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“En Seine-et-Marne, Sarkozy récidive sur les prisons”

N’étaient les épaules plus immobiles, le débit plus lent, la voix plus grave, on aurait pu se croire hier en 2002 en train d’écouter le ministre de l’Intérieur annoncer son programme en matière de sécurité. Car derrière cette posture présidentielle, les piliers de la doxa sarkozienne ont rythmé le discours prononcé dans le gymnase du nouveau centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne), qui accueillera bientôt près de 800 détenus. Délinquance des mineurs, traitement de la récidive, en particulier pour les délinquants sexuels : entre bilan et début de campagne, Nicolas Sarkozy a déroulé ses fondamentaux.

Brosse. Mais avant ces dossiers sensibles, celui qui était hier le premier chef de l’Etat à se rendre dans une prison depuis quarante ans – ce qui en dit long sur le niveau de priorité du sujet dans la politique française – a pris soin de parler un peu logistique et de sortir la brosse à reluire, mai 2012 arrivera bien assez vite. Au rayon des moyens, le Président a promis la construction, d’ici à 2017, de 30 000 places de prison supplémentaires, ce qui portera le total à 80 000 places. Pas évident que cela suffise à enrayer la surpopulation carcérale chronique (64 250 détenus pour 56 150 places) du fait de l’augmentation mécanique du nombre de détenus à cause… de la politique menée par Nicolas Sarkozy, par exemple en matière de récidive. «C’est une réalité, ce n’est pas faire preuve d’angélisme […] ni être sans cœur [que de donner à la justice] les moyens d’exécuter les peines, car une justice efficace, c’est une justice dont les décisions sont suivies d’effet», a-t-il lancé. Il a aussi souhaité la création «de prisons dédiées aux condamnés à de courtes peines ne présentant pas de dangerosité particulière»,en utilisant des terrains ou bâtiments délaissés.

Ayant à l’évidence en tête le plus grand mouvement de grève de la magistrature, en février, après sa violente charge contre le monde judiciaire, Sarkozy a tenté de recoller les morceaux. En soulignant, mais sans plus – tant son hostilité à l’égard des juges s’est ostensiblement manifestée par le passé – que «nos magistrats font un travail remarquable», et aussi à l’égard des conseillers d’insertion et de probation, si décriés à l’occasion des ratés de l’affaire Laëtitia Perrais à Pornic en janvier. «Il faut les soutenir», a estimé Sarkozy en annonçant, sans le chiffrer, un accroissement des moyens.

Mais c’était aussi une manière de rappeler combien sa vigilance resterait forte sur la prévention de la récidive criminelle, «qui est quand même le grand sujet», notamment pour les criminels sexuels et le suivi des injonctions de soins. Sur ce point, le centre pénitentiaire de Réau va devenir le deuxième, après celui de Fresnes, à disposer d’un centre d’évaluation qui permet aux détenus d’être dirigés, après quelques semaines d’observation, dans la prison la mieux adaptée à leur profil.Enfin, sur un autre thème de prédilection, la délinquance des mineurs, Nicolas Sarkozy a annoncé la création de 20 nouveaux centres éducatifs fermés (il existe 40 CEF à ce jour), car, a-t-il répété, «le mineur délinquant de 2011 n’est pas celui de 1945, il est plus jeune et plus violent».

Royal. Avant cette visite, le Président a inauguré le CEF de Combs-la-Ville, des personnels ayant été obligés, selon des sources syndicales, d’assister à la cérémonie. Sarkozya aussi repris la proposition de loi du député Eric Ciotti (UMP) créant un service citoyen avec encadrement militaire pour les jeunes délinquants. Une annonce qui a aussitôt fait réagir Ségolène Royal qui a crié à «la récupération» et rappelé qu’elle avait elle-même lancé l’idée pendant la campagne de 2007.

Liberation.fr

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