Au Portugal, manifestations monstres contre la précarité
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi contre la précarité à Lisbonne et dans une dizaine d’autres villes portugaises, selon les organisateurs de cette initiative lancée par un groupe de jeunes via une page Facebook.
«Pas de liberté dans la précarité», scandaient les manifestants qui ont défilé sur la principale avenue de Lisbonne dans une ambiance festive, a constaté l’AFP.
«Le pays est aux abois», proclamait une banderole, faisant écho à la pageFacebook intitulée «Protestation d’une génération aux abois», à l’origine de ce mouvement qui a recueilli plus de 65.000 signatures.
Selon les estimations des organisateurs du mouvement citées par l’agence Lusa, environ 200.000 personnes se seraient mobilisées à Lisbonne et 80.000 à Porto. Aucun chiffre n’a été fourni concernant les manifestations qui ont eu lieu au même moment dans d’autres villes du pays.
La police portugaise a pour règle de ne pas communiquer ses propres estimations des mobilisations de rue.
«La moitié de la population active portugaise est au chômage ou précaire,
ce qui montre bien que la situation est intenable», a affirmé à l’AFP Joao
Labrincha, chômeur de 27 ans et l’un des quatre initiateurs du mouvement,
qui se dit «sans parti, laïc et pacifique».
Avec un taux de chômage record de 10,8% l’an dernier, le Portugal compte
620.000 chômeurs, dont près de la moitié sont âgés de moins de 35 ans et
plus de 10% ont un diplôme.
Le pays affiche un niveau de précarité élevé, avec 720.000 personnes sous
contrat à durée déterminée fin 2010. A ceux-là s’ajoutent un peu plus d’un
million de travailleurs indépendants, dont l’immense majorité serait en
réalité des employés illégalement privés d’un contrat de travail, selon les
organisations de précaires.
Dans le défilé de la capitale, les pancartes se succédaient pour dire la
frustration de nombreux jeunes Portugais: «il y a trop de mois pour mon
salaire», «je ne suis pas en solde», «révolution précaire»…
Peu habitué à manifester, Nuno Fortunato, diplômé en technologies
audiovisuelles, a abandonné son rêve de travailler dans le monde du cinéma
et enchaîne depuis deux ans et demi les contrats à durée déterminée dans un
centre d’appels.
«J’en ai assez du chantage des employeurs et des politiciens qui ne font
rien», a lancé le jeune homme de 26 ans.
Bien qu’en majorité, les jeunes n’étaient pas les seuls à manifester: «J’ai
40 ans mais je m’inclue dans cette génération aux abois car, comme mon fils
de 22 ans, moi aussi je n’ai qu’un contrat à durée déterminée», a confié à
la télévision une femme de Porto.
«Je comprends très bien les angoisses et les problèmes des jeunes, avait
déclaré vendredi le Premier ministre socialiste José Socrates. Je suis le
premier à reconnaître que l’accès des jeunes au marché du travail n’est pas
celui que nous désirerions.» En raison des difficultés financières du pays,
les Portugais sont soumis à de sévères restrictions budgétaires, cumulant
hausses d’impôts et réduction des prestations sociales. Vendredi, le
gouvernement socialiste a annoncé un nouveau renforcement des mesures
d’austérité.
Liberation,(Source AFP)
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