De nouveaux tirs dans la nuit en Guadeloupe
La situation est restée tendue dans l’île, où les forces de l’ordre ont essuyé dans la nuit de mercredi à jeudi cinq tirs de fusil de chasse au Gosier, une commune côtière à 5 km de Pointe-à-Pitre. Aucun blessé n’était à déplorer.[print_link]
Par ailleurs, à Pointe-à-Pitre, un magasin a été incendié et dix personnes interpellées à proximité, selon la préfecture, qui a fait également état d’un véhicule incendié.
Les deux nuits précédentes avaient déjà été marquées par des violences et la mort par balle d’un syndicaliste membre du LKP, Jacques Bino, alors qu’il revenait en voiture d’un piquet de grève. Il a été atteint à la poitrine d’une balle «tirée par la fenêtre ouverte du passager», a indiqué mercredi le procureur de Pointe-à-Pitre, Jean-Michel Prêtre. Le magistrat a souligné que les trois projectiles de chasse tirés contre le véhicule n’étaient «pas des balles perdues», ajoutant qu’il n’y avait pas alors de policiers positionnés à proximité.
Trois policiers qui accompagnaient des pompiers venus porter secours à la victime ont été légèrement blessés. Le Premier ministre François Fillon a «condamné fermement ces actes et appelé à la responsabilité de tous les acteurs pour que cesse cette violence».
Les «doutes» de Domota
Dès avant l’annonce du drame, le leader du LKP, Elie Domota, avait lancé un appel au calme, renouvelé dans la journée, mais il a aussi émis des «doutes» sur la «version officielle». «On demande à la justice de mener une enquête approfondie pour réellement définir ce qui s’est passé parce que les circonstances sont encore troubles», a-t-il affirmé.
Entouré d’un très important service de sécurité, Domota a participé dans l’après-midi avec plusieurs centaines de manifestants à une marche silencieuse vers le quartier Henri IV de Pointe-à Pitre, où a été tué le syndicaliste. Une autre marche silencieuse d’hommage a rassemblé de 2 à 3.000 personnes à Fort-de-France.
La ministre de l’Intérieur et de l’Outre-Mer Michèle Alliot-Marie a réagi aux incidents de la nuit en jurant que «les pillages, les violences contre les personnes, les exactions» ne seront pas «tolérés» aux Antilles. Elle a instauré une réunion quotidienne sur la sécurité aux Antilles. A l’issue de la première, a été annoncé l’envoi en Guadeloupe de «quatre escadrons de gendarmes mobiles», soit 280 militaires, alors qu’un millier de gendarmes et autant de policiers sont déjà sur place.
Sarko sur RFO
En toute fin de son allocution rendant compte du sommet social de l’Elysée, Nicolas Sarkozy a évoqué la situation, soulignant «l’angoisse» et «une certaine forme de désespérance de nos compatriotes des territoires d’Outre-mer». C’est la première fois qu’il s’adressait directement aux Français sur ce sujet depuis le 20 janvier, début des grèves en Guadeloupe.
Le président doit recevoir jeudi les élus des DOM, avant de s’exprimer sur RFO. Selon François Chérèque (CFDT), il devrait annoncer des mesures pour la Guadeloupe, en tentant de se rapprocher des revendications salariales du LKP, selon une source gouvernementale.
Le LKP a annoncé une manifestation pour jeudi matin alors que la négociation guadeloupéenne est au point mort. Le secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer Yves Jégo s’est de son côté voulu rassurant en affirmant que «les médiateurs travaillent en coulisse»
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