US elections 2024: « Ce qui est frappant dans cette élection… »
« Ce qui est frappant dans cette élection, c’est le peu de gens que les deux partis ont pu faire participer. Trump va gagner le vote populaire avec 2 millions de voix de moins qu’en 2020, Harris le perd avec 13 millions de voix de moins que Biden. Il y a moins de gens qui votent Trump que de gens qui s’abstiennent complètement. »
Jasper Bernes
j’accuzzi di zuppa@outsidadgitator
Categories: Nouvelles du monde
« Harris a obtenu de moins bons résultats que Biden dans chaque région du pays. Les efforts du Parti démocrate pour rallier divers groupes raciaux et de genre derrière la campagne de Harris en misant sur un appel à l’identité ont totalement échoué. C’est dans les comtés où plus de 50 % de la population n’est pas blanche que Trump a enregistré la plus forte augmentation de sa marge électorale et les sondages de sortie des urnes montrent que Harris a perdu le vote des hommes latinos au niveau national par une marge de 54 % contre 44 %, un renversement par rapport à 2020, où Biden avait remporté cette catégorie démographique 59 % contre 39%.
La marge par laquelle les démocrates ont gagné les jeunes électeurs a également chuté de manière substantielle par rapport à 2020, car d’innombrables jeunes ont refusé de voter pour la candidate complice du génocide à Gaza. Harris a gagné les plus jeunes électeurs par 56 contre 41% seulement, comparé aux 65 contre 31 % de Biden. Trump a remporté la majorité des voix parmi les nouveaux électeurs, ce qui montre que les démocrates n’ont pas été en mesure de mobiliser les électeurs au-delà de la classe moyenne supérieure aisée.
En réalité, Harris n’a amélioré ses résultats que parmi les plus aisés. Parmi les électeurs ayant un revenu de 200 000 $ ou plus, elle a remporté 52 % des voix contre 44 %, renversant une légère victoire de Trump dans cette tranche de revenus en 2020. Trump avait remporté les électeurs gagnant entre 100 000 $ et 200 000 $ en 2020 par une marge de 58 % contre 41 %, mais Harris a inversé cette tendance en gagnant par 53 % contre 45 %. Parallèlement, les démocrates ont connu un effondrement du soutien des travailleurs, Harris perdant le vote de ceux gagnant entre 30 000 $ et 100 000 $, une large part de la population, que Biden avait remportée par une marge d’environ 57 contre 43 % en 2020.
L’électorat était animé par une profonde colère sociale. Parmi les 43 % d’électeurs ayant déclaré être « insatisfaits » de « la situation actuelle du pays », Trump a remporté 54 % des voix contre 44 %. Parmi les 29 % ayant répondu être « en colère », Trump a gagné par une marge de 71 % contre 27 %. Harris a remporté 89 % des voix contre 10 % parmi la petite fraction de la population qui se dit « enthousiaste » quant aux conditions économiques et sociales actuelles. Le pourcentage total de la population ayant indiqué que sa situation financière était « pire » aujourd’hui qu’il y a quatre ans a plus que doublé pour atteindre 45 %; Trump a remporté ces électeurs avec une marge de 80 % contre 17 %. »
https://www.wsws.org/fr/articles/2024/11/07/pers-n07.html
Cette évolution du vote ouvrier et des “classes populaires” aux États-Unis me semble sur la durée, concernant Trump, assez comparable avec ce que R.S. a analysé pour les France après les européennes, concernant le R.N. Le vote démocrate a chuté dans ces catégories de la même manière que le vote pour la gauche française, qui a “abandonné la classe ouvrière” (les mots de Bernie Sanders contre la “campagne désastreuse de Harris”).
Toutefois, la campagne de Trump apparaît plus proche de celle de Zemmour et Marion Maréchal que de Marine Le Pen et Bardella, ce que traduisent leurs réactions aux résultats.
