“Principe d’incertitude, lutte des classes et théorie”
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CARBURE /Lutte des classes / Guerre civile / Communisation
Aux débuts de la physique contemporaine, Heisenberg formula le fameux « principe d’incertitude », mieux nommé « principe d’indétermination », qui postule qu’on ne peut connaître simultanément la vitesse et la position d’une particule donnée. Si par métaphore nous devions reprendre ces termes, le principe d’indétermination propre à notre démarche théorique pourrait se résumer en ceci qu’il nous est devenu impossible de saisir simultanément la situation objective du prolétariat dans le capital et son devenir révolutionnaire, alors même que c’est la tâche théorique que nous nous sommes assignés. Cette impossibilité est similaire à la situation de la classe elle-même, à son impossibilité propre. La théorie de la communisation est une théorie de la rupture, elle ne peut être scientifique : elle est emportée dans le mouvement de son objet et contient toutes les contradictions et les apories qui lui sont propres. La fin de son objet est sa fin propre. C’est une théorie aussi impossible que l’est le prolétariat, cette impossibilité est l’objet de ce texte.
Où nous n’en sommes plus
Les productions théoriques et critiques qui se placent aujourd’hui dans la perspective d’une abolition immédiate de l’Etat, du capital et des classes, (et pour certaines d’entre elles, de tout ce qui fonctionnellement dans le capitalisme sépare, divise et trie les sujets entre eux : non seulement la classe, mais le genre et la race), sans phase de transition socialiste, sans construction préalable d’un sujet révolutionnaire autre que le prolétariat tel qu’il est actuellement, bref les productions théoriques et critiques qui se situent dans la perspective de la communisation, sont des objets bien curieux.
C’est avec assurance que nous posons des affirmations telles que « c’est le prolétariat, en tant que classe, qui fait la révolution qui abolit les classes », mais cette assurance est aussitôt saisie par le doute. En effet, dans la plupart de ces productions théoriques, le prolétariat ne fait pas la révolution en raison d’une nature révolutionnaire supposée, d’une humanité à retrouver, ou au nom d’une communauté déjà là (qu’elle soit communauté du travail ou communauté nationale ou populaire) se libérant du joug capitaliste pour se retrouver elle-même, mais en raison de sa situation contradictoire dans le mode de production capitaliste, et c’est cette contradiction qui pose problème.
Cette contradiction, c’est celle que Marx a identifié et formulée dans Le Capital comme baisse tendancielle du taux de profit, sur un plan d’économie politique, et plus théoriquement dans les Grundrisse comme contradiction en procès, selon la citation bien connue : « Le capital est une contradiction en procès : d’une part, il pousse à la réduction du temps de travail à un minimum, et d’autre part il pose le temps de travail comme la seule source et la seule mesure de la richesse. »
Cependant il faut noter que, dans la suite de cette citation, Marx donne à cette formulation théorique une perspective qui n’est aujourd’hui plus la nôtre : « D’une part, il [le capital] éveille toutes les forces productives de la science et de la nature ainsi que celles de la coopération et de la circulation sociales, afin de rendre la création de richesse indépendante (relativement) du temps de travail utilisé par elle. D’autre part, il prétend mesurer les gigantesques forces sociales ainsi créées d’après l’étalon du temps de travail, et les enserrer dans les limites étroites, nécessaires au maintien, en tant que valeur, de la valeur déjà produite. »
Marx se situe évidemment ici dans la perspective selon laquelle il s’agirait de libérer les « gigantesques forces sociales » produites par le capitalisme des « limites étroites » dans lesquelles les exigences de l’accumulation les maintient : le procès de cette contradiction, c’est le libre développement des forces productives qui se donne à lui-même pour sujet idéal et légitime le prolétariat, la révolution n’étant dès lors qu’une étape historique nécessaire, certes délicate et douloureuse à mener, mais correspondant au fameux « sens de l’histoire ». La contradiction est alors celle qui permet ce procès historique déterminé.
Notons que le communisme de Marx est cohérent et homogène avec son socialisme : le communisme n’est qu’une forme plus harmonieuse ou aboutie du « libre développement des forces productives », qui nécessite d’être d’abord encadré par un Etat socialiste.
La théorie de Marx, par son caractère « scientifique » (Le Capital) mais surtout par son caractère philosophique (les Grundrisse), paraît avancer de certitudes en certitudes. A une époque où le mouvement ouvrier montait en puissance tant dans ses formulations utopiques et théoriques que dans l’organisation de la classe en partis et syndicats, suivant en cela l’expansion capitaliste qui faisait suite à la révolution industrielle, où dans le même temps la classe ouvrière se trouvait dans une situation de misère écrasante, où les révolutions grondaient en Europe, et avant l’écrasement de la Commune, il s’agissait pour Marx de fournir des armes théoriques à la classe ouvrière pour sa lutte. Le moins qu’on puisse dire est qu’il y est parvenu, comme en atteste l’existence de ce qu’on appelle le marxisme. C’est dans cette situation que Marx a produit cette théorie, cette théorie est empreinte de cette situation, ce qui ne signifie nullement qu’elle n’est valide que dans cette situation.
Cependant, cette situation n’est évidemment plus la nôtre, et si nous parlons souvent de « la contradiction », ce qui en découle est bien plus incertain, de sorte qu’on peut se demander s’il s’agit toujours de la contradiction telle que Marx l’entendait.
