Forte participation aux manifestations, de nombreux salariés du privé défilent
“Un million de personnes” ont participé aux manifestations qui ont commencé jeudi matin en France, soit le tiers des cortèges prévus sur l’ensemble de la journée, selon le secrétaire général de la CGT.[print_link]
Les rangs des manifestations organisées par les syndicats sont fournis ce jeudi 29 janvier dans toute la France, notamment en raison de la participation de nombreux salariés du privé. La défense de l’emploi, du pouvoir d’achat et des services publics est au coeur de cette journée organisée par l’intersyndicale (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Unsa, Solidaires).
Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a estimé en début d’après-midi que déjà “un million de personnes” avait participé aux manifestations qui ont commencé le matin, soit le tiers des cortèges prévus sur l’ensemble de la journée.
Thibault : “Il y aura des suites”
Il y a “déjà un million de manifestants avec une participation que nous estimons de l’ordre de la pointe de la mobilisation du CPE (contrat première embauche en 2006), à cette différence qu’il y a beaucoup moins de jeunes et beaucoup plus de salariés du privé”, a déclaré Bernard Thibault en demandant à l’exécutif “une prise de conscience nouvelle” et “une réévaluation des mesures”.
C’est “un événement social de grande importance”, pas “un coup de colère passager, il y aura des suites”, a-t-il averti.
Le gouvernement “attentif” et “déterminé”
De son côté, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a affirmé que les manifestations de la journée d’action étaient “les plus grandes manifs de salariés depuis une vingtaine d’années”.
Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, a jugé que “quand il y a une telle mobilisation, le gouvernement serait irresponsable s’il ne répondait pas”.
Le gouvernement avait indiqué qu’il serait “naturellement attentif” à la mobilisation mais qu’il restait “déterminé” à poursuivre les réformes, comme le répète Nicolas Sarkozy en toute occasion, selon son porte-parole Luc Chatel.
Ford, Free, Carrefour, Auchan
La manifestation parisienne a démarré à 14h20, place de la Bastille en direction de l’Opéra.
A Bordeaux, beaucoup de salariés du privé, issu de petites entreprises ou grandes surfaces, étaient descendus dans la rue à partir de 11h30 derrière une banderole unitaire “La crise c’est eux, la solution c’est nous”. Parmi eux, des salariés de Ford (automobile) à Blanquefort, de Free (télécoms), Carrefour et Auchan. La CGT a recensé près de 60.000 manifestants, aucun chiffre de la police n’étant disponible dans l’immédiat.
“Même dans le privé, on peut faire grève!”, a lancé Michel Bernat, délégué CGT chez Free. “A Bordeaux, nous sommes 500 salariés d’Alice (rachetée par Free, ndlr) sur 1.400 de la société. Nous sommes très inquiets pour nos emplois”.
“L’hôpital court à la ruine”
A Lyon, quelque 30.000 personnes, selon les syndicats, 25.000 selon la police ont défilé sans incident jeudi dans le centre ville.
Les salariés du public et du privé (Renault Trucks, Arkéma…) ont battu le pavé dès 10h30.
“Les habitants de ce pays sont tous dans une situation de désespérance. Après une telle mobilisation, il n’est pas concevable qu’un gouvernement responsable ne réponde pas aux angoisses qui sont exprimées ici”, a déclaré Gilbert Debard, secrétaire départemental Unsa.
D’autres scandaient “Sarko, ça se voit, on est dans la rue !” ou bien “sauvez les emplois, augmentez les salaires !”.
“L’hôpital court à la ruine. Au jour le jour, c’est le système D, des personnes en sous-effectifs de plus en plus. Quand l’hôpital est en danger, les patients sont en danger”, a pour sa part estimé Eric Moglioni, représentant Sud aux Hospices civils de Lyon.
“Il nous faudrait au moins 500 euros par mois supplémentaires pour s’en sortir. C’est honteux de nous voir tous comme cela”, a indiqué Rose Bandini, retraitée de 69 ans, qui perçoit “700 euros mensuels”.
Travail dominical
A Besançon, de nombreux employés du privé se trouvaient dans le cortège, notamment des salariés du commerce hostiles au travail dominical. De 12.000 à 15.000 personnes selon les organisateurs ont manifesté. Selon la CGT, plusieurs entreprises privées travaillant chez Kéolis (transports) ou Casino et Super U (supermarchés) devaient s’associer à la journée.
A Brive-la-Gaillarde, des sources syndicales ont affirmé que la manifestation était “du jamais vu, même en 1995”, avec 7.000 manifestants, selon la police et 10.000, selon les syndicats.
Une très forte participation du privé et de beaucoup de jeunes a été également relevée à Angoulême, où ont manifesté de 10 à 30.000 personnes.
A La Rochelle, la mobilisation était “exceptionnelle”, selon la police avec 7.300 manifestants. Idem à Saintes (4.500 manifestants) et à Rochefort (2.200).
A Roanne, la manifestation a attiré entre 7.000 et 25.000 personnes, dont des salariés du privé, des retraités et des lycéens, scandant “Augmentez les salaires, il y en a marre de la galère”.
“Pas vu autant de monde depuis Le Pen”
A Clermont-Ferrand, parmi les 25 à 60.000 manifestants de tous âges, il y avait aussi beaucoup de salariés du privé : Valeo, Alcan, Les eaux de Volvic, Fnac, BTP, Michelin, Galeries Lafayette, aux côtés des agents du public, d’étudiants et de lycéens.
“Sarko sauve toi avant que la rue te mette KO”, proclamait une pancarte.
“On n’avait pas vu autant de monde à Nice depuis la manifestation contre Le Pen au deuxième tour” de la présidentielle en 2002, a confié à l’AFP une source policière.
Entre 13.500 et 25.000 personnes se sont jointes à la manifestation ouverte par des pompiers en uniformes, suivi de fonctionnaires territoriaux, d’enseignants, lycéens, collégiens, cheminots, postiers.
Des avions blancs gonflables d’environ un mètre de long flottaient au-dessus de la foule, témoin de la présence dans le cortège de salariés d’Air France.
D’autres salariés du privé étaient présents en petit nombre, notamment de Sodexo et de l’entreprise de composants électroniques Texas Instrument, en cours de restructuration.
Entre 20.000 et 300.000 manifestants à Marseille
A Marseille, ont défilé plus de 20.000 manifestants, selon la police, entre 100.000 et 300.000 selon les syndicats, tandis que des manifestations notables ont eu lieu à Avignon, Arles, Digne ou Toulon.
A Vesoul, entre 2.400 et 3.500 personnes ont manifesté, dont de nombreux salariés du privé, notamment Peugeot PSA Citroën et son sous-traitant Faurecia, marchant aux côtés d’employés du secteur hospitalier et de plusieurs cliniques. Idem à Dole (entre 2.800 et 3.800 manifestants).
A la Réunion, plus de 7.000 personnes selon les syndicats, 4.600 selon la police, ont manifesté dans les villes de Saint-Denis et Saint-Pierre. (avec AFP)
NOUVELOBS.COM | 29.01.2009 | 16:15
Crise de la relation salariale?