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Conflit social dans les transports à Toulouse : deux morts

Entre le patron de la société toulousaine de transports Senges et le chauffeur livreur de 47 ans qui l’a abattu d’un coup de fusil de chasse ce vendredi matin à 7 heures, il n’y avait «pas de conflit» selon l’épouse de la victime.

Il y avait «conflit», assurent au contraire les collègues de travail du chauffeur livreur qui s’en était ouvert à eux la veille. «Eric qui a ramé toute sa vie professionnelle avait enfin l’occasion de souffler un peu, explique l’un d’eux. Le patron l’a lui a fait louper…»

Le procureur de la République Michel Valet admet lui-même que le «double homicide volontaire» de la zone de Fondeyre à Toulouse est bien «d’origine professionnelle».

Tous les différends professionnels ne se règlent pas à 7 heures du matin et à coups de fusil de chasse de calibre 12. «La vie sociale est en train de prendre une vilaine tournure», souffle un syndicaliste toulousain de la CFDT.

L’«auteur présumé de coups de feu» qui a tout de même tué son patron et le fils de son patron s’est laissé embarquer sans résistance aucune par la police. Laquelle police a aussi interpellé sa compagne qui l’avait amené en voiture jusque sur les lieux du forfait. Les deux sont à cette heure en garde-à-vue.

Avant de devenir salarié chez Senges, ce chauffeur livreur a lui-même été petit patron transporteur dans l’Ariège. Et c’est à cette même société Senges, entreprise sous traitante du transporteur UPS qu’il a dû céder son entreprise.

«Un travail de fou, décrivent les autres chauffeurs de cette gare routière de marchandise. Les sociétés de livraisons «travaillent ici au jour le jour et les chauffeurs sont payés au nombre de colis livrés, explique Gérard Garin, patron d’une société d’intérim de chauffeurs routiers. Dans le transport, c’est le boulot le plus dur. En général, les mecs tiennent un ou deux ans.»

Du coup, tous les chauffeurs livreurs de Fondeyre sont en fait candidats à l’embauche chez Tisséo, l’entreprise des transports publics toulousains qui offre 14 mois d’un salaire «correct», la garantie de l’emploi et des avantages sociaux, selon le secrétaire CFDT de la branche Tranports Samy Ouchehane.

Eric rêvait comme les autres de devenir chauffeur de bus chez Tisséo. Quand, la semaine dernière, le transporteur public l’a appelé pour lui signaler que sa candidature était retenue, Eric s’est précipité chez son patron pour lui signaler son départ. Lequel patron a refusé de le voir partir au motif qu’il devait encore travailler le temps du préavis légal.

Sauf que Tisséo «ne rappelle pas deux fois, reprend le secrétaire cédétiste des Transports. Soit tu te libères tout de suite, soit on t’oublie». L’obligation d’honorer son préavis signifiait pour Eric que le job lui échappait définitivement.

JME. et GLv. [libération]

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