La montée en puissance du mouvement ouvrier organisé dans les années où Marx produit son œuvre doit être comprise comme la traduction sociale et politique de la situation concrète de la classe dans son rapport contradictoire au capital. La domination du capital sur le procès de travail était alors identique à cette montée en puissance : plus la grande industrie se développait, plus elle absorbait de main-d’œuvre, et plus les luttes de cette classe naissante devenaient partie intégrante de ce développement. La classe du travail ainsi formée par le capital trouvait dans le travail son auto-reconnaissance : la société du travail qu’est le capitalisme pouvait devenir société socialiste puis communiste sans cesser d’être une société du travail, l’exploitation se renverser en son contraire sans que l’activité sociale des sujets en soit totalement bouleversée.
La révolution est alors moins une rupture qu’un achèvement : la lutte des classes s’achève par la victoire du travail sur le capital. Dans cette société du travail libéré du capital, de la valeur libérée du profit, la révolution signifiait la prise du pouvoir par le prolétariat. Le communisme était la société prolétarienne. On sait ce qui en est résulté dans les faits. Partout où on a tenté de mettre le programme ouvrier en application, un avatar plus ou moins monstrueux du capitalisme a surgi. Dans le même temps le mouvement ouvrier, dans ses formes les plus en rupture avec le capitalisme (conseillisme, anarchisme) a été partout défait, et il n’est resté de cette période de la lutte des classes que des Etats socialistes. La fin du compromis fordiste, la restructuration du capital à partir des années 1970 pose alors une situation où la classe ouvrière est remise à sa place comme classe du capital, nécessaire mais toujours de trop : la restructuration est aussi une remise au pas.
C’est le tragique de la lutte des classes dans le capital de ne pouvoir être « remportée » par personne (toute victoire aboutissant à la domination d’une classe sur une autre et à la reconduction du problème dans ses termes premiers), mais de mener tout de même à la défaite constante d’un de ses pôles, le prolétariat, cette défaite étant finalement identique à sa propre reproduction. L’histoire de cette défaite permanente est celle du capitalisme.
Lire Marx, mais pas jusqu’au bout
Notre époque est de toute évidence radicalement différente de celle de Marx, de sorte que les termes même que nous employons (prolétariat, révolution, communisme) doivent être entendus dans un sens radicalement différent de celui qu’ils ont pris dans la période antérieure. Et non seulement les termes mais leur liaison logique a priori. Cette redéfinition n’est le produit de nos élaborations théoriques que dans la mesure où c’est le rapport de classes qui s’est trouvé transformé, de cette première époque de la théorie du communisme à la nôtre. Et comme entre-temps la révolution n’a pas eu lieu, c’est de nouveau le capital lui-même, compris à la fois comme société capitaliste et comme procès de valorisation, qui est l’agent de cette transformation dont le prolétariat et la classe capitaliste sont les acteurs.
Le problème – notre problème, donc – c’est que cette redéfinition implique d’en finir avec les certitudes secondes qui non seulement s’appuyaient sur la certitude premièrede « la » contradiction mais venaient la fonder en retour comme dynamique historique. Non que la compréhension de la contradiction qu’est l’exploitation capitaliste, et donc la définition de la contradiction comme rapport entre les classes ne soit plus capable de décrire le présent du capitalisme : elle y parvient si bien qu’elle nous permet de le saisir adéquatement dans son développement comme étant le produit même de cette contradiction. Mais la contradiction n’est plus alors la forme prise par le nécessaire « développement des forces productives », ce fétiche progressiste commun aux idéologues libéraux et marxistes, ce deus ex machina qui tire en coulisses les ficelles de l’histoire. De ce fait aussi, la contradiction n’appelle plus d’elle-même sa propre résolution, elle n’est plus subordonnée à sa finalité historique (le « libre développement des forces productives »). La contradiction demeure, mais elle ne contient plus rien d’autre que le cours même du capital, cours certes contradictoire, mais qui n’implique plus la nécessité de la révolution.
De la citation de Marx dans les Grundrisse, nous ne voulons retenir que la première partie, la suite reste (peut-être en permanence) à écrire ; mais prise ainsi, sans sa conclusion programmatique citée plus haut, cette phrase est un raisonnement suspendu, et en réalité elle n’a plus qu’un sens descriptif. Pour la comprendre vraiment, il faudrait lire les pages du Capital que Marx consacre à la baisse tendancielle du taux de profit, et sa formulation bien plus prosaïque dans sa précision :
« La tendance à une baisse du taux général des profits est donc la caractéristique capitaliste du progrès de la productivité du travail social ; ce qui ne veut pas dire que d’autres facteurs ne puissent pas déterminer la baisse des taux de profit, mais ce qui exprime qu’il est de l’essence de la production capitaliste d’entraîner par son développement progressif une transformation du taux de la plus-value en des taux de profit de plus en plus petits. Puisque l’importance du travail vivant diminue continuellement par rapport au travail matérialisé (moyens de production) qu’il met en œuvre, il est évident que la quantité de travail vivant non payé, la quantité de plus-value, doit diminuer continuellement par rapport au capital total. Le rapport entre la plus-value et le capital total étant l’expression du taux du profit, celui-ci doit donc diminuer progressivement.» (Le Capital, L. III, chap. XIII)
Cette deuxième formulation exprime d’une autre manière le même phénomène, mais on perçoit bien à la lire qu’elle est, elle, complète, comparée à la citation des Grundrisse, si on a fait le choix de la lire sans sa conclusion programmatique. Mais la formulation du Capital n’est complète que parce qu’elle est, elle aussi, purement descriptive. Il ne lui manque rien, sauf la révolution, la contradiction est bien là, mais son procès lui est propre, il n’est pas subordonné au procès historique général du « développement des forces productives ». Il n’exprime, en fait, que la dynamique contradictoire de l’accumulation capitaliste, prise au niveau du rapport de classe, sous la forme particulière du rapport travail vivant/travail mort. Et si l’on retrouve après ce détour la citation isolée des Grundrisse, c’est pour la reconnaître suspendue dans l’inachèvement que lui impose cette lecture particulière, volontairement inaboutie, prise entre l’absence de perspectives et la description pure et simple de la réalité effective de ce mode de production. Dès lors que la contradiction cesse d’être dialectique pour devenir simplement descriptive, dès lors qu’il ne s’agit plus que d’une contradiction matérielle, il nous manque toujours la fin.
