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Le rabbin cocaïnomane n’était pas un trafiquant

Il y a deux lectures de cette histoire. Celle d’un immense chagrin – la perte brutale de son épouse en 1996 – qui l’a conduit à sombrer dans l’alcool puis la drogue, et à chercher la compagnie des prostituées. Ou celle d’un homme d’affaires aguerri et fortuné qui a monté un trafic de drogues à Manchester.
Après une semaine d’audience, le tribunal de Manchester a choisi la première, mercredi 25 novembre. Il a jugé que le rabbin Baruch Chalomish était coupable de possession de cocaïne, mais qu’il n’avait jamais cherché à vendre de poudre blanche. Son dealer, Nasir Abbas, en revanche, aujourd’hui en fuite, a été condamné à six ans de prison.[print_link]

Lorsque le verdict a été annoncé, le rabbin a pris sa tête entre ses mains, avant de verser des larmes de soulagement. L’homme de 55 ans connaîtra les détails de sa peine le 17 décembre, mais il sait d’ores et déjà qu’il a échappé au pire. Le juge Michael Henshell a fait savoir que les travaux d’intérêt général semblaient mieux adaptés que la prison à ce “membre éminent de la communauté juive”.

“Ce fut un cas extraordinaire, a-t-il commenté, je suis certain que vous ne pouvez pas ne pas avoir été émus par ce que vous avez entendu.” M. Chalomish s’est présenté comme “cassé” par la perte de celle dont il avait partagé la vie pendant dix-huit ans et “honteux” de sa déchéance. Il a affirmé avoir sniffé “1 000 livres sterling par semaine” pour fuir la dépression et “ne plus se sentir seul”.

UN VÉRITABLE ATELIER

Le procureur, lui, a préféré la deuxième version de l’histoire. Les faits, a affirmé Michael Goldwater, sont sans ambiguïté. Il a ainsi rappelé que le 5 janvier, à 9 heures du matin, la police a fait une descente dans un appartement-hôtel du nord de Manchester, que M. Chalomish n’avait pas quitté depuis dix jours. Elle y a trouvé le rabbin et son dealer ainsi que des prostituées.

Surtout, il y avait là des quantités astronomiques de cocaïne, de quoi la couper, une balance pour la peser, des billets roulés pour la sniffer, des cartes bancaires pour la mettre en ligne. Bref, un véritable atelier !

Au domicile de M. Chalomish, dans le quartier juif orthodoxe de Prestwich, la police fait des découvertes similaires. Au total, elle met la main sur 101 grammes de cocaïne (d’une valeur de 6 700 livres) d’une grande pureté et près de 17 000 livres de cash.

Pour M. Goldwater, il s’agit là des preuves caractérisées d'”une opération de vente de drogue”. “Abbas avait le savoir-faire, il connaissait le métier. Il avait les contacts. Le rabbin, [dont la fortune personnelle avoisine les 7 millions de livres], était le financier”, a-t-il martelé. D’ailleurs, a-t-il également argué, les deux hommes avaient même prévu d’ouvrir un restaurant ensemble.

M. Chalomish a répondu au procureur qu’il achetait toujours de grosses quantités, pour être sûr de ne pas manquer. “Quand j’achète des cigarettes, c’est pareil, j’achète vingt paquets, pas un ou deux”, a-t-il ajouté. Avant de préciser qu’il ne consommait que de la cocaïne pure et que celle de M. Abbas était “la meilleure de la ville”.
Virginie Malingre
LEMONDE.FR | 26.11.09

Londres, correspondante

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