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A propos de la dernière manifestation contre l’islamophobie

Fil publié sur la page twitter d’AC le 12 novembre

La gauche demande quand même aux “musulmans” une sacrée dose de patience, à exiger d’eux qu’ils continuent à se réclamer d’une République qui ne veut manifestement pas d’eux, et le prouve encore à l’occasion de cette manifestation conspuée de toutes parts. Jusqu’à quand ?

Mais en réalité, la République et le Capital adorent les “musulmans” : 1) comme boucs émissaires 2) comme force de travail précaire, et qui doit le rester. Pour le reste, toutes les “Marseillaises” du monde ne sont qu’hypocrisie.

Et maintenant, le comble, on demande aux “musulmans” d’aimer la laïcité, qui aujourd’hui est le principal outil idéologique du véritable racisme d’Etat qui s’abat sur eux.

Parce que le vrai racisme d’Etat se manifeste par des lois, et pas par des propos racistes de ministres : et la laïcité est au fondement idéologique de ces lois.

Par conséquent, dénoncer d’un côté le racisme d’Etat et se réclamer de l’autre de la laïcité, c’est demander de maintenir intacts les outils de l’oppression à ceux qui la subissent directement.

Pas plus que la laïcité, on ne voit pas pourquoi les Français “musulmans” aimeraient la République : ce nom même de “Français musulmans” est celui sous lequel la République leur imposait le couvre-feu durant la guerre d’Algérie.

Dans ce contexte, la promotion des “valeurs républicaines” auprès des “musulmans” fait surtout état de la capacité de neutralisation des antagonismes de la gauche : on chante la Marseillaise main dans la main, et chacun retourne chez soi. Mais c’est où ça au juste, “chez soi” ?

Et qu’est-ce que c’est que cette manifestation contre l’islamophobie où tout manifestation d’être effectivement musulman est d’emblée aseptisée sous des flots de Javel laïque et républicaine ?

Toutes ces Marseillaises et ces revendications de laïcité au sein d’une manifestation contre l’islamophobie montrent ceci : la France, y compris et peut-être surtout à gauche, ne peut pas parler du racisme français tel qu’il existe, et qu’il est nécessaire à l’Etat et au capital.

La racisation des prolétaires issus des ex-colonies françaises est semblable à celle des Noirs américains : elle ne cessera jamais. Il n’y aura pas “d’intégration républicaine” des racisés, parce que la République et le capital les ont fait tels et les garderont tels.

La question n’est pas pour les racisés celle de leur acceptation par la France : ce n’est qu’en tant que dominés que la France les “acceptera”. La question est pour eux de se donner des armes pour résister et lutter contre cet Etat et cette République, et contre le capital.

Qu’on le veuille ou non, une lutte autonome des racisés devra aborder en son sein la question religieuse : mais c’est sous ses propres termes qu’elle devra le faire,  et non sous les injonctions laïcardes et/ou unifiantes de la gauche républicaine et/ou marxisante.

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  1. Stive
    16/11/2019 à 19:28 | #1

    Texte ambigu, difficile à situer. De même que l’auteur. Soutient-il ce genre de manifestation ?
    N’y a t’il pas confusion entre une manifestation fourre tout -du gauchisme au salafisme militant- avec un mouvement social forcément interclassiste ? Or, cette manif est politique, ce que critique le texte de AC mais avec un fusil à un coup, ne visant que le racisme d’Etat, et son envers l’antiracisme de pacotille de la laïcité. Le coup de fusil manquant concerne la composition politique de cette manif signalée plus haut, ce qui ne permet pas de savoir ce qu’en pense AC.

  2. Stive
    21/11/2019 à 12:32 | #2

    Qu’on ne se méprenne pas sur le sens de mon message précédent. Je n’ai rien contre AC, que du contraire, je diffuse régulièrement les textes de son blog, textes que je trouve excellents. Et je continuerais à le faire. Mais, je ne saisis très bien le sens qu’il donne à sa réflexion à propos de la manif contre l’antiislamophobie. J’aimerai bien qu’il m’éclaire à ce sujet. Moi-même je ne suis pas très clair sur la question ainsi que sur la conclusion qu’il tire : « Qu’on le veuille ou non, une lutte autonome des racisés devra aborder en son sein la question religieuse : mais c’est sous ses propres termes qu’elle devra le faire, et non sous les injonctions laïcardes et/ou unifiantes de la gauche républicaine et/ou marxisante ». C’est la question de « la lutte autonome des racisés… » dont j’aimerai bien qu’on m’éclaire.

  3. autonomie?
    21/11/2019 à 17:04 | #3

    Autonomie des identités? Ou autonomie de classe?
    Il va falloir choisir.

    Le terme “musulman” est assez vague. Parle-t-on de l’ensemble des individus se référant à une religion? Dans ce cas les blancs musulmans sont-ils “racisés”? Et subissent-ils vraiment les outrages de la division du travail découlant de cette “racisation”?
    S’agit il également de l’ensemble des mouvements politiques se réclamant de l’islam? Or tous les musulmans ne sont pas forcément salafistes ou pro-Daesh. Pourquoi donc devrait on les obliger à s’organiser ensemble? Pourquoi les musulmans (ou plus largement les arabes) seraient-il obliger de s’organiser en tant que musulman? N’est-ce pas là finalement ce que veulent (entre autre) les Etats occidentaux?
    Quel liens y-a-t-il entre l’immigré désamianteur sous-payé au black et la famille Ben Laden propriétaire d’une entreprise mondiale du bâtiment, si ce n’est le secteur d’activité et l’EVENTUELLE appartenance religieuse? Et pourquoi voudrait-on absolument que tout les arabes aient quelque chose à voir avec l’islam. Des arabes athées, ça n’existe pas?

    S’il faut renoncer à toute forme d’universalité au nom de toutes les façons (sûrement infinies – mais dont il ne s’agit certainement pas de nier l’importance) qu’a le Capital d’exploiter telle personne ou tel groupe de personnes en particulier, dans ce cas adieu la lutte de classe.

    Je crois que ce n’est pas parce que la crise de la laïcité (ou de l’Etat providence) révèle des inégalités constitutives du capitalisme qu’il faut s’emballer de manière imprudente dans des conclusions aussi abstraites, et finalement elles-même stigmatisantes.

