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Nouvelles d’Algérie : 5000 travailleurs paralysent le complexe SNVI

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La grogne sociale monte et l’année commence plutôt mal pour les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) de Rouiba qui ont observé massivement, hier, un arrêt de travail pour protester contre les conclusions de la dernière réunion tripartite. Moins d’un mois après le rassemblement qu’ont organisé les cadres syndicaux devant le siège de l’union locale de l’UGTA de Rouiba pour dénoncer les décisions annoncées à l’issue de la tripartite de début décembre 2009, c’est au tour des travailleurs de la SNVI d’embrayer sur la protestation.

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Le vaste complexe était quasiment paralysé durant toute la journée et au lieu de trouver des bras occupés à travailler l’acier, nous avons rencontré des hommes inquiets et en colère, en petits groupes autour d’une discussion enflammée sur leur situation ou regroupés devant la direction de l’entreprise. Quelque 5000 travailleurs ont adhéré au mot d’ordre de grève lancé hier, spontanément nous dit-on, paralysant ainsi quasi totalement l’ensemble des ateliers de la SNVI. La fonderie et la forge ainsi que les ateliers de la division des véhicules industriels (DVI) et d’autres unités étaient totalement à l’arrêt. Et le mouvement risque de durer car « la grève est illimitée ; elle ne cessera qu’avec la satisfaction de nos revendications », clament les protestataires. Les relents politiques de la manifestation sont on ne peut plus clairs : le monde du travail vient en effet de réserver une réponse cinglante aux conclusions du gouvernement et à son partenaire social, l’UGTA. « Nous rejetons catégoriquement les accords passés entre l’UGTA et le gouvernement lors de la dernière réunion tripartite. Nos revendications se résument en deux points : les salaires et le départ à la retraite. Nous voulons une augmentation conséquente et le maintien de l’actuel système de départ en retraite », nous a déclaré un travailleur. Et à son collègue d’expliquer : « Nos prétendus représentants sont allés à cette réunion sans avoir lancé un débat au préalable ; ils ont conclu un accord très défavorable aux travailleurs.

Tout le monde sait qu’augmenter le SNMG de 3000 DA est insignifiant et ne touche qu’une infime partie des travailleurs. Nous sommes en outre contre la suppression du droit de départ à la retraite proportionnelle ou après 32 ans de service. En plus de 32 ans de service, que pouvons-nous apporter ? Le gouvernement devrait plutôt être vigilant sur le sort des recettes pétrolières. Il faut absolument revoir les salaires et le partage des richesses nationales. » Les travailleurs de la SNVI estiment que la situation est intenable. « Le pouvoir d’achat ne cesse de dégringoler et notre situation de se dégrader. C’est notre dignité même qui s’en trouve entamée. Les hauts responsables voient leurs revenus croître sans cesse et nous autres, simples travailleurs, subissons le diktat d’un pouvoir qui n’a d’yeux que pour les intérêts restreints d’une certaine classe », nous dit-on. Les grévistes trouvent que les travailleurs de ce complexe évoluent dans des conditions très difficiles. « Nous travaillons dans des conditions pénibles. Et ceci ne nous permet pas de continuer à travailler jusqu’à 60 ans. Celui qui travaille à la forge ou à la fonderie et qui mange seulement un sandwich à midi ne peut pas résister aussi longtemps », dit un autre travailleur. « La décision rendue publique après la tripartite était contenue dans le discours du Président du 24 février 2009. Ce qui renseigne sur le fait qu’elle n’est même pas le fruit d’une négociation entre le gouvernement, le patronat et la centrale syndicale, comme on le laisse entendre », lance un syndicaliste. De nombreux travailleurs que nous avons trouvés rassemblés devant le siège de leur direction dénoncent l’augmentation des prix de divers produits de large consommation intervenue juste avant ou tout de suite après la réunion tripartite. Ils nous ont déclaré que la grève est illimitée et que le mouvement va être porté dans la rue s’ils ne trouvent pas une oreille attentive à leurs doléances. La tension était telle, hier, qu’on a jugé nécessaire de mobiliser une équipe de la Gendarmerie nationale dans l’enceinte du complexe.

