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Le futur visage des prisons françaises

Détecteurs d’évasions et géolocalisation d’un surveillant agressé sont au nombre des innovations.
Par petits groupes, ils sillonnent les prisons d’Europe : les uns reviennent d’un voyage d’études au sein du système espagnol, les autres ont observé le modèle suédois, ou analysé le cas britannique. Les responsables de l’administration pénitentiaire française se préparent à un vaste brainstorming : d’ici à la fin de l’année, ils devront dessiner les prisons du futur, celles que le président de la République a appelées de ses vœux.

Rarement l’administration pénitentiaire aura connu une telle effervescence immobilière. Le plan «13 200» – (13 200 nouvelles places de prison) – lancé en 2002 n’est pas encore achevé que doit démarrer, au début de l’année prochaine, un nouveau programme, qui devrait prévoir la construction de près de 17 000 places. Rue du Renard, le QG de la direction de l’administration pénitentiaire à Paris, un bureau d’une dizaine de personnes s’emploient à traquer les terrains à travers l’Hexagone.

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L’année prochaine, les projets immobiliers pénitentiaires mobiliseront plus de 500 millions d’euros, c’est-à-dire le double de l’année précédente. Mais le profil de ces établissements du futur n’est pas encore tracé. «Nous voulons définir de nouveaux concepts», explique l’un des responsables du projet.

Depuis quelques années, la physionomie des nouveaux établissements a déjà changé. Les technologies ont fait une en­trée massive dans l’en­ceinte des prisons. Les caméras se sont généralisées. «Un pos­­te de surveillance centralisé, dernière ver­­­­sion, c’est Star Trek», décrit un agent.

L’électronique et l’informatique servent en premier lieu les impératifs de sécurité, mais tendent aussi, parfois, à améliorer les conditions de détention. Le vocabulaire du XXIe siècle s’est glissé dans le quotidien des surveillants, qui tiennent «un cahier électronique de liaison». C’est-à-dire qu’ils consignent leurs observations concernant un détenu sur une base informatique, accessible en intranet par les autres personnels – qui peuvent ajouter leur propres commentaires. Dans les établissements récents, des capteurs infrarouge permettent, en cas d’agression, la géolocalisation d’un surveillant violenté. Des «cyberbases» offrent aux prisonniers un accès sous contrôle à Internet. Des «bornes interactives» ont été installées à l’extérieur des prisons pour permettre aux familles de prendre des «rendez-vous parloirs».

Changements de conception
Dans deux établissements pilotes, le même type de bornes a été installé à l’intérieur des murs cette fois, offrant aux détenus la possibilité de saisir leurs requêtes – être reçu en audience, interroger son compte… Autre innovation, au nom cette fois plus prosaïque : le «détecteur de caniche» est encore en voie d’expérimentation. Ce détecteur sismique ultrasensible destiné à lutter contre les évasions permettra à l’avenir de repérer la moindre trace humaine (ou animale, si petite soit-elle) dans les véhicules franchissant la zone de sécurité…

Les prisons qui sortiront de terre dans les années à venir intégreront ces nouvelles technologies, mais sans doute, également des changements importants de conception. Elles devraient notamment consacrer de plus en plus de place aux activités visant à la réinsertion (ateliers, formation, etc). L’une des idées qui séduit le plus l’administration pénitentiaire, c’est la différenciation des établissements : bâtiments ultrasécurisés pour les détenus les plus dangereux mais aux normes allégées pour les condamnés aux profils plus légers. Sachant qu’un mirador représente un investissement de près de 800 000 euros, on comprend l’enjeu économique de la question… Ces nouveaux établissements permettraient également d’expérimenter le «mode ouvert» de détention, inspiré de l’Espagne : les détenus seraient libres de circuler au sein de leur quartier, en contrepartie d’obligations, comme celle de s’inscrire à une activité.

Laurence de Charette

15/10/2009 |

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