  4. autonomie?
    21/11/2019 à 18:57 | #4

    Lorsque je dis : “Et subissent-ils vraiment les outrages de la division du travail découlant de cette “racisation”?”
    La question qu’il faudrait poser c’est plutôt : est-ce la “racisation” qui découle des divisions du travail ou le contraire? Parce que ça change tout…

  5. autonomie?
    21/11/2019 à 19:40 | #5

    Et si, tout simplement, tout ce cirque d’attitudes gênés à l’idée de “parler au nom des autres” était révélatrice d’un malaise d’observateurs petit-bourgeois? Malaise qu’on pourrait retrouver dans la question pour ou contre l’interventionnisme. Une sorte de constat d’extériorité pas tout à fait avouable…
    En revanche n’y a-t-il absolument rien de commun entre un sous-traitant en déplacement du secteur nucléaire blanc et français et un immigré du bâtiment racisé? (même s’il y’a certes des différences)

  6. Un autre observateur
    22/11/2019 à 19:28 | #6

    Ce n’était pas l’intention de son auteur, mais ce texte montre l’impasse dans laquelle s’enfonce certaine critique.

    Si en France on ne peut parler du racisme “tel qu’il existe, et qu’il est nécessaire à l’Etat et au capital”, alors il n’y a que les victimes du racisme qui peuvent en parler, dans les termes qu’ils auront choisi.
    On comprend que ces termes ne seront pas ceux de la gauche, cette gauche universaliste qui voyait naïvement dans la République et la laïcité des armes contre la droite pour qui la République était une putain et la laïcité une capitulation devant la franc-maçonnerie enjuivée.

    Quelle conne la gauche quand même ! Incapable de comprendre que la République est une machine à raciser ! Ou pire, peut-être qu’elle le savait et qu’elle l’a fait exprès ! Oui, ça doit être ça ! Oh la fourbe !

    Mais heureusement les idées s’améliorent, la science critique progresse, et cette mauvaise passe est maintenant dernière nous : les “racisés” vont s’organiser de façon autonome, dans les termes qu’ils auront choisi, par exemple dans les termes proposés par des organisations fréristes et salafistes.

    Le révolutionnaire non racisé, c’est-à-dire presque toujours (en période de réaction) l’observateur petit-bourgeois, n’aura rien à objecter à cela puisqu’il est incapable de penser et de parler du racisme. Il se place en position de spectateur et décide que l’assignation à une identité nécessairement attachée à une condition de victime de racisme, autrement dit l’emprise identitaire chez les “racisés”, est le signe de l’organisation d’une lutte.

    Que cette emprise débouche systématiquement, quand elle est en position de force, sur le massacre des travailleurs organisés ou des personnes réfractaires à la bigoterie dans les pays anciennement colonisés, eh bien… comment dire… on en a rien à foutre, à la limite c’est encore un alibi de la conne de gauche qui se dit universaliste et qui est en réalité une fourbe raciste. Que l’on enterre l’universalisme aux côtés de la femme adultère et du syndicaliste ! Ah ah ah ! Plus radical que moi tu meurs !

    L’emprise identitaire chez les “non-racisés”, en revanche, renvoie au racisme, toujours le même, le Vrai, le Grand Racisme Systémique d’Etat qui garantit la reproduction sociale.

    Alors il y a la bonne identité et la mauvaise identité. La bonne qui prend les armes non pas pour écraser et dominer évidemment mais pour “lutter et résister”.

    C’est exactement la même position que défendent les vrais racistes français (qui sont évidemment anti-républicains), mais elle est renversée.

  7. Denzel
    23/11/2019 à 09:37 | #7

    Ce texte est ambigu… A mon sens ce qu’il faut sans relâche c’est dénoncer et combattre le racisme sous pavillon laïque tout en s’attaquant à l’antiracisme moralisateur manipuler par des réseaux islamistes. Le but de la manifestation contre l’islamophobie est notamment de diviser le prolétariat sur la question religieuse, ici ils rejoignent la bourgeoisie qui cherche à diviser à propos du voile (hijab) l’on ne doit pas rentrer dans ce jeu là sinon on est perdant à tous les coups. En parallèle au combat contre tous les racismes l’on doit soutenir les camarades en luttes dans les pays là-bas et démontrer que le but des chasseurs d’islamophobie c’est justement d’isoler les camarades en lutte en Iran, Maroc et ailleurs .

  8. AC
    23/11/2019 à 10:57 | #8

    @Stive J’espère avoir bien compris ce qui te pose problème et que ce qui suit pourra répondre à tes questions. Ce post est en effet ciblé sur une question, celle de la problématique intégration des racisés à un dispositif politique de gauche, y compris d’ailleurs quand cette gauche est une émanation des racisés eux-mêmes, ce que j’aurais dû préciser. A mon sens, cette manifestation était vraiment une manifestation de gauche, y voir un coup de force salafiste est me semble-t-il un pur fantasme. Que dans le tas il y ait eu des religieux c’est évident, vu le thème de la manifestation, voire quelques “islamistes”, mais ça reste pour moi un détail. On n’imagine guère une manifestation salafiste se terminant par la Marseillaise chantée en chœur, et d’ailleurs on a vu sur les réseaux des islamistes critiquer cet intégrationnisme, signe qu’ils ne se reconnaissaient pas non plus dans cette manif. C’était quand même la manif la plus “citoyenne” qu’on ait vu depuis longtemps, alors que la question du déni structurel de citoyenneté des racisés est précisément ce qui était en jeu, c’est ce que je voulais souligner.

    Par ailleurs, c’était un texte polémique, visant à faire ressortir une contradiction et la question est évidemment plus compliquée. Il y a impossibilité pour les racisés d’apparaître dans le champ politique en tant que tels, non médiés par leur frange intégrée ou la gauche blanche. Pour autant, ça n’est pas une simple arnaque de la gauche, la revendication d’être “des Français comme les autres” est largement partagée, et c’est bien légitime. Mais dans une période où le procès de racisation s’accentue (c’est problématique mais peut-être pas faux de dire ça comme ça), et où le fait d’appartenir à la Nation blanche devient un enjeu politique pour les prolétaires “blancs” (ce qui impose de déterminer qui est “blanc”, et sur quels critères), le racisme indépendant de la nationalité s’accentue. Aujourd’hui, c’est la désignation des “musulmans” qui joue ce rôle.