Enfin, il nous faut relever que lorsque Marx parle de la baisse des taux de profit comme « caractéristique capitaliste du progrès de la productivité », il présuppose d’une part que ce progrès de la productivité soit une loi historique constante et d’autre part que le capitalisme n’est qu’un stade déterminé de ce progrès. Il se situe dans une perspective où il s’agit de libérer le travail social du capitalisme, c’est-à-dire dans une perspective programmatique et pour tout dire marxiste. Sortir Marx du marxisme n’implique pas seulement de lire Marx pour lui-même, mais aussi contre lui-même.
Cette lecture de Marx n’est pas une construction intellectuelle a priori : si nous sommes amenés à lire Marx de cette manière, c’est qu’elle est adéquate à la situation présente du rapport entre les classes, celle où nous vivons : ce n’est plus qu’ainsi qu’il nous parle.
Une bonne contradiction n’a jamais fait de mal à personne
Si la baisse tendancielle n’est que « la caractéristique capitaliste du progrès de la productivité du travail social », c’est bien que, malgré et aussi à cause de cette baisse supposée, la « productivité du travail social » continue bel et bien à augmenter, et le capital à s’accumuler : on a là une loi qui est certes celle du retour nécessaire des crises, mais aussi de la base contradictoire sur laquelle s’élève cependant toujours le capital. L’augmentation de la productivité équivaut au durcissement des conditions de l’exploitation, et si on considère que les crises du capital sont aussi des crises sociales et donc des problèmes pour le capital, elle ne résout ses problèmes qu’en les aggravant. Mais, d’un point de vue théorique, l’accroissement de la productivité remplit aussi bel et bel sa fonction, en diminuant la valeur du capital constant et entraîne une hausse de la plus-value (c’est le troisième des « facteurs antagonistes » indiqués par Marx). Par ailleurs, c’est bien la baisse des taux de profit qui conduit les capitalistes à rechercher à l’extérieur des aires centrales des prolétaires à exploiter à plus bas coût, voire à créer des poches de pauvreté dans ces mêmes aires, etc. Comme Marx le constate à plusieurs reprises lors de l’énoncé de ces six « facteurs antagonistes » principaux (on parle plus couramment de « contre-tendances ») à la baisse tendancielle du taux de profit, ce sont les mêmes causes qui la provoquent et qui la freinent. Si donc on considère cette « loi » pour elle-même, elle ne nous donne en réalité que peu de raisons d’être particulièrement optimistes, à moins de supposer que la possibilité de la révolution est suspendue à un énoncé théorique irréfutable, ou que les prolétaires attendent qu’on leur démontre en équations qu’il faut détruire le capitalisme, parce qu’il ne peut rien faire d’autre que les exploiter toujours plus.
Ce n’est que si l’on saisit le « progrès de la productivité du travail social » comme étant lui-même la dynamique historique dans son ensemble (le bon vieux Progrès) que la loi de la baisse tendancielle devient le fétiche axiomatique de la nécessité inéluctable de la révolution : prise pour elle-même, comme une contradiction purement matérielle, elle n’exprime que la dynamique du capital, qui fait reposer son développement propre sur la nécessité de l’exploitation. Prise hors de tout déterminisme historique, la baisse du taux de profit n’exprime que la permanence du conflit dans la société capitaliste par le rapport entre classes, conflit qui est identique au mouvement d’ensemble du capital et de sa société, mais ne nous donne en rien la formule de son dépassement. La baisse tendancielle du taux de profit comme contradiction matérielle ne porte aucun récit, et ne décrit rien d’autre que le contenu toujours renouvelé de la lutte des classes propre au monde capitaliste. C’est bien entendu ainsi que nous la comprenons.
La baisse tendancielle du taux de profit n’est pas tant à considérer comme une loi économique du capital, que comme un élément théorique central de compréhension de sa dynamique, dans la dynamique plus générale qu’est la lutte de classe propre au MPC. Si pour autant cette loi demeure « économique », c’est bien que la compréhension de l’ « économie » capitaliste ne peut être distinguée de la lutte des classes.
S’il en était autrement, les capitalistes emploieraient les concepts économiques de Marx pour leur usage propre. Mais en réalité aucun capitaliste ne calcule de taux de profit à la manière de Marx afin de déterminer sa stratégie, et les yeux des investisseurs sont plus rivés sur les cours de la Bourse que sur le calcul des résultats comptables des entreprises.
Ces calculs existent bel et bien, évidemment : le calcul de la rentabilité d’une entreprise va simplement consister à diviser le profit par le capital total investi, ce qui peut déjà être calculé de plusieurs manières (taux de marge, taux de profit à proprement parler, etc.). Mais l’un des outils les plus couramment utilisés par les investisseurs eux-mêmes est le ROE (Return on Equity), qui ne prend en compte dans ce calcul que les capitaux apportés par les investisseurs (les « capitaux propres »). Ce taux (qui ne prend pas en compte, entre autres, les capitaux obtenus par emprunt) ne vise pas à calculer un taux général de profit de l’entreprise, mais le calcul d’un rendement immédiat, dont le but est simplement de permettre aux investisseurs de savoir où investir. Mais quelle que soit la manière dont le capital envisage lui-même sa propre rentabilité économique, cela n’a évidemment pas grand-chose à voir avec ce que fait Marx dans Le Capital, ni avec l’usage que nous en faisons actuellement.
