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“Bordel in progress”

BORDEL IN PROGRESS
Bordel de la communisation et Crise du capital sous pandémie
Pour une critique de la biopolitique

Le texte qui suit, achevé fin avril 2022 et révisé au début février 2023, vise à ouvrir un débat sur le caractère très spécial de la crise en cours du capital, càd sur le développement de la crise et des luttes sous état d’urgence pandémique, non encore vraiment levé à ce jour, puisqu’au relâchement des contraintes dites sanitaires du printemps 2022 n’a correspondu aucune déclaration de fin de pandémie par l’Organisation Mondiale de la Santé (note 1). Le fait que la guerre en Ukraine a depuis un an bouleversé l’agenda du pouvoir capitaliste et mobilisé l’attention des révolutionnaires, notamment ici en Europe, ne rend pas un tel débat moins nécessaire à la compréhension du moment actuel.

En effet, au bordel inhérent à la communisation s’est ajouté depuis mars 2020 le bordel inhérent à la conjoncture pandémique. En doutant de tout, sauf des acquis de la théorie communiste depuis Marx et Bakounine, il s’agit de mettre en cause le Grand récit d’en haut sur la Covid et de se demander d’abord comment cette pandémie très spéciale qui a mis au ralenti l’économie globale s’articule à sa crise en cours. Dans une telle problématique, on peut et doit utiliser le travail des biologistes et médecins critiques de la politique sanitaire anti-Covid sans se limiter, comme eux, à la démonstration de son irrationalité scientifique – càd développer une critique révolution­naire du capitalisme en sa conjoncture pandémique. Ceci dit, n’étant ni médecin ni biologiste, j’ai utilisé d’abord le travail de ma compagne, très active dans la critique scientifique de la politique sanitaire anti-Covid, qui a relu et corrigé mon texte mais n’est pas responsable dans le détail de mes analyses du travail critique des scientifiques

Introduction : Depuis mars 2020, càd depuis que l’épidémie Covid, signalée d’abord fin 2019 en Chine, a été requalifiée par l’Organisation Mondiale de la Santé comme pandémie, les analyses communistes de la crise actuelle du capital n’ont guère intégré l’évènement que nul d’entre nous, en bas, n’avait vu venir, mais que certains d’entre eux, en haut, avaient prévu depuis dix ans (n 2). Bien sûr, l’énonciation d’un tel jugement suppose qu’on a déjà répondu à une question qu’il faut d’abord poser : qu’est-ce que cette pandémie, venue perturber gravement la reproduction d’une économie globale qui, depuis la crise financière survenue en 2008, n’était déjà pas brillante ? Un simple « problème sanitaire », causé par « un virus plus dangereux que les autres », donc un problème sans nul rapport a priori déterminable avec la contradiction capital en procès ? (n 3) Ou, au contraire, comme le donne à penser le fait que l’instance politico-sanitaire a été mise par l’instance économique au poste de commandement, un évènement social, marquant la fin d’un cycle historique du capital ? (n 4) Mais si l’irruption de la Covid marque la fin d’un cycle historique du capital et si ce cycle peut être défini, suivant l’analyse du groupe Théorie Communiste (TC), comme celui d’une globalisation de l’exploitation devenue contre-productive, quel rapport établir entre le processus spécifique ayant produit la pandémie et le processus général de la globalisation ? (n 5) En liant une catastrophe passant pour naturelle à la crise périodique inhérente à l’accumulation du capital, ne sort-on pas de la problématique marxienne de la critique de l’économie politique ? Et si l’on pense ne pas en sortir, comment valider une telle innovation théorique ? En fait, je suppose que dans son développement contradictoire le mode de production capitaliste en est venu à bouleverser toutes les conditions de la vie sociale, y compris la reproduction des équilibres constitutifs de l’écosystème terrestre et la reproduction de la population humaine qui, dans sa fraction transformée en travail productif de survaleur, est pourtant la seule force qui valorise le capital. La critique de l’économie politique implique alors celle de l’écologie politique du capital, que j’ai faite dans Conjoncture épidémique et sur laquelle je ne reviens pas ici, mais l’émergence de virus sauvages hors de leurs niches écolo­giques n’explique pas la manipulation d’un génome de virus en laboratoire, dans le cadre de dangereuses expériences dites de gain de fonction. (n 6) Il faut donc, en retravaillant le concept de Foucault, critiquer de plus la biopolitique du capital, càd sa politique de la population et du travail, comme « facteur de production » vivant, et se demander si s’est produit, dans le cycle de la globalisation qui s’achève, un changement de régime biopolitique. (n 7) Une telle analyse de la crise actuelle du capital, intégrant à la critique de son économie politique et celle de sa catastrophique politique écologique et celle de sa non moins catastrophique biopolitique, tend certes à ruiner le Grand récit du pouvoir capitaliste sur la Covid, mais aussi bien sa dénonciation complotiste. En effet, cette analyse de la crise n’a rien à révéler ni dénoncer, car elle ne suppose pas du tout qu’un groupe malfaisant aurait en haut cherché à exterminer une partie de la population mondiale pour soumettre le reste par la peur, mais supppose au contraire que les luttes contre le capital ne peuvent pas être durablement étouffées et que l’extermination n’est de toute façon pas un moyen de relancer l’accumulation. Et c’est précisément parce que la Loi sacrée du capital est celle de l’accumulation que, dans le rapport analytique prospectif publié en juillet 2020 par le Forum de Davos, le redémarrage de l’économie est posé comme première condition d’une consolidation durable du capitalisme, sous la forme d’un nouvel ordre politique mondial, idéalement mieux construit que l’ancien. (n 8) La question écologique n’est pas tout à fait négligée, mais alors que la consolidation du capitalisme est conçue comme devant intégrer une redéfinition de la Santé publique en un sens ultra-sécuritaire, aucune réforme écologique sérieuse de la production capitaliste n’est prévue. Ce qui est en réalité visé, sous le terme publicitaire de Grand Reset, c’est une déglobalisation partielle maintenant les acquis de la globalisation, càd la destruction de l’identité ouvrière et la redéfinition continue du travail nécessaire en fonction des impératifs de valorisation immédiats du capital, mais il est bien précisé que les solutions concrètes au problème de l’aggravation nécessaire de l’exploitation doivent partout venir des entreprises elles-mêmes, les États nationaux et organisations supranationales du capital ne pouvant fournir qu’un soutien politique. La fin du cycle de la globalisation coïncidera-t-elle donc avec l’abolition révolutionnaire sans transition du système capitaliste, càd avec la communisation ? C’est toute la question du très spécial moment actuel, où le bordel inhérent à la communisation se complique du bordel inhérent à la conjoncture pandémique. (n 9)

Fondements de la critique

Subjectivement, il s’agit de saisir, au moins de manière intuitive, qu’il y a dans cette pandémie tout autre chose qu’une catastrophe naturelle, càd un problème théorique nouvellement apparu et pourtant désormais inhérent au processus de la communisation. Dans la manière même dont la pandémie Covid a fait irruption dans la reproduction déjà difficile du capital, on pouvait noter certains faits qui amenaient à s’interroger sur la nature et les causes spécifiques de cette pandémie ; et ceci avant même qu’on apprenne en juillet 2020, dans La Grande Réinitialisation, qu’une pandémie du type Covid avait été depuis des années anticipée en haut. (n 10) D’abord, la Covid, repérée comme épidémie dès 2019 et plutôt au début qu’à la fin de cette année, comme le suggèrent les analyses accumulées depuis, n’a été déclarée pandémie par l’OMS qu’en mars 2020. Ensuite, en octobre 2019, l’université américaine John Hopkins a dramatiquement annoncé une pandémie imminente chiffrant le total possible des morts au niveau aussi arbitraire que terrifiant de 80 millions d’individus ; or fin novembre 2022, alors que la virulence du virus est fortement diminuée, on compte 6,6 millions de morts de la Covid dans le monde, soit un rapport du total prévu au total constaté de 13 à 1. (n 11) Enfin, dès le premier confinement, en mars-avril 2020, les gens ayant développé les symptômes de la Covid ont partout été confrontés à un défaut structurel de soins, les autorités sanitaires ayant partout décrété qu’il n’y a point de salut hors des confinements et des vaccins et donc qu’aucun médicament existant n’était susceptible de guérir les malades, ceci malgré les démonstrations pratiques du contraire, par exemple, en France, du côté de l’IHU de Marseille (n 12).