    La question des “luttes autonomes” se joue là-dedans pour moi : aucune lutte des racisés ne peut faire l’impasse sur ce processus sans tomber dans l’angélisme de gauche, l’égalitarisme, l’universalisme (qui profite toujours aux mêmes), etc., qui ne s’attaquent à aucun des problèmes concrets qu’ont les gens face à leur propre racisation, qui dissout idéologiquement ces problèmes. Si la religion elle-même est un problème dans les luttes, c’est dans ces luttes que ça peut apparaître, et pas en amont, en décrétant soit 1) que c’est l’opium du peuple 2) que c’est une éthique purement personnelle relevant de la liberté individuelle. On l’a déjà dit, pour la communisation, aucune domination ne s’abolit par la magie de la résolution de la contradiction centrale. C’est une façon de dire que c’est dans des luttes propres, certes surdéterminées par un mouvement prolétarien d’ensemble, parce que sinon on reste dans le cadre des politiques bourgeoises (ce que je pointe dans le texte), c’est dans des luttes particulières que les “problèmes” sont abordés. C’est aussi dire que les “limites” sont ce à quoi on se heurte, avec quoi on se bagarre : si la religion est une limite idéologique dans les luttes, c’est à ces luttes de s’y confronter. C’est mal dit mais j’espère que je me fais comprendre et que c’est plus clair maintenant. Après pour être honnête je n’ai pas encore résolu ces choses pour moi-même et tout ça est encore général et sommaire, mais on va y travailler.
    Il n’en reste pas moins que dans la mesure ou les racisés sont aujourd’hui en France et en Europe assignés à leur condition en tant que musulmans, cette qualité fait partie de leur racisation, qu’on le veuille ou non, et il faudra bien que d’une façon ou d’une autre, ils la rencontrent dans leurs luttes.

    @autonomie? Par ailleurs, je trouve assez hallucinant, voire obscène, que dans un pays où des femmes se font quotidiennement discriminer, agresser et harceler parce qu’elles portent un voile, ce qui était précisément l’objet de cette manifestation, on en soit encore à se demander si le fait qu’elles ouvrent leur gueule comme elles peuvent ne représenterait pas un danger politique pire que ce qu’elles subissent, et qu’on vienne hurler au « communautarisme », au « salafisme » ou que sais-je. Le « salafiste » joue un peu le rôle du bolchévik-couteau-entre-les-dents qu’on opposait à tous ceux qui demandaient un peu de justice sociale, au temps de la guerre froide.

    PS : et maintenant un autre post est paru. On y apprend que les musulmans français, si on n’y prend garde, vont incessamment provoquer « le massacre des travailleurs organisés ou des personnes réfractaires à la bigoterie ». C’est en effet inquiétant comme perspective, encore qu’on voie mal comment on en arriverait là. Sans doute un effet du « grand remplacement » ? Il y a des gauchistes qui lisent un peu trop Houellebecq. Outre l’aspect sinistrement comique de cette perspective, on peut quand même rappeler que la France n’est pas le Moyen-Orient, que l’Islam n’est pas un invariant universel, et qu’actuellement ce dont on parle ce n’est pas de Daech défilant en véhicules blindés dans Paris ou d’un ayatollah s’emparant de la République, mais de jeunes Arabes et Noirs qui se font assassiner par la police, de mamans qui se font exclure de sorties scolaires, etc. On parle du racisme en France, quoi. Mais la France, dans toutes ses composantes, elle n’aime pas beaucoup ça, on dirait.

  9. autonomie?
    23/11/2019 à 18:17 | #9

    @AC: je ne viens pas dire si cette manifestation est légitime ou pas. Ça n’est pas ça qui m’interesse ici. Je ne prétends pas non plus qu’elle serait organisée par les salafistes. Je crois que, comme beaucoup de manif, elle est le fait d’acteurs politiques multiples qui n’ont pas nécessairement les mêmes interêts. L’état français avec la question du voile y joue un rôle actif en contraignant à ce que les musulmans s’organisent en tant que musulmans. J’ose le déplorer en n’en espére rien de très communiste (ou il faudrait m’expliquer par quel chemin miraculeu). Ce que je questionne aussi c’est ce sous entendu systématique arabes=musulmans. Voilà pourquoi je parle de Daesh et des salafistes. C’est purement à titre d’exemple. Je n’y voit pas de communautarisme, puisque je n’y voit même pas de communauté muslmane. J’y vois des groupes différents avec des intérêts qui ne sont pas les mêmes. Quant à l’universalité, la seule qui existe concrètement pour l’instant c’est l’exploitation. Et je ne crois pas que l’organisation par “races” soit un préalable au dépassement universel de cette universalité là : bref, préalable au communisme. Mais vu la tournure de la discution je pense que je vais arrêter là. Je crois avoir été suffisamment clair.

  10. autonomie?
    23/11/2019 à 18:27 | #10

    Pour conclure. Si toute universalisme est nécessairement un truc de blanc, ce que je ne pense pas, alors il faut être conséquent et arrêter d’être communiste.

  11. Ghi
    23/11/2019 à 19:06 | #11

    Pour ce qui est d’un éventuel « massacre des travailleurs organisés ou des personnes réfractaires à la bigoterie », AC semble croire que la croissance d’une religion (hier, aujourd’hui et demain) n’est le fait que d’une importation de croyants. Surprenant.

  12. Un autre observateur
    24/11/2019 à 16:36 | #12

    On devine de l’agacement derrière la mauvaise foi…

    Chacun jugera en effet si j’ai écrit que « les musulmans français » « vont incessamment provoquer des massacres ».
    En fait il y a bien des djihadistes français qui ont commis des massacres sur le sol français. Et il ne se passe pas une semaine sans que l’on apprenne qu’un autre projet d’attentat a été déjoué. Dans tous les cas, je parlais des massacres qui ont eu lieu dans les pays anciennement colonisés et qui ont lieu en ce moment en Iran.

    Mais plus grave, l’auteur écrit « les musulmans français ». Il me fait dire « les musulmans français », il projette sur moi le racisme dont il cherche à se faire l’ennemi le plus savant.
    Or je n’écris jamais « les musulmans français », tout simplement parce que je pense, comme l’autre intervenant Autonomie, qu’il n’existe rien de tel. Parmi les personnes dont l’arrière-plan culturel et familial participe de la sphère islamique, il en est beaucoup qui ne se disent pas musulmans, ou qui refusent de toute façon de s’identifier par la confession. D’une manière générale, il faudrait remplacer “islamophobie” par “racisme anti-arabe”, mais c’est un autre débat.