Dans son aspect scientifique, la loi de la baisse tendancielle du taux de profit a été tout autant critiquée par les « économistes bourgeois », et ce parfois de manière convaincante, qu’elle a été érigée par les marxistes en garantie de l’inéluctabilité de la révolution. Les Etats socialistes ont trouvé dans l’économie politique de Marx les fondements d’une science prolétarienne, et les travaux de Marx se sont longtemps figés dans le matérialisme dialectique, aussi indiscutables que les objectifs d’un plan quinquennal décidé par les experts prolétariens.
Malgré tout cela, et quelle que soit la validité des équations du Capital, cette loi, ou à proprement parler cette tendance, comme les autres concepts du Capital, nous permet d’envisager correctement la dynamique d’ensemble du capitalisme jusqu’à aujourd’hui : l’accroissement de la productivité, la hausse de la composition organique du capital, le progrès technique, l’expansion mondiale du rapport de classe capitaliste, l’intégration de masses croissantes dans ce rapport ainsi que simultanément leur éjection de ce même rapport, la croissance absolue de la population mondiale et le retour incessant des crises, tout vient confirmer que la dynamique d’accumulation du capital est une lutte contre son propre essoufflement, lutte dans laquelle des millions de prolétaires sont emportés. Mais si elle pose correctement ce qu’est la nature et la dynamique du capital, c’est comme loi de la tendance inéluctable à la révolution qu’elle a fait la preuve de son échec. Au mieux, elle nous donne la reconduction permanente du conflit de classe et le retour des crises, au pire elle est la formule du mouvement perpétuel du capital, et rien d’autre que son cours propre ne peut venir trancher entre aucun de ces aspects.
Dans le monde, des classes en lutte
Le moment dans lequel nous sommes appelle de considérer le cours du capital non plus en fonction de sa finalité supposée (la nécessité de la révolution), mais de sa reproduction, et ce non pas seulement comme procès de valorisation et d’accumulation mais comme procès de reproduction sociale, car : « Le procès de production capitaliste considéré dans sa continuité, ou comme reproduction, ne produit donc pas seulement marchandise, ni seulement plus-value ; il produit et éternise le rapport social entre capitaliste et salarié. » (Marx, Le Capital, Livre I)
Cette reproduction, qui ainsi présentée peut en effet sembler « éterniser » au sens strict le rapport salarial, doit elle-même être considérée comme une part de la contradiction, car elle ne s’effectue que dans la subordination aux lois de la valorisation. Le prolétariat est reproduit en étant exploité et pour l’être. Ce qui fait vivre les prolétaires est également ce qui les maintient dans une situation de subordination absolue quant aux moyens de leur propre existence. Les prolétaires sont toujours décidés dans l’ailleurs intangible de la valorisation, qu’il apparaisse sous la forme de l’arbitraire des possesseurs du capital ou celle du caractère inexorable des lois économiques. C’est pourquoi la catégorie de « reproduction » ne doit pas être comprise comme une expression du cours plus ou moins houleux de l’expansion capitaliste, mais comme un moment crucial – et sans cesse renouvelé – de la lutte de classe entre capital et prolétariat.
La classe exploitée dans le capital se trouve dans une situation toute particulière : tout mode de production repose sur l’exploitation et la domination d’une classe par une autre. Mais dans le capital, domination et exploitation sont si étroitement liés que c’est tout l’ensemble social qui est suspendu à la production et à la reproduction économique de la vie sociale. Toute la société est société capitaliste. Le paysan du Moyen-Age n’avait qu’à se débarrasser des seigneurs pour pouvoir reprendre une activité demeurée à peu près inchangée depuis le néolithique. Mais là où le seigneur féodal s’est emparé d’un produit déjà existant pour se l’approprier, le capitalisme a transformé l’ensemble de l’activité sociale en fonction de sa propre reproduction, de sorte qu’il est devenu impossible d’envisager un retour en arrière (une ré-appropriation), ou même (comme l’ancien mouvement ouvrier) une appropriation, une reprise de l’activité matérielle de production du vivant telle qu’elle existe dans le capital sur d’autres bases, plus égalitaires. Pour le formuler dans des termes psychologiques inadéquats mais parlants : on ne peut plus envisager faire la révolution et rester soi-même, le redevenir ou se réaliser à travers elle. Faire la révolution consiste à détruire sa propre identité, à agir tout autrement qu’on agissait jusqu’à présent, d’une façon radicalement nouvelle.
La lutte des classes n’est pas un principe général qui, comme la loi de la gravitation universelle, s’appliquerait partout en son principe, ne différant que dans sa manifestation, en fonction des conditions particulières du lieu où elle s’applique. Dans sa réalité, elle n’existe que dans les différentes formations sociales du mode de production : la lutte des classes n’existe pas de la même manière dans les économies rentières, dans celles où domine l’extraction de plus-value relative, ou même dans des régimes politiques autoritaires (ce qui recouvre souvent la catégorie « rentière », mais pas toujours). Que dans le mode de production capitaliste l’existence de toutes les classes soit déterminée par la distribution générale du capital entre les différentes parties de la société (rente, profits et salaire), et donc, en dernière instance, par le mode particulier d’extraction de la plus-value ne nous donne que ce qui est le cadre général d’antagonismes multiples. S’il est important de replacer les luttes dans ce cadre (et ceci équivaut, pour la compréhension des luttes, à toujours se demander ce que fait le prolétariat), aucune ne peut être comprise à partir seulement de cette généralité. C’est donc la particularité des luttes qui doit retenir notre attention, et il ne s’agit pas de ramener cette particularité à la lutte des classes en général, mais de saisir la particularité comme étant la lutte des classes elle-même, et l’existence particulière des classes.
