Accueil > Nouvelles du monde > Récréation

Récréation

“La Zone”, Fréhel

Les paroles

Y a des tas d’ citoyens amoureux d’ la nature
Et qu’ont pas les moyens d’ voyager
Ils ne connaissent seulement qu’ par la littérature
La rive où fleurit l’oranger
I’ rêvent que d’ s’en aller dans les landes, en Bretagne
Dans les auberges à coup d’ fusil
Sans s’ douter qu’il existe un vrai pays d’ cocagne
À dix centimètres de Paris

Sur la zone
Mieux que sur un trône
On est plus heureux que des rois
On applique
La vraie république
Vivant sans contrainte et sans loi
Y a pas d’ riche
Et tout l’ monde a sa niche
Et son petit jardin tout pareil
Ses trois pots d’ géranium et sa part de soleil
Sur la zone

On n’a pas des palaces en marbre de Carrare
Avec des dorures au balcon
On habite une cabane faite en boîtes à cigares
Avec une toiture en carton
Y a pas besoin d’ crâner dans son automobile
Pour qu’une poule vous tombe dans les bras
Les amours sont moins chers et beaucoup plus faciles
Qu’avec les stars de cinéma

Sur la zone
Y a pas d’ sable jaune
Ni d’ parasol ni d’ mer d’azur
On s’invite
À bouffer d’ la frite
Autour d’un grand kil de vin pur
Sous la brise
On peut à sa guise
S’endormir à poil au soleil
Tout comme les nudistes à Nice ou Beausoleil
Sur la zone

Y a des clebs qui s’engueulent à travers les clôtures
Des oies, des pigeons, des canards
Des poules qui tranquillement s’en vont à l’aventure
Mais pas comme celles des grands boulevards
Les savants qui voudraient étudier nos coutumes
Seraient bien obligés d’ constater
Qu’ la grenouille du trottoir et l’ poisson du bitume
N’arrivent pas à s’acclimater

Sur la zone
Bien sûr que la faune
N’est pas celle de tous les pays
On y chasse
En guise de bécasse
Du rat, d’ la puce et d’ la souris
On pratique les jeux athlétiques
Et les sports qui piquent à la fois
On a des balançoires, un tir et des chevaux d’ bois
Sur la zone

Y a des tas d’ambitieux qui s’acharnent à la peine
Pour ramasser trois cents mille francs
De quoi s’acheter plus tard un castel en Touraine
Faut vraiment pas être au courant
Y a qu’à s’amener comme ça, simplement, un dimanche
Avec des planches et des outils
Pour se construire soi-même sa villa Les Pervenches
Ou son p’tit chalet “Sam Suffi”

Sur la zone
C’est le péril jaune
Les moutards poussent comme des Chinois
On oublie
L’hydrothérapie
Quand on prend son eau sur son toit
Faut s’y faire
Et chez les zonières
On chuchote en s’ montrant du doigt
Celles qu’ont pas tous les ans deux moujingues à la fois
Sur la zone

 

Categories: Nouvelles du monde Tags:
  1. Pas encore de commentaire

%d blogueurs aiment cette page :