    Que la question sociale en France comporte nécessairement une question identitaire, c’est un fait qui découle du phénomène migratoire. Mais il n’y a aucun rapport logique entre ce constat et le fait que l’on ne puisse plus tenir que la critique de la religion est la base de toute critique. On a encore le droit de penser que développement d’une lutte sociale parvient à sa propre intelligence qui lui fait par suite rejeter la religion, ou du moins la cantonner là où elle ne peut plus légitimer l’injustice, ce qui en France s’appelle la laïcité.

    L’auteur élude la question véritable, qui est encore posée de façon claire ici-même par un autre intervenant. Si comme il l’écrit « l’universalisme profite toujours aux mêmes », alors on ne sait plus pourquoi il faudrait, dans un cas, penser « une problématique de l’intégration à un dispositif de gauche », et dans un autre cas, par exemple celui des blancs, déclarer qu’il ne se joue là, en aucune manière, une articulation complexe du social et de l’identitaire, d’un affrontement de la lutte à ses limites, etc.

    Pour paraphraser l’auteur : Est-ce qu’il n’est pas assez hallucinant, voire obscène, que dans un pays où des ouvriers meurent chaque jour à cause de leurs mauvaises conditions de travail, on en soit encore à se demander si le fait qu’ils ouvrent leur gueule comme ils le peuvent, par exemple en votant RN, ne représenterait pas un danger politique pire que ce qu’ils subissent, et qu’on vienne hurler au «fascisme »?

    D’autre part on ne voit pas en quoi « impossibilité pour les racisés d’apparaître dans le champ politique en tant que tels » serait le problème de ceux qui veulent la fin de ce champ politique. C’est plutôt le problème des identitaires et des religieux, des rédacteurs du Figaro et de Valeurs actuelles, des initiateurs de la manif parisienne, qui rêvent de dissoudre le conflit de classe dans un débat sur les « valeurs ». Et qui a décrété que c’est la désignations « des musulmans » qui joue un rôle dans l’accentuation du racisme, sinon ceux-là mêmes qui ont tout intérêt à créer une catégorie « les musulmans» monnayable politiquement ? En réalité, l’apparition d’un prolétaire en tant que prolétaire dans le champ politique présuppose déjà le dépassement des divisions nées dans et pour la société bourgeoise que l’auteur du texte veut, au contraire, autonomiser.

    Enfin, contrairement à ce que raconte l’auteur, la France, c’est-à-dire les possédants et les couches instruites qui se donnent le droit de prendre la parole, adore parler du racisme, de même qu’elle adore conférer de larges pans d’autonomie à toutes les luttes possibles et imaginables, sauf une … devinez laquelle. Mais elle le fait avec une certaine retenue, parce que la défense de son ordre n’a rien de glorieux. Parler sans cesse du racisme évite en effet de parler l’essentiel, qui n’est pas le racisme mais l’ordre économique dont le racisme n’est qu’un rouage et qu’une violence parmi d’autres.

    Les possédants, qu’ils soient de France ou du Qatar, frémissent d’aise quand ils voient des prolétaires invités par les cadres de la contestation à se victimiser sur une base identitaire (« les musulmans »), car ils se moquent bien que l’on supprime le porc à la cantine, que l’on entende l’appel à la prière jusque dans le centre, ou que l’on accompagne les enfants en sortie scolaire avec un voile sur la tête. De tout cela, un possédant peut parfaitement se protéger grâce à l’argent. Le monde des possédants est unifié comme jamais autour de la conservation du pouvoir, l’autonomie des moins que rien catégorisés ne recèle pas de force qui permette de mordre sur les privilèges des bien-nés.

    La bourgeoisie craint que le prolétariat s’organise sur la base de ses intérêts de classe, en jetant dieu, coutumes et traditions par-dessus bord. Un révolutionnaire ne crie pas « dieu ou la mort », ce slogan n’est pas le sien, c’est le slogan de ceux qui voudraient prolonger ses souffrances pour l’éternité afin de justifier pour l’éternité leur rôle de médiateurs des bonnes grâces divines. Le prêtre est le père du syndicaliste. Votre réponse construit un syndicalisme des bêtes souffrantes, spécialisé dans la gamme exotique auto-gérée. La bêtise et l’arriération y sont décorées des insignes de la lutte sous prétexte que la lutte elle-même ne les a pas déjà désignées pour ce qu’elles sont et qu’elle pourrait d’ailleurs ne jamais le faire. La nouvelle marque distinctive de la radicalité tient dans cette placidité avec laquelle on admet que la lutte pourrait ne pas contribuer à défaire les catégories que certain voudrait ici voir s’autonomiser.

    Tout ce discours résulte d’une sidération née d’une trop longue défaite. Je le redis : ce texte débouche sur une impasse.

    L’auteur a déjà joué les cartes Grand Remplacement, Houellebecq, essentialisme et Véhicules blindés de Daech dans Paris. Il lui reste cependant de bonnes cartes en mains : Hitler, Remigration, fascisme, Le Pen, Complot, et bien d’autres encore.

  13. Autonomie?
    25/11/2019 à 15:58 | #13

    On sera d’accord sur un point, si les racisés ne s’organisent que “comme ils peuvent”, c’est notamment à cause de l’État français. Mais la raison c’est justement qu’il pousse les racisés à s’organiser sous la coupe de la religion. Refuser de le critiquer, c’est entériner cette injonction, c’est travailler (bénévolement ou pas) pour l’Etat français (entre autre). Il est donc grotesque en seconde instance de venir déplorer le caractère intégrationniste de cette manifestation.

  14. NonMaisAllo
    26/11/2019 à 04:53 | #14

    “A mon sens, cette manifestation était vraiment une manifestation de gauche, y voir un coup de force salafiste est me semble-t-il un pur fantasme. Que dans le tas il y ait eu des religieux c’est évident, vu le thème de la manifestation, voire quelques “islamistes”, mais ça reste pour moi un détail.”

    Visiblement @AC tu n’as pas beaucoup envie d’ouvrir les yeux. Les animateurs de l’association LES Musulmans qui co-organisait la manif ne font pourtant pas illusion : https://lesmusulmans.fr/videos/. Quant au CCIF, Marwan Muhammad, Ismahane Chouder, … On les connaît déjà.
    Mais effectivement c’était une manif d’une certaine gauche aussi. Au fait la gauche est une ennemie aussi, non ?

