DAZIBAO
Le dazibao (littéralement « journal à grands caractères ») en Chine est une affiche rédigée par un simple citoyen, traitant d’un sujet politique ou moral, et placardée pour être lue par le public.
Ici, point de citations de célébrités plus ou moins brillantes.
Les aphorismes, éructations, commentaires, crachats et digests participent de l’immense chaîne sur laquelle se trame le tissu de la pensée humaine, illustrant à merveille cette idée que “les auteurs ne sont que des accidents de la pensée”….
Bien sûr, bien sûr, la pensée collective se matérialise, s’incarne, précipite toujours dans le cerveau de tel ou telle individu. De même que c’est toujours telle ou telle abeille qui fabrique la propolis.
Nous, c’est la ruche qui nous intéresse, pas les petites excrétions individuelles, fussent elles fulgurantes.
Les extraits ci dessous ne sont donc jamais signés, sauf lorsqu’ils proviennent de productions collectives.Quelques sources, le cas échéant…
Et puis, les moteurs de recherches sont si performants aujourd’hui que ceux ou celles qui veulent à tout prix mettre un people sous ses mots trouveront facilement (ou pas!)…
“La réalité est ce qui continue d’exister lorsqu’on cesse d’y croire”
“L’essentiel est invisible pour les yeux”: nos organes de perceptions sont largement insuffisants à la compréhension de la complexité du monde
Les ennemis du féminisme pensent que son projet est de couper les couilles
quand il s’agit juste, en fait, de ramener les testicules à leurs simples
rôle et fonction d’organes, au même titre que le pancréas et les oreilles.
Sur un mur de Marseille:
“ Pas tous, mais suffisamment nombreux pour qu’on ait toutes peur”
“Gloire à qui, n’ayant pas
d’idéal sacro saint
se borne à ne pas trop
emmerder ses voisins”
“…Partout surgirent des souverains et des élites qui se nourrirent du surplus des paysans et leur laissèrent juste de quoi subsister.
Ces surplus de nourriture confisqués alimentèrent la vie politique, la guerre, l’art et la philosophie, permettant de bâtir palais, forts, monuments et temples.
Jusqu’à la fin des Temps modernes, plus de 90 % des hommes et des femmes étaient des paysan(e)s qui se levaient chaque matin pour cultiver la terre à la sueur de leur front.
L’excédent produit nourrissait l’infime minorité de l’élite qui remplit les livres de l’histoire : rois, officiels, soldats, prêtres, artistes et penseurs.
L’Histoire est une chose que fort peu de gens ont faite pendant que tous les autres labouraient les champs et portaient des seaux d’eau.”
“Nous (les américains) n’avons jamais respecté un seul traité avec les indiens – que le reste du monde en prenne de la graine ! “…
” Si les nazis avaient gagné la guerre , l’Holocauste aurait été mis en musique , tout comme notre cheminement victorieux et sanglant vers l’Ouest est accompagné au cinéma par mille violons et timbales “
“Un être humain, fait de tous les êtres humains, et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui”
Qu’est-que l’exploitation?
“Le terme d’exploitation ne désigne pas des salaires particulièrement bas ou des conditions de travail particulièrement mauvaises. L’exploitation désigne uniquement le fait que les producteurs ne reçoivent qu’une partie de la valeur qu’ils ont produite — sans considération pour le niveau de salaire ou la qualité des conditions de travail.
Contrairement à la notion largement répandue et à de nombreuses affirmations de « marxistes », l’exploitation n’est pas non plus une catégorie morale. Il ne s’agit pas d’affirmer qu’il est pris aux travailleurs quelque chose qui « en fait » leur appartiendrait, et que cette spoliation aurait quelque chose de moralement condamnable. De la même manière, parler de travail « payé » et de travail « non payé » ne veut pas dire qu’il faudrait qu’en fait « tout » le travail soit payé . Bien au contraire, Marx insiste sur le fait que — conformément aux lois de l’échange marchand — le vendeur de la marchandise force de travail reçoit exactement la valeur de sa marchandise. Que l’acheteur tire un certain avantage de la valeur d’usage de cette marchandise ne concerne plus le vendeur. Marx fait la comparaison avec un marchand d’huile : celui-ci reçoit une somme d’argent pour la valeur de l’huile, mais rien de plus pour la valeur d’usage de l’huile . L’« exploitation » et l’existence de « travail non payé » ne résultent pas d’une violation des lois de l’échange marchand, elles sont bien plutôt en adéquation avec elles. Par conséquent, on ne peut pas abolir l’exploitation en réformant les rapports d’échange au sein du capitalisme, mais seulement en mettant fin au capitalisme.”
“Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c’est de le transformer.”
