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“Des outres gonflées ne sort que du vent”

Brève réaction à un texte publié sur le site Palim Psao sous le titre : « Les vases vides font toujours beaucoup de bruit ».

http://www.palim-psao.fr/2015/03/les-vases-vides-font-toujours-beaucoup-de-bruit-a-propos-d-une-certaine-reception-de-la-critique-de-la-valeur-en-france-par-clement

« Le marxisme traditionnel, qu’il affirme la réunion nécessaire des conditions objectives (le marxisme orthodoxe, mécaniste et positiviste) ou qu’il fasse l’apologie des conditions subjectives pour cheminer vers la révolution (un marxisme qui s’est épanoui plutôt dans la seconde moitié du XXe siècle), n’a jamais aimé la théorie marxienne de la crise interne, c’est-à-dire l’idée que de par sa propre logique sans même l’intervention des classes, le capitalisme puisse de lui-même connaître une crise de décomposition (et pas de libération !). La phrase de Marx sur le fait que “le capital est lui-même sa propre barrière” et ses développements théoriques partiels à ce sujet, n’ont finalement jamais calé avec l’idéologie marxiste primaire et ce qu’elle prenait pour être la contradiction interne du capitalisme ».

Ainsi s’exprime Clément Homs en conclusion d’un entretien (« revu et corrigé ») en défense et illustration de la Wertkritik (« Critique de la valeur ») sur le site de Palim Psao.

Je ne me livrerai pas à une critique systématique de l’école dite « critique de la valeur », cela est inutile car il arrive parfois, de façon symptomatique, que les défenseurs eux-mêmes d’une théorie, comme les tueurs en série parsemant leurs crimes d’indices dans leur rêve de puissance et leur désir de se faire prendre, se laissent aller, ivres de leur supériorité intellectuelle, à glisser un signe de leur propre supercherie.
« Le capital est lui-même sa propre barrière ». Comme il est d’usage entre gens de bonne compagnie on assène une phrase d’un « grand auteur » sans référence, étant entendu que les gens auxquels on s’adresse savent ou seront suffisamment impressionnés pour ne pas avouer leur ignorance. Clément Homs cloue le bec de ses ignares et imaginaires contradicteurs. Mais est-ce un acte manqué ? Il donne comme preuve péremptoire de sa position un fragment approximatif de citation qui l’annihile quand on a l’outrecuidance d’aller voir le texte. C’est exact : « le capital est lui-même sa propre barrière », mais allons voir de plus près…

« La limitation du capital, c’est que tout son développement s’effectue de manière antagonique, et que l’élaboration des forces productives, de la richesse universelle, de la science, etc. apparaît comme aliénation du travailleur qui se comporte vis-à-vis des
conditions produites par lui-même comme vis-à-vis d’une richesse étrangère et de sa pauvreté à lui. Mais cette forme contradictoire est elle-même transitoire et produit les conditions réelles de sa propre abolition. » Une page plus loin, après avoir développé sur la « tendance propagatrice, civilisatrice du capital » et son « universalité », Marx écrit : « Le capital représente la contradiction suivante : il cherche constamment à abolir le temps de travail nécessaire (ce qui revient aussi à ravaler l’ouvrier au niveau le plus bas, c’est-à-dire à son existence de pure force de travail vivante) ; mais le temps de surtravail n’existe qu’en opposition au temps de travail nécessaire si bien que le capital pose le temps de travail nécessaire comme nécessité et condition de sa reproduction et de sa valorisation. » (Fondements de la critique de l’économie politique, Ed. Anthropos, t. 2, p.35 et Marx Engels Werke, t.42, pp.447- 448 –pour les puristes -)
Ce n’est qu’ainsi que le capital est « sa propre barrière »

Ou alors :
« Ainsi donc, la production fondée sur le capital crée d’une part l’industrie universelle, c’est-à-dire le surtravail en même temps que le travail créateur de valeurs ; et, d’autre part, un système d’exploitation générale des propriétés de la nature et de l’homme. (…)
Le capital ressent toute limite comme une entrave, et la surmonte idéalement, amis il ne l’a pas pour autant surmonté en réalité : comme chacune de ses limites est en opposition avec la démesure inhérente au capital, sa production se meut dans des contradictions constamment surmontées, mais tout aussi constamment recrées. Il y a plus.
L’universalité à laquelle il tend inlassablement trouve des limites dans sa propre nature qui, à un certain niveau de son évolution, révèlent qu’il est lui-même l’entrave la plus grande à cette tendance, et le poussent donc à sa propre abolition » (ibid, pp. 366-367 et MEW-, t.42, pp.319-320 –idem -)

