef suite à la grève générale
Le Kef a été le théâtre, ce mercredi 16 janvier 2013, de violents affrontements entre des jeunes de la région et les forces de l’ordre avec des jets de projectiles (pierres et cocktails Molotov) d’un côté et du gaz lacrymogène et des tirs de sommation de l’autre côté, et ce à la suite de la grève générale qui a eu lieu en ce jour même.
Selon une source sécuritaire citée par la TAP, un groupe de 500 jeunes a attaqué le poste de police et le district de sécurité du Kef en essayant vainement de les incendier ainsi que le bureau local d’Ennahdha.
En effet, la vie économique et sociale a été paralysée aujourd’hui au Kef à la suite de la grève générale lancée à l’appel de l’union régionale du travail du Kef.
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Ainsi, les commerces, administrations et établissements scolaires et universitaires sont restés fermés alors que le secteur du transport dans la ville du Kef et les autres villes du gouvernorat a été sérieusement perturbé vu que les bus de transport public et les voitures ”louages” étaient également en grève. Seuls les hôpitaux, les boulangeries et les pharmacies ont été ouverts.
La Chambre d’industrie de l’Union régionale de l’industrie du commerce et de l’artisanat du Kef a soutenu, dans un communiqué, la grève générale, appelant le gouvernement à accélérer la réalisation des projets de développement et à répondre aux aspirations des habitants de la région.
Quelques milliers de personnes (5.000 selon des sources syndicales citées par la TAP qui affirme un taux de participation à la grève de 90%) ont parcouru la ville dans une marche, brandissant des pancartes auxquelles on a inscrit : « non au monopole pour préserver le pouvoir d’achat du citoyen » et « les travailleurs tiennent au développement régional équilibré » ou « Meherzia, toi tu t’achètes un Q7 et le Kef doit se taire ».
Les protestataires ont, également, scandé des slogans anti gouvernement et anti Ennahdha.
(Business News, 16 janvier 2013)
La grève générale dégénère au Kef
Des affrontements ont opposé ce mercredi 16 janvier les grévistes keffois aux forces de l’ordre. Mounir Bechedly, architecte sur place, nous a affirmé que les forces de l’ordre ont eu recours au gaz lacrymogène pour disperser les grévistes, venus nombreux protestés contre la marginalisation et l’absence de développement.
« Le gouvernement ne fait pas le moindre effort pour améliorer la situation dans la région », nous assure-t-il. « Rien n’a été fait, ni pour résoudre la question du chômage, ni pour améliorer l’infrastructure. Même pas un nouveau poteau», ajoute-t-il.
Notre interlocteur estime que la grève est un succès : « Tous les commerces ont fermé, contrairement à ce que disent certains sympathisants d’Ennahdha. Aucun négoce n’a été ouvert. Même les boulangeries ont fait la grève bien qu’on leur ait demandé d’ouvrir leurs portes aujourd’hui », lance-t-il.
Toujours selon M. Bechedly, « la marche était pacifique au départ, mais il y a eu par la suite certains débordements. Certains grévistes ont essayé d’attaquer les locaux d’Ennahdha. D’autres ont essayé d’envahir le poste de police. Et on a su par la suite qu’il s’agit essentiellement des proches de certains détenus de la révolution qui croupissent toujours en prison sans jugement ».
Et M. Bechedly d’ajouter : « Les forces de l’ordre ont répondu par le gaz lacrymogène pour disperser les foules. Mais ce qui a aggravé davantage la situation c’est l’intervention des ligues de protection de la révolution qui se croient en devoir de réprimer les foules et de soutenir les forces de sûreté ».
Il y a eu, selon notre témoin, quelques personnes asphyxiées par les gaz lacrymogènes qui ont été conduites à l’hôpital de la ville.
On vient d’apprendre aussi que les affrontements se poursuivent, jusqu’à cette heure [18h08], au Kef.