Les manifestants étaient surtout remontés contre l’UGTA qui, selon leurs propos, « a livré les travailleurs à l’injustice et à l’exploitation en cédant sur leurs droits ». Un syndicaliste trouve, en effet, qu’il est vain de parler d’augmentation si l’article 87 bis du code du travail n’est pas abrogé. « Cet article assimile le salaire de base au salaire net que doit recevoir le travailleur », nous dit-il. Les travailleurs de la SNVI mettent en avant leur « sens du sacrifice et leur dévouement » pour s’opposer aux « velléités de leur exploitation ». « Lorsqu’on nous a demandé, dernièrement, de fabriquer un bus en toute urgence pour transporter l’équipe nationale à son retour de Khartoum, de l’aéroport jusqu’à Alger-Centre, nous avons travaillé jour et nuit », disent-ils. A notre sortie du complexe, les travailleurs étaient toujours en grève et une délégation représentant le syndicat d’entreprise était venue les voir. Mais certains travailleurs de la DVI rappellent que leur section syndicale attend depuis plus d’une année l’organisation d’une assemblée générale élective pour le renouvellement de son bureau. Ils rappellent q’un désaccord entre les anciens membres du bureau et les nouveaux candidats sur le mode de scrutin à adopter (vote par atelier ou vote général) a provoqué une crise qui dure depuis la fin de l’année 2008. Un recours a été introduit auprès du secrétariat national de l’UGTA, mais les travailleurs attendent toujours une décision de la part des responsables. Responsables, syndicalistes et travailleurs sont conscients que les problèmes soulevés dépassent les compétences de la direction de l’usine, d’où leur appel au gouvernement afin qu’il revoie sa copie.

Par Kamel Omar lundi 4 janvier 2010

Algérie : 5000 travailleurs paralysent le complexe SNVI 4 janvier 21:22
Décidément, l’année sociale commence plutôt mal en Algérie. Des milliers de travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI, ex-Sonacome), implantée au niveau de la zone industrielle de Rouiba, le font savoir. Les travailleurs de toutes les unités (DVI, Fonderie, Carrosserie…) sont en grève depuis hier et jurent qu’ils ne reprendront pas le travail sans qu’il y ait de réponse officielle à leurs doléances. Les grévistes, plus de 5 000 selon nos estimations, qui ont entamé un arrêt de travail sans l’assentiment de l’UGTA, dénoncent le contenu social de l’accord de la dernière tripartite (gouvernement, patronat et UGTA), notamment la remise en cause du système des retraites en cours et de l’augmentation salariale, jugée dérisoire par rapport à l’augmentation faramineuse du coût de la vie. Les protestataires envisageaient même d’organiser un rassemblement à Alger. Ils se sont contentés d’une marche, suivie d’un rassemblement à l’intérieur du Complexe de véhicules industriels. « Entre nous, un gouvernement, un patronat et un syndicat qui sortent tous très satisfaits d’une réunion, c’est louche ! C’est évident, chacun défend ses intérêts. Nous (les travailleurs ndrl) sommes finalement les dindons de la farce », lancera un protestataire, dès notre entrée dans cet immense complexe. Alors qu’on discutait avec un responsable de la SNVI de l’objet de notre visite, la tension monta soudainement d’un cran. « On veut parler aux journalistes ! », scandaient des centaines de travailleurs aux responsables, qui ont vainement tenté d’obstruer notre mission. La foule, visiblement très en colère, n’a pas manqué de le faire savoir. « Nos revendications sont connues. Nous dénonçons la remise en cause du système de départ à la retraite. Comment des gens occupant des postes d’une grande pénibilité peuvent-ils résister plus de 25 ans sans y laisser leur santé ? Imaginez des agents qui travaillent dans les forges, dans des ateliers de polyester, en qualité de soudeur… Des postes de travail où un être humain ne peut pas rester plus de 27 ans. Et on nous demande d’y travailler pendant 40 ans ? C’est inhumain ! » « Les pouvoirs publics se plaignent du grand nombre de chômeurs mais empêchent la libération des postes de travail au profit de notre jeunesse, qui aime son pays. » Tout le monde voulait parler et rappeler la précarité que subissent les travailleurs. C’est Mouloud qui l’expliquera : « Nous sommes sortis pour faire part de nos doléances en dépit de ce que fait l’UGTA pour nous en empêcher. Comme on vous l’a expliqué, nous sommes contre la décision du rallongement de la période de cotisation et de l’âge de départ à la retraite, nous dénonçons la cherté de la vie et cette augmentation salariale. La dernière augmentation du SNMG ne nous touche pas. Cette valorisation n’a été consentie que pour une infime partie des fonctionnaires des communes. Même si cela nous concernait, cette augmentation serait vite absorbée par l’augmentation faramineuse des prix des produits alimentaires. Le gouvernement a consenti l’équivalent de 2 000 DA d’augmentation sur le salaire, mais la majoration des prix ampute nos fiches de paie de 6 000 DA. » Et une autre voix de s’élever : « De plus, nous payons plus d’impôts que les commerçants. C’est aberrant ! Nous ne pouvons plus vivre décemment avec nos salaires actuels ! Comment ose-t-on demander à un homme qui ne mange chaque jour qu’un plat d’épinards de travailler pendant 40 ans devant un haut fourneau ?! » Nous quittons la SNVI sous une bonne escorte d’agents de sécurité, qui ont visiblement reçu des consignes, mais qu’ils ne pouvaient appliquer devant des centaines de travailleurs. Mais combien de temps cachera-t-on cette colère contre la pauvreté ?