On pourrait multiplier les extraits où Marx revient sur l’idée que le capital est à lui-même sa propre limite, toujours cette propre limite consiste à être fondée sur l’exploitation du travail d’autrui (mais peut être que la Wetkritik a accès à des textes ésotériques de Marx inaccessibles au non « illuminati »). Cette limite interne du capital est explicitement fondée sur l’extraction de surtravail. C’est en faisant de la plus-value le but même de la production que le capital est lui-même sa propre entrave. L’extraction de surtravail qui est le but même de la production et en cela fonde dans le capital l’universalisation des rapports est pour lui, dans sa propre nature, sa limite. C’est la nécessité du travail nécessaire pour le surtravail
qui est en contradiction avec la tendance universelle du capital et devient sa limite. La contradiction est précisément située dans le rapport du capital au travail, dans le rapport d’exploitation.
« Le capital ne pose donc le travail nécessaire que s’il peut créer une plus-value, car sur la base de la production capitaliste, il n’y a pas de travail nécessaire indépendamment de la plus-value. (…) De par sa nature même, le capital pose donc des entraves (souligné dans le texte) au travail et à la création de valeurs, ce qui est en contradiction avec sa tendance à les accroître sans limites. Le capital est ainsi une contradiction vivante : il impose aux forces productives une limite spécifique, tout en les poussant à dépasser toute limite » (ibid, p. 379 – MEW 42, p.336).

La critique de la valeur (sans guillemets celle-là) n’est pas ailleurs que dans la lutte des classes qui inversement n’est rien d’autre que la contradiction mortelle de la valeur qui n’est telle et n’existe que comme exploitation et capital. La limite du capital à lui-même, c’est l’exploitation, c’est la bête, triviale, primaire et sordide lutte des classes qui n’est pas un « éternel retour du même ». Les classes n’ont pas à « intervenir » (comme le pose Clément Homs dans un bal accès de marxisme « primaire » et « traditionnel »), elles sont l’existence même de la contradiction interne et de la barrière.
Ce sera tout.

R.S

  1. Question
    27/03/2015 à 21:53 | #1

    Bonsoir,

    Est-ce que c’est sous l’effet de la lutte de classe que le capital ne trouve plus de nouveaux espaces de valorisation, i.e. de nouveaux prolétaires à exploiter ? Ou en tout cas tendanciellement de moins en moins ?

    Oui une contradiction est située dans le rapport du capital au travail, et oui la lutte de classe agit sur la dynamique de cette contradiction. Mais cette action et cette contradiction sont elles-mêmes contenue dans la limite que le capital rencontre, une fois épuisées les possibilités d’inventer de nouvelles marchandises. Du moins selon les thèses de la WertKritik, cette limite semble atteinte, un signe étant le développement de produits financiers dont la valeur relève de la valeur de la production de marchandises dans le futur.

  2. Flav
    07/04/2015 à 23:26 | #2

    “Oui une contradiction est située dans le rapport du capital au travail, et oui la lutte de classe agit sur la dynamique de cette contradiction.”

    Elle n’agit pas dessus, la lutte est un moment, nécessaire, de la relation entre le travail et le capital. Cette relation est une contradiction, un rapport d’exploitation.

    “selon les thèses de la WertKritik, cette limite semble atteinte, un signe étant le développement de produits financiers dont la valeur relève de la valeur de la production de marchandises dans le futur.”

    Le capitalisme ne se limite pas à sa capacité à inventer de nouvelles marchandises, mais à sa capacité à se reproduire comme rapport d’exploitation: ce qu’il est. Le mouvement de la valeur n’est pas une abstraction qui flotte au dessus du concret pour le diriger (un “sujet automate”). Une crise de la valeur n’est jamais stricto-sensu une crise de la valeur, mais bel et bien un rapport de classe…

    Le mieux c’est que tu jettes un œil sur le site de TC (en lien sur ce blog, en bas à droite).

  3. Question
    10/05/2015 à 15:17 | #3

    Je ne comprends pas bien comment on peut affirmer que la limite interne du capitalisme est liée à l’extraction d’un surtravail, alors qu’il n’y a plus de travail. J’ai l’impression que le schéma de pensée de TC présuppose un prolétariat qui, non seulement travaille, mais produit de la survaleur.

    La problématique de “pro­duire l’appartenance de classe comme contrainte exté­rieure” n’est-elle pas obsolète pour tout le fragment du prolétariat qui est déjà exclu de la possibilité de se faire exploiter ?