Mais, du point de vue de la particularité selon laquelle seulement toutes les luttes (et tout particulièrement les luttes actuelles) existent, on a souvent l’impression que le prolétariat joue plus souvent les seconds rôles, voire les figurants, que les têtes d’affiche.
La reproduction, et au-delà
Le moment de la reproduction du capital, qui est celui du retour de la plus-value comme capital additionnel, et du renouvellement du face-à-face prolétariat/capital (l’achat-vente de la force de travail), et d’emblée le moment où le capital se constitue comme société capitaliste. Ce « moment », c’est tout le temps, ce n’est rien d’autre que le présent immédiat du capitalisme et de la fameuse contradiction qui n’existe de facto qu’à travers ses contre-tendances, c’est-à-dire sa résolution périlleuse et momentanée et l’absorption des antagonismes dans leur renouvellement.
L’extraction renouvelée de la plus-value nous donne le principe général de la lutte des classes, mais la classe capitaliste se moque des généralités, il s’agit pour elle de se donner le prolétariat dont elle a besoin. Dès lors, il s’agit de formation, d’éducation, de discipline, d’encadrement social, de famille et de sexe, puisque la main-d’œuvre doit être reproduite, de race, puisque la main-d’œuvre non-qualifiée doit s’opposer à la main d’œuvre qualifiée et que les appartenances de classe sont héréditaires, de répression, puisque des bassins de main-d’œuvre excédentaire sont une conséquence normale de ce processus : il s’agit de société, de politique, d’idéologie, de « social ». Mais il s’agit également du rapport mondial des capitaux dans leur circulation, de la définition toujours remise en cause de zones mondiales d’accumulation spécifiques, il s’agit de frontières et d’armées. C’est pourquoi au bout du compte le monde capitaliste n’existe que divisé en Etats et en sociétés particulières, et ne peut devenir ce monde unifié sous la houlette des grandes firmes que les visions complotistes fantasment, dans la tentative de séparer le capital de la société pour tenter de sauver l’une de l’autre (et souvent pour se donner une figure antagonique du capitaliste particulier, afin de sauver le capitalisme comme rapport social). Le cauchemar de la dictature universelle du capital est celui que nous vivons, et il est parfaitement cohérent, des institutions internationale aux rapports entre Etats en passant par les rapports sociaux immédiats.
Ce moment de la reproduction n’existe dès lors que comme antagonisme de classe, et les nécessités de la valorisation comme contrainte sur le prolétariat et la société entière. Dans le moment où nous nous trouvons, cela signifie non seulement des licenciements en masse, mais l’aggravation des conditions de travail par la suppression de toute entrave à la fluidité du rapport entre patrons et employés, la fin du Welfare et son remplacement par un Etat qui n’a plus la prétention de créer des rapports sociaux mais veut seulement gérer les rapports existants, mais aussi la gestion sécuritaire voire guerrière des surnuméraires, etc. Ce n’est pas ici le lieu de tenter de la décrire entièrement, mais la reproduction du capital n’existe à chaque fois que comme situation particulière.
Mais se pencher sérieusement sur le moment conflictuel de la reproduction, c’est aussi admettre dès le départ que les classes du capital, et les individus qui les composent, agissent conformément à ce que leur existence sociale leur impose, ou ce qui est supposé tel par elles. Entendons-nous bien : ni la classe capitaliste, ni le prolétariat, ni la classe moyenne ne sont composés de robots qui auraient le capital pour intelligence artificielle collective. Cependant, si comme nous le postulons le capital se reproduit constamment comme société capitaliste, ce ne peut être indépendamment de l’existence sociale des sujets qui le composent. Nous sommes tous pris dans l’autoprésupposition du capital. De ce point de vue, il ne s’agit pas de savoir si « les gens n’y croient plus » ou au contraire « y croient encore », mais de la nécessité dans laquelle chacun se trouve de gagner sa vie dans les conditions sous lesquelles il a été produit comme sujet de cette société. Les luttes provoquées par la reproduction du capital ont donc dans un premier temps au moins pour objet la reproduction du capital et des classes qui le composent. C’est cette reproduction qui est toujours conflictuelle, car elle s’effectue contre ce que nous sommes socialement, tout en étant ce que nous sommes socialement. Défendre les intérêts de la classe, c’est aussi défendre ce qui la constitue comme classe, à savoir l’exploitation. C’est ainsi, au nom de l’intérêt de la classe, que les ouvriers de Fiat signent des accords de compétitivité et acceptent de travailler plus et d’être moins payés, afin de conserver leur emploi. Une situation révolutionnaire serait celle qui, décrochant à partir d’elles des luttes autour de la reproduction, poserait d’emblée l’abolition des classes et du capital, et la poserait pratiquement jusqu’au bout.
Nous posons que seul le prolétariat peut opérer ce décrochage et mener ce conflit jusqu’au bout, parce que lui seul est amené à remettre sa propre existence en cause dans le capital. Seul le prolétariat peut tourner son action contre la reproduction du rapport de classe et non pour une meilleure distribution du revenu, comme la classe moyenne ou une partie de la classe capitaliste (l’une pour continuer à s’approprier une part de la plus-value, l’autre parce qu’il faut bien que la plus-value soit réalisée). La contradiction, si elle existe, ne se situe pas tant dans la baisse des taux de profits à proprement parler, que dans le fait que cette tendance, qu’elle conduise à l’expulsion de masses de prolétaires vers les marges misérables de ce rapport ou à leur intégration toujours conflictuelle, les saisit toujours comme prolétaires et ce faisant les met face à leur propre existence de classe, incarnée dans le capital. Dans le moment de la reproduction est toujours contenu celui de l’impossibilité du prolétariat. Mais cette vérité théorique n’existe qu’historiquement, non pas dans le pur face-à-face entre prolétariat et capital, mais dans le rapport de toutes les classes entre elles.
