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La bataille des squats à Athènes

Le 20 décembre dernier, la police évacuait le plus ancien squat d’Athènes (22 ans), la Villa Amalias. Depuis cette date, la bataille contre l’expulsion des squats s’est nettement réchauffée en Grèce alors que davantage de lieux occupés sont attaqués et des dizaines de personnes arrêtées.

Aujourd’hui samedi 12 janvier, plus de 10 000 manifestants ont défilé dans les rues d’Athènes comme première riposte à la vague répressive.

Il semble maintenant faire peu de doute que l’Etat grec a lancé une attaque importante et soutenue contre les squats et le mouvement anarchiste en général. Au cours des dernières semaines, en plus de Villa Amalias, deux autres squats situés dans le centre d’Athènes ont été attaqués par les forces de police. Ce n’est peut-être que le début d’une opération plus importante. Un rapport confidentiel divulgué suggère que la police grecque a l’intention d’attaquer 40 squats à travers le pays. Après les événements de ces derniers jours, il semble également ne faire aucun doute que si la police devrait mener à bien ce plan, elle devra se battre pour chaque bâtiment.

L’expulsion de l’un des plus anciens squats à Athènes, Villa Amalias, le 20 décembre a été la première coup porté. Peu de temps après a eu lieu un raid contre un autre local occupé dans l’ASOEE [Université de sciences économiques]. Juste après la tentative de réoccuper la Villa Amalias, le 9 janvier, la police a ciblé le squat Skaramanga. Un plan de la police qui a fuité dans les grands médias grecs suggère que la prochaine étape de cette attaque viserait jusqu’à 40 bâtiments occupés dans toute la Grèce. Le raid sur Skaramanga était probablement prévu pour une date ultérieure, mais il a été avancé en représailles à la réoccupation de la Villa Amalias. Plutôt que d’être des raids isolés, les événements de la semaine écoulée semblent faire partie d’une stratégie de répression dirigée directement contre le mouvement anarchiste en Grèce.

Tout au long des dernières années d’agitation sociale déclenchées par les séries continuelles de sévères mesures d’austérité, les idées et les actions de résistance ont pris de l’importance en Grèce. Au cours des derniers mois, il y a eu une augmentation marquée des tactiques répressives contre toute la partie de la société qui pourrait offrir une résistance. Les travailleurs en grève ont été attaqués, des journalistes couvrant la corruption ont été arrêtés, les rafles contre les migrants ont conduit à 60.000 arrestations, et de nouvelles armes telles que des canons à eau ont été déployées. Ces dernières attaques montrent que les squats vont être la prochaine cible de la répression étatique.

Face à cette attaque, les gens ne sont pas restés passifs et se sont lancés dans la défense des squats et de leurs communautés. Le jour le plus dramatique et le plus rude jusque-là a certainement été le 9 janvier. Tôt le matin, il y a eu une tentative audacieuse de réoccuper Villa Amalias. Des dizaines de personnes ont réussi à s’introduire à l’intérieur du bâtiment, malgré une présence de la police. Rapidement cependant d’importants renforts de police ont été envoyés et le bâtiment a été envahi de nouveau. Cela a conduit à l’arrestation de près de 100 personnes qui ont été emmenées au poste de police en criant le slogan traditionnel « la passion pour la liberté est plus forte que les prisons ». Dans un communiqué publié par les arrêtés, ils démontrent clairement leur détermination à ne pas baisser les bras face à la répression : « Nous avons réoccupé la surveillée Villa Amalias en sachant pertinemment que nous allions être attaqués et, sans doute, arrêtés. Nous le ferons à nouveau, autant de fois qu’il le faudra, pour celui-ci et pour tout autre espace social de la résistance de ceux d’en bas qui pourrait être attaqué. Nous le disons encore une fois, inlassablement : ni leurs armes, ni leurs calomnies ne peuvent nous effrayer. »

Dès que les informations sur l’occupation et l’attaque de la police se sont répandues, d’autres actions ont eu lieu dans la ville. Les bureaux du parti gouvernemental DIMAR [Gauche Démocratique] ont été brièvement occupés en solidarité jusqu’à ce que lui aussi soit investi par la police, conduisant à 40 autres arrestations. Les protestations se sont ensuite déplacées vers le centre d’Athènes avec les forces de police utilisant des gaz lacrymogènes pour évacuer les gens du bâtiment du ministère des Finances. Ce fut à ce moment-là que le squat Skarmanga a été attaqué avec huit autres personnes détenues. Tout au long de la journée, il y eu des manifestations, des rassemblements et des assemblées à en soutien actif avec les squats et les détenus. À la fin de la nuit, les forces de police avaient envahi le quartier d’Exarchia, qui est considéré comme une sorte d’espace autonome.

Le nombre total d’arrestations s’est élevé à environ 150, ce qui signifierait le nombre le plus important d’anarchistes arrêtés en une seule journée depuis 15 ans. Beaucoup d’entre eux font face à des poursuites accusations dont les 92 de Villa Amalias, qui, au moment d’écrire ces lignes, sont encore détenus à la préfecture de police.

Ainsi, il semble que nous soyons entrés dans une phase nouvelle et dangereuse en Grèce. L’Etat a choisi sa prochaine cible et les gens se demandent qui sera le prochain attaqué. Cependant, au lieu de la peur, les gens ont réagi avec courage et les liens de solidarité se sont renforcés. Les événements du 9 Janvier montrent que les gens ne sont pas s’incliner et qu’ils résistent à la répression ensemble [ainsi plus de 1000 personnes à une assemblée de solidarité dans la Polytechnique, plus de 1500 personnes rassemblées le 9 dans la soirée devant les locaux du quartier général de la Police d’Athènes]. Le raid originel sur Villa Amalias a eu lieu il y a trois semaines et pourtant la bataille continue. La communauté de la Villa n’a pas été écrasée. À la lumière de cette réalité, le plan à la police pour attaquer des dizaines d’autres squats semble soudain très ambitieux, car ils auront à se battre pour chacun d’entre eux. Selon les termes des détenus : « Contre l’ouragan de la répression, nous allons dresser la tempête de solidarité ! »

Source : Battle for the squats in Athens

Site OCL. samedi 12 janvier 2013, par XYZ

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