    Le capitalisme, on le voit aujourd’hui, peut fonctionner sociologiquement avec une base restreinte numériquement de travailleurs produisant un sur-travail, le reste de la population restant, non pas exploitée, mais asservie.

    Quant au travailleur on ne voit pas bien pourquoi il lui prendrait de communiser la société. Il n’y a pas plus intérêt que les capitalistes. Est-ce que les écrits de TC a montré un seul exemple concret qui suggère que cela est possible, que ça a eu lieu de façon même embryonnaire ? Je n’en ai pas vu. Il y a au contraire quantité de contre-exemples et d’ennemis (l’alternativisme, le citoyen, etc) et au total pas tellement d’ancrage social à cette théorie de la communisation version TC.

  4. adé
    13/05/2015 à 22:04 | #4

    “Quant au travailleur on ne voit pas bien pourquoi il lui prendrait de communiser la société. Il n’y a pas plus intérêt que les capitalistes.”

    C’est également ce que j’ai fait remarquer.
    Les révolutions socialistes,que ce soit celle de Russie ou celle de Chine, ont été l’oeuvre de masses surtout paysannes, on sait comment elles ont été remerciées: famines en URSS (notamment en Ukraine), “Grand Bond en Avant” en Chine, c’est-à-dire prolétarisation forcée ( exit les “petits mondes anciens”), plusieurs millions de morts dans un cas comme dans l’autre…
    Durant cette période dite “programmatique” l’intérêt individuel et celui supposé ou réel de la classe, coïncidaient, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
    A l’époque, à défaut de pouvoir ouvrier les individus pouvaient se contenter d’une augmentation de salaire, de reconnaissance sociale, etc…cela ne peut plus être le cas aujourd’hui, en tout cas pas ici, ni maintenant.
    T.C n’a pas vu venir l’individu-masse, et a continué à penser comme si le “prolétariat” était un invariant, comme s’il était (le prolétariat) porteur de communisme. Eh bien non…

  5. Stive
    16/05/2015 à 19:38 | #5

    Question a écrit : “je ne comprends pas bien comment on peut affirmer que la limite interne du capitalisme est liée à l’extraction d’un surtravail, alors qu’il n’y a plus de travail. J’ai l’impression que le schéma de pensée de TC présuppose un prolétariat qui, non seulement travaille, mais produit de la survaleur”.

    Et toi tu présupposes un capitalisme dans lequel un prolétariat ne travaille pas et et un capitalisme qui crée de la survaleur par l’opération du saint esprit ?

    Il poursuit : “Le capitalisme, on le voit aujourd’hui, peut fonctionner sociologiquement avec une base restreinte numériquement de travailleurs produisant un sur-travail, le reste de la population restant, non pas exploitée, mais asservie”. Il faudrait peut-être compter les ouvriers chinois, hindous, etc …

    Serait-ce un nouveau concept post-programmatique ? A quoi se réfère la notion de “population” ? une “population” “non exploitée” mais “asservie” ? Il faudrait m’expliquer chacun des termes de cette phrase pour que j”y comprenne quelque chose, je suis pourtant un amateur des (difficiles ?) textes de TC.

    Je suis d’accord pour dire que les ouvriers ne ressente pas le besoin de faire la révolution, tant que leurs revendications d’amélioration des condition de vie étaient plus ou moins satisfaites. Il n’est pas automatique non plus que vouloir faire la révolution soit le produit d’une dégradation drastique de ces mêmes conditions de vie.

    Adé, c’est quoi cet individu masse ?

  6. adé
    18/05/2015 à 20:21 | #6

    salut Stive et altere,

    Ce que Question pointe c’est la situation en Europe, USA, Japon, etc… tous pays développés. On peut difficilement faire un autre constat à ce sujet, en tout cas s’agissant de l’Europe de l’Ouest et des Etats-Unis, pour le Japon, faut voir de plus près.
    En ce qui concerne les ouvriers-ouvrières Chinoises, Indiennes,etc…on peut comprendre les mouvements sociaux à l’oeuvre dans ces régions comme du “rattrapage”. Rattrapage de niveau de vie, conditions de travail, salaire indirect et/ou différé (Santé, éducation, retraites…). Ce rattrapage s’inspire des conditions de vie et de salaire ayant cours, ou ayant eu cours dans les zones développées, de même les “dissidents” réclament la liberté d’expression, la lutte contre “la corruption” et contre la main-mise du pouvoir sur la sphère privée.