Dans les luttes réelles, telles qu’elles se déroulent aujourd’hui, où le prolétariat est repoussé aux marges du monde capitaliste, l’interclassisme est inévitable. Le poids de la classe moyenne notamment, dans des luttes qui se jouent dans le moment de la reproduction et ont pour enjeu effectif la distribution, est alors déterminant. Les luttes actuelles sont très souvent interclassistes dans leur déroulement comme dans leurs enjeux et doivent être analysées comme telles.
Et de fait, si le prolétariat est présent dans ces luttes interclassistes, c’est qu’il est lui-même seulement une classe de ce mode de production, et qu’il existe comme tel : la réalité de la segmentation du prolétariat, c’est aussi ce qui fait qu’une partie des prolétaires voient leur reproduction assurée de manière relativement stable encore que toujours menacée, tandis qu’une autre partie est marginalisée et souvent tenue à l’écart des luttes. La concordance de ces deux existences du prolétariat fait que la seule voix qui aujourd’hui se fait entendre politiquement est celle de la classe moyenne. C’est elle qui, dans le moment conflictuel de la reproduction d’ensemble, opère la synthèse de toutes les revendications qu’il est possible de formuler (ce qui ne signifie pas pour autant qu’elles soient réalisables), puisque rien aujourd’hui ne peut nous faire considérer comme possible l’abolition du capital. C’est bien parce que le prolétariat se trouve face à lui-même comme classe du capital qu’il ne peut plus formuler l’abolition du capital comme son programme, et qu’il se trouve dans l’obligation de parler le langage de la reproduction vivable du rapport de classes, de la redistribution des richesses, de la justice sociale, de la lutte contre la pauvreté, et qu’il se trouve embarqué dans les diverses expressions populistes, de droite comme de gauche, du conflit de classes.
En route vers le présent
Dans cette situation, personne n’est en mesure de donner des consignes au prolétariat ou de l’organiser dans un front de classe unifié : c’est est fini des vieilles dialectiques, la classe pour soi n’est pas donnée en filigrane derrière la classe en soi, qui n’est que la classe réellement existante. La question de ce qu’il est possible de faire trouve en général une réponse immédiate dans ce qu’on fait déjà : si on ne fait pas autre chose que ce qu’on fait déjà, c’est souvent qu’il y a de bonnes raisons à cela. Comme communistes, seul l’existant nous intéresse, et à l’existant il ne manque jamais rien, pas plus qu’il ne manque quoi que ce soit au prolétariat pour faire la révolution. Ce n’est pas la défection de la gauche ou des communistes qui a provoqué la segmentation de la classe ou qui empêche le prolétariat de se trouver un langage politique propre, mais bien son existence réelle de classe du capitalisme, à quoi seulement nous avons affaire.
En revanche, c’est vers ce qui se fait déjà, et pas dans de grands projets utopiques de reconstruction de la classe telle qu’elle devrait être (et qu’elle n’a sans doute jamais été, même en 1917) que nous pouvons porter notre attention : vers les (rares) moments de luttes ouvrières dans lesquelles le rapport de classes s’affirme comme intenable, vers les luttes de femmes qui remettent en cause leur rôle de femmes, vers les luttes des racisés (sachant que toutes ces luttes se trouvent mêlées et sont également un conflit intérieur à la classe) et plus généralement vers ce qui n’est pas directement intégrable au discours d’une harmonieuse reproduction sociale d’ensemble, et vient trancher sur ce discours.
Pour ne donner qu’un exemple, la question de la lutte contre les violences policières dans les quartiers populaires pose des lignes de conflit qui ne présument en rien du développement critique de ces luttes mais les situent aux frontières de l’irréconciliable. Il est bien entendu toujours possible de constituer un discours sur le thème « la police républicaine doit être à notre service » et ces luttes, dans la mesure où elles sont telles, ne peuvent souvent que tenir ce langage, à moins de tourner le dos à tout dialogue et de patrouiller dans les rues avec des armes, à la façon des Black Panthers, avec les conséquences que l’on peut imaginer. Mais ce discours en tant que tel ne peut s’intégrer aux revendications possibles de la gauche et de la classe moyenne qu’à la condition de maintenir ces luttes à l’écart de leurs acteurs réels, entre autres les jeunes qui descendent dans la rue à chaque nouveau crime policier, que personne n’est venu « mobiliser ». Il y a une tension intérieure dans ces luttes entre leur expression prolétarienne (qui pose la race comme une assignation incontournable et insupportable) et une expression progressiste qui, dans son dialogue même conflictuel avec les autorités, est contrainte de poser le racisme comme une simple pathologie du système.
Une façon qu’ont les luttes de conserver cette tension sans rien perdre en chemin est de revendiquer a minima la justice (ou même seulement un jugement, tant l’impunité est la règle) dans les affaires particulières d’assassinats par la police, ce qui permet de conserver un discours offensif parce que localisé et non général, d’où l’importance prise par les groupes « Justice pour… ». C’est cette tension et ses développements qu’il faut observer avec attention, même si la logique de la représentation fait qu’au bout du compte seul le discours progressiste peut être entendu. Il est en effet impossible de tenir un discours public depuis une position d’exclusion du « public » : chaque prolétaire (et chaque femme) a fait l’expérience du réagencement de son être propre pour se conformer aux exigences du social en général ; et c’est même une définition du prolétariat que de n’exister que pour être employé par d’autres. Au bout du compte, qu’ils soient jeunes du 93 ou ouvrières du textile en Birmanie, les prolétaires n’ont jamais leur mot à dire.