  15. autonomie?
    26/11/2019 à 14:33 | #15

    Après réflexion, je me demande si le problème n’est pas beaucoup plus profond que ça, dépassant largement @AC.
    @Un Autre Observateur a dit “ce discours résulte d’une sidération née d’une trop longue défaite.”

    Face a un constat d’impuissance, la théorie de la communisation est parvenue a stopper l’enthousiasme caricatural d’une frange d’activistes radicaux se croyant en mesure de renverser le monde immédiatement. Ce fut sans nul doute très salutaire du point de vue de la théorie. Mais il n’est pas certain que la communisation, dont il ne faudrait parler qu’au “présent”, est un quelconque liens réel avec le présent. Jusqu’à preuve du contraire, on peut en douter. Peut-être que le texte d’AC est symptomatique de cela.
    Face à l’incapacité constatée de ne pouvoir actuellement s’attaquer au catégories du capital, cette attaque a été méthodiquement remise à plus tard. (Avec la fausse assurance que le présent nous “annoncerait” cette attaque ultérieure.) Mais désormais, c’est carrément la critique des médiations et des catégories elles-mêmes qui sont reportées à plus tard, et reportées à d’autres à tel point qu’elle devront être faite par d’autres (en particulier ici, AC attend implicitement des racisés qu’ils se mettent à critiquer la religion, plus tard, quand le moment sera venu…). Alors oui, nous voici dans une impasse. Pensée comme telle, la théorie de la communisation serait-elle devenue un exemple de l’impuissance d’agir qu’elle entendait dépasser? Si la théorie est une pratique, ce qu’elle est, une théorie qui s’interdit de critiquer sert-elle à quelque chose?

  16. Lisbeth Salander
    27/11/2019 à 10:54 | #16

    Une théorie EST pratique, bien sûr, ce qui ne veut pas dire qu’une théorie va renverser le monde, ni même qu’elle le prétend. Ca n’est pas à la théorie de s’attaquer aux catégories du capital, c’est à la communisation se produisant, ce qui n’est manifestement pas d’actualité…La théorie, ce n’est que la mise en forme dynamique du mouvement se faisant.
    “le mieux que l’on puisse dire d’une théorie c’est qu’elle a fait son temps”

  17. AC/LG
    27/11/2019 à 14:54 | #17

    Il est symptomatique qu’à travers tous ces commentaires la question qui ne se pose jamais soit celle de la situation des prolétaires racisés en France, puisque ce n’est pas un problème, puisqu’il n’y a pas de race et même pas de musulmans français, que d’ailleurs tous les Arabes ne sont pas musulmans, qu’un musulman normal est un musulman qui boit du vin et mange du cochon, puisqu’au fond parler de la race c’est raciste (on connaît la chanson), et que la question des discriminations liées au port du voile ne concerne que des salafistes : tout ça n’est vraiment pas notre problème, cette question n’existe pas. Puisqu’on vous a dit qu’on était antiracistes, qu’est-ce que vous voulez de plus ? La vraie question pour nos commentateurs, c’est celle du prolétariat, qui DOIT s’organiser sur la base simple et unique de ses intérêts de classe, sans être parasité par quoi que ce soit d’autre, d’un prolétariat fidèle à sa pure essence, décapé de toute existence sociale particulière.

    Par ailleurs, si quelqu’un pouvait éclairer nos lanternes concernant cette idée, ce serait sans doute utile à la discussion. Qu’est-ce que c’est au juste que les “intérêts de classe” du prolétariat ? La question n’est pas rhétorique et on serait heureux d’avoir une réponse honnête. Mais ce n’est pas non plus une “vraie question”, si on la pose, c’est parce qu’il semble évident que quiconque voudrait y répondre sans intégrer la question des manifestations différentielles des intérêts de classes comme divergents voire antagonistes au sein même de la classe, serait propulsé dans un monde de contradictions et de paradoxes indémêlables. Si ça n’était pas le cas, s’il suffisait au prolétariat de défendre ses “vrais intérêts de classe” pour étape après étape défaire la société capitaliste, il y aurait bien longtemps que la société capitaliste aurait été mise à bas. Mais il est vrai que nombre de forces adverses s’opposent en la dénaturant à cette défense des “vrais intérêts de classe” : c’est un coup la trahison des syndicats, une autre fois c’est la politique ou le nationalisme, voilà maintenant que c’est la race ou la religion. Que de contretemps décidément, avant d’en d’arriver à la pure expression de l’essence révolutionnaire de la classe, avant qu’enfin le prolétariat réel ne corresponde à ce qu’il est en son essence.

    Or, il se trouve que ce qui nous intéresse, nous (c’est à dire le petit groupe de travail qui écrit dans le blog carbure, mais cela peut s’appliquer à tous ceux qui s’intéressent à la théorie de la communisation), ce n’est pas le prolétariat en son essence supposée, mais tel qu’il existe, dans son effectivité immédiate. Il se trouve également qu’on ne peut faire l’impasse sur le fait que des segments du prolétariat soient aujourd’hui non seulement exploités en tant que racisés – pour le dire clairement, le fait d’être racisé modifie la valeur de la force de travail – mais également que cela implique que l’existence sociale entière des individus racisés – constitués par cette racisation même en sujets distincts – est impactée par cette assignation, hors même de leur existence comme prolétaires ou même simplement comme ouvriers. Lorsqu’on dit “l’existence sociale entière”, on entend que le rapport de ces individus à la société est dans tous ses aspects déterminé et médiatisé par cette assignation. Mais attention : on ne penche pas en disant cela vers l’explication unilatérale de la racisation “par en haut” (modèle de l’assignation subie et imposée). Il va de soi que, la société capitaliste étant ce qu’elle est, assignation et identification voire valorisation et défense de ces caractéristiques peuvent aller de pair. Cela revient à dire que les identités sont produites socialement, hors de toute vision complotiste ou d’une prétendue “Fabrique du musulman”. Jouer un schéma explicatif contre l’autre (mais alors, “ça” racise ou “on” se racise ?) c’est se rendre incapable de comprendre non seulement le phénomène de racisation mais toute infériorisation sociale, au sens large. Il n’y a pas en vérité de fossé entre l’ambiguïté (tant pointée du doigt par les commentateurs, objet de toutes les inquiétudes) du statut de “l’identité musulmane”, et la fierté ouvrière, le féminisme essentialiste, etc. Dans le capital, il y a des identités partout, il n’y a pas des sujets “à identité” (qui seraient dès lors soumis à la “tentation identitaire”) et des sujets qui en seraient dépourvus, qui n’auraient pas une identité mais simplement existeraient pour ce qu’ils sont. De ce fait, il est impossible de séparer l’Arabe ou le musulman du prolétaire pour obtenir le prolétaire « pur », la synthèse par la classe (qui serait la non-identité par excellence selon nos commentateurs) s’avère impossible et c’est cette impossibilité qui est cruellement vécue par des générations de prolétaires racisés.
    Ce qui nous intéresse, c’est la société capitaliste tel qu’elle est le lieu de conflits et de contradictions. Notre propos n’est pas de simplifier les conflits en les ramenant à leur « détermination en dernière instance » ou à la pureté des rapports de classe, mais d’en rendre compte théoriquement tels qu’ils existent. Que cette théorisation puisse avoir des implications politiques, c’est évident, mais ce n’est pas ce qui nous intéresse en premier lieu.

