Outre-mer : la presse britannique évoque le risque d’une contagion en métropole
Pour la presse anglo-saxonne, le conflit social en Guadeloupe est perçu comme une poudrière ancienne, reflet d’inégalités historiques et de la crise mondiale, ou comme un nouveau vent de révolte similaire au conflit du CPE et à Mai 68. Le ton est généralement tragique et les parallèles avec les autres conflits sociaux qu’a connus la France abondent. Le New Scotsman dessine un sombre tableau : “Les quelques touristes qui n’ont pas encore fui cet archipel des Caraïbes se terrent dans leurs hôtels, pendant que les départements d’outre-mer tombent dans un état proche de la guerre civile.”|print_link]
Le Guardian préfère revenir sur la genèse de ce “conflit caribéen”. “Un mélange explosif de difficultés économiques actuelles et d’anciennes tensions raciales (…) provoqué par le récent ralentissement économique mais surtout par des problèmes plus enfouis, comme un chômage important, de faibles salaires et le coût toujours plus important de la vie.” La Guadeloupe, comme les autres DOM, sont une “version miniature et tropicale du pays”, pour le Times. Maintenant, les “troubles ont ramené sur le continent les quatre bouts de France qui se trouvent à des milliers de kilomètres de là”, note le quotidien, soulignant que malgré une “relative prospérité comparée aux pays indépendants qui l’entourent”, ces territoires sont handicapés par leur dépendance envers la métropole.
“SARKOZY EST TERRIFIÉ À L’IDÉE DE REVIVRE 1995”
Alors que le conflit est monté en intensité, avec la mort du syndicaliste Jacques Bino mercredi, “le gouvernement à Paris s’intéresse désormais de près à la crise en Guadeloupe”, note Lara Marlowe dans The Irish Times. Le conflit social devient alors une bombe à retardement politique. “L’UMP est hantée par les révoltes sociales de Mai 1968 et les mobilisations sociales de grande ampleur qui ont paralysé le gouvernement de centre-droit en 1995 et 2006, croit savoir le Financial Times, qui juge nécessaire de rappeler que “la Guadeloupe a beau être à 6 700 km de Paris, elle a ses propres représentants à l’Assemblée”.
Alors qu’il est au plus bas dans les sondages depuis son élection en 2007, “Sarkozy parie que ses efforts pour calmer les tensions sociales vont sauver sa présidence“, pronostique The Guardian, avant d’arriver à un constat sans appel : “il est terrifié à l’idée de revivre la paralysie de 1995”.
LEMONDE.FR | 19.02.09 | 17h21 • Mis à jour le 19.02.09 | 17h33
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