Renversez un dictateur, perdez un point chez Moody’s
Les agences de notations financières sont remplies de jeunes gens doués, spécialistes de calculs d’intérêts et d’évaluation des financiers. Ils ne travaillent pas à l’affect, ils sont froids comme le bistouri d’un médecin-légiste.
L’agence Moody’s a demandé à ces spécialistes d’examiner la situation de la Tunisie, après l’incroyable révolution qui a conduit à la liberté d’un peuple. Ils ont soupesé les risques de défaut de paiement. Et décidé de rétrograder la note du pays. La dictature avait droit à un « Baa2 », la liberté n’aura qu’un « Baa3 ».
J’imagine ce qui s’est passé à l’intérieur du crâne de ces financiers-noteurs :
« Hum, plus d’instabilité (ah que la dictature est +++ en termes de stabilité ! ) ; hum, moins de tourisme, donc moins de rentrées de devises ; hum, hum, des recettes fiscales menacées par les troubles… »
C’est donc en toute logique que Moody’s a abaissé sans attendre la note de la Tunisie et même jugé « négative » la perspective d’évolution de cette dernière. Eh oui, les révolutions, c’est porteur « d’incertitudes », dont les créanciers ont horreur. Les autres agences, Fitch et Standard and Poor’s devraient emboîter le pas de l’agence américaine. En conséquence, les conditions de crédit accordées à la Tunisie seront durcies.
Par Pascal Riché | Rue89 | 19/01/2011 | 23H59
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