    Quant à l’individu-masse:
    “Vois sur ces canaux/dormir ces vaisseaux/dont l’humeur est vagabonde/c’est pour assouvir/tes moindres désirs/qu’ils viennent du bout du monde.”L’ Invitation au voyage : C. Baudelaire.
    L’individu-masse se met en place à partir du XIXème (cf. citation poétique supra), il est le résultat de la société bourgeoise-capitaliste dans l’extension du rapport salarial à toute personne de la société en question. Ce rapport salarial produit de manière chaotique mais fatidique l’individu hors liens communautaires, c’est l’individu-masse, l’individu tout-puissant virtuellement car pouvant tout acheter et tout vendre. cet individu-masse est celui de la liberté comprise comme contractuelle (tous les rapports tendent vers la contractualisation dans la société salariale) : je paie donc je suis libre.
    L’individu-masse est “l’homme unidimensionnel” (cf.Marcuse), celui qui, totalement inclus dans la société bourgeoise est incapable d’autre chose que de vendre et/ou d’acheter. La version définitive de ce système individu-masse correspond à la mise en place de la restructuration des années 1980, et donc à l’effondrement des idéologies et des pratiques liées aux “communautés du travail”, c’est ce que T.C.et d’autres nomment “fin du programmatisme”, fin de “l’identité ouvrière”. Mais, comme je l’ai déjà fait remarquer, la société a horreur du vide, et cette “fin” correspondait en fait à cet avènement de l’individu-masse.
    Camatte avait bien compris (comme Baudelaire, mais avec d’autres visées) ce phénomène dont le résultat est “l’anthropomorphie”. Avec la communauté du travail, on a des révolutions incluant le travail et les travailleurs-ses dans la société socialiste (qui ne travaille pas, ne mange pas), cette inclusion signifie le début de la fin des mouvements révolutionnaires car le mouvement même de la société bourgeoise-capitaliste consacre cette inclusion dans les politiques économiques après la 2ème Guerre Mondiale : exit le socialisme…Sans communauté du travail, il apparaît que le prolétariat est totalement atomisé (individu-masse), stratifié, divisé, de telle façon qu’aucun projet n’a jusqu’à ce jour émergé de cette classe, incapable d’imposer un nouveau “modèle” social, ni même de faire face aux multiples attaques directes ou indirectes de la part de la classe dominante.
    Cette situation est une impasse, et rien ne dit que cela cessera d’aller de mal en pis, c’est bien le cas aujourd’hui où que l’on porte son regard : changement climatique, disparition de milliers d’espèces vivantes, empoisonnement par toute sorte de toxiques chimiques, radioactifs, et présentement nanos; précarisation des travailleurs/ses, baisses ou stagnation des salaires, attaques des “acquis sociaux”, surveillance généralisée, politiques répressives et toute-puissance des polices (à ce sujet, Debord avait largement raison )…
    L’individu-masse c’est la victoire du prolétariat en tant que classe “en soi”. La différence entre “classe en soi”, d’une part, et “classe pour soi” d’autre part a été, à mon humble avis un peu trop vite jetée aux oubliettes. Le Néo-libéralisme invente l’individu-masse comme la négation de l’appartenance de classe (communauté de classe), étendant ainsi l’individualisme proprement “bourgeois” à l’ensemble de la société devenue société salariale.
    That’s all folks (Last but not least).

  7. Anonyme
    19/05/2015 à 14:17 | #7

    Pour revenir à l’opposition entre critique de la valeur et lutte de classe, il me semble que le capital réagit d’abord à sa propre dynamique (la loi de valeur) avant de répondre à la lutte de classe.

    Quand RS écrit en conclusion que “La limite du capital à lui-même, c’est l’exploitation, c’est la bête, triviale, primaire et sordide lutte des classes qui n’est pas un « éternel retour du même ».” après avoir recopié des citations de Marx qui ne parlent pas de lutte de classe, je n’ai pas été très convaincu par sa réponse.

    Je pense que le flou sur la notion de lutte de classe (et celle de prolétaire) laisse ouverte la possibilité de limiter la lutte de classe à la lutte des travailleurs, et le prolétariat aux travailleurs. Comme le fait Stive qui ne dément pas, et propose même de jeter un oeil sur les vrais ouvriers chinois et indiens pour me donner un exemple de prolétariat et de luttes de classes (veut-il dire que ce sont les futurs communisateurs?)

