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la CFDT prête à une négociation avec le Medef

En interne, le sujet provoque l’embarras.
Comment sortir du conflit sans paraître lâcher prise ? La question est plus que jamais d’actualité, tant chez les adversaires que chez les partisans de la réforme des retraites, qui doit être définitivement votée d’ici à mercredi.
Début de réponse, peut-être, avec la proposition lancée lundi soir par le leader du syndicat CFDT : ouvrir des négociations sur l’emploi des jeunes et des seniors. Une main tendue qu’a saisie au vol la présidente du Medef sur le plateau de l’émission “Mots croisés” sur France 2.
“On ne peut plus y couper, la responsabilité des entreprises est engagée. Le patronat a voulu cette réforme, sa responsabilité est engagée. Il faut absolument maintenant entrer dans les négociations sur l’emploi des jeunes, l’emploi des seniors, c’est une urgence”, a argumenté le leader de la CFDT, François Chérèque.

“UNE BONNE FAÇON DE PASSER À AUTRE CHOSE”

“Je voudrais dire à François Chérèque que je suis d’accord”, a aussitôt répondu Laurence Parisot. “Je suis d’accord pour qu’on ouvre une délibération sociale, pour voir si on peut, sur ces sujets évoqués par François Chérèque, commencer à travailler ensemble”, a poursuivi la présidente du Medef, avant d’ajouter que “ce serait une bonne façon de passer à autre chose”, en allusion à la poursuite du mouvement de contestation de la réforme des retraites.

Mardi matin sur France Info, Eric Woerth a jugé que ce projet de négociations était “une très bonne chose”, car “c’est une des plaies françaises d’avoir un emploi des seniors plutôt plus faible qu’ailleurs, et en même temps un emploi des jeunes aussi faible”. Christine Lagarde, en charge de l’économie, s’est elle aussi montrée enthousiaste sur Radio Classique : “Se mettre à la table des discussions, parler de l’emploi des jeunes et des seniors et examiner les problèmes de fond qui créent une vraie angoisse chez eux, ça c’est vraiment un tournant.”

Cette entente entre CFDT et Medef sera-t-elle bien accueillie par les autres syndicats ? Bernard Thibault, de la CGT, a surtout cherché lundi soir à afficher sa détermination : “Je persiste, le mouvement n’est pas fini. Il continuera, il prendra d’autres formes, les sujets soulevés par ce mouvement ne sont pas clos, quels que soient les épisodes des prochains jours.”

LA DIFFICILE POSITION DE LA CGT

En interne, le sujet provoque l’embarras. Eric Aubin, chargé des retraites au sein de la centrale syndicale, assure ainsi que “si cette proposition [de François Chérèque] vise à dire ‘le mouvement contre la réforme est fini, passons à autre chose’, nous ne sommes pas sur ce terrain”. Mais il admet aussi que “la question de l’emploi” a été posée par la CGT depuis le début du conflit, et que “s’il y a des négociations, il n’y a pas de raison de refuser d’y participer”.

“La proposition de la CFDT est une tentative de sortie de cette crise dans des conditions relativement honorables”, estime Guy Groux, directeur de recherche au CNRS et spécialiste du syndicalisme. “François Chérèque se distingue ainsi des plus radicaux du mouvement contre la réforme des retraites, ajoute-t-il, tout en précisant que le leader de la CFDT n’a pas non plus annoncé qu’il quittait le front syndical. “Et quand Bernard Thibault dit qu’il faut trouver des modalités de lutte après le vote de la loi, on pourrait dire que c’est aussi une façon d’essayer de trouver une sortie honorable”, conclut le chercheur.
Alexandre Piquard

LEMONDE.FR | 26.10.10 | 11h25  •  Mis à jour le 26.10.10 | 12h52

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