Les États-Unis vont devenir un excellent observatoire du comportement du prolétariat confronté à une politique économique et sociale d’extrême-droite, par-delà ses différenciations raciales et de genre. Mais comme en France, rien ne dit que cela pourrait favoriser un retour en grâce du centre et de la gauche.
Pourra-t-on alors, à la faveur de luttes plus consistantes contre le capital même, sortir de la “séquence particulière” dont parle TC ?
Pour préciser quant à l’idée que les grands dirigeants du capitalisme américain sont désormais acquis à l’idée d’un pouvoir d’extrême-droite, il faut regarder qui a soutenu Trump au sein des élites économiques et industrielles, et en même temps dans les classes moyennes supérieures y compris intellectuelles, mais non universitaires.
On retrouve la nécessité pour le capital, que soulignait R.S. “d’embarquer le prolétariat”, ici nommé “l’Amérique profonde des villes moyennes et industrielles”, d’où cet atelage que symbolise bien le leadership d’Elon Musk entre l’intelligence artificielle d’un côté, et d’un autre la nostagie du passé pour horizon (“old soul”). En quelque sorte une nouvelle ” collaboration de classes” dans l’implication réciproque capital-prolétariat.
Plusieurs analyses font ressortir la différence entre le Trump 2024 et le Trump 2016-2020. En voici une :
https://legrandcontinent.eu/fr/2024/11/08/trump-2024-lere-de-lacceleration-reactionnaire/
https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/donald-trump/reportage-presidentielle-americaine-les-abstentionnistes-veritable-enigme-du-scrutin_6879122.html
“l’électorat était animé d’une profonde colère sociale ”
C’est vrai quoi, sont vraiment animés-ou en réa?-
C’est pour ça que Donald cartonne ( hein, cartoon?), faut comprendre: les femmes qu’il a déclaré chopper par la chatte (the pussy): Super, Donald;
les migrants: They’re not men, they’re animals” lors de son précédent mandat, alors les latinos se sont dit “Viva Donald cabrones”, et très en colère ont voté Donald;
Les pauvres, profondément et socialement en colère se sont écrié d’un seul million de voix: Waouh! c’est Donald qu’il nous faut!, les rescapés du Covid long (perte garanti du QI, vrai) et ceux qui n’avaient pas suivi son savant conseil d’avaler une bonne dose de “chlorine bleach” aussi sont en colère, ont oublié pourquoi, à cause du qi, mais quand même, c’était ce “chinese virus”, alors Donald for ever;
les ouvriers de la mine, du pétrole, très en colère à cause qu’il travaillent pas assez pour finir le boulot et tout pourrir (ils se disent: Oh, thank you Donald : The Nature don’t speak” de toute façon ils ont des équipements et casque sur les esgourdes) sont vraiment deeply (la mine n’est-ce pas, ou le puits…)alors Donald, of course
Les damné-e-s de la Terre, les vieux, malades et cassés, et les vieilles aussi, c’est vrai y’a de quoi être en colère, en 1950, c’était mieux quoi: Donald va inventer la machine à remonter the time, avec Elon Musk, Tout est possible, il est pote avec Milei, l’autre prophète, et avec Meloni fille naturelle de Musso. (mais bon, ça les vieux savent même pas ni quoi, ni qu’est-ce, non pas dans le Montana) alors Donald will fix it
Tous ces gens légitimement en colère, c’est pour ça qu’ils votent Trump, ça va de soi
La colère? ou la connerie?
Même topo pour les “fâchés” bien de chez nous
Ah! j’avais oublié: il est top cool Donald, papa Trump du KKK aussi, bon sang ne saurait mentir, comme bave Ratailleau c’est l’ethnicité qui remonte, lui aussi en colère contre les “risques” (sait pas prononcer riXe) et contre les dealers si méchamment sauvages, et mus par l’appât du gain, nos “animals” à nous les Français.Les vrais ceux qui sont pas anti-sémites.