Objectivement, il s’agit de bien construire le problème nouveau que pose la pandémie Covid comme problème inhérent au processus de la communisation, càd de penser le développement conjoint de la crise économique et de la crise dite sanitaire dans la conjoncture pandémique. Mais dans cette problématique, on ne peut pas faire abstraction du caractère très spécial du moment actuel et raisonner comme si le seul problème posé à la théorie communiste par la pandémie était son interprétation complotiste. En France et dans plusieurs autres pays développés (Italie, Israël, Canada, au moins), des mouvements de résistance à la politique sanitaire vaccinale se sont développés, qui n’ont par eux-mêmes aucune dynamique révolutionnaire mais posent clairement l’enjeu immédiat : dans l’obligation vaccinale de droit ou de fait, ce ne sont pas seulement nos libertés formelles de « citoyens » mais, en tant que les vaccins ne sont ni efficaces ni sans danger, nos vies qui sont menacées. (n 13) Il faut donc d’abord s’interroger sur la rationalité du traitement politico-sanitaire de la Covid, d’autant plus qu’avant d’être contestée dans les rues, la politique vaccinale mise en œuvre, d’abord dans un certain désordre, par tous les États a été critiquée sur Internet par une minorité courageuse de biologistes et médecins comme scientifiquement irrationnelle. (n 14) En se gardant bien de réfuter cette critique scientifique, càd en s’efforçant de la disqualifier tout en l’occultant, le biopouvoir capitaliste mondial a confirmé qu’il faut penser la rationalité effective de sa stratégie vaccinale en termes biopolitiques et non pas en termes sanitaires, puisqu’elle fonctionne au défaut de soins. Ici, deux précisions s’imposent. D’une part, on peut parler de stratégie vaccinale, sans suggérer que le programme de vaccination anti-Covid mondial résulte d’un plan de guerre contre-insurrectionnel, car en tant que la fragilité biologique du travailleur collectif apparaît désormais à la classe capitaliste comme intolérable, la stratégie vaccinale – contre la Covid et, maintenant, contre d’autres pandémies anticipées – n’est que l’autre nom de sa fuite en avant biopolitique sécuritaire. D’autre part, dans le pouvoir capitaliste global, le biopouvoir est un sous-ensemble relativement autonome, à la fois hiérarchisé et différencié, qui s’organise lui-même au niveau global, à la fois dans les entreprises transnationales, dans les États dominants, et dans les organisations supranationales du capital.

Ainsi, la critique de la biopolitique du capital ici développée n’est pas fondée sur la critique scientifique spécialisée de la stratégie vaccinale anti-Covid ni – encore moins ! – sur l’abandon de la critique marxienne de l’économie poli­tique. Elle est fondée, d’une part, sur le présupposé que rien de ce qui vient perturber la reproduction du mode de production capitaliste n’est en réalité étranger à son développement historique et, d’autre part, sur une analyse rétrospective du changement de régime biopolitique dans le cycle de la globalisation de l’exploitation. À la surface du capital comme pure objectivité réifiée, càd comme économie se reproduisant de manière automatique, l’émergence d’un virus entravant la production et la circulation de la survaleur à l’échelle mondiale apparaît nécessairement comme incompréhensible, car la production capitaliste apparaît elle-même comme puissance naturelle. En effet, la production capitaliste domine et subsume réellement à la fois le travail et la nature, la vie sociale humaine et l’écosystème terrestre. Par conséquent, la pandémie Covid apparaît nécessaire­ment à la surface de l’économie comme un choc exogène. Pour montrer que le choc n’a en réalité rien d’exogène, il faut d’abord comprendre qu’au niveau de la forme générale du capital comme économie apparaît seulement l’essence réifiée des rapports sociaux de production comme rapport entre choses – le capital, la terre, le travail – rapports médiatisés par des personnes elles-mêmes réifiées – le capitaliste, le propriétaire foncier, le travailleur salarié. Les effets structurels historiques du développement capitaliste – càd, d’une part, la destruction tendancielle de l’écosystème terrestre, d’autre part, la désastreuse « protection » du travail vivant qui, en fait, le menace dans sa reproduction – ne peuvent apparaître que si l’on mène à son terme extrême la Critique de l’économie politique. Càd si l’on met en cause non seulement la notion même d’économie – ce qu’a fait un groupe comme TC – mais la construction même de la Critique de l’économie politique, en tant qu’elle laisse en dehors de sa problématique deux problèmes majeurs inhérents au développement du rapport d’exploitation. En effet, ni Marx ni les communistes révolutionnaires qui ont retravaillé après lui sa Critique de l’économie politique n’ont intégré ces deux effets structurels catastrophiques du développement capitaliste que sont la crise écologique globale et la mise en place d’une biopolitique de fait nocive à la santé des populations humaines. Assurément, dès les années 1950, Bordiga a vu venir et pensé la crise écologique du capital, mais dans les limites d’une théorie de l’affirmation du prolétariat qui en faisait une classe impossible et qui donc ouvrait la voie à l’échappement de Camatte dans la vision mystique d’une errance de l’humanité. Quant au changement de régime biopolitique du capital, nul d’entre nous, communistes, ne l’a saisi au moment où il commençait à se produire, dans les années 1970 et 1980. Il y a donc maintenant, en cette immédiatement non révolutionnaire conjoncture pandémique, tout un travail théorique à faire. Ce qui suppose d’abord de voir ce qui piège le débat avant même qu’il ait commencé, à savoir l’effet de choc initial de la pandémie et le faux dilemme, toujours actif, posé par le pouvoir capitaliste : ou avec nous ou avec les complotistes.

Dans les premiers mois de l’année 2020, càd jusqu’à la grande vague d’émeutes déclenchée fin mai aux États-Unis par le meurtre flicard de George Floyd, l’irruption de la Covid dans la reproduction déjà difficile du capital a produit un colossal effet de spectacle, par lequel toutes les luttes des gens d’en bas, luttes de prolétaires, racisé-e-s ou non, et luttes de femmes, prolétaires ou pas, ont été un temps effacées ou réduites à la simple exigence minimale d’être tous et toutes protégé-e-s contre un péril vécu comme à la fois imminent et mortel. La Covid n’est pourtant pas l’accomplissement du spectacle, au sens où le concevait Debord, comme idéologie matérialisée, car le capital, quel que soit son régime d’accumulation, ne devient jamais pure production d’images. (n 15) Au contraire, le capital ne produit toujours plus d’images hypnotiques de l’emploi imposé de la vie sociale humaine (y compris, maintenant, des images toujours plus anxiogènes) que parce qu’il est production matérielle de marchandises porteuses de survaleur, dans un rapport contradictoire entre classes où le travail productif est toujours nécessaire et toujours de trop. On ne peut donc pas remplacer la théorie fondamentale de la baisse tendancielle du taux de profit par une théorie de la baisse tendancielle du taux de contrôle, comme le suggérait Debord en 1972. (n 16)

À l’effet spectaculaire du choc de la pandémie, càd à l’effacement provisoire des luttes contre le capital, le discours complotiste sur la Covid est intrinsèquement lié, car il est fondé sur un sentiment d’impuissance très répandu en bas, qui résulte de la défaite historique du prolétariat comme classe de la libération du travail, définitivement acquise avec l’effondrement du bloc socialiste formé autour de l’URSS en 1989-1991. (n 17) Certes, en 2020, la pandémie Covid a été construite comme menace globale sur la population humaine par la réaction automatique de tous les appareils idéologiques du capital et non par la volonté maléfique d’un groupe mystérieux caché dans les hautes sphères. Mais le discours complotiste, faisant de tout évènement perturbant la reproduction de la société le résultat d’un complot, est le meilleur ennemi de la classe capitaliste, car il lui prête une toute-puissance qu’elle n’a jamais eue et n’aura jamais. Ainsi ce discours niant la réalité de la pandémie ne détourne pas les prolétaires et tous les gens d’en bas de lutter contre le capital, mais il les enfonce à sa façon dans la confusion déjà produite par la politique sécuritaire du biopouvoir.

Qu’est-ce que la Covid ?

