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“Les pauvres sont plus pauvres qu’hier”

La crise, les associations de lutte contre l’exclusion la ressentent depuis la fin de l’année 2007. Mais la plupart font face, depuis cet été, à un afflux de demandes d’aides, financières ou alimentaires, et à l’arrivée de publics nouveaux. Elles voient 2010 en noir sur fond de chômage massif et de basculement d’une partie des chômeurs en fin de droits.[print_link]

“Depuis dix-huit mois, témoigne Didier Piard, directeur de l’action sociale de la Croix-Rouge française, le nombre de personnes accueillies a augmenté de plus de 20 %. Des populations que nous ne voyions pas autrefois viennent dans nos centres demander des aides alimentaires, des vêtements ou des aides financières directes : ce sont des retraités, des travailleurs pauvres, des smicards en contrat à durée indéterminée (CDI), qui ne parviennent plus à joindre les deux bouts, des jeunes. Ils s’ajoutent aux familles monoparentales et aux précaires qui n’ont jamais cessé de venir.” Une étude sur une quarantaine de sites a montré que plus de 40 % des personnes accueillies venaient demander de l’aide pour payer leurs factures d’énergie ou leur loyer. “L’intensité de la pauvreté augmente. Les pauvres sont plus pauvres qu’hier”, observe M. Piard.

Les responsables d’association font tous le même constat : celui d’une augmentation de la pauvreté et d’un réel décalage entre la stabilité du taux de pauvreté officiel et la perception qu’ils ont du terrain. “Les choses se sont emballées à partir de la fin de 2008”, témoigne Bruno Groues, directeur de l’action sociale à l’Union nationale interfédérale des oeuvres et des organismes privés sanitaires et sociaux (Uniopss). “Le nombre de bénéficiaires des banques alimentaires a augmenté de 16 % en un an. Les Restos du coeur font part d’une hausse de 13 % à 15 % de la demande d’aide, et les associations commencent à rencontrer des difficultés financières”, ajoute ce responsable qui réclame, comme la majorité des associations caritatives, une revalorisation des aides au logement et des minima sociaux bien au-delà de l’inflation.

“Ressources aléatoires”

“Nous nous attendons à une année 2010 difficile pour les personnes que nous accueillons et difficile pour nous sur le plan financier”, témoigne Bernard Schricke (Secours catholique). “On ne prévoit pas de coup de pouce au smic. Les salaires augmentent peu. Les dépenses préengagées s’alourdissent. Les charges de ménages sont généralement mensualisées, alors que leurs ressources sont souvent plus aléatoires. D’où des difficultés accrues à gérer un budget, explique-t-il. De plus, la création du revenu de solidarité active (RSA) avait suscité beaucoup d’attentes. Mais ses effets sont encore peu visibles et nombre de travailleurs pauvres ne réclament pas le complément de ressources auquel le RSA leur donne droit pour ne pas, disent-ils, tomber dans l’aide sociale”. L’Uniopss, qui regroupe les grandes associations de lutte contre la pauvreté, partage ce constat.

Claire Guélaud
Article paru dans l’édition du 04.12.09

LE MONDE | 03.12.09 | 13h35

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