“Tant qu’il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier”
“Tout considérer du point de vue de l’universel”
La culture n’est que le nom de la jolie couleur locale, pittoresque, à l’instant T, de la domination de classes et de genres. Pas de quoi en avoir honte, certes, mais surement rien à revendiquer, défendre ou opposer. Tout est à eux, rien n’est à nous.
“L’Opinion, personnelle ou publique, est cette forme de pensée molle, fainéante et souvent toxique qui prétend que nous pourrions
comprendre la marche du monde à partir de nos propres perceptions. C’est elle qui, devant un coucher du soleil, en déduit qu’il tourne autour de la terre. »
…Et elle englobe enfin la critique de la culture, ce supplément d’âme dont bourgeois et prolétaires décorent la brutalité de leurs actes et la grossièreté de leur pensée….
Nous ne sommes ni plus ni moins « radicaux » que le moment dans lequel nous sommes.
“Pourquoi y a-t-il des gens qui se croient blancs?”
trouvé dans “le salaire du blanc”
“Sapiens est la seule espèce dont les mâles tuent systématiquement les femelles”
Les êtres humains n’ont pas de racines, ils ont des pieds
L’artiste, le créateur, le génie… n’est que le précipité usurpé, détourné, de la créativité collective diffuse, incarné et privatisé en un seul cerveau. Il va plus vite seul quand nous irions plus loin, ensemble
“l e s a u t e u r (e) s n e s o n t q u e
d e s a c c i d e n t s d e l a p e n s é e”
« Car mon intelligence devait être une, et peut-être même n’en existe-t-il qu’une seule dont tout le monde est co-locataire, une intelligence sur laquelle chacun, du fond de son corps particulier, porte ses regards, comme au théâtre, où si chacun a sa place, en revanche, il n’y a qu’une seule scène. »
Ruffin, Autain, Mélenchon, la radicalité tendance Selfie
L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes et de la domination des femmes
Parti de rien pour y retourner bientôt…kiffe ta life dérisoire
” Et chacun est rentré chez son automobile…”
“Everybody keep saying violence is not the answer but CANT TELL ME WHAT THE FUCK THE REAL ANSWER IS!”
Tweet, Baltimore, émeute de 2015
“Renverser les monuments pour voir les vers qui grouillent”
exergue du “Temps des bouffons” de Claude Fallardeau
Tout le monde déteste la vaisselle
“Je ne veux rien vraiment, et c’est une exigence / De n’être rien vraiment, c’est peut-être une chance…“
“Quand, grâce à de rudes labeurs, les hommes sont parvenus à s’élever au-dessus de leur premier état animal, que, par conséquent, leur travail est déjà dans une certaine mesure socialisé, alors, et seulement alors, se produisent les conditions où le surtravail de l’un peut devenir une source de vie pour l’autre, et cela n’a jamais lieu sans l’aide de la force qui soumet l’un à l’autre. (…) Le travail doit donc posséder un certain degré de productivité avant qu’il puisse être prolongé au-delà du temps nécessaire au producteur pour se procurer son entretien ; mais ce n’est jamais cette productivité, quel qu’en soit le degré, qui est la cause de la plus-value. Cette cause, c’est toujours le surtravail, quel que soit le mode de l’arracher”
“Quand tu es noir, tu es né en prison”
“ce que le spontané ramène à la surface, c’est toujours du banal”
“Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera écrite par les chasseurs”
«Hay períodos en los que uno no puede hacer nada, salvo no perder la cabeza.»
CE SONT LES REVOLUTIONS QUI PRODUISENT LES REVOLUTIONNAIRES, JAMAIS L’INVERSE!
“L’égalité des chances c’est la garantie que pour le lièvre comme pour la tortue, la ligne de départ sera la même.”
“Ce n’est pas le garçon qui est violent, c’est celui qui a le pouvoir.”
“l’utérus ne fait pas plus la femme que la mélanine ne fait l’esclave”
« Le privilège que l’homme détient (…) c’est que sa vocation d’être humain ne contrarie pas sa destinée de mâle. Par l’assimilation du phallus et de la transcendance, il se trouve que ses réussites sociales ou spirituelles le dotent d’un prestige viril. Il n’est pas divisé. Tandis qu’il est demandé à la femme pour accomplir sa féminité de se faire objet et proie, c’est-à-dire de renoncer à ses revendications de sujet souverain»
“L’Etat est cet universel abstrait qui se sépare illusoirement de la société civile en idéalisant et séparant l’intérêt général des conflits qui la traversent, par là il n’est en fait que le comité de gestion des affaires bourgeoises.”
Extrait de “Soulèvement arabe: classe/genre”. Théorie Communiste.
