Egypte : « Le million ! Le million !
le “heure par heure” du Monde.fr
Le Caire, 1er février 2011. Un million de manifestants sont attendus aujourd’hui dans les rues du Caire et des grandes villes d’Egypte. L’appel est passé sans Internet, sans SMS. Au Caire, à 11h15 nous sommes déjà entre 300 000 et 500 000 personnes selon la BBC.
Les produits de base se font rares. Les supermarchés ont été quasiment vidés de leurs stocks. Les banques sont fermées, la plupart des magasins aussi et rares sont ceux qui gagnent leur pain quotidien.
La rue, pourtant, ne désemplit pas, et se remplit au contraire davantage. Hier, 31 janvier, la place Tahrir, au centre-ville du Caire, était noire de monde. Une estimation circule : 100 000 personnes.
Les voix sont cassées. Ceux qui se servent d’un mégaphone se comptent sur les doigts de la main. Des manifestants ont élu domicile sur la pelouse centrale de la place Tahrir, inondée par un fichu robinet qui ne cesse de couler. Sur une petite tente minuscule on peut lire une pancarte: Hôtel de la liberté. Photos, éclats de rire. Des volontaires ramassent les ordures, balaient, distribuent de l’eau et de la nourriture.
L’humour est au rendez-vous de façon écrasante. Les slogans scandés, les pancartes et les banderoles suscitent l’hilarité. Un enfant tient à bout de bras une pancarte s’adressant à Moubarak: Allez quoi, dégage, j’ai super mal au bras. Un homme passe imperturbable. Il a la voix et la diction de Louis Jouvet : Nettoyez votre pays, jetez vos Moubaraks. Nettoyez votre pays, jetez vos Moubaraks. D’autres messages sont moins comiques. En milieu de journée une pancarte choc fait son apparition. On y voit Moubarak avec la coiffure et la moustache d’Adolf Hitler. La foule scande : Hitler le voilà ! Hitler le voilà !
Les messages d’unité populaire continuent de nourrir les discours. C’est une révolution populaire indépendante de tout parti, de toute religion, de tout mouvement. Un homme habillé d’une sorte de tablier blanc avec un bandeau sur la tête (façon jihad islamique) fait son apparition. Son passage glace les personnes autour de moi qui le suivent du regard. A l’heure de la prière des centaines de manifestants se recueillent. Les slogans et les darboukas reprennent sitôt après.
En ce 31 janvier, toute la société est représentée dans sa grande diversité. Les enfants, les familles, les étudiants, les barbus, les glabres, les gauchos, les voilées, les pas voilées, les bourgeois, les nassériens, les communistes, les laïques, les activistes.
Vers 1h00 du matin, on apprend une information majeure : l’armée égyptienne déclare solennellement qu’elle ne tirera pas sur les manifestants pendant la marche du 1er février. Tout le monde comprend, que pour Hosni Moubarak, c’est terminé. La réaction internationale est immédiate. Changement radical du discours. Deux ex-ambassadeurs américains en poste à Tel Aviv et au Caire s’expriment à la BBC World: Moubarak has to step down. Dans la langue de Sarkozy: casse-toi pov con.
La suite bientôt.
Propos recueillis par téléphone par Aya Wassef
La grande supériorité des Arabes sur l’Occident, c’est l’algèbre. Ne l’ont-ils pas inventée ? Voilà qui explique, alors que la France manifestant pour sa retraite à l’automne dernier n’annonçait les chiffres de manifestants qu’après [les manifestations], à qui dit mieux syndicalement, un million, deux millions… à qui dit moins ministèrieusement, 200 000, 100 000…, le monde arabe lit dans la mare de thé à la menthe : demain Un, 1, million, même qu’All Djésira en a vu deux, puis un… Ne pourrait-on point, dans notre immense élan de solidarité française, aussi solidaire que surlecutament nouveau Fillon “le pèple français est un ami historique du pèple égyptien -, suggérer à notre Ministre de l’Intérieur (vu de l’extérieur, comme le dessinait Chaval), d’envoyer des compteurs policiers – quand ils seront remis de leur grève de la faim – aux fins, équilibrés par autant de camarades de la cgt sur qui l’ont peut oh combien compter, de savoir combien, bordel de merde de nom de dieu – Ink Allah – ils sont, ils furent, ils étaient, ils éthèrent, pour l’histoire en temps réel-virtuel (on s’y perd), et la légende démocratique du moment actuel ?
PEUPLES DE TOUS LES PAYS, PROLÉTARISEZ-VOUS ! Et qu’on en finisse
PS : vous ne semblez pas vous rendre compte combien il est difficile, plus, douloureux, d’y comprendre couac, en tant qu’aspirant théoricien, quoi que, tout ce bordel est bien trop humain pour être faux…