Quinze bonnes raisons de manifester le 29 septembre
Comme des milliers de travailleurs, Almudena Grandes, écrivain espagnole et chroniqueuse au quotidien El País, suivra la grêve qui touchera tout le pays mais aussi certains Etats membres de l’Union européenne. La manifestation risque cependant d’avoir un succès mitigé.
[print_link]
Parce que je ne veux pas que mes enfants vivent moins bien que moi. Parce qu’il n’est pas juste que les travailleurs payent la facture d’une crise qui a enrichi ses responsables. Parce que le gouvernement n’a pas rétabli l’impôt sur le patrimoine, n’a pas imposé les grandes fortunes, ni augmenté la fiscalité des Sicav, où les plus riches investissent l’argent qu’ils ont en trop et subviennent aux dépenses de l’Etat en lui octroyant généreusement 1 % des bénéfices, le gouvernement s’en est pris aux plus faibles avec une réforme du travail scandaleuse.
Parce qu’il est inadmissible qu’un chef d’entreprise licencie ses employés avec un préavis de quatre jours, uniquement parce qu’il “prévoit” des pertes pour le prochain exercice, en économisant au passage plus de 50 % des indemnités. Mais surtout parce que la crise sert à camoufler un changement de cycle destiné à liquider l’Etat-Providence. Parce que si nous n’avons pas été capable d’exporter notre progrès aux travailleurs des grandes puissances émergentes, comme la Chine et l’Inde, nous allons bientôt importer leurs terribles conditions de travail. Parce que l’Occident sait déjà qu’en réduisant les gens à l’esclavage on gagne beaucoup plus d’argent.
Parce qu’après avoir rogné les droits des travailleurs, on rognera les droits civiques. Parce qu’il y aura toujours une agence de notation ou un prix Nobel pour dire que les régressions sont indispensables pour avancer. Et surtout parce que quoi qu’en disent le chef du gouvernement José Luís Rodríguez Zapatero, la ministre de l’économie, Elena Salgado ou n’importe qui, nous les travailleurs sommes le moteur de l’économie. Parce que ni les banques, ni les multinationales, ni les grandes chaînes ne peuvent survivre sans nous. Parce que si nous faisons la grêve, tout s’arrête. Parce que nous savons d’expérience qu’il n’a pas d’autres moyens de protéger nos droits. Pour toutes ces raisons, j’irai à la manifestation demain.
Les derniers commentaires