    Nous n’avons donc pas les mêmes intérêts théoriques que les commentateurs ci-dessus. Ça n’est pas nouveau. Les “anti-racialisateurs” ont déjà dit ce qu’ils avaient à dire sur le sujet, c’est-à-dire pas grand-chose : comme pour tous les “anti”, le champ de la réflexion se restreint vite à un petit argumentaire convenu, qui satisfait très vite ceux qui parviennent à le manier, pour peu qu’ils restent entre eux. Ce qui les réunit en “camp”, semble être un consensus autour de certaines idées considérées comme des évidences absolues. Là, entre eux et nous, il y a peut-être une vraie rupture de représentations : on ne voit pas, mais pas du tout, les salafistes derrières les mamans voilées. Ce qui ne veut pas dire, pour apporter une dernière précision, qu’on admette comme évidences les représentations du camp opposé assorties aux “théories de la race”. Ce n’est pas le cas. Pour le dire clairement, nous ne sommes pas en quête d’un rapprochement politique avec le PIR, l’antiracisme mainstream ou les “antifa”, ni ne faisons la promotion d’une branche quelconque des postcolonial studies. La démarche qui est la nôtre consiste plutôt, pour les raisons évoquées plus haut, à assumer ces questions et les difficultés qu’elles posent comme étant des questions et des difficultés qui nous concernent, qui sont aussi les nôtres. On va continuer à travailler cette question dans ce sens, et on espère pouvoir publier quelque chose bientôt.

  18. autonomie?
    27/11/2019 à 15:31 | #18

    On parle ici d’une théorie bien particulière, dont je ne nie pas l’intérêt, mais qui ne se mouille pas trop :
    Ce qui arrive ne la contredit jamais (puisqu’elle n’a jamais dit que ça n’arriverait pas) et ce qui est sensé arriver adviendra au moment venu.
    Mais ce n’est pas vraiment ça qui me dérange, après tout on a le droit d’espérer. C’est la moindre des choses.
    De plus je n’ai rien contre la prudence.

    Une pratique communiste se veut offensive envers le capital. En particulier, parmis les pratiques, il est attendu d’ une théorie communiste qu’elle critique les médiations et catégories du capital, ne serait-ce qu’en explicitant leurs rôles.
    C’est aussi la moindre des choses.
    Si elle n’y arrive plus, peut être en effet qu’elle a “fait son temps”.

  19. autonomie?
    27/11/2019 à 18:28 | #19

    @AC/LG : non cette fois personne n’a dit ici que le racisme et des procesus de racisation n’existait pas, si ça avait été le cas, on aurait été de vous défendre.

  20. autonomie?
    27/11/2019 à 18:41 | #20

    Donc maintenant dès qu’on dira que tout les arabes ne sont pas musulmans, et que tout les musulmans ne sont pas prolétaires, c’est qu’on se cache derrière la supposée nature révolutionnaire du prolétariat. Tandis que vous chercher l’essence “effective” du prolétariat dans une manifestation musulmane. Soit. Ça ne fait de pas de vous des racistes, mais bonne quête et bon courage!

  21. NonMaisAllo
    27/11/2019 à 23:45 | #21

    AC/LG… manifestement vous vivez une crise de foi. C’est le problème quand on prend la théorie pour une vérité révélée qui finalement de ne vérifie pas.

    Vous dites vous tenir à l’écart des gauchistes universitaires, mais vous reprenez exactement la même grille de lecture. Il ne suffit pas de remplacer le concept de “fragment” des post-colonial studies par celui de “segment”, pour se distinguer. Pour vous, tout est devenu affaire “d’identités”. Cela est sensé permettre de révéler des “rapports de domination” restés dans les angles morts de la théorie communiste. Vous oubliez juste le principal : ces divisions et hiérarchies sont aujourd’hui créées ou réappropriées par le capital. Soutenir et travailler à “l’empowerment” des segments ne les fera par définition pas disparaître. Il suffit pourtant de regarder de l’autre côté de l’Atlantique pour s’en rendre compte. Et là, le racisme est bien réel : il fait partie intégrante des lois, il est co-géré par les “représentants” des “minorités” et conduit à des discriminations (“positives” paraît-il).
    Marcher à l’appel d’organisations communautaristes le 10 novembre, c’est les aider dans leur travail de racialisation, de communautarisation ou de confessionalisation à partir d’une xénophobie bien réelle. Vous faite la courte-échelle à des wanabee lobbyistes. Une sorte de syndicalistes comme l’a suggéré plus haut “Un autre observateur”.

    Si vous ne croyez plus que les prolétaires peuvent se soulever “en tant que prolétaires pour s’abolir eux-même”, espérez-vous que des religieux organisés (et encadrés) en tant que religieux voudraient faire autre chose de grappiller du pouvoir et de l’autorité ?

    Le plus sidérant c’est encore de soutenir ce genre de manifestation moisie, après un an de GJ* et pendant un nombre significatif de soulèvements prolétariens simultanés un peu partout sur la planète.

