Brigades Rouges : prélude ou conséquence de l’histoire italienne ?
“Les meilleurs connaisseurs de la vie politique transalpine sont formels : il ne se passe pas de semaine dans la Péninsule sans débat public ni controverses sur les années de plomb. Certes, chez nous, l’anniversaire de mai 68 a ravivé un certain intérêt pour les grands combats de l’époque, sans compter le candidat aux présidentielles qui promettait la liquidation de son héritage ; mais rien en réalité dans ces nostalgies ou ces effets de manche n’est comparable à la situation italienne. La période a laissé chez nos voisins des souvenirs où se mêlent confusion et frayeur – des sentiments bien légitimes : à la fin des années 70, les jours sans attentat ou sans action armée ciblée était, tout simplement, rares.”
“La toute récente traduction en français des entretiens de Mario Moretti, un dirigeant historique des Brigades Rouges, aide à entrevoir l’atmosphère de ces années. Mario Moretti dévoile dans ces entretiens les justifications que les brigadistes donnaient à leur passage à la lutte armée. Des justifications qui sont très éclairantes sur l’ambiance générale : elles nous renseignent sur le niveau de la violence des affrontements entre le patronat et les ouvriers, elles nous éclairent sur la stratégie, sur la conviction des brigadistes que pour sauver le mouvement de l’enlisement, il fallait quitter les usines, « hausser le niveau du conflit », « gagner toujours plus d’espace » y compris par les armes. Mais devant les questions sans concession de la journaliste Rossana Rossanda, redoutablement perspicace, ces justifications montrent aussi la grande cécité des militants sur la situation politique du pays et leur bien pauvre réflexion théorique.
Enfin, cette parution alimente la réflexion sur l’un des points toujours mystérieux ; pourquoi ce passage à la lutte armée de plusieurs groupes activistes italiens quand l’extrême gauche française se contentait à la même époque d’une simple rhétorique martiale ?”
Sur France culture
01.11.2010 – 18:20
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