Tarnac: la «mise au point» du Comité invisible
Alors que la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris vient de confirmer la prolongation de la détention de Julien Coupat, voilà qu’un tract signé… du Comité invisible surgit. Le dit Comité qui a signé le désormais fameux Insurrection qui vient. Titre du tract : « Mise au point ». Jusqu’ici, personne n’en a parlé.[print_link]
Si ce tract est authentifié – et ses formulations tendent sacrément à accréditer cette thèse – voilà qui pourrait apporter encore un peu de trouble à une affaire qui n’en manque pas.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi les épisodes précédents, déjà nombreux, la police anti-terroriste puis la justice soupçonnent en effet Julien Coupat d’être l’auteur principal de l’Insurrection qui vient, donc le chef invisible du Comité invisible devenu, par extension, une… Cellule invisible, qui serait à l’origine des sabotages des caténaires de la SNCF à l’automne dernier. Mais cellule qui donc, tract oblige, existerait hors les murs de la prison…
Selon quelques bruits, le tract ci-dessous (format A3 plié en deux dans sa longueur) aurait pu être imprimé à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. En fait, pour en obtenir un, il n’a pas fallu aller bien loin : il suffisait de tendre le bras lors des manifestations de jeudi à Paris. Le tract y était tout bonnement distribué. La rumeur dit, aussi, que quelques «libraires amies» pourraient en recevoir quelques copies.
Maintenant, un peu de lecture.
Il est question ici de Grèce, de crise, d’une gauche « n’en finissant pas de se décomposer », des émeutes de 2005, et, surtout de situations. De situation générale, de situations passées et de situations à venir. Avec, au centre, un mot : la jeunesse. Une arme : l’anonymat. Et un fond de jeu: la critique radicale contre «la fumisterie» qui consisterait à voir dans la «crise économique» une «nouveauté». Pour l’Invisible comité, c’est la libérale économie qui génère sa propre crise.
Quant à l’affaire dite de Tarnac elle-même, il y a peu. Comme si tout, dans le format, dans le propos, dans la longueur du message invitait le lecteur plus à s’en éloigner qu’à s’en rapprocher. N’empêche. Le peu dit déjà beaucoup. Ce n’est ni une justification, encore moins une revendication, mais une possible interprétation des faits.
Ainsi, pour les auteurs du tract :«si l’on a mis tant d’efforts à emprisonner pour terrorisme quelques jeunes paysans communistes qui auraient participé à la rédaction de l’Insurrection qui vient, ce n’est pas pour un “délit d’opinion” , mais bien parce qu’ils pourraient incarner une manière de tenir dans la même existence des actes et de la pensée. Ce qui n’est généralement pas pardonné. Ce dont on accuse ces gens, ce n’est ni d’avoir écrit quelque chose, ni même de s’être attaqué matériellement aux sacro-saints flux qui irriguent la métropole. C’est qu’ils s’en soient possiblement pris à ces flux, avec l’épaisseur d’une pensée et d’une position politique. Qu’un acte, ici, ait pu faire sens selon une autre consistance du monde que celle, désertique, de l’Empire. L’antiterrorisme a prétendu attaquer le devenir possible d’une « association de malfaiteur ». Mais ce qui est attaqué en réalité, c’est le devenir de la situation. La possibilité que derrière chaque épicier se cachent quelques mauvaises intentions, et derrière chaque pensée les actes qu’elle appelle. La possibilité que se propage une idée du politique, anonyme mais rejoignable, disséminée et incontrôlable, qui ne puisse être rangée dans le cagibi de la liberté d’expression ».
Une copie PDF du tract:
Comité invisible: «Mise au point»
Pour le reste, une adresse internet est également indiquée. Qui, pour l’heure (20h22, ce vendredi 30), ne fonctionne pas : www.bloom0101.org (nom qui fait référence lui-même à la Théorie du Bloom, texte collectif publié par la revue Tiqqun à laquelle Julien Coupat a participé).
Gageons que ce samedi, lors la «manifestation nationale contre l’anti-terrorisme» à Paris, 15h, la police cherchera probablement à identifier les éventuels distributeurs de la « mise au point ». Histoire de voir un peu d’invisible. Les organisateurs attendent « beaucoup de monde ». La police, en milieu de semaine (avant jeudi), tablait elle « sur quelques centaines » de participants.
Mediapart.fr
Ah! l’affaire s’assombrit, un spectre hante la Fransse, on croirait Fantomas (mais c’était la lutte des classes?), que fait le commissaire Javert?