Si l’on en croit le Grand Récit du pouvoir capitaliste, l’irruption de la Covid n’est ni un évènement historique ni un problème politique, juste l’apparition d’un nouveau « risque » dans un monde – le leur – où il nous faut de toute manière apprendre à vivre dangereusement. Mais ce déni de réalité – logique de la part du pouvoir et de ses experts – se double d’un autre déni, a priori plus surprenant : celui de communistes qui restent bloqués dans une évaluation quantitative de la pandémie et ne voient dans son irruption qu’un sale petit fait venant contaminer leurs beaux schémas théoriques. Or fût-elle sans « biais cognitif », aucune évaluation quantitative de la pandémie ne peut nous permettre de comprendre son importance réelle, càd son importance comme fin d’un cycle historique du capital. Et surtout, les théories de la révolution communiste sont faites pour être éprouvées jusque dans le moment où le capital entre en crise, y compris quand la crise se pro­duit sous une forme totalement imprévue.

En caricaturant à peine, la position des camarades non critiques du discours du biopouvoir sur la Covid s’analyse en trois thèses : 1 l’origine du virus, on s’en fout (càd, en fait : on ne veut surtout pas examiner l’hypothèse troublante d’une fabrication artificielle en laboratoire – qui n’implique pas l’idée paranoïaque d’un lâchage volontaire du virus dans la population humaine mais bien celle, rationnelle, d’une fuite accidentelle du virus hors du laboratoire) ; 2 il n’y a rien à dire contre la politique sanitaire mise en œuvre dans tous les États, sauf que les vaccins ont tardé à venir ; 3 les réfractaires à la vaccination sont manipulés par les complotistes. On peut ici parler au singulier de la position des communistes, car il s’agit bien d’une position commune aux différents groupes communistes, qui ont confondu le refus de la « dictature sanitaire » et le discours complotiste, même si l’identification des deux comme « colère complotiste » n’a été formulée nettement que par TC. Quant à la notion même de dictature sanitaire, elle implique certes une confusion entre capitalisme et fascisme, mais elle exprime le vécu d’une masse de gens, depuis le premier confinement.

La thèse 1 écartant la question de savoir si le virus SARS-Cov 2 est d’origine sauvage ou génétiquement manipulé est aberrante, car il ne s’agit pas de répéter de façon incantatoire qu’une pandémie est un problème sanitaire mais de comprendre le processus qui a produit cette pandémie-ci, la Covid. Et puisque le virus a vraisemblablement été fabriqué en laboratoire – dans le cadre d’expériences dites de gain de fonction – d’expliquer ce qui a rendu un tel programme de recherche à la fois socialement nécessaire et techniquement réalisable, sachant que la possibilité technique est toujours surdéterminée par la nécessité sociale. (Pour passer de « vraisemblablement » à « certaine­ment », càd des indices concordants à la preuve, il faudrait une enquête scientifique indépendante du biopouvoir dans tous les instituts de recherche où ont été pratiquées des expériences de gain de fonction, aux États-Unis comme en Chine, car celle menée par l’OMS à Wuhan ne l’était pas ! (n 18) Or une telle enquête ne risque pas d’être faite ; et même si elle était faite, puisqu’elle a été ensuite demandée à la fois par un groupe bi-partisan du Sénat des États-Unis et par un groupe de scientifiques européens (n 19), elle pourrait ne pas conclure formellement à la fabrication artificielle du virus en gain de fonction, les cahiers d’expérimentation pouvant avoir été détruits ! Ce qui est en tout cas certain, c’est que la recherche effectuée en Chine a été financée à la fois par les États-Unis et, dans une moindre mesure, par l’Union européenne, càd que les trois grandes puissances capitalistes mondiales y sont impliquées. (n 20) Mais pour revenir à la question de la faisabilité des expériences de gain de fonction, la synthèse artificielle du génome d’un virus est devenue techniquement praticable depuis que des entreprises dites bio-tech vendent aux laboratoires des morceaux de génomes fabriqués sur mesure. Les laboratoires peuvent ainsi reconstituer un génome complet mais fonctionnellement plus agressif de virus à partir d’une séquence visualisée sur l’écran d’un ordinateur, même si un passage sur cellules en culture est nécessaire pour générer un virus viable. Cependant la synthèse articielle d’un virus à gain de fonction, càd plus virulent que le virus naturel dont on a cultivé la souche, ne peut être développée qu’avec l’accord des autorités sanitaires des États où ces entreprises et ces laboratoires opèrent ; et c’est à ce niveau qu’agit la détermination sociale, càd la nécessité, pour le capital, des expériences de gain de fonction. (n 21)

La thèse 2 rejetant toute critique de la politique sanitaire implique le non-examen des arguments des médecins et biologistes qui ont établi son irrationalité sanitaire et dont le travail critique a donc été tout de suite amalgamé au discours complotiste. En réalité, cette critique scientifique n’a d’abord établi qu’un fait : la pandémie a suivi son cours indépendamment des mesures de confinement et de restriction de circulation et n’a fait dans sa phase initiale, au printemps 2020, beaucoup trop de morts que parce qu’on a interdit aux malades de consulter les médecins libéraux ou les services d’urgence des hôpitaux, sauf à la dernière extrémité. (On ne soigne d’ailleurs toujours pas ou trop peu les gens contaminés par les variants du virus – bien moins virulents que le virus dans sa forme initiale – puisque officiellement il n’existe pas de médicaments actifs. Heureusement, il y a des médecins qui soignent, contre les consignes d’en haut, et même parfois des médecins hospitaliers.) D’autre part, il est maintenant établi que la vaccination anti-Covid n’est ni efficace, ni sans danger, puisque les statistiques extraites des bases officielles de pharmaco-vigilance (VAERS aux USA, EudraVigilance en Europe, ANSM en France etc) montrent que ces vaccins anti-Covid sont liés, proportionnellement, à beaucoup plus d’effets indésirables graves et de décès que les vaccins « classiques ». (n 22) En rejetant a priori cette critique, certes pas consensuelle mais sérieuse, les communistes prennent la gestion sécuritaire de la pandémie pour ce qu’elle se donne, càd pour une réponse sanitaire à un problème sanitaire. Ils ne mettent ainsi en cause ni la santé administrée par le capital, ni la science qui se fait sous sa domination (n 23), toujours plus intégrée à la production globalisée, donc toujours plus soumise aux impératifs de l’accumulation, jusque dans ses programmes de recherche.

 Enfin, la thèse 3 assimilant refus de la vaccination et interprétation complotiste de la pandémie est critiquable d’un double point de vue. D’une part, on néglige ainsi le fait que la vaccination a d’abord été discutée sur un plan strictement scientifique : dans son principe, et non pas seulement pour son éventuelle inefficacité ou nocivité. En effet, en montrant l’importance du milieu intérieur, càd l’importance de la capacité de réaction de l’organisme humain à l’agent infectieux, le physiologiste Claude Bernard critiquait en fait dès les années 1870 le présupposé qui devint au 20° siècle le dogme vaccinaliste de l’OMS et de toutes les autorités sanitaires, càd que l’agent infectieux spécifique est à la fois nécessaire et suffisant à l’infection spécifique. (n 24) D’autre part – et surtout – on occulte le problème politique de la nécessité historique de la vaccination pour la classe capitaliste, càd le problème de la fragilité biologique du travail vivant. En effet, si pour Marx, le travail vivant est celui qui, en tant que travail actuellement dépensé dans la production de marchandises, fait face au travail mort incorporé dans les machines et matières de travail, ce travail actuellement dépensé dans la production est indissociablement un travail fourni par des individus vivants, càd biologiquement fragiles, à la différence des robots, qui ne tombent jamais malades mais ne produisent aucune survaleur. Et pour la classe capitaliste, la fragilité biologique du travail est devenue intolérable depuis que le vivant est devenu génétiquement manipulable, il y a maintenant une quarantaine d’années.