Avant tout commentaire du post de Jasper Bernes, j’aimerais avoir deux précisions. 1 Où ce texte a-t-il été d’abord posté en anglais avant d’être publié dans la Chronique du Niveleur ? Est-ce sur un blog de Bernes? sur le site d’Endnotes ? ou ailleurs ? 2 Cette ultra brève analyse de l’élection présidentielle de novembre 2024 annonce-t-elle une analyse approfondie par nos camarades américains du phénomène Trump ? Autrement dit, que représente socialement cet animal, au-delà de tout le pénible spectacle politicard ?
FD
@François Danel
L’original à été posté sur son cpte X( twitter) mais depuis il a disparu
Merci CLN. C’est bien ce que j’avais supposé, car il ne fait pas bon dire que l’appareil politique du capital ne réussit plus bien à traduire les vrais conflits entre classes et genres en faux conflits spectaculaires. Reste ma 2° question, car à ma connaissance il n’existe pas d’analyse de fond du phénomène Trump chez nos camarades américains. Est-ce que je me trompe ?
FD
@FD
A ma connaissance, il n’y a pas (encore) d’analyse des cdes anglo/etanusiens de ce “phénomène”
Endnotes, a sur son cpte X, reposter son texte de 2021
Endnotes@endnotesjournal
·
7 janv. 2021
“… the Trumps of this world can only escalate conflicts and deepen schisms, to the point that the party of order reveals itself to be the party of anarchy. These neo-populists cannot produce any real hegemony, but only split populations.”
https://endnotes.org.uk/other_texts/en/endnotes-onward-barbarians
Peut-être que le “poète” amerloques a supprimé son tweet parce que son pronostic chiffré s’est avéré faux. Vérifiez par vous-même mais je pense que l’écart de voix pour Trump entre 2020 et 2024 est de l’ordre de 600.000 et par 2 millions.
Pour le reste et le tout sur le tout, il convient d’analyser ce résultat comme un produit du capitalisme américain contemporain (et un peu futur) en tant qu’économie politique et lutte entre classes, sans se laisser déporter par les approches sociologiques variées qui pullulent en tous sens assez superficiels. Pour un peu, il faudrait accepter l’idée que Harris aurait était une candidate fréquentable, “normale” et même progressiste. Fuck de ces états d’âme socio-démocrates ! Il suffit de jeter un œil à l’évolution des niveaux de vie sous Biden selon les catégories sociales. Même dûs en partie aux votes de rejets par les Républicain, c’est le vécu plus que les discours qui a été déterminant Finalement, le prolétariat américain donne une leçon de matérialisme historique ;-)
Trump est le masque grimaçant d’un pouvoir qui traduit beaucoup plus de cohérence et de logique historique que lui n’en donne l’air. Après tout, c’est la son génie… qui lave plus blanc
L’hypothèse du passant malicieux est la bonne, confirmée par Bernes lui-même : lorsqu’il a publié ce tweet hâtif, tous les votes n’avaient pas été comptés. Le décompte n’est pas encore tout à fait fini d’ailleurs, il n’en reste plus grand-chose, mais Trump a déjà dépassé en nombre de voix son résultat de 2020. Néanmoins, le diagnostic général reste cohérent : il aura augmenté son total de voix, mais pas tant, et il aura toujours significativement moins d’électeurs que Biden en 2020 (et il faut prendre en compte l’augmentation de la population). La défaite démocrate reste le signe d’un effondrement du nombre de voix en faveur de Harris par rapport à Biden, et non pas nécessairement d’une augmentation significative du vote trumpiste. Néanmoins, la structure du vote a changé, les riches votent plus Harris et les pauvres votent plus Trump, etc. Toutefois, la participation a baissé donc il est probable qu’un certain nombre de pauvres qui a voté en 2020 a préféré aller à la pêche. Pour l’analyse et la discussion, je renvoie aux commentaires ci-dessus.