Cordoue : Occupation et réappropriation d’un espace public
Après Alicante où des habitants se sont mobilisés pour transformer eux-mêmes un terrain vague en jardin potager communautaire (voir ici), voici une autre initiative dans le même esprit. Elle vient d’un quartier populaire de Cordoba (Cordoue) et a démarré un certain 1er mai…
Le 1er mai dernier, une centaine d’habitants de Cordoue ont “squatté” paisiblement le Pavillon Sportif du Sud de la ville, qui est fermé depuis 15 ans. Cet équipement emblématique a toujours été une référence pour l’ensemble de la population, a été l’un des pionniers à fonctionner il y a 30 ans. Comme s’il n’avait pas fermé ses portes il y a plus d’une décennie, la vie dans le quartier sud a refleuri d’un point de vue sportif, culturel et surtout social.
Les habitants de ce quartier populaire et des personnes anonymes ont décidé d’agir d’une manière pacifique et de procéder à l’”okupation” de cet espace, préoccupés par la privatisation du droit aux loisirs et à la culture. Ils ont agi en particulier en réponse à l’indignation causée par sa fermeture, alors qu’il était un espace public qui fonctionnait pour satisfaire les besoins du quartier. L’objectif initial de cette action est de sauver le Pavillon comme symbole de Cordoue et du quartier. D’abord et avant tout est de continuer à exiger l’utilisation des espaces publics dans toute la ville. Certaines personnes impliquées dans cette action ont remarqué la visite d’habitants d’autres quartiers de Cordoue, suggérant l’occupation d’autres espaces publics, qui sont également fermés.
La réponse attendue des autorités compétentes, le Conseil municipal, le Conseil des jardins familiaux et la Sous-délégation du gouvernement d’Andalousie….) est l’ouverture du Pavillon. Mais en priorité c’est lutter pour qu’il redevienne un lieu du quartier et de ses habitants. Des personnes proches de ce mouvement d’occupation pacifique ont informé le maire de la ville, Andrés Ocaña, dans les premières heures de la journée. Dans les environs du stade, le dispositif policier est allé en diminuant, conséquence de la tranquillité et de la normalité de cette okupation.
A la mi-journée, alors que cette okupation avait été rendue publique et que les manifestions du matin s’achevaient, plusieurs militants de la CNT (anarcho-syndicaliste) et du SAT (syndicat andalou des travailleurs, extrême gauche) ont rejoint l’occupation et y sont resté l’après-midi. Une rencontre internationale de batucada qui avait lieu à Cordoue s’est déplacée en appui à l’inauguration de cet espace récupéré pour la collectivité, générant un spectacle sonore qui poussa d’autres voisins encore à se rapprocher et à participer à l’action. Et rapidement, la place Andalucia s’est remplie de jeunes, pendant que le tissus associatif du quartier affirmait publiquement sa satisfaction devant l’action engagée. L’occupation qui devait durer une semaine a été prolongée.
Dans une déclaration, les occupants déclarent (extrait) : « Nous sommes nombreux et nombreuses qui pensons que le système économique actuel est le principal responsable de la croissance du chômage, de l’exploitation humaine et de la prédation des ressources naturelles. Aujourd’hui, nous vivons dans un écart croissant entre les riches et les pauvres de la planète. La mondialisation vise à augmenter cet écart. Pour autant, aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin de nouveaux espaces qui construisent à partir de la base une nouvelle alternative économique et culturelle fondée sur la paix et la justice sociale. Nous pensons que la revendication d’espaces pour l’autogestion directe, en passant à l’action, est un bon moyen de transformer notre réalité. Un centre social okupé est une école de démocratie active qui favorise la tolérance, le respect pour d’autres idées, l’esprit critique, le dialogue et le consensus. C’est un profond rejet de l’individualisme qui règne dans la société d’aujourd’hui. Il est un espace ouvert, un lieu de rencontre pour le quartier et la ville. »
Depuis le 1er mai, Le Pavillon Sportif du secteur Sud a rouvert ses portes, et fonctionne comme un centre social autogéré. Presque tout le quartier est impliqué dans cette action visant la renaissance de la vie culturelle. Depuis cette occupation s’est créée une assemblée formée par le voisinage et les personnes anonymes qui se sont ajoutées en soutien à la cause. Tous les après-midi, cette assemblée prévoit collectivement les activités culturelles, de divertissement et sportives qui sont organisées chaque jour (photographie, massage, peinture, décoration, atelier de « reciclette », c’est-à-dire réparation de bicyclettes, informatique…). De plus, l’assemblée coordonne également les problèmes de logistique et de nettoyage du lieu. Le Pavillon est propre et en bon état pour la mise en place de toutes les activités, comme un tournoi de football, des démonstrations de cirque, projections de films, ateliers de danses sévillanes, etc. En signe de soutien, certains collectif de Cordoue ont déplacé certaines de leurs réunions quotidiennes ou activités au nouveau Centro Social Ocupado y Autogestionado (CSOA) Pabellón Sur.
Sources : Indymedia Estrecho : http://estrecho.indymedia.org/ Calleja de la Flores : http://www.callejadelasflores.org/ Orilla izquierda del Guadalquivir : http://www.orillaizquierda.org/
Photos: http://picasaweb.google.com/javiktu…
lundi 18 mai 2009
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