En somme, sur la biopolitique sécuritaire du pouvoir capitaliste, la confusion spécifique des révolutionnaires vient s’ajouter à la confusion générale des gens d’en bas. Mais cette double confusion fait partie du problème de la révolution, tel qu’il se pose maintenant, comme rupture dans nos luttes quotidiennes avec la simple défense de nos conditions de survie sous le capital. Que les choses continuent comme avant, càd que le système continue à se reproduire en surmontant ses crises économiques périodiques, c’est bien ça, la catastrophe et elle est permanente. Mais dès mars 2020 la reproduction du capital a pris la forme du traitement biopolitique sécuritaire de la Covid ; et le plan vaccinal anti-Covid est mis en œuvre depuis la fin 2020, très brutalement ou plus vicieusement dans les différents pays, mais partout dans le monde. Surtout, la dangerosité de la vaccination anti-Covid ne se mesure pas seulement au nombre d’accidents graves ou mortels très peu de temps après l’injection ni même seulement au nombre très supérieur des gens dont le système immunitaire est déjà fragilisé par les injections déjà pratiquées, mais aussi au fait que cette vaccination se développe maintenant comme l’instrument d’une possible extension de la vaccination contre toutes les maladies infectieuses déjà repérées ou pouvant apparaître. (n 25)

Une telle généralisation de la vaccination n’est que possible pour deux raisons liées mais distinctes. Primo, la simple mise en œuvre du plan vaccinal anti-Covid a créé des problèmes qui viennent compliquer la gestion capitaliste de la crise économique. D’une part, en aggravant encore l’énorme endettement des États qui ont acheté et déjà payé d’énormes lots de vaccins aux multinationales de l’industrie pharmaceutique, dont Pfizer. D’autre part – dès qu’il y a pause dans la mise sous pression vaccinaliste des populations (comme depuis le printemps 2022) – en laissant aux États des stocks importants de doses inutilisées alors que d’autres lots de doses continuent à leur être livrés. Secundo, la vaccination anti-Covid a suscité en plusieurs pays une résistance interclassiste qui, si elle était reprise et radicalisée dans les luttes d’ouvriers, de femmes, et de groupes racisés contre le capital, deviendrait vraiment dangereuse pour le pouvoir de classe. Le bordel de la communisation n’étant bien sûr pas réductible à la fuite en avant biopolitique sécuritaire du capital, les révolutionnaires ne peuvent donc pas penser la communisation en dehors de la conjoncture pandémique.

Production sociale de la pandémie

Après avoir posé les fondements de la critique, rejeté les interprétations complotistes de la Covid, y compris celles qui se veulent radicales (n 26), et, au-delà de la Covid, défini la biopolitique du capital comme un problème que les révolutionnaires ont tout intérêt à intégrer dans le débat sur la communisation, il nous faut expliquer la production sociale de la pandémie. En effet, aussi étonnante soit-elle, cette irruption d’une pandémie spectaculairement boostée dans une reproduction du capital déjà difficile depuis la crise financière survenue en 2008 peut être comprise – rétrospectivement ! – comme préparée par la précédente restructuration du système, qui a, dans le même mouvement, détruit l’affirmation du prolétariat comme classe de la libération du travail et produit une crise écologique à la fois globale et permanente. Ceci, pour s’en tenir aux deux transformations les plus évidentes du processus d’ensemble de la production capitaliste dans le cycle d’accumulation et de luttes qui s’achève. Mais en même temps s’est produite une troisième transformation, que nous n’avons pas saisie : la redéfinition de la biopolitique du capital, d’un régime où dominait encore une prestation de soins comme salaire social indirect au régime actuel où domine l’assignation des individus de toutes les classes à des normes biopolitiques sécuritaires.

Comme politique inhérente à la production et la reproduction du rapport d’exploitation, la biopolitique du capital est évidemment antérieure à la restructuration des années 1970 et 1980. Comme l’a montré Foucault, elle est née avec le libéralisme, entre la fin du 18° siècle et le milieu du 19°, càd avec la révolution à la fois industrielle et démocratique par laquelle la production fondée sur le capital s’est imposée comme le mode de production dominant à l’échelle mondiale. Dans le travail de Foucault, l’élaboration des concepts de biopolitique et de biopouvoir est en quelque sorte le moment culminant de l’offensive théorique, où il passe de la critique des mécanismes disciplinaires construits sous l’Ancien Régime et généralisés à l’époque de la domination formelle du capital à celle des dispositifs sécuritaires propres à la société réellement dominée par le capital. Bien sûr, il ne parle pas de production ni de société capitaliste, et ne pense pas la différence entre la domination formelle et la domination réelle du capital sur le travail et la société, mais ce qu’il théorise comme nouveau mode de gouvernement des hommes n’est que le pouvoir capitaliste se déployant progressivement dans sa forme biopolitique. Dans sa perspective génétique, c’est le biopouvoir, càd un appareil de domination sur les individus vivants traités en masse comme populations, qui naît de l’ensemble des techniques biopolitiques déployées. Ces techniques de gouvernement ou de domination s’exercent sur les populations humaines en tant qu’elles sont vitales pour le développement du capital, qui s’effectue d’abord dans le cadre de territoires étatiques. Elles visent donc d’abord à maîtriser la croissance des populations et leur santé dans ce cadre territorial, surtout la croissance et la santé du prolétariat, car des travailleurs en nombre insuffisant, concentrés dans des milieux urbains malsains, et tombant trop vite malades ne peuvent pas faire la richesse des nations. Mais bien sûr les populations humaines ciblées par le biopouvoir naissant ne se réduisent pas à la population ouvrière au sens strict du livre I du Capital, càd à l’ensemble des travailleurs salariés productifs de survaleur, ni même au sens large des livres II et III, intégrant les travailleurs improductifs subsumés sous le capital commercial ou bancaire.

Il faut absolument garder à l’esprit cette distinction entre la naissance de la biopolitique et son développement ultérieur pour bien comprendre la genèse de la Covid, car la biopolitique du capital, comme la production capitaliste elle-même, est un processus historique. Entre les premières formes de médecine socialisée des 18° et 19° siècles (médecine d’État prussienne, médecine du travail anglaise, médecine urbaine française) et la Santé publique déjà mondialisée d’après la Seconde Guerre au 20°, il y a toute la différence entre la domination formelle et la domination réelle du capital. Après 1945, la classe capitaliste ne dit plus seulement aux prolétaires et, plus largement, à tous les esclaves salariés : ta force de travail m’appartient, mais : ta vie toute entière, force de travail et capacité vitale, m’appartient. C’est bien l’idée qu’exprime alors la Constitution de l’OMS en définissant la santé comme « état de complet bien-être physique, mental, et social ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Définition typiquement orwellienne en ce qu’elle dit en réalité le contraire de ce qu’elle a l’air de vouloir dire : à savoir que l’individu réputé sain, dans la population saine, n’est pas celui ou celle qui s’imagine avoir un droit imprescriptible au bien-être total, mais celui ou celle qui se soumet, au nom du total bien-être promis, aux injonctions de l’appareil sanitaire global. Et c’est précisément cette définition orwellienne de la santé que met en cause Foucault en disant que le vieux pouvoir souverain de faire mourir ou laisser vivre a été pénétré et modifié par celui de faire vivre et laisser mourir. (n 27).

Mais jusqu’à la restructuration des années 1970 et 1980, le biopouvoir faisait vivre plus qu’il laissait mourir : il soignait tous les assurés sociaux malades et n’érigeait pas la vaccination en norme sécuritaire. Le principe commun aux deux périodes, la première où dominait le faire-vivre et la seconde où domine le laisser-mourir – càd le vaccine-toi ou crève, car tu n’auras rien d’autre, en guise de soins contre les maladies infectieuses, que des vaccins – est la définition par le biopouvoir de la santé des populations, càd de ma santé comme de la tienne. Ainsi que la Santé publique soit administrée principalement par l’État ou, comme c’est toujours plus le cas, par un partenariat public-privé où domine le capital privé (càd les assurances, les entreprises de soins, et les fondations privées globales), elle est toujours un appareil du capital, qui dépolitise la maladie en la médicalisant. En effet, d’une part, la socialisation de la médecine n’est rien d’autre que la médicalisation de la maladie, car la maladie n’a pas toujours été médicalisée : de fait, elle ne l’était pas en Occident jusqu’à l’époque de révolution et de contre-révolution de 1789-1815 étudiée par Foucault dans Naissance de la clinique. D’autre part, la médicalisation de la maladie, càd sa définition et son traitement par un appareil sanitaire se renforçant avec le développement de la production capitaliste, est identique à sa dépolitisation, car la maladie est toujours déjà politique en tant que socialement déterminée par l’ensemble des conditions d’existence pathogènes faites aux individus sous le capital. (Cela ne signifie nullement que la maladie pourrait disparaître avec le capitalisme, mais que chaque forme d’organisation de la vie sociale humaine a ses maladies spécifiques. Et que dans un monde communisé, qui ne serait pas une société dominant les individus, les maladies existantes seraient pensées et traitées d’une tout autre façon.) Autrement dit, l’individu biologique – l’être de chair et de sang qui peut toujours tomber malade et qui, de toute façon, grandit, vieillit, et meurt – est toujours déjà subsumé sous l’individu social, défini sous le capital par son appartenance de classe, par son identité de genre (naturalisée comme sexe), et s’il appartient à un groupe racisé, par son assignation à une « race ». L’appareil sanitaire n’est donc pas à défendre comme œuvrant au « bien public » – même si nous avons tous et toutes, un jour ou l’autre, recours à l’hôpital ou au médecin et même si les gens qui nous soignent font en général bien leur boulot dans les toujours plus misérables conditions que le biopouvoir leur impose. C’est, indissociablement, un appareil de réparation des corps et de formatage des esprits ; et il l’est sur un autre mode mais au même titre, par exemple, que l’appareil scolaire qui, indissociablement, transmet des connaissances, générales ou spéciales, et produit du consensus.