“ll faut rassurer les ennemis des études sur le genre: si la différence des genres, dans l’humanité, est strictement naturelle et non pas une construction sociale, alors qu’ils se rassurent: aucune pédagogie anti genre ne pourra inverser la donne. On se demande de quoi ils ont peur… on ne peut pas déconstruire ce qui n’est pas construit mais génétique!!! A moins, à moins……… à moins qu’il aient bien réellement compris le véritable enjeu, le risque de perdre leur place de genre dominant et de classe dominante……… Alors…? Alors, c’est la guerre!!!!”
“Every man who endorses his part in the domination of women, even the most modest part of it, is of the coming revolution a deadly foe.”
Tout homme qui assume sa part dans la domination des femmes, même la plus minime, est un ennemi mortel de la révolution à venir
Todo hombre que tome su parte, por minima que sea en la dominacion de las mujeres, es para la revolucion venidera un enemigo mortal.
Ogni uomo che fa la sua parte nella dominazione delle donne, anche la più minima, è un nemico mortale della rivoluzione a venire.”
Une photo, sur dndf
Affiche réalisée par “l’Asociale”, Montréal
Une critique du contenu de cette nouvelle page de dndf.
http://patlotch.com/text/488b2cdb%28Patlotch2013%29-548.html
Quelque part,l’article interpelle Lisbeth Salander……
« il faut en finir avec les pratiques nocives en vigueur sur dndf. »
Pourquoi la revue TC interviendrait-elle sur dndf ? C’est elle qui définit la ligne de ce blog ?????
« on ne peut pas se permettre sérieusement la sorte de folklorisation de la lutte que cela donne à voir, d’autant que le symbole est en partie contradictoire avec le contenu de la chose »
Les penseurs de ce courant ont l’air d’avoir beaucoup de mal à voir intervenir sur le net des individus ordinaires, médiocres, non équipés de tout l’appareil intellectuel dont les ont bardés de nombreuses années de pratique militante. Mais dites moi, messieurs, vous allez la faire avec qui, la Révolution ? A dix théoriciens qui se courent après ???
Je me vois mal intervenir avec pour pseudonyme Flora Tristan, Emma Goldman ou Pierre Soury »
La mec, tu oublies juste un détail : Lisbeth Salander est un personnage de FICTION ! ca change tout…
“Essayer de n’être “de nulle part” en particulier
pour être peut-être, demain, “de partout”.
Les êtres humains n’ont pas de racines, ils ont des pieds”
« Les auteur(e)s ne sont que des accidents de la pensée… »
Quelle drôle de phrase…. Sûrement très agaçante pour nombre de petits scribes, poètes et autres auteurs auto proclamés qui, ça et là, se rêvent en créateurs, artistes…. Auteurs, quoi !
Une phrase qui peut même paraître anti matérialiste tant il est vrai qu’il n’y a pas de pensée sans des cerveaux humains pour la produire…. Et pourtant !
Depuis fort longtemps, et au moins depuis la révolution cognitive (- 70 000 ans à ce que l’on en connaît aujourd’hui) la pensée humaine se présente sous la forme d’une fantastique accumulation d’informations qui se sédimentent, s’organisent, se répandent dans l’ensemble de l’humanité. Ce magma est labile, volatil, fluide, quasi indestructible et il se transmet très partiellement, de façon plus ou moins dense à chaque être humain sous les formes orales, chantées ou parlées, écrites, du cunéiforme aux bits actuels, enregistrées, filmées…..
Et par une capricieuse conjonction de déterminations, de hasards, de nécessités, il arrive que des pans minuscules de cette pensée gigantesque précipite ici ou là dans un cerveau humain qui va la concentrer, l’organiser, la redéfinir à sa façon et qui va remettre dans le pot commun le résultat de ses « reliefs » (au sens de la digestion), de façon souvent anonyme, parfois très bruyante…
Alors oui, “les auteur(e)s ne sont que des accidents de la pensée…”
Je suis surprise de ne pas trouver dans vos dazibaos cette belle phrase trop peu relayée:
“Tant qu’il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier”
Très juste. C’est un oubli…réparé!
Et, peut-être, cette belle et concise définition de la culture.
…Et elle englobe enfin la critique de la culture, ce supplément d’âme dont bourgeois et prolétaires décorent la brutalité de leurs actes et la grossièreté de leur pensée….
Vendu! Merci
Je propose un détournement de la phrase de St Ex comme excellente définition de la démarche scientifique:
“l’essentiel est invisible pour les yeux” soit: nos organes de perception sensible sont insuffisant à comprendre la réalité du monde.
En contrepoint de la belle phrase de Tournier: “Tout considérer du point de vue de l’universel”
vendu!