    *Mais bon quand on prenait en novembre 2018 le médiatique comité Adama pour la voix des quartiers appelant à “rejoindre” les Gilets Jaunes…

  22. AC
    28/11/2019 à 12:06 | #22

    Vous vous faites tout de même du mal, les “anti-racialisateurs”, à éplucher tout ce que le milieu communisateur produit pour y déceler la preuve ulltime de sa déviation post-moderno-islamo-fémino-gauchiste. C’est mauvais pour la rate, à force, de s’infliger des trucs pareils. Vous devriez revenir à des lectures plus reposantes, comme CQFD ou Charlie Hebdo, voire Marianne, dans un cadre convivial, je suis sûr que la Libre Pensée vous prêterait volontiers ses locaux, vous pourriez organiser des causeries anticléricales, y aurait de la tisane, ce serait chou comme tout. Enfin, je ne sais pas, faites ce que vous voulez, mais ne restez pas là, vous encombrez, il y a des gens qui bossent.

  23. autonomie?
    28/11/2019 à 14:20 | #23

    J’ajoute que comme d’autres, c’est le terme “autonomie des racisés” qui m’a fait réagir. Car après tout si vous vous êtes soudainement passionnés pour la condition des musulmans en France, libre à vous, je n’ai rien à en redire!

    C’est curieux de voir le concept d’autonomie réutilisé.
    D’un point de vue théorique l’autonomie du prolétariat ne saurait exister puisque, pour être autonome, le prolétariat devrait d’abord se débarrasser des médiations qui le font être prolétariat, ce qu’est sensée résoudre la communisation.

    Il n’en va pas de même pour l’autonomie des racisés qui existe déjà concrètement dans le capital sous forme de multiculturalisme libéral, qui question racisme et inégalités n’a rien à envier à la république laïque (comme le soulève NonMaisAllo)
    L’autonomie des racisés, c’est forcément l’autonomie vis à vis des autres racisés ou des non racisés puisqu’à chacun ses questions identitaires. En particulier les arabes sont sensés résoudre la question de la religion dans leur coin en tant que musulmans.Bref chacun ses problèmes…

    Donc contrairement à l’autonomie de classe, impossibilité logique en théorie, mais qui du point de vue politique reste éventuellement une perspective souhaitable, même en tant que fantasme, l’autonomie des racisés n’apporte absolument rien d’enviable, et ne fait qu’entériner les divisions du prolétariat existantes.
    Si on ne fait pas de théorie avec des fantasmes, on ne fait pas de politique sans fantasmes. Or on ne fait pas de théorie communiste sans politique. Reste que la théorie peut être considérée comme mise à distance des fantasmes politiques.

    Donc pour répondre à la question d’AC/LG, les intérêts de classes restent au moins, d’un point de vu communiste, une perspective enviable. Qu’en est-il des intérêts de “races”?

  24. autonomie?
    28/11/2019 à 14:23 | #24

    @AC : Je précise que je n’ai fait parti des antiracialisateurs, bien au contraire. Cette fois vous n’êtes pas attaqués sur l’emploie des termes “races” ou “racialusation”.

  25. NanMaisAllo
    28/11/2019 à 17:12 | #25

    @AC Les anti-racialisateurs je ne les connais pas et je ne suis pas sûr qu’ils existent. Pas besoin d’être anti-fasciste pour être contre le fascisme, ça te rappelle quelque chose ?

    Au demeurant, jamais il n’a été dit que “parler de la race c’est raciste”. Quand je te dis que les USA reconnaissent légalement des races et que cela en fait un État raciste, je parle de race et ce n’est pas raciste. Ce qui est raciste c’est vos salades de “races sociales” issues de la socio et qui viennent précisément appuyer les politiques multiculturelles anglo-saxonnes. Préciser que les races sont “sociales” devrait être inutile car c’est un truisme. Mais c’est en fait bien utile pour donner un vernis d’acceptabilité à la bonne vielle race biologique. Demande à un américain ou un canadien comment est défini un “Noir”, un “Arabe”, un “Indien”, un “Blanc”. Tu verras que rapidement derrière le flou des régimes auto-déclaratifs – qui ne reposent en fin de compte que sur la bonne volonté de tout le monde de jouer le jeu de la race – reviennent la généalogie et les pourcentages de “sang”. Tu veux parler concret, parlons concret.

  26. NanMaisAllo
    30/11/2019 à 18:57 | #26

    Il semble que, plutôt que d’affronter la controverse, AC préfère s’offusquer sur sa page Facebook des réponses qui lui sont faites ici. Il faut dire que les réseaux sociaux facilitent la rencontre d'”amis” s’entre-likant pour montrer qu’ils sont bien tous d’accord entre eux.
    On pourra néanmoins relever une réponse amusante qu’il fait au seul contradicteur qui a osé percer la bulle sécurisante que lui offre Zuckerberg :

    “Et qu’est-ce qu’on fait quand des politiques racistes sont menées par l’Etat au nom de la défense de la laïcité ? Et quelle pertinence – c’est-à-dire quels effets politiques concrets – a la “critique de l’islam” dans cette situation où tous les musulmans sont désignés comme des terroristes en puissance et les accompagnatrices de sorties scolaires comme des sous-marins salafistes ? Qu’est-ce que ça signifie quand un ministre dit “Le voile n’est pas souhaitable dans notre société” ? Est-ce que c’est “votre” société ? “Votre ministre” ?”

    Les ressorts staliniens et de front unique sont décidément bien de sorti chez certains “communisateurs”. La critique bien sûr, mais pas tout de suite, les conditions ne sont pas réunies, ne soyons pas des “alliés objectifs” de l’ennemi (le vrai) en divisant… Lorsqu’on démantèlent la critique radicale dont on prétend être les continuateurs aux moments où elle est nécessaire, cela signifie qu’elle n’a été jusque-là qu’une coquille vide, une posture pour exister sur le marché gauchiste.

  27. A
    01/12/2019 à 00:10 | #27

    Il y a dans ce texte, «essentialisation d’identité(s) » , ce qui n’est pas matérialiste ( du tout )

  28. pepe
    01/12/2019 à 13:34 | #28

    “Staliniens….”
    Attention, là, on commence à s’approcher de l’invective ad hominem qui ne nous intéresse pas beaucoup, à dndf…. Ici, on est ni chez Patloch, ni sur les réseaux sociaux…..

  29. Stive Modica
    08/12/2019 à 18:38 | #29

    Juste pour dire que, à part AC, les autres interventions ne se signalaient pas par la volonté de clarification, mais surtout de dénonciation — cf. notamment les interventions de nonmaisallons — ce qui ne suscite pas l’envie d’aller plus loin.