Avant d’examiner la résistance (n 28) – quantitativement et surtout qualitativement limitée – opposée depuis 2020 à la biopolitique sécuritaire, il faut généraliser ce qui vient d’être dit sur la production sociale ou socio-historique de la Covid. Synthétiquement, il y a eu, dans le cycle historique du capital qui maintenant s’achève, globalisa­tion conjointe de la Santé publique, de la recherche en biologie, et de l’industrie de la santé. Il ne s’agit donc pas de dénoncer la rapacité de « Big Pharma », comme le font les démocrates radicaux. En effet, l’industrie qui produit les médicaments et vaccins n’est qu’une partie de l’industrie de la santé. Et cette industrie, en sa totalité, n’est à son tour puissante qu’à l’intérieur d’un complexe politico-scientifico-industriel, en l’occurrence un biopouvoir, qui la dépasse très largement. Autrement dit, ce n’est pas seulement une fraction, même financièrement puissante, de la classe capitaliste qui s’est engagée dans la mise en œuvre d’une biopolitique sécuritaire vaccinale ; c’est toute la classe, même si cet engagement collectif n’implique pas nécessairement l’absence de conflits en son sein. Par exemple, en France, les objections faites depuis la fin 2021 par le Medef à l’extension du passe sanitaire ou vaccinal à toutes les entreprises et tous les salariés pourraient traduire l’existence d’un tel conflit. (Le conditionnel est de rigueur, pour deux raisons. D’une part, malgré le blocage en octobre 2021 des ports de Gênes et Trieste par les dockers italiens, l’opposition spécifiquement ouvrière à l’obligation vaccinale (de fait ou de droit) reste quasi nulle dans le monde ; et même la révolte ouvrière et interclassiste qui s’est produite en Chine, à l’automne 2022, si elle a été déclenchée par l’aberrante politique zéro Covid, n’a pas mis en cause la biopolitique du capital en tant que telle (n 29). D’autre part, même si le capital industriel peut s’opposer à l’extension de la vaccination en percevant mieux que le capital financier ses risques pour la force de travail, rien n’indique pour le moment qu’il se soit engagé dans cette voie.) En tout cas, cette biopolitique vaccinaliste implique tendanciellement l’extension de l’obligation vaccinale (de fait ou de droit) avec l’effondrement à terme du service public de soins, de graves effets spécifiques sur la santé des femmes, et l’essor de la cybermédecine (càd d’une médecine automatisée sans contact ni dialogue entre soignant-e-s et soigné-e-s). (n 30)

Analytiquement, il faut commencer par la Santé publique, puisque cet appareil définit toujours ce que doit être la santé administrée d’en haut, qu’il soit directement géré par l’État national ou par le capital privé global. De plus, comme appareil à la fois institutionnel et idéologique, il ne peut définir la santé des populations que dans les limites de science biologique et d’une technique médicale n’ayant pas d’autre horizon que la reproduction du rapport d’exploitation capitaliste. En d’autres termes, la biologie produit certes des connaissances objectives sur les processus de la vie dans les êtres humains, mais dans les limites d’un paradigme réductionniste, biochimique, élaboré au niveau moléculaire du vivant. De plus, la biologie normale, càd embarquée dans la fuite en avant sécuritaire du capital, est gangrénée par le dogme du programme génétique et elle a donc beaucoup de mal à comprendre qu’on ne peut pas penser le cours d’une pandémie sans intégrer l’équation darwinienne selon laquelle la virulence du virus est en raison inverse de sa transmissibilité ; or cette équation implique, même pour un virus génétiquement trafiqué, des variants moins virulents que le virus en sa phase d’attaque. En fait, les biologistes bien-pensants n’ont fini par intégrer le facteur évolutif qu’avec retard par rapport aux scientifiques critiques. Pour les mêmes raisons, càd parce qu’elle est bloquée sur un paradigme réductionniste biochimique du vivant et sur le programme génétique (n 31), la biologie normale, càd non critique de la génétique, ne comprend pas la différence entre vacciner et soigner. Plus précisément, elle ne comprend pas la différence entre vacciner des masses d’individus qui, en général, développent une immunité spécifique contre le nouvel agent infectieux spécifique et soigner au plus vite les seuls individus ayant développé les symptômes de la maladie. Elle ne comprend donc pas qu’il puisse exister une critique scientifiquement fondée de la vaccination, car elle confond la norme et les « faits », càd les résultats validés de la recherche.

En second lieu, il faut bien sûr analyser la globalisation de la recherche biomédicale, liée à l’essor de la recherche industrielle. En fait, l’essor de la recherche industrielle, même s’il commence entre les deux guerres mondiales du 20° siècle, s’accélère beaucoup après la seconde, avec le développement de ce qu’on appelle maintenant la Big Science. Mais cette science à très gros moyens, si elle est d’abord financée et promue par l’État industriel keynésien, dans les années 1950 et 1960, est depuis la restructuration capitaliste des années 1970 et 1980, de plus en plus financée et dominée par le capital privé – domination qui participe à l’autonomisation de la recherche biomédicale et plus généralement à l’autonomisation du biopouvoir par rapport à la puissance toujours déjà légitimée des États. Ainsi le biopouvoir n’est certes pas devenu indépendant du pouvoir capitaliste global, mais un certain dysfonctionnement a pu se produire entre les diffé­rentes instances (économique, politique, idéologique) et les différents appareils (scientifique, technique, politico-sanitaire) du capital. Concrètement, des expériences aussi dangereuses que celles visant à obtenir un « gain de fonction » sur des virus génétiquement modifiés n’ont pu se développer dans aucun État, que ce soit aux States ou en Chine, sans que les gouvernements concernés en soient informés par leurs agences nationales de santé, mais cela n’implique pas nécessairement que les gouvernants aient été instruits de toutes les conséquences possibles.

En troisième lieu, vient l’analyse de la globalisation de l’industrie de la santé, la première intéressée à la biopolitique sécuritaire mais non la seule, car cette industrie est massivement investie par les compagnies géantes de l’Internet, les Gafa ou Gafam, si l’on inclut Microsoft. (n 32) Dans la globalisation de la production capitaliste, l’industrie de la santé (n 33) a été dès les années 1970 un secteur en pointe, mais le mouvement s’est accéléré dans les années 1980, avec le brevetage du vivant (càd du vivant génétiquement modifié) et l’essor des techniques de manipulation des génomes. On vérifie donc ici que la pandémie Covid ne résulte pas d’un complot mais d’une fuite en avant biopolitique sécuritaire du Capital. La redéfinition biopolitique du travail vivant comme travail biologiquement fragile à « sécuriser », c’est une évolution nécessaire du système, quand il acquiert les moyens de reconstruire le vivant à même sa structure intime, et même s’il y a de hauts responsables qui peuvent avoir parfois des doutes sur le résultat final du processus pour « l’optimisation » de l’exploitation capitaliste, le processus est engagé au niveau global. De même, l’investissement massif du capital dans une industrie qui promet de juteux profits, c’est le fonctionnement tout ce qu’il y a de plus « normal », càd nécessaire, du système – surtout quand l’industrie qui attire les capitaux s’insère dans un biopouvoir facilitant beaucoup les opérations.