(Imen Gharb, LEconomisteMaghrebin.com, 16 janvier 2013)
Violents affrontements au Kef… qu’en sera-t-il à Kasserine ?
(…) Néanmoins, dans l’après-midi, les évènements ont dégénéré suite à de violents affrontements entre des jeunes manifestants et des forces de l’ordre. Du gaz lacrymogène, des cocktails Molotov et des pierres étaient au menu quand quelques 500 jeunes, selon ce qu’avance l’agence TAP, ont attaqué un poste de police et le bureau d’Ennahdha. Les policiers ont même réussi à sauver de justesse ces locaux d’une tentative d’y mettre le feu. Un scénario semblable à ce qui s’est passé à Ben Guerdane, quelques jours plutôt.
La violence des affrontements entre citoyens et policiers à chaque jour de grève générale décrétée fait craindre le pire demain [jeudi 17 janvier] dans le gouvernorat de Kasserine qui doit, à son tour, entamer une grève générale pour exprimer sa colère…
(Webdo, 16 janvier 2013)
Le Kef : La grève dégénère en affrontements
La ville emblématique des hauteurs du Nord Ouest tunisien, s’est réveillée ce mercredi 16 janvier, en veilleuse. Le mot d’ordre de grève générale décrété par l’UGTT a été rigoureusement respecté.
La ville entendait protester contre le retard de mise en place de réformes et de programmes de développement, contre la marginalisation de la région et contre le non respect des termes des accords établis avec le gouvernement.
Rapidement, les évènements se sont enchaînés, avec une marche qui a regroupé quelque 5000 participants, qui a longé les artères de la ville scandant des slogans hostiles au gouvernement.
Cette marche a rapidement dégénéré quand des groupes de personnes s’en sont pris aux locaux de la sûreté en voulant les incendier, de même que ceux du mouvement Ennahdha, qui ont essuyé des jets de pierres et des cocktails Molotov.
La police a riposté par des salves de bombes lacrymogènes pour repousser les assaillants qui voulaient s’introduire dans les locaux du poste de police de la ville et du district de la sûreté.
(Tunisie Numérique, 16 janvier 2013)
Tunisie : Une nouvelle manifestation pour l’emploi dégénère
La police tunisienne a fait usage de grenades lacrymogènes pour repousser les jets de pierres de manifestants qui protestaient contre leurs difficultés économiques, mercredi au Kef, ville du dans le nord-ouest du pays. Les manifestants défilaient pour réclamer des mesures pour l’emploi et le développement économique de la région. Ils ont tenté d’attaquer un commissariat de police du Kef lorsque les heurts ont éclaté, selon des témoins.
« La police a tiré des gaz lacrymogènes partout et frappé des manifestants à coups de bâton (…) Beaucoup de gens souffrent des gaz lacrymogènes », a déclaré à Reuters Karim Fadlaoui, un habitant du Kef.
Cette ville de près de 45.000 habitants, située à 180 kilomètres au nord-ouest de Tunis, ne possède que quelques usines. Ses habitants souhaitent que le gouvernement, dominé par les islamistes, investisse dans la région pour créer de l’emploi. Le taux de chômage a atteint 17% en Tunisie et le gouvernement prévoit une croissance de 4,5% du PIB cette année, contre 3,5% l’an dernier.
(20minutes.fr avec Reuters, 16 janvier 2013)
(…) Selon le secrétaire général du l’URT du Kef, Ibrahim Guesmi, le recours à la grève générale fait suite à la non application des accords convenus entre l’union régionale du travail et le gouvernement qui prévoient l’impulsion de l’emploi et de l’investissement privé, notamment à travers le démarrage du projet de la mine de phosphate à Sraouertane, la construction d’une usine de production de ciment à Zouaouine et l’entrée en exploitation d’autres mines dans le gouvernorat comme celle de Hmima ou à Kalaat Snene. (…)
(Tunivisions.net, 16 janvier 2013)