Affrontements entre police et manifestants : La poudrière de Oued Koriche la miséreuse
Les émeutes ont repris jeudi matin dans la cité « Climat de France » de Oued Koreich, quartier miséreux de Bab El Oued, a constaté sur place une journaliste de DNA. Les habitants du quartier qui protestent contre la démolition de leurs habitations précaires ont barricadés les axes routiers. Ces émeutes font échos à d’autres manifestations qui ont secoué d’autres quartiers de la capitale au cours de cette année et l’année dernière et dont l’origine reste le sempiternel problème de l’accès au logement.
L’explosion était prévisible et la police était en état d’alerte dès mardi 22 mars. La cité Climat de France de Oued Koreich, quartier miséreux de Bab El Oued, s’est embrasée dans la matinée du mercredi 23 mars. Au moins une quarantaine de personnes ont été blessées dans des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre.
Les affrontements ont commencé mercredi matin lorsque des engins de la marie sont arrivés sur les lieux pour démolir les constructions jugées illicites érigées quelques mois plutôt par des habitants pour faire face à la pénurie de logements.
Les forces de l’ordre, dépêchées en renfort, ont même prêté assistance aux travailleurs chargés de la démolition comme le montrent les images diffusées mercredi soir par les chaînes TF1 et Euronews.
A peine l’opération de démolition entamée, les jeunes du quartier ont érigé des barricades, brulé des pneus avant d’affronter les policiers à coups de pierres et de cocktails molotov. Des hommes et des femmes en pleurs et en colère se sont opposés à certains policiers.
La réponse de la police a été brutale. Tirs avec des balles en caoutchouc, bombes lacrymogènes, les affrontements ont fait plusieurs blessés parmi les manifestants et les policiers.
Un jeune émeutier âgé de 17 ans a eu l’œil crevé après avoir reçu une balle en caoutchouc au visage. Le quotidien El Watan fait part de son côté du décès d’une fillette de 7 mois après avoir inhalé du gaz lacrymogène. Toutefois, cette information n’a pas été confirmée de sources officielles.
Depuis les émeutes de janvier 2011 qui ont fait cinq morts et quelque 800 blessés, c’est la première fois que la police fait usage de balles à blanc et de gaz lacrymogènes contre des manifestants.
Jusqu’à ce jeudi matin, les autorités n’ont pas encore communiqué sur cette émeute qui a secoué ce quartier populeux et miséreux de la capitale.
Située sur les hauteurs de Bab El Oued, cette cité appelée encore aujourd’hui «Climat de France » a été construite en 1958 à l’époque où le pays était encore sous occupation française.
« Climat de France » fait pendant à d’autres quartiers de la capitale algérienne, tels que Diar El Mahçoul, Diar Essada et Diar Echems, construits à l même époque, devenus au fil des années de véritables favelas de raison de l’explosion démographique.
Des émeutes du logement secouent régulièrement de nombreux quartiers de la capitale algérienne depuis octobre 2009.
En juillet 2010, les habitants des bidonvilles de « la Carrière Jobert » et « Climat de France » sur les hauteurs du rond point « Triolet », à l’entrée de Bab El Oued, ont provoqué des émeutes suite à des tentatives des autorités de déplacer les familles pour les reloger à Bentalha, à Birtouta et aux Eucalyptus, à une trentaine de kilomètres à l’est d’Alger.
Les autorités algériennes affirment avoir construit des centaines de milliers de logement mais ce programme lancé depuis le début du premier mandat du président Bouteflika, 74 ans, n’a pas été en mesure de répondre aux demandes des citoyens.
Jeudi, 24 Mars 2011, 10:53 | Sabrina Boubekeur
la source: DNA
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