En somme, la Santé publique n’est pas, comme le croient même les gens qui se sont posé des questions sur la politique sanitaire anti-Covid, une politique des États répondant plus ou moins bien à une demande sociale de soins de santé, mais la gestion prévi­sionnelle des populations par le biopouvoir capitaliste. Or définie et administrée en dehors des individus, seulement classés en différentes catégories d’âge, de sexe, et de risque – càd non effectivement individualisés – et définie uniquement sur le critère de la capacité de travail des gens réputés sains, la Santé publique n’est rien d’autre qu’un appareil du capital plus consensuel que d’autres. Par son action, les individus de toutes les classes sont réduits à des catégories biologico-statistiques et leurs conditions sociales d’existence (celles liées au mode de vie hors travail salarié comme celles liées directement au travail), réduites à des variables secondaires, alors qu’elles sont pathologiquement déterminantes. Ainsi, partant de l’intuition que la Santé publique fait problème comme appareil du capital et comme appareil branché sur une recherche biomédicale scientiste, on aboutit, par l’intégration du concept de biopolitique, à la conclusion paradoxale que la sécurisation biopolitique du travail menace en fait la santé des travailleurs des deux sexes (notamment celle des travailleurs dits maintenant essentiels à la simple continuité de la production et de la consommation) et leur reproduction (passant toujours par les ventres des femmes). On aboutit donc à la thèse – marxistement hérétique mais communistement soutenable – que le capital peut en venir à menacer, par sa propre prévention sécuritaire des maladies infectieuses, l’entretien et la reproduction de la force de travail.

Qu’en est-il maintenant de la résistance à la biopolitique sécuritaire et de son éventuelle intégration dans les luttes générales contre le capital en crise ? Avant de répondre, il faut ici encore remonter au début du cycle du capital qui maintenant s’achève. Dans les années 1970, l’un des effets de la contestation généralisée qui se développait en plusieurs pays d’Europe de l’Ouest a été de repolitiser pour un temps la maladie, physique ou mentale, ce dont témoigne tout le travail des antipsychiatres, du SPK, et de Foucault dans ces années-là. (n 34) Un demi-siècle après, on peut reconstituer la transformation de la biopolitique dans le cycle de la globalisation capitaliste en utilisant les textes d’historiens de la santé qui ont plus ou moins intégré la critique de Foucault. (n 35) En termes économiques, on est passé du régime social-libéral keynésien au régime néo-libéral, où l’État n’intervient en fait pas moins dans l’économie, mais différemment. Il s’agit d’une transformation qualitative, dont on n’a en général perçu que l’aspect quantitatif, la réduction progressive mais drastique du service public de santé. En réalité, dans ce nouveau régime biopolitique, incluant un discours hygiéniste moralisateur sur la prévention des maladies, les travailleurs sont devenus responsables de leur santé face au biopouvoir et sommés – surtout les prolétaires – d’adopter un mode de vie non pathogène n’impliquant aucun surcoût social pour le capital : en termes clairs, ne pas s’alcooliser ni se droguer, dans un monde pourtant toujours plus insupportable. Quant aux travailleuses, elles ont été ramenées par diverses pressions combinées, légales ou brutales, à la norme de la double journée de travail – domestique et salarié – et sommées, elles aussi surtout comme prolétaires, de ne pas « abuser » de leurs droits à l’avortement ou à des aides sociales. Et des deux côtés de la division de genre – de façon très asymétrique, puisque ce ne sont en général pas les femmes qui font violence aux hommes – chaque homme ou femme exploité-e est ainsi censé-e maintenir sa force de travail en bon état pour le plus grand profit du capital. Cependant, à mesure que se développaient de nouvelles maladies infectieuses (comme le Sida partout dans le monde) et que faisaient même retour les anciennes (comme la tuberculose en Russie post-soviétique), la recherche biomédicale et l’industrie de la santé s’orientaient de plus en plus vers la production de vaccins censés les éradiquer. C’est dans ce cadre qu’ont pu se développer les expériences dites de gain de fonction, associant la fabrication  de virus génétiquement modifiés et celle des vaccins censés les combattre. (n 36) Dans ces expériences le raisonnement est vicié par un court-circuit logique, puisqu’en concevant des virus super virulents pour développer des vaccins super efficaces, les chercheurs en gain de fonction supposent que les virus qui vont émerger dans les populations humaines seront nécessairement ceux qu’ils ont d’abord conçus pour pouvoir les combattre au moyen de leurs super vaccins.

Mais pour revenir à la vaccination forcée mise en œuvre au niveau mondial, il ne suffit pas de constater qu’elle a été massivement acceptée dans tous les pays du monde ; il faut expliquer pourquoi la masse de la population mondiale n’y a pas résisté. Càd pourquoi, malgré les émeutes anti-confinement et les manifs anti-passe dans plusieurs pays, malgré même un timide début d’intégration des luttes contre l’obligation vaccinale dans les luttes générales contre le capital (blocage par les dockers des ports de Gênes et Trieste en Italie et révolte contre la politique zéro-Covid en Chine), la résistance prolétarienne aux attaques du capital est encore prise dans le consensus sanitaire qui empêche de comprendre et combattre sa biopolitique. En fait, depuis qu’a commencé la campagne mondiale de vaccination anti-Covid à la fin 2020, il devient toujours plus évident que la vaccination généralisée des populations, d’abord contre la Covid puis contre d’autres pandémies anticipées, est l’enjeu réel de toutes les politiques sanitaires appliquées au niveau national ou supra-national. Mais ici on ne peut pas faire abstraction de la crise de la société salariale dans les années 2010 et de la fixation progressive des luttes sur l’État, càd de la construction dans les luttes de l’État comme étant indissociablement le problème et la solution. (n 37) On peut encore moins faire abstraction du non-dépassement de cette fixation sur l’État par des mouvements pourtant de fait « anti-système » comme ceux de l’année 2019 dans le monde, y compris celui des Gilets Jaunes en France. Toute politique du capital – économique, écologique, ou « sanitaire » – est donc encore combattue dans les limites de ce populisme national, qui n’est pas plus de droite que de gauche, car ce clivage, encore fonctionnel au niveau de la représentation politique, n’existe plus dans les luttes.

Certes, la guerre contre les réfractaires à la vaccination n’est pas finie, mais pour quelles raisons le biopouvoir mondial a-t-il gagné la première bataille ? Primo, tout en restant ferme sur l’objectif stratégique, le biopouvoir a été tactiquement souple dans l’application des contraintes successives à diverses catégories de population et toujours tenu compte des conditions spécifiques de l’histoire nationale. Secundo, la croyance en l’État comme veillant à la santé du Peuple fait partout partie du consensus politique liant les classes dominées à la classe dominante et rend tout écart individuel dangereux, que l’État soit « libéral » ou « autoritaire », càd qu’il laisse ou non aux individus une sphère d’autonomie formelle. Tertio, la résistance d’en bas à la vaccination imposée ne pouvant démarrer que sur une base interclassiste et la résistance prolétarienne aux attaques du capital restant encadrée par des syndicats et partis défendant l’esclavage salarié – donc acquis au consensus sanitaire qui, depuis 1945 au moins, en fait partie – les deux mouvements se sont d’abord développés séparément. En somme, l’épouvantail du complotisme et la propagande vaccinaliste n’ont pu agir que sur la base des mécanismes structurels de domination, qui continuent à fonctionner en temps de crise, tant que ceux d’en haut veulent encore et que ceux d’en bas peuvent encore vivre comme avant – càd tant qu’en haut on veut encore exploiter et tant qu’en bas on peut encore résister à l’exploitation comme avant. Et ces mécanismes de domination ne peuvent être détruits que par un large mouvement d’en bas qui, se développant à partir de luttes (d’abord parallèles) d’ouvriers, de femmes, de groupes racisés sur leurs propres besoins immédiats, mette en cause de plus en plus consciemment la domination du capital et donc aussi le consensus sanitaire. Car seul un tel mouvement, s’interrogeant sur ses propres causes et les dépassant dans et par sa propre action devenant plus consciente, pourrait mettre fin à la confusion anxieuse entre le spectacle de la catastrophe – celui de l’accumulation des risques sur un monde qui serait, par ailleurs, le meilleur des mondes possibles – et la catastrophe occultée – càd la possible reproduction du système capitaliste. (n 38)

