Le recours à la violence n’a pas permis d’éviter les licenciements
Après quelques jours de tension ou des mois de confrontation, le calme est revenu dans les principaux « points chauds » du printemps.
La violence comme moyen de communication fait tache d’huile auprès des salariés d’entreprises en difficulté. Ceux de Nortel France ont menacé pendant 24 heures de faire sauter leur usine « pour obtenir une médiatisation » de leur cas. Suivant en cela l’exemple de ceux de l’équipementier New Fabris à Châtellerault (Vienne) qui menacent depuis une semaine de faire sauter leur usine s’ils n’obtiennent pas 30 000 euros d’indemnité de licenciement. Sporadiques, les actions plus ou moins violentes se sont succédé depuis le début de l’année après l’annonce de plans sociaux ou de fermetures de sites. Une préfecture saccagée par les salariés de Continental, des manifestations très médiatisées chez Heuliez, des patrons séquestrés par ceux de Caterpillar, Sony, Molex, 3M, Lear… la liste est longue. À tel point que les récents blocages d’usines chez Michelin sont presque passés inaperçus.[print_link]
Ces violations de la loi portent-elles leurs fruits ? C’est ce que semblent penser les salariés de New Fabris dont le site doit fermer. Bouteilles de gaz bien en vue et doigt sur le détonateur, ils en appellent à leurs deux principaux clients, PSA Peugeot Citroën et Renault, pour régler la facture de leurs indemnités. Les deux constructeurs estiment qu’il n’est pas de leur ressort de procéder au versement de cette somme. Christian Estrosi, tout juste nommé ministre de l’Industrie, a refusé de recevoir des représentants des salariés « sous la menace ».
Certes, dans certains cas, la violence a payé. Après plusieurs manifestations qui ont dégénéré, les « Conti » de Clairoix ont finalement obtenu 50 000 euros d’indemnités de licenciement et seront rémunérés normalement jusqu’au 31 décembre 2011, tandis que leur usine ne tourne plus depuis le 21 avril. Les salariés de Caterpillar avaient reçu le soutien de Nicolas Sarkozy. Ils se battaient pour sauver des emplois et non pas pour obtenir d’avantage d’argent, et ils ont eu en partie gain de cause : 600 postes sont supprimés, au lieu des 733 initialement prévus. Chez Heuliez, un repreneur a été trouvé, sauvant 380 emplois sur 1 000 dans l’immédiat.
Des accords sans dégâts
Mais dans la plupart des cas, les plans sociaux sont maintenus. Les 283 salariés de Molex à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) n’échapperont pas au licenciement, pas plus que les 311 employés de Sony à Pontonx-sur-l’Adour (Landes). Chez Michelin où la tension était montée d’un cran après l’annonce de la suppression de plus de 1 000 emplois en France et la fermeture de l’usine de Noyelles (Nord), les discussions ont repris leur cours normal. Les salariés ont renoncé à bloquer les usines et la direction a levé les actions en justice entamées contre certains. Elle maintient sa promesse de n’effectuer « aucun licenciement ». Sur le site Goodyear Dunlop d’Amiens nord, les négociations sont gelées pendant l’été, mais à la rentrée, le processus visant à la suppression de 817 postes devrait reprendre. Christian Estrosi a promis de « ne pas les laisser tomber ».
Elsa Bembaron
16/07/2009
Figaro.fr
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