Et c’est là peut-être la source de nos incertitudes et d’une sorte de tristesse révolutionnaire : après deux siècles d’un mouvement ouvrier qui s’est pensé comme une guerre contre le vieux monde, le prolétariat se trouve dans la situation de n’être visiblement que ce qu’il est dans le monde du capital, sans que cette situation de subordination n’implique de renversement, par un tour de magie dialectique. La lutte des classes suit son cours incertain, dans un monde dévasté par le capitalisme, et il s’agit d’un processus matériel sur lequel aucune instance de raison ou d’humanité, c’est-à-dire rien d’extérieur aux luttes elles-mêmes, ne peut influer. Dans cette situation, la théorie, qui a longtemps joué pour les marxistes le rôle d’un surmoi historique, reprend sa place, qui est celle d’une compréhension du procès de la lutte de classes qu’est le capitalisme, produite dans ce procès. Si la théorie peut à son tour devenir « puissance matérielle » en « s’emparant des masses », ce n’est que dans des conditions déterminées, qui tiennent à ce procès lui-même, c’est-à-dire à ce que fontles « masses », à la compréhension de leur activité propre lorsqu’elle devient activité révolutionnaire, et non à quelque vertu intérieure de la théorie telle que nous la pratiquons ici. C’est bien plutôt aux masses de s’emparer de la théorie, en la faisant, que l’inverse. C’est aussi en ce sens que la fin de la théorie est la fin de son objet. On en est de toute façon bien loin.
Le développement de la contradiction matérielle du capital et le renouvellement des antagonismes qu’elle engendre sans cesse sont la seule dynamique discernable de l’ensemble social capitaliste. Comme communistes, nous pouvons prendre le parti du prolétariat, lorsqu’il apparaît sous son « mauvais côté », celui qui tend à nier sa propre existence, mais nous sommes aussi amenés à le voir emporté par des logiques nationalistes, racistes ou réformistes, et c’est toujours le prolétariat. En attendant, nous défendons souvent la négativité pour elle-même, et ne pouvons que rappeler sur quoi repose la société capitaliste, à savoir l’exploitation de la force de travail, et la dépossession des prolétaires de tout pouvoir sur leur propre existence. Mais, non plus comme communistes mais simplement comme tout le monde, nous ne pouvons guère pour l’heure influer sur le cours d’événements qui nous dépassent largement, dans lesquels nous sommes emportés, y compris lorsque nous luttons à l’intérieur de ce mouvement général dont nous ne savons pas au juste à quoi il va mener. C’est une dure leçon de modestie pour qui veut parler de révolution, mais aussi un engagement à éviter le lyrisme et les grandes déclarations, à se détourner des horizons trop lointains pour se concentrer sur le moment présent, qui est tout ce qui nous concerne.
AC
Les marxistes du capital :
Les marxistes du capital :
Bank of America voit des signes d’une crise grave dans le système financier (mondial)
Nouvelles économiques allemandes | publié: 22.11.17 17:50 regarder
Bank of America répertorie 15 signes de la raison pour laquelle l’ensemble du système financier est maintenant en difficulté.
Bank of America, une banque importante aux États-Unis, a présenté 15 symptômes dans un récent rapport, qui, selon la banque, provoque d’énormes bulles dans tous les secteurs du système financier. Le stratège en chef des investissements, Michael Hartnett, a déclaré que l’année en cours est «une représentation parfaite d’un marché haussier de huit ans alimenté par les achats d’obligations de banques centrales».
Les signaux d’avertissement publiés par la banque comprennent:
La peinture Salvator Mundi, prétendument par Leonardo Da Vinci, a récemment atteint un record de 450 millions de dollars aux enchères, de loin le prix le plus élevé jamais vendu aux enchères.
La monnaie numérique Bitcoin a augmenté sa valeur au dollar depuis le début de l’année d’environ 952 $ à 7 890 $. (Note de l’éditeur: Le 22 novembre, le prix Bitcoin était déjà d’environ 8 300 $)
Depuis le début de l’année, la Banque centrale européenne et la Banque du Japon ont acheté ensemble environ 2 billions (milliers de milliards) de dollars de titres financiers.
Le nombre de baisses des taux directeurs depuis l’effondrement de la banque d’investissement américaine Lehman Brothers en octobre 2008 a atteint 702 cette année.
La dette mondiale totale s’est élevée à environ 226 billions de dollars cette année, soit environ 324% de la production économique mondiale annuelle.
Les sociétés américaines ont levé 1,75 billion de dollars de nouvelles dettes comme jamais auparavant dans une année.
Les rendements des obligations européennes à risque («high yield») sont tombés sous les rendements des titres américains à long terme. Commentant cela, David Stockman, économiste et ancien directeur du Bureau de la gestion et du budget, commente: «Le système financier est maintenant criblé d’anomalies, de difformités et de prix erronés – des choses qui ne pourraient jamais se produire sur un marché libre. Par exemple, le rendement moyen des obligations européennes à risque est inférieur aux obligations d’État américaines «sans risque», uniquement en raison de la dévastation de la BCE. En fait, fou Draghi a acheté environ 2,6 billions de dollars en titres depuis le début des achats d’obligations en mars 2015, et depuis lors, il a acheté plus de dettes gouvernementales que n’importe quel autre gouvernement socialiste de l’UE. ”
Les États émettent de plus en plus des obligations d’une durée extrêmement longue de 100 ans . Par exemple, l’Argentine, qui a dû déclarer faillite nationale huit fois au cours des 200 dernières années.
