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Les gendarmes s’invitent au collège…

Les policiers français réveillent au petit matin un journaliste qu’une juge dit négligeant. Les gendarmes, eux, vont se balader dans les salles de cours du collège de Marciac (Gers) avec leurs chiens renifleurs, histoire de surprendre des apprentis dealers de 13 ou 14 ans.

C’est l’étrange descente dénoncée par des parents indignés et des enfants bouleversés. Le 19 novembre dernier, les élèves de 4e et de 3e du collège de Marciac devaient rencontrer des gendarmes pour discuter des risques liés à la consommation de drogues. C’est ce que le conseiller principal d’éducation (CPE) leur avait annoncé, une conversation au coin du tableau noir sur la prévention, comme tous les collégiens en ont connu dans leur vie.

Chiens renifleurs

Sauf que les élèves voient débarquer dans leur cour plusieurs gendarmes accompagnés de chiens renifleurs. Ils se grattent la tête. Un exercice grandeur nature? Zoé David, 13 ans, était en classe ce mercredi-là. Zoé a tout raconté dans une lettre, que son père a donné à un blog d’info locale en Armagnac et au CPE. Elle évoque d’abord l’arrivée d’un «monsieur chauve habillé en militaire» (le dresseur de chien) et d’un gendarme «très gros» dans la salle.

La prof est surprise. «Elle n’était à priori au courant de rien», dit Zoé. Qui donne vite le ton de la visite: «Le chauve nous a dit: “Nous allons faire entrer un chien! Mettez vos mains sur les tables, restez droit, ne le regardez pas! Quand il mord, ça pique!”»

La suite n’est pas vraiment inscrite dans les manuels scolaires: «Les gendarmes se sont placés aux deux extrémités de la classe tandis que le dresseur regardait son chien déjà à l’œuvre. Le chien s’appelait Bigo. Bigo s’est acharné sur plusieurs sacs, en mordant et arrachant tout ce qui dépassait. Quant à la prof, elle restait derrière son bureau bouche bée.»

«On dirait qu’elle n’a pas de hash mais avec sa tête mieux vaut très bien vérifier!»

Les camarades de Zoé sortent les uns après les autres pour une fouille corporelle. «C’était à mon tour! La fouilleuse me fit enlever mon sweat sous le regard des deux autres gendarmes… Je décris: Un gendarme à terre disséquait mes stylos, un autre le surveillait, un autre qui regardait la fouilleuse qui me fouillait et le reste de la troupe dehors. Ne trouvant rien dans ma veste, elle me fit enlever mes chaussures et déplier mes ourlets de pantalon. Elle cherche dans mes chaussettes et mes chaussures.»

«Le gars qui nous regardait, dit à l’intention de l’autre gendarme: “On dirait qu’elle n’a pas de hash mais avec sa tête mieux vaut très bien vérifier! On ne sait jamais…”»

«Ils ont souri et la fouilleuse chercha de plus belle! Elle cherche dans les replis de mon pantalon, dans les doublures de mon tee-shirt sans bien sûr rien trouver. Elle fouilla alors dans mon soutif et chercha en passant ses mains sur ma culotte! Les gendarmes n’exprimèrent aucune surprise face à ce geste, mais ce ne fut pas mon cas!!!!!!!»

«Je dis à l’intention de tous: ‘‘C’est bon arrêtez, je n’ai rien!!!!’’ La fouilleuse s’est arrêtée, j’ai remis mon sweat et mon fouilleur de sac m’a dit: ‘‘Tu peux ranger!’’»


Le principal: «Je conçois que l’intervention puisse avoir un côté impressionnant»

Le père de la fillette, Frédéric David, explique avoir reçu de nombreux mails de professeurs, d’élèves et de parents, exprimant leur incrédulité et leur colère, «près de 600 messages de solidarité de personnes et d’associations». Il a le soutien de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) du Gers.

La fouille a été engagée à la demande du directeur de l’établissement, Christian Pethieu. Voici son commentaire livré au quotidien «la Dépêche»: «De suite après l’exercice, je suis passé dans les classes pour dire qu’un maître-chien viendrait prochainement expliquer comment il travaille. Mais après réflexion, je conçois que l’intervention puisse avoir un côté impressionnant. A l’avenir, il faudrait peut-être revoir la procédure et faire une visite explicative en amont de ce genre d’exercice.»

Il a forcément reçu l’aval de la procureure de la République du Gers Chantal Firmigier-Michel pour pouvoir inviter en toute légalité les gendarmes pour ce contrôle, ce que nous confirme le Parquet d’Auch. «La Dépêche» précise que «depuis son arrivée dans le département en 2005, elle répond positivement à toutes les demandes faites en ce sens.»

25 établissements scolaires contrôlés dans le Gers depuis janvier

Une fouille de ce type a été pratiquée à l’école des métiers d’Auch, lundi 17 novembre, deux jours avant l’intervention au collège. Seize gendarmes et deux maîtres-chien ont fouillé les élèves. Professeur en BTS au Centre de formation, Patrick Poumirau, raconte à «La Dépêche» :«Je pose des questions aux intrus, demande comment une telle démarche en ce lieu est possible. On ne me répond pas, j’insiste, on me fait comprendre qu’il vaut mieux que je me taise. Les jeunes sont choqués, l’ambiance est lourde, menaçante… Le chien court partout, mord le sac d’un jeune à qui l’on demande de sortir, le chien bave sur les jambes d’un autre terrorisé, sur des casquettes, sur des vêtements.»

Depuis le mois de janvier, 25 établissements scolaires ont été contrôlés dans le Gers. Une prévention musclée couplée à une recherche efficace de stupéfiants pour les gendarmes: «On trouve quasi-systématiquement quelque chose», explique la brigade de Mirande à «Rue 89». A l’école des métiers, ils ont mis la main sur une quarantaine de grammes de cannabis. Rien à Marciac. Le colonel Le Droff, du groupement de la gendarmerie du Gers, se refuse à tout commentaire. Tout juste nous précise-t-il qu’on «fait tout un scandale sur une affaire qui est un non-évenement».

En attendant de nouveaux développements, l’inspecteur d’académie a annoncé la «suspension» des procédures d’intervention des gendarmes dans les collèges du département. Il a précisé que tout contrôle serait désormais «précédé d’une rencontre pédagogique avec les élèves».

M. Gr.(20 Minutes)

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  1. A.D.
    03/12/2008 à 10:25 | #1

    Ne dites pas monsieur le proviseur, madame ou monsieur le professeur, comment c’était déjà en mai 1968?… mais dites je t’aboli pauvre pédagogue

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