Abachi L.

Violentes émeutes à Chaïba (Annaba)
Posté par Rédaction le jan 4th, 2010 //

Le Soir d’Algérie, 4 janvier 2010
De violentes émeutes ont éclaté hier en début d’après-midi à Chaïba, localité située à quelque dix kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Annaba.
Près d’un millier de jeunes sans emploi ou ayant bénéficié de contrats de travail, relevant du dispositif des contrats CFI (emploi destiné aux sans-qualification), arrivant à expiration, se sont rassemblés dans la matinée devant le siège de la mairie de Sidi Amar, de laquelle relève administrativement leur agglomération, dans l’intention de faire part de leur situation aux responsables concernés. Ayant attendu longtemps sans pouvoir faire part de leurs doléances aux concernés, et excédés, les jeunes ont procédé à la fermeture de toutes les issues menant vers leur cité. Ils ont utilisé pour ce faire des pneus brûlés, des troncs d’arbres et d’autres objets hétéroclites, empêchant ainsi toute circulation automobile sur l’ensemble des axes traversant Chaïba et reliant la ville de Annaba aux wilayas de Guelma et Souk-Ahras. Les forces de l’ordre, qui se sont rendues sur les lieux pour procéder à l’ouverture des routes au trafic, poursuivent, à l’heure où nous écrivons ces lignes, leur tentative mais sans résultat. Les jeunes nous ont affirmé qu’ils resteraient sur place jusqu’à la satisfaction de leurs doléances. Ils affirment qu’ils n’ont pas d’autre moyen de faire entendre leur voix que celle de l’émeute.
A. Bouacha

Annaba. Plusieurs manifestations

La protesta des jeunes chômeurs a repris hier dans les communes de Annaba, d’El Hadjar et de Sidi Amar.
Dans la matinée, les sièges des trois APC ont été assiégés par des centaines de manifestants et la circulation routière tout autour était bloquée par des barrages improvisés par les jeunes manifestants. On appréhendait des dépassements, d’où l’intervention des éléments de la police antiémeute appelés pour protéger les édifices administratifs. Encore une fois, c’est un problème de contrat entrant dans le cadre du fameux dispositif d’aide et d’insertion professionnelle qui est à l’origine de la manifestation musclée des jeunes chômeurs.

A Sidi Amar, les jeunes protestataires ont bloqué – en usant de pierres et de troncs d’arbres – la route reliant cette commune au chef-lieu de wilaya à hauteur de la localité de Chaïba pour demander le renouvellement ou l’accès au Contrat de formation et d’insertion (CFI), obligeant les usagers de la route à rebrousser chemin sous peine de voir leurs véhicules saccagés. Parallèlement, dans la commune d’El Hadjar, les jeunes révoltés ont revendiqué les mêmes doléances devant le siège de l’APC. Une situation similaire s’est produite au même moment devant le siège de l’APC de Annaba pour exprimer les mêmes revendications. Contactés, des élus des trois communes ont promis de prendre en charge les revendications des jeunes manifestants mais, ont-ils souligné, dans le cadre de la disponibilité des contrats DIAP et CFI.

Par M. F. G.

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