Ce que la conjoncture pandémique met à l’ordre du jour, c’est donc une problématique de la révolution liant la critique de l’exploitation à celle de la domination, car le consensus sanitaire, liant les classes dominées à la classe dominante dans l’illusion que l’État et la Science veillent à leur santé, ne s’articule pas directement sur la reproduction des conditions de l’exploitation. Or la critique des rapports de domination – produits et reproduits par différents appareils institutionnels du capital mais intériorisés par l’inter-action micro-sociale des individus dans la famille ou le collectif de travail – a d’abord été développée durant la contestation généralisée d’après 1968. Qu’ils aient alors mis en cause le pouvoir mâle, le racisme blanc, la prison et l’asile, ou même le productivisme du capital destructeur de la nature, l’idée-force de tous les mouvements se déclinait en deux thèmes alors très nouveaux : le quotidien est oppressif, le personnel est politique. Et c’est dans cette contestation généralisée que Foucault produisit en France son concept de biopolitique, tandis qu’un petit milieu issu de l’ultragauche historique élaborait de son côté la théorie de la communisation. Certes, noter que ces deux révolutions théoriques se sont produites en même temps, dans le même pays, à la fin des années 1970, n’est pas prouver qu’elles sont intrinsèquement liées. Mais c’est bien dans la crise finale de l’affirmation du prolétariat que s’est produite l’autonomisation des différents « sujets » contestataires et la mise en cause de tous les savoirs-pouvoirs spécialisés, de l’économie à l’écologie en passant par la biologie et la médecine. Et c’est bien de la critique de l’affirmation du prolétariat comme classe rivale de la classe capitaliste pour la gestion de la société qu’un groupe comme TC est parti pour élaborer les concepts de restructuration de l’exploitation et de nouveau cycle d’acccumulation et de luttes. Il y a là au moins une corrélation, qui rend suspecte l’opposition abstraite de la critique de l’exploitation à celle de la domination et le rejet par TC de l’apport de Foucault. (n 39) Car si sa théorie micro-physique du pouvoir comme diffus dans toute la société n’était certes pas une théorie de la contradiction prolétariat / capital, Foucault avait à sa manière compris que la révolution destructrice du Capital n’est pas une prise de pouvoir. En fait, dans le discours des luttes de son temps, notamment dans celui des enfermés, il pensait les luttes elles-mêmes, au moins celles visant spécifiquement le capital comme domination. (n 40) Ainsi reprendre de façon critique son concept de biopolitique n’est pas confondre l’exploitation avec la domination, car si tous les individus exploités sont aussi dominés, tous les dominés ne sont pas exploités. Ce n’est pas non plus construire la classe révolutionnaire, le prolétariat, à partir de l’individu prolétaire, mais, à l’inverse, l’individu à partir de la classe, car on part non du vécu, mais du concept de l’exploitation.

Vers la communisation ?

En étudiant la production sociale de la pandémie dans le changement de régime biopolitique effectué durant le cycle du capital qui s’achève, nous avons montré comment la fuite en avant sécuritaire dans une vaccination tendanciellement généralisée s’inscrit dans la globalisation de l’exploitation. Et plus encore dans la crise de la globalisation, puisque les premiers scénarios prévisionnels d’une pandémie de type Covid remontent à 2010 et sont surdéterminés, du côté du capital, par la nouvelle crise économique à surmonter. Mais avant d’analyser comment, dans et contre la putain de conjoncture pandémique, la résistance prolétarienne aux attaques du capital peut se transformer en contre-attaque posant la question de la rupture communisatrice, il faut se demander si vraiment la classe capitaliste projette une sortie de pandémie. En effet, le relâchement des contraintes sanitaires sur les populations n’est pas, depuis le printemps 2022, un renoncement à la stratégie vaccinale, face à toutes les pandémies qui pourraient survenir. D’une part, les États dominants et l’OMS n’envisagent manifestement pas de proclamer la fin de la pandémie Covid – et d’ailleurs l’OMS a modifié après la grippe H1N1 la définition officielle de la notion de pandémie en ce sens qu’elle emploie maintenant le terme en cas de propagation mondiale d’une nouvelle maladie sans tenir compte de sa gravité. (n 41) D’autre part, la levée partielle des restrictions sanitaires n’est effective que dans les pays développés d’Occident et dans les pays sous-développés qui en dépendent.  En fait, le relâchement de la pression vaccinaliste sur les populations – qui coïncide avec l’invasion russe en Ukraine, càd avec un changement d’agenda pour les dirigeants – ne résulte guère de la résistance, minimale, des populations à la vaccination, même soutenue par une critique scientifique perçant un peu le mur de la censure et du dénigrement. Il s’explique surtout par les difficultés de ces États dans la réalisation intégrale du programme vaccinal sur des populations déjà largement vaccinées à raison de plusieurs doses en deux ans, depuis la fin 2020. Car ces États continuent à recevoir des lots importants de doses déjà payées aux entreprises multinationales de l’industrie pharmaceutique, alors qu’ils en ont encore des lots importants en stock et qu’il n’est pas question de brader ces lots aux pays sous-développés. (n 42) On peut donc exclure une sortie globale claire et nette de l’état d’urgence pandémique.

Qu’en est-il maintenant de la question fondamentale de cette conjoncture pandémique, celle de la rupture communisatrice ? Sachant, d’une part, que la fixation des luttes sur l’État ne sera pas dépassée du jour au lendemain et, d’autre part, que le moment actuel de la lutte des classes inclut du côté capitaliste une tendance à la guerre, il s’agit maintenant de penser le développement actuel de la crise et des luttes dans la perspective de la communisation. Càd d’abord dans la perspective de la restructuration de l’exploitation, non encore produite mais déjà recherchée par la classe capitaliste, puisque sous la notion inconsistante de Reset, c’est d’une restructuration supérieure de l’exploitation qu’il s’agit dans le rapport du Forum de Davos. Et c’est bien cette restructuration qui est en jeu dans les luttes actuelles des gens d’en bas, que les différents « sujets » en lutte soient constitués sur la base de la classe (ouvrière), du genre (femmes), de la racisation du prolétariat (blancs vs non-blancs), ou même de l’opposition interclassiste immédiate à l’obligation vaccinale. Mais si l’éclatement des luttes et leur fixation progressive sur l’État ont réduit notre capacité à prévoir comment les différentes contradictions du capital peuvent se nouer dans une unité de rupture avec la simple défense de nos conditions de survie dans le système, nous ne pouvons pas encore analyser très précisément les conditions actuelles de la rupture communisatrice. Il s’agit donc d’abord de s’orienter sur un terrain bouleversé par un mouvement des luttes non conforme aux prévisions d’avant 2010-2011, càd d’avant le soulèvement arabe. Ceci dit, on peut au moins définir en gros les problèmes de la rupture, tels qu’ils ont été reformulés par le cours du capital et des luttes depuis. En y intégrant la mise en cause radicale de la biopolitique sécuritaire du Capital (n 43), ce sont le développement de la crise économique en rapport avec les difficultés d’une restructuration supérieure de l’exploitation ; la militarisation possible des conflits intercapitalistes en rapport avec la restructuration capitaliste en panne comme avec les limites des luttes anti-capitalistes ; et la compréhension non normative, càd non a priori unifiante, du processus bordélique des luttes.

