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“Politique des parias. Sur la racialisation de la classe ouvrière anglaise”

Nous relayons ici un texte de Satnam Virdee, “Politique des parias. Sur la racialisation de la classe ouvrière anglaise” mais dans un premier temps et malgrè quelques réserves, nous relayons la recension qui en est faite sur le site du PIR.

Pourquoi relayer ce texte?
Nous trouvons très intéressant le parti pris d’apporter un complément à l’excellente somme de E.P. Thompson “la formation de la classe ouvrière anglaise” en amenant un point de vue “racialisé” en contrepoint du texte.

En effet, l’articulation classe/genre/race nous parait au coeur des réflexions actuelles dans le milieu de la communisation et nous tenons à signaler ce qui s’y produit de pertinent, à notre avis, comme nous le faisions ICI, même s’il nous semble que l’articulation “distinction de genres/distinction de classes” comporte un caractère fondateur du mode de production capitaliste et la distinction de race un caractère plus plus circonstanciel, plus conjoncturel dans l’histoire, ce qui n’enlève rien à l’horreur de l’histoire coloniale.

Il ne s’agit pas ici d’établir de hiérarchie entre les ségrégations mais de risquer une position dans la discussion actuelle. Le Capital moderne se trouve avoir déferlé sur la planète sous sa forme blanche et chrétienne et avoir réussi et écrasé le monde là ou la communauté asiatique, les civilisations de l’Inde ou de l’Egypte antique ont périclité et l’expansion arabo musulmane a été stoppée… Nous sommes preneur d’échanges de positions sur le thème…

Alors, quelle réserves?
Pour ce qui est du principe de relayer des textes de sites
“non proches”, nous vous renvoyons aux échanges plus ou moins passionnants qui ont suivi le texte “un monde immonde engendre des actes immondes”.

Reste que dans l’acronyme PIR il y a au moins deux mots qui, pour nous appartiennent au champ lexical de l’ennemi: parti et République.

Ce parti agit dans la sphère politique, c’est à dire dans le champ scientifique du capital, en concurrence avec toutes les idéologies qui se proposent de nous organiser le monde. La notion même de “décolonial” est une interpellation politique de l’Etat, au sens d’un Etat qui fait mal son travail et que le PIR se propose d’amender, même au travers d’une réthorique radicale et violente.

Extraits de la déclaration de principe du PIR

“Le PIR est un parti politique qui agit pour défaire le caractère impérial, colonial et racial de l’Etat français ainsi que tous les mécanismes qui contribuent au sein de la société à reproduire les hiérarchies raciales.”

“Le PIR a pour objectif politique l’avènement d’une majorité politique contrôlant les principaux leviers institutionnels et déterminée à engager les profondes réformes institutionnelles, sociales, économiques et culturelles, nécessaires pour poursuivre le processus décolonial, dans ses différentes dimensions, et combattre les inégalités raciales.”

Reste l’intérêt de textes dont nous voulons partager la connaissance……dndf

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La recension:
Le mouvement ouvrier anglais face aux parias racialisés
En 1963, E.P. Thompson devient l’un des historiens majeurs du mouvement ouvrier britannique après avoir publié ‘La formation de la classe ouvrière anglaise’, ouvrage dans lequel il montre que la classe ouvrière anglaise n’est pas née mécaniquement du seul fait des contradictions économiques du capitalisme anglais, mais que celle-ci découle d’un processus actif. Pour résumer cet immense ouvrage, la classe ouvrière anglaise s’est constituée elle-même autant qu’elle a été constituée par des conditions objectives. Selon Perry Anderson, dans Arguments Within English Marxism, trois thèses fondamentales apparaissent dans l’ouvrage de Thompson :

la suite: http://indigenes-republique.fr/le-mouvement-ouvrier-anglais-face-aux-parias-racialises/

Plutôt que de proclamer abstraitement « l’articulation race-classe », l’ouvrage de Satnam Virdee démontre que la classe ouvrière est aussi touchée par le processus de racialisation à l’origine des antagonismes raciaux. Ce livre est très parlant pour le contexte français également. Dans La contre-révolution coloniale en France (2009), Sadri Khiari montre en effet l’importance qu’ont eue les résistances indigènes au sein du prolétariat français :

« Médiées par les luttes de classes, relayées parfois par les syndicats blancs, soutenues par des mouvements de solidarité, certaines de ces luttes ont laissé des traces, mais on sous-estime généralement leur diversité et leur ampleur, notamment au cours des années 1970. Et comme on considère les travailleurs immigrés comme des victimes et seulement des victimes, « boucs émissaires » sans consistance politique réelle, on néglige l’impact profond de leurs luttes ; on n’aperçoit pas les recompositions que leur action fait subir au champ politique.

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Le texte:

Politique des parias. Sur la racialisation de la classe ouvrière anglaise

Categories: Nouvelles du monde Tags:
  1. FV
    18/01/2016 à 13:09 | #1

    Si maintenant il est possible de visiter le site du “PIR” sans réserves voila une bonne nouvelle !

  2. Stive
    18/01/2016 à 18:08 | #2

    Parce que le préambule est sans réserves ? Il faut quand-même lire ce qui est écrit et chacun est libre d’aller lire ce qui l’intéresse sans la suspicion d’une quelconque “police politique”, et sans que cela implique que l’on accorde son adhésion au site ou à l’édition qui propose un texte à la réflexion.

  3. Anonyme
    28/01/2016 à 17:00 | #3

    “Non proche” est un euphémisme. Les antisémites, homophobes du PIR sont des “non-proche” ? Pour nous il s’agit simplement d’ennemis. C’est totalement délirant de lire cela ici.

  4. Doc Sportello
    28/01/2016 à 20:57 | #4

    T’as aussi lu ce qui suit quand même ? Mais j’imagine que pour toi, tout le monde qui ne vénère pas l’Anarchie en tant que divinité suprême et ne reconnaît pas Bonanno comme son prophète est un ennemi…

  5. adé
    29/01/2016 à 13:39 | #5

    DNDF…” la distinction de race un caractère plus plus circonstanciel, plus conjoncturel dans l’histoire,…”

    Pour le coup il s’agit d’une “conjoncture” qui dure, dure, dure depuis quand?

    “Enfin,l’essentiel! Tous les centres industriels et commerciaux d’Angleterre ont maintenant une classe ouvrière scindée en deux camps ennemis, prolétaires anglais et prolétaires irlandais.
    L’ouvrier anglais ordinaire déteste l’ouvrier irlandais comme un concurrent qui abaisse son niveau d’existence moyen. Il se sent à son égard membre d’une nation dominatrice, devient de ce fait un instrument des aristocrates et des capitalistes contre l’Irlande et consolide leur domination sur lui-même. Des préjugés religieux, sociaux et nationaux le dressent contre l’ouvrier irlandais. Il se conduit envers lui à peu près comme les Blancs pauvres envers les”
    niggers” dans les anciens Etats esclavagistes de l’Union[…]Cet antagonisme est le secret de l’impuissance de la classe ouvrière anglaise, en dépit de son organisation. C’est aussi le secret de la puissance persistante de la classe capitaliste, qui s’en rend parfaitement compte ( K.Marx:Correspondance, 10: 345). in: Kevin B. Anderson “Marx aux antipodes, Nation, Ethnicité et sociétés non-occidentales”
    Le capitalisme comme mode de relation est un tout: tout en lui est essentiel, rien n’est “conjoncturel”, ni “circonstanciel”, pas plus les hiérarchies “de genre”, que celles de “races”.
    Comment sinon comprendre que cette “distinction” accompagne la colonisation capitaliste, européenne, chrétienne et blanche? Comment peut-on dire, penser que cette “distinction” est conjoncturelle alors qu’elle persiste partout ?

  6. pepe
    30/01/2016 à 12:12 | #6

    Une apparition conjoncturelle ne signifie pas obligatoirement passagère ou fugace. Cette introduction de l’article relevait le fait que le capitalisme occidental, dans les circonstances conjoncturelles de l’époque, pour envahir le monde, a du rationaliser ses pillages, ses massacres, le vol des territoires, des productions et des corps, l’utilisation massive d’esclaves, en faisant des autochtone rencontré des “non humains”, des “cannibales”, des “barbares”, polythéistes etc, etc. La race inférieure devenait le support idéologique légitimant l’invasion. Les dits indigènes étaient colorés, plus ou moins foncés selon les territoires rencontrés. Les puissances dominantes dans l’histoire, même celles qui ont fini par disparaitre, ont en général défini les peuples conquis dans leur essence comme différente, barbare, étrangère, diabolique, inculte, paîenne, etc
    On pourrait imaginer une civilisation chinoise qui au lieu de péricliter conquière le monde, un pan arabisme qui réussit…. le racisme en aurait peut être revétu des couleurs différentes….
    En revanche, partout et dans toutes les sociétés de classes, la force productive que constitue l’augmentation de la population et donc le groupe humain qui produit cette population, les femmes, a systématiquement, structurellement été accaparée par le groupe dominant, les hommes…

  7. adé
    30/01/2016 à 15:06 | #7

    pepe:1) “On pourrait imaginer”…”2°”En revanche, partout et dans toutes les sociétés de classe, ”

    1) Et si on pouvait mettre Paris dans une bouteille, il se retrouverait …au Havre. Imagine.

    2) En revanche, la civilisation occidentale dès sa genèse et jusqu’à présent est inextricablement liée à la domination d’une race sur toutes les autres. Le capitalisme actuel est- non-fortuitement, non conjoncturellement, non fugacement, ni passagèrement- donc structurellement une domination de race. Système mis en place, toujours réactualisé, mouvement sans fin d’une colonisation du monde, càd :destruction de toutes les formes de vie ne correspondant pas à son “standard”.

    Il ne s’agit pas d’une apparition conjoncturelle, “les circonstances conjoncturelles de l’époque” sont les circonstances structurelles de la civilisation occidentale. La ségrégation de race n’est pas un accident. Ou alors cet accident occidental est, et demeure, l’un des piliers de la domination de l’occident sur le reste du monde.
    Tant que cette domination n’est pas mise à bas, contestée et reconnue comme telle, rien ne bougera dans le monde occidental lui-même.
    “Le travail flétri sous la peau noire, ne saurait être libéré sous la peau blanche” K.Marx.

  8. adé
    30/01/2016 à 15:44 | #8

    Le postulat de base du groupe[modernité/décolonialité] affirme que la colonialité n’est pas équivalente au colonialisme. Elle se réfère à la continuité des formes de domination et d’exploitation après la disparition des administrations coloniales. Cependant, la colonialité n’est pas dérivée de la modernité, mais constitutive de celle-ci. De ce fait, modernité et altérité (ou colonialité) sont les deux faces d’une même pièce, d’un seul et unique phénomène : le système mondial « moderne/colonial ». Le groupe insiste ainsi sur le fait que les relations coloniales de pouvoir ne se sont pas limitées aux dominations économiques, politiques et/ou juridico-administratives du centre sur la périphérie (le colonialisme). Par exemple, elles comportent également une importante dimension épistémique. L’Europe est apparue comme le lieu privilégié d’énonciation et de production de connaissances et a acquis une hégémonie épistémique sur toutes les autres cultures de la planète. Les pensées émises depuis les colonies, puis les ex-colonies, ne sont pas seulement considérées comme étant essentiellement différentes. Elles sont également classées comme étant arriérées, mythiques ou préscientifiques, voire anti-scientifiques, à moins qu’elles ne soient balayées d’un revers de la main comme étant provinciales, essentialistes ou, pis, fondamentalistes [Boidin et Hurtado López, 2009]. Or ces violences symboliques et épistémiques ne disparaissent pas lorsque cessent les dispositifs légaux et politiques du colonialisme. Elles disparaissent d’autant moins facilement que les relations de dépendance économique n’ont pas pris fin et que, selon ces auteurs, une « colonialité globale » s’est substituée au colonialisme moderne. Le groupe parle alors de plusieurs formes de colonialité : une colonialité du pouvoir, de l’être, du savoir et de la nature.

    Référence(s) :
    Claude Bourguignon-Rougier, Philippe Colin et Ramón Grosfoguel (dir.), Penser l’envers obscur de la modernité : une anthologie de la pensée décoloniale latino-américaine, Limoges, Pulim, 2014.
    in Cahier deS Amériques LatineS

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