La capitalisation boursière totale de tous les marchés boursiers a augmenté d’environ 15,5 billions de dollars à l’automne 2017, pour atteindre le niveau actuel de 86 billions de dollars. C’est la valeur la plus élevée jamais mesurée, représentant environ 113% de la production économique mondiale d’une année.
Les anticipations de volatilité du marché (volatilité) de l’indice S & P 500 sont tombées à leurs niveaux les plus bas depuis au moins 50 ans , tandis que la volatilité attendue des obligations d’État américaines est tombée à son plus bas niveau en 30 ans.
La capitalisation boursière des huit sociétés technologiques Facebook, Apple, Amazon, Netflix, Google, Baidu, Alibaba et Tencent a augmenté de plus de 1,5 billion de dollars. Ainsi, l’augmentation est supérieure à la capitalisation boursière totale du marché boursier allemand.
Quelques 7 755 fonds négociés en bourse représentent environ 70% de la spéculation boursière quotidienne.
Cette année, le premier fonds géré par des algorithmes informatiques a été approuvé (en dessous de la performance du marché global).
Les grands gagnants: ACWI, Chine, technologie, obligations européennes de pacotille, l’euro
Les grands perdants: les dollars américains, la Russie, les compagnies de téléphone, les obligations américaines à deux ans, la lire turque .
https://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2017/11/22/bank-of-america-15-signale-fuer-eine-ernste-krise-im-finanzsystem/
Le système de retraite espagnol est sur le point de s’effondrer
Posted on: 21 novembre 2017 21 novembre 2017 Author: Pierrick Tillet Categories: Le monde du Yéti
Nouvelle secousse sismique en vue sur la scène européenne : le système de retraite espagnol est au bord de l’effondrement.
Une affaire de quelques mois, selon le très sérieux média allemand Deutsche Wirtschafts Nachrichten (DWN). Et encore, ce serait déjà fait dès cette année si le gouvernement Rajoy n’avait pas comblé en catastrophe le trou béant de la caisse de retraite espagnole par un prêt sans intérêt de 10,1 milliards d’euros. Mais ce prêt ne couvre que les versements de juin et décembre 2017. Quid en 2018 ?
Le plus drôle – enfin pas vraiment drôle – c’est que c’est le gouvernement espagnol lui-même qui a creusé ce trou, comme l’explique le spécialiste financier américain, Wolf Richter :
« Tout a commencé en 2012, lorsque le gouvernement a commencé à retirer des dépôts du fonds de retraite. Certains ont été utilisés pour combler des trous dans le budget de l’État, tandis que plusieurs milliards ont servi à compenser les déficits croissants du système de protection sociale. »
L’effondrement en cours se propage comme un cancer
Pour le DWN, les contrecoups de la déflagration sismique attendue en 2018 risquent fort de déborder les frontières ibériques pour se faire ressentir dans toute l’Union européenne. Dans l’affaire, la BCE met à la fois du baume et de l’huile sur les plaies espagnoles :
du baume en tenant artificiellement la tête de l’Espagne hors de l’eau par ses rachats d’obligations massives : le fameux quantitative easing de 80 milliards d’euros par mois dont une bonne partie profite à Madrid ;
de l’huile par les conséquences perverses de cette manne providentielle : des taux d’intérêts nuls, sinon négatifs, qui empêchent les fonds de pension et les banques espagnoles d’avoir des rendements suffisants pour fonctionner.,
D’accumulation de dettes en rafistolages de (mauvaise) fortune, de délire planche-à-billets en déficits abyssaux, l’effondrement en cours se propage comme un cancer. Vous croyez avoir neutralisé les métastases ici, il en réapparaît de nouvelles là-bas presque aussitôt.
=> Source de l’info : Deutsche Wirtschafts Nachrichten
https://yetiblog.org/effondrement-systeme-retraite-espagnol/
“Le paysan du Moyen-Age n’avait qu’à se débarrasser des seigneurs pour pouvoir reprendre une activité demeurée à peu près inchangée depuis le néolithique. Mais là où le seigneur féodal s’est emparé d’un produit déjà existant pour se l’approprier,…”
Le paysan du M.Â, période qui a duré environ 1000 ans déployait donc une activité essentiellement semblable à celles de ces très lointains ancêtres qu’étaient les hommes du Néolithique?
Outillage? variétés des végétaux et des animaux élevés/cultivés ?
De la houe, à l’araire, à la charrue à timon, soc et verseur, etc…
D’autre part si “le paysan…n’avait qu’à se débarrasser des seigneurs…” cela n’a jamais été le cas, malgré de nombreuses tentatives, donc?…
Le seigneur féodal ne fait pas que s’approprier un produit “déjà existant”: il y a les corvées, donc la force de travail.
…” Cependant, si comme nous le postulons le capital se reproduit constamment comme société capitaliste, ce ne peut être indépendamment de l’existence sociale des sujets qui le composent.”
Le capital se reproduit constamment comme accumulation capitaliste avec et contre l’existence sociale des sujets qui le composent.
Au sujet des labeurs paysannes au M.Â:
http://agriculture.gouv.fr/histoire/2_histoire/basMA_techniques.htm
Citation :
“Au Nord, la “civilisation” de l’openfield et de la charrue, à assolement triennal, aux champs découpés en lanières parallèles étroites et très longues afin d’éviter le demi-tour trop fréquent de la charrue et l’empiètement sur les autres parcelles. Ce système rigoureux implique la participation collective sous peine de sanction et entraîne un lien extrêmement fort entre tous les membres de la communauté.”