Le Mozambique prêt à étouffer les émeutes de la faim
(Suivi internet sur Global Voice)
La police mozambicaine a été déployée lundi 6 septembre dans les faubourgs pauvres de Maputo, prête à étouffer toute reprise des émeutes contre la vie chère qui ont fait treize morts la semaine dernière (un précédent bilan revu à la hausse faisait état de dix morts). Tout le week-end, des textos ont circulé d’un téléphone mobile à l’autre, appelant à la reprise des manifestations lundi. “Nous avons déployé toutes nos forces sur le terrain afin de contrôler la situation aussi rapidement que possible” en cas de débordement, a déclaré en réponse le porte-parole de la police de la capitale, Arnaldo Chefo.[print_link]
C’est déjà par la voie des téléphones portables que la mobilisation avait été lancée le 1er septembre, lorsque les quartiers périphériques de Maputo s’étaient embrasés à l’annonce d’une nouvelle hausse du prix du pain. Pour les pauvres urbains, qui ne peuvent compter comme les paysans sur quelques récoltes personnelles ou une réserve de grains, cette augmentation était celle de trop : déjà, dans les semaines écoulées, l’escalade des prix avait affecté l’eau, l’électricité et le pétrole.
TENSION SOUS-JACENTE DANS LES FAUBOURGS PAUVRES DE MAPUTO
Faute d’une opposition organisée qui leur donnerait voix, des milliers de protestataires étaient descendus dans la rue. La police avait riposté en tirant avec des balles de caoutchouc, puis à balles réelles. Treize personnes sont mortes des suites de ces affrontements et des escarmouches qui ont suivi pendant deux jours, selon le dernier bilan officiel. Au total, les émeutes ont fait plus de 400 blessés, dont six à Chimoio (centre), où de violents heurts ont éclaté vendredi.
Lundi, les faubourgs de Mafalala et Benfica, parmi les plus affectés par les violences de la semaine dernière, bouillonnaient de leur activité normale. Mais certains signes témoignaient d’une tension sous-jacente. De nombreux habitants ont profité du répit du week-end pour acheter des biens de première nécessité, afin de se prémunir contre une nouvelle paralysie de la ville. Les stations-service ont vite manqué d’essence et les banques, de liquidités. Les bus et taxis collectifs ne circulent pas.
Les prix ont flambé ces derniers mois, notamment en raison de la dépréciation de la devise nationale dans un pays très dépendant des importations. En dépit de la solide croissance que connaît le Mozambique depuis la fin de la guerre civile (1976-1992) qui a suivi l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise, 65 % des 23 millions de Mozambicains vivent sous le seuil de pauvreté.
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