    “Le propre de la subsomption réelle, c’est à dire de cette période dans laquelle le capital a d’une certaine manière absorbé la totalité de la réalité sociale au lieu de demeurer cantonné au processus productif, c’est bien que n’importe quelle activité est susceptible de devenir partie prenante du processus de valorisation” (“Réflexions autour de l’Appel”, Meeting n°2).

    Proposition à laquelle je souscris. Ce “n’importe quelle activité” qui fait partie de la valorisation, c’est donc y compris ce qui ne produit pas de survaleur; c’est donc y compris ce qui n’est pas du surtravail. C’est aussi ce “n’importe quelle activité” qui peut entrer en lutte et pas seulement le travailleur.

    Mais j’ai peur que Homs et RS soient en fait d’accord sur l’essentiel (et qui est contestable, donc) qui est de penser une théorie du dépassement du capitalisme fondée sur la crise du capitalisme, sur ses contradictions dans le processus productif. Sur une crise qui arrive automatiquement pour la critique de la valeur, aussi automatiquement que la plus-value est “le but même de la production” pour RS.
    Sauf à donner une définition beaucoup large du prolétariat et de la lutte de classe, le travailleur prolétaire ne trouve rien en lui dans ce qu’il est contre le capital pour dépasser sa condition et les rapports sociaux capitalistes. Par plus qu’il en trouve dans la “limite interne” du capital.

  8. Lobo
    19/05/2015 à 17:43 | #8

    Mais alors, si la limite n’est pas dans le mouvement de la valeur lui-même, ni dans la lutte de la classe prolétarienne s’abolissant elle-même en tant que classe, et si tu admets que le communisme (ou la communisation, comme on voudra) est l’un des possibles pour le genre humain, d’où peut-il venir ?

  9. Question
    23/05/2015 à 09:54 | #9

    Il me semble que la réponse revient à remettre à plat une théorie de la révolution.

    D’un côté la critique de la valeur version WertKritik n’a pas de théorie de la révolution, de l’autre la communisation version TC en a une qui me paraît poser problème, en ce que le prolétariat continue à mon avis d’être présupposé comme le sujet révolutionnaire, en dépit de tous les raffinements de pensée et de l’excellence des auteurs dans le maniement du raisonnement dialectique.

    Tout ce corpus théorique existant est passionnant et mérite que l’on y passe du temps (pour comprendre le cheminement année après année). Mais pour moi des questions subsistent constamment :

    – Pourquoi est-on passé d’une critique du programme ouvrier, de la période de transition à un rejet de toute anticipation pratique/organisationnelle de la révolution ? Il me semble que l’un n’entraîne pas nécessairement l’autre.

    – On parle aussi de communisation immédiate de la société. Par ailleurs, le communisme y est très largement défini comme absence de médiation, d’institution. Là encore, l’abolition de l’argent, de la marchandise, de l’Etat etc est une chose. L’abolition de toute médiation, de tout fétiche, en est une autre. Pourquoi est-on passé de l’un à l’autre ?

    – Au total, on ne peut s’appuyer pour le communisme sur aucune médiation, ni temporelle ni sociale. Mais simplement sur un prolétariat qui ne se reconnaîtrait que :
    * tantôt dans son opposition au Capital (le capital subsume toute la société). Mais cela signifie que l’on présuppose le prolétariat comme sujet révolutionnaire. Et dans ce cas qui est le prolétariat, le travail producteur de valeur (peu pertinent dans le cours de la domination réelle du Capital) ou bien toute la société (peu pertinent car alors où est le sujet révolutionnaire?) ?
    * tantôt dans son opposition à la classe capitaliste. Mais dans ce cas ne présuppose-t-on pas un sujet révolutionnaire pur, et une définition sociologique des classes (par catégories socio-professionnelles +/i déjà embourgeoisées), ce qui est contradictoire avec la vision d’une société subsumée par le Capital ?

    – Par ailleurs si on postule que le communisme ne peut que se construire dans la lutte (sous-entendu des mouvements de masse dans un contexte d’arrêt généralisé de la production), sans préparation/anticipation/organisation préalables, pourquoi est-ce que la révolution communisatrice réussirait là où les révolutions précédentes ont échoué (justement, à mon sens, par l’incapacité à imaginer/proposer autre chose qu’une redistribution des mêmes catégories et rôles capitalistes) ? La temporalité concentrée de la lutte et de l’insurrection laisse-t-elle vraiment la chance aux révolutionnaires de battre toute l’inertie sociale et matérielle qui penchera vers le rétablissement des médiations capitalistes (travail, valeur etc.), si on ne sait à quoi peut ressembler une société post-capitaliste ?

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