  30. Elie
    18/02/2020 à 19:30 | #30

    Je mets ici le texte de Joao Bernardo “Classe / identidades” https://passapalavra.info/2019/03/125676/, j’invite les lecteurs à méditer le texte, et à lire les commentaires de l’article, ou JB se fait critiquer et réponds à ces critiques. Peut être cela pourra t-il ouvrir des perspectives et clarifier quelques positions (ou pas), surtout que le débat ici est franco-centré, alors que la question identités/classe traverse le courant anticapitaliste partout dans le monde.
    Curieusement j’ai l’impression quand je lis les termes de “prolétaires racisés” d’y voir un parallèle historique avec la notion de “nation prolétaire” utilisé en premier par Corradini. Et une remarque importante de JB est de souligner le liens, ou plutôt la continuité, entre le nationalisme du XIX et l’identitarisme au XXI.
    Ces questions sont importante, et les mots utilisé le sont d’autant plus. Autonomie? à souligné justement “L’autonomie des racisés, c’est forcément l’autonomie vis à vis des autres racisés ou des non racisés puisqu’à chacun ses questions identitaires. En particulier les arabes sont sensés résoudre la question de la religion dans leur coin en tant que musulmans.Bref chacun ses problèmes…” j’approuve sa remarque, le débat doit continuer.

  31. Stive
    21/02/2020 à 23:59 | #31

    Une brique constructive dans la réflexion, sans pour autant résoudre le dilemme, à chacun sa lecture et sa compréhension.

    Un extrait de TC 26

    “Lorsque nous disons simultanément que le prolétariat est segmenté y compris par les constructions raciales et entre hommes et femmes, et que les prolétaires partagent une condition commune à laquelle ils sont confrontés, la segmentation et la condition commune ne sont pas des contraires exclusifs. Le sujet homogène n’a jamais existé et n’existera jamais ; le dernier en date fut celui de l’identité ouvrière et nous savons que ce fut une construction historique qui, au prix d’une occultation des segmentations raciales et de genre, pouvait apparaître comme objectivement identique aux rapports de production. « Sans réserves » ou exploités, pour s’unir les prolétaires doivent briser les rapports dans lequel le capital les rassemble. Les luttes, comme l’a montré la « réaction » à la « Loi travail » en France en 2016 avec la quasi absence des travailleurs précaires et racisés, peuvent se dérouler sans sortir de la segmentation. Dans la mesure même où la contradiction entre le prolétariat et le capital se situe au niveau de la reproduction du rapport et donc se déroule sous toutes les catégories de cette reproduction, la situation commune n’est plus un préalable à une activité révolutionnaire, si tant est qu’elle le fût un jour.”

    https://dndf.org/?p=16870

  32. Anonyme
    25/02/2020 à 15:03 | #32

    @Stive
    Extrait intéressant, d’une part puisqu’on y relie la double définition du prolétariat “sans réserve” et exploités, d’autre part parce que sous ce label, on inclut des détermination qui ne sont pas qu’exploitation mais dominations, domination masculine et racisme. Sauf à comprendre qu’il faudrait être tout à la fois, l’idéal étant alors la “femme racisé.e prolétaire”, compréhension étriquée et sectaire de l’intersectionnalité.

    Mais alors, si “la situation commune n’est plus un préalable à une activité révolutionnaire, si tant est qu’elle le fût un jour.”, en entendant “préalable” au sens de la critique communisatrice des “conditions objectives” pour le déclenchement de la révolution (l’unité se faisant ‘dans’ la révolution, non ‘avant’), se pose la question de l’extension, dans le capitalisme “en subsomption réelle”, des critères de révolutionnarité des différentes classes ou catégories sociales.

    Dit autrement, la théorie de la communisation est ici à la limite de se contredire, et de ne plus tenir qu’à la construction de son exposition, sa “dialectique”. Texte bien trouvé donc, mais effectivement “chacun sa lecture et sa compréhension”. C’est la mienne, mais je ne pense pas que TC aille jusque-là, ce que dément tout TC 26, jusqu’à son titre, thèse principale : “Le kaléidoscope du prolétariat”.

    En somme, TC réunit par avance dans sa vision kaléidoscopique, ce qui serait déjà (structurellement ?) uni sous le label de prolétariat. Redoutable question au concept même de “segmentation”, qui présuppose que la chose existe déjà virtuellement, ou potentiellement, distinction hégélienne sauf erreur, Aristote assimilant les deux.

  33. Anonyme
    03/03/2020 à 08:12 | #33

    une autre façon de poser le problème serait de revenir aux thèmes de la composition de classe et de la constitution en classe, qui n’ont pas manqué d’agiter la théorie communiste, particulièrement dans les années 70, et d’intéresser un temps Théorie Communiste (un discussion ici même, il y a quelques années, en référence à l’Opéraïsme et quelques prolongements)

    il s’agirait d’abord de discerner les deux notions, d’une part la composition de classe (sous-entendue “du prolétariat”, sous-entendu appelé à devenir classe communiste de la révolution) dans sa définition sociologique ou relativement aux positions dans les rapports sociaux; d’autre part la constitution en classe comme dynamique de sa formation autour d’intérêts communs, qu’ils soient revendicatifs/défensifs, autrement dit réformistes, ou révolutionnaires

    ensuite, la question serait de savoir si cette classe communiste de la révolution, sur la base des contradictions et conflits d’intérêt dans le capitalisme en subsomption réelle (domination sociétale quasi absolue), reste strictement le prolétariat exploité puis ensemble des sans réserves, comme “contraint de faire la révolution” (thèse commune à la théorie de la communisation, y compris dans le schéma à 3 classes de Hic Salta)

    tout ceci bien sûr dans la seule hypothèse d'”une seule solution, la révolution”, qu’elle soit posée comme slogan d’avant-garde militante ou “dépassement produit” (TC)

    autrement dit, dans l’hypothèse de conserver la dialectique binaire des deux classes antagonistes, reposer le problème de la constitution en classe en termes nouveaux face aux problèmes auxquelles l’humanité est confrontée, et donc susceptible de les résoudre (Marx, IA)

    un point capital dans cette réflexion :
    de même que Marx affirmait que le principal produit de l’exploitation capitaliste est la reproduction du capital ET du prolétariat, de même le produit essentiel de la lutte, y compris revendicative/syndicale, est la solidarité, création d’une communauté d’intérêts, la constitution en classe. La question devient donc : quelle communauté de quels intérêts contre le capital ?

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