Bien sûr, l’irruption de la Covid n’a pas engendré la crise du capital, qui ne se portait déjà pas bien depuis 2008, et la gestion biopolitique sécuritaire de la pandémie n’a en elle-même aucun potentiel restructurant. Cependant, même si la crise ne s’est pas encore transformée en crise de la valeur, les évènements survenus depuis le premier confinement général du printemps 2020, notamment le retour mondial de l’inflation, donnent à penser qu’on va dans cette direction. (n 44) Ainsi du sous-investissement productif lié à la baisse des gains de productivité des années 2010, le capital est passé, depuis 2020, à l’inflation monétaire. Or l’inflation est incompatible avec l’accroissement sans fin du capital fictif sous forme de monnaie de crédit – même si l’on suppose que les Banques centrales et les États dominants la laissent d’abord se développer parce qu’elle diminue la dette cumulée des entreprises et des États. Elle est également incompatible avec l’important accroissement de la fraction constante du capital productif nécessaire à une augmentation significative du taux de survaleur. (L’inflation de la masse monétaire en circulation est incompatible avec l’accroissement indéfini de la monnaie de crédit, car la monétisation des dettes ou la création massive de monnaie de singe retarde la dévalorisation massive du capital fictif nécessaire à la restructuration de l’exploitation. De plus, une relance de la production globale de survaleur impliquerait une recomposition du travail global sur la base d’une exploitation accrue par extraction accrue de survaleur, à la fois sur le mode relatif et sur le mode absolu, ce qui implique une certaine définanciarisation du capital global.) Si donc l’inflation échappe à tout contrôle, le système capitaliste va se retrouver dans une situation désastreuse, où la stagnation de la production coïncide avec la difficulté croissante des échanges, entre capitaux comme entre revenus et capital. Quoi qu’il en soit, le retour mondial de l’inflation se traduit déjà par une hausse mondiale du coût de la survie pour le prolétariat et même pour de larges fractions de la classe moyenne salariée, notamment dans les États dépendant financièrement de la rente liée à l’extraction des matières premières. Et comme la survie quotidienne est déjà très difficile pour des masses énormes de gens d’en bas, contraints de faire des choix impossibles entre plusieurs dépenses incompressibles (logement, éclairage et chauffage, essence, nourriture, etc), on peut supposer que des écarts annonciateurs de rupture vont se produire dans le mouvement réel des luttes. (n 45)

Dans ces conditions, très dures pour nous mais pas pour autant très favorables pour eux, la classe capitaliste ne peut produire une restructuration supérieure de l’exploitation qu’en retournant contre nos luttes leurs propres limites, et non en se contentant de nous imposer sa normalisation biopolitique sécuritaire. Càd qu’elle doit recomposer le prolétariat de façon à ce que la reproduction du travail nécessaire – et d’abord la reproduction du travail productif de survaleur – soit moins déconnectée de la valorisation du capital sur chaque zone de l’économie globale. Ça n’est pas a priori facile pour eux, ni au niveau du rapport des capitaux entre eux (recomposition des chaînes de la valeur) ni au niveau du rapport capital / travail (recomposition de la division sociale et technique du travail). Et ça ne pourrait se faire, du côté travail, que par deux moyens combinés. Le premier serait d’abaisser encore la valeur des marchandises nécessaires à la reproduction de la force de travail, mais cela impliquerait des investissements productifs importants dans la section produisant les biens de consommation, dont les profits ne seraient sans doute pas immédiatement au niveau de la norme très élevée exigée par le capital financier. Un second moyen serait d’exploiter plus d’ouvriers et d’ouvrières à population laborieuse globale supposée constante, càd d’augmenter le taux d’emploi global, tout en maintenant la précarisation différenciée du travail suivant la division de genre et les types d’emplois et supprimant seulement ses formes contre-productives extrêmes, càd les contrats du type zéro heures = zéro salaire assuré. Mais la classe capitaliste ne pourrait augmenter le taux d’emploi global qu’en maintenant la fluidité et la continuité du travail global, càd en supprimant ce qui reste de séparation protectrice entre temps de travail et temps dit libre. Soit au moyen d’une extension du télétravail, soit par d’autres moyens, comme le contrat de mission, où le travailleur est embarqué avec le capital sur un lieu de travail qui devient, pour le temps de la mission, son lieu de « vie » (Foxconn, par exemple). Quant au nécessaire « compromis » entre capital et travail, il profiterait surtout au capital, avec une protection sociale du travail (chômage, maladie, vieillesse) à la fois réduite en valeur globale et individuellement très différenciée.

Une reconnexion partielle de la reproduction du prolétariat global à la valorisation du capital global, càd une meilleure intégration du travail au capital, sur chaque zone, n’impliquerait donc nullement une atténuation de l’exploitation. Non seulement parce que la masse globale du travail productif ne pourrait être maintenue, à population ouvrière supposée constante, qu’en étant répartie sur plus de travailleurs et travailleuses, à moindre coût salarial individuel, mais aussi parce que les combinaisons sociales du travail productif et du travail improductif de survaleur seraient elles-mêmes bouleversées en fonction de l’exploitation accrue du travail productif nécessaire. En subiraient alors les conséquences et le prolétariat des services, improductif de survaleur mais exploité, et la classe moyenne salariée, également improductive mais non exploitée. Le développement actuel de la crise n’est pourtant pas lié aux seules difficultés d’une restructuration supérieure de l’exploitation. Il est aussi lié à la militarisation des conflits intercapitalistes que peut entraîner l’existence même de cette contradiction majeure qu’est une restructuration à la fois nécessaire et non encore produite. Et dans cette militarisation des conflits entre les différentes fractions dominantes de la classe capitaliste globale, le prolétariat peut toujours être embarqué – du moins tant que le mouvement des luttes n’a pas produit son propre dépassement communisateur.

Dans cette perspective intégrant développement de la crise économique, militarisation des conflits intercapitalistes, et limites des luttes prolétariennes, on peut reprendre la thèse initiale de R.S. dans son texte Ukraine 2022 (n 46), « L’invasion de l’Ukraine par la Russie n’est pas une guerre mondiale, mais c’est une guerre au niveau mondial. » Pourtant, n’étant pas dès le début mondiale, la guerre qui fait rage en Ukraine peut le devenir, soit par le mouvement même des contradictions qui l’ont produite, soit en s’articulant à un autre conflit intercapitaliste se développant sur d’autres zones de tension géopolitique. Et l’autre zone de tension pourrait bien être la zone extrême-orientale, où s’affrontent déjà, sur un mode non encore militaire, la Chine et les États-Unis alliés au Japon. Mais comme l’explique R.S, « Le capital ne produit jamais par lui-même de solutions à ses contradictions, ni dans le seul affrontement concurrentiel entre puissances. Au fondement, il a toujours l’exploitation qui fait que cet affrontement ne prend un sens que de par la confrontation avec le prolétariat. » Or si, « actuellement, ni les États-Unis, ni la Russie, ni la Chine, ni l’Europe ne représentent une restructuration à venir » et si le jeu, jusqu’à la guerre entre ces puissances, « n’est que l’existence manifeste de la contradiction à résoudre et qui les traverse », on ne peut pas conclure seulement, comme le fait R.S, que « la restructuration est en panne ». Il faut aussi se demander si la résistance prolétarienne aux attaques du capital n’est pas elle-même un peu en panne.

De toute façon, depuis 2010-2011, càd depuis le moment où les luttes ont commencé à se fixer sur des enjeux nationaux, la classe capitaliste n’a pas attendu d’avoir produit une restructuration pour s’attaquer toujours plus durement aux conditions d’existence du prolétariat. Et depuis l’irruption de la Covid en 2019-2020, qui a fait replonger une économie déjà pas brillante dans la crise, elle a déjà largement supprimé les mesures de soutien au profit et au salaire qu’elle avait d’abord prises. Dans cette situation où ni l’une ni l’autre des deux classes antagonistes n’a vraiment pris l’offensive, il n’y a rien d’étonnant à ce que les conflits inter-capitalistes se militarisent. En Ukraine, la guerre a éclaté à la fin février 2022 parce que l’expansion politico-militaire de l’OTAN et l’expansion économique de l’Allemagne aux limites de l’ex-URSS ont poussé l’État russe du côté où il penche, en tant qu’État rentier, càd du côté de la récupération militaire du territoire perdu en 1991. Cette guerre va sans doute durer encore pas mal de temps, pour plusieurs raisons liées. D’abord parce qu’elle a déjà suscité, du côté russe, une certaine résistance de la population civile et des troupes et parce que l’État russe peut engager en réponse à cette résistance des troupes supplémentaires. Ensuite parce que l’armée et les milices ukrainiennes ne semblent pas capables de repousser rapidement l’agression russe, malgré l’aide militaire et financière des États-Unis et de l’Union Européenne. Enfin et surtout parce que la stratégie de l’OTAN face à l’invasion russe est celle d’un engagement limité : des armes (performantes) et des crédits (à court terme) sont fournis à l’État ukrainien, mais aucune zone d’exclusion aérienne n’a été mise en place pour empêcher les bombardements russes, ce qui aurait entraîné une escalade militaire des deux côtés. Ceci dit, au-delà du champ de bataille ukrainien, les lourdes sanctions économiques prises par les États-Unis et l’Union Européenne contre la Russie, en aggravant durement les conditions de survie du prolétariat russe, vont-elles susciter en ce pays un dépassement de la simple opposition à la guerre dans une mise en cause de l’exploitation ? C’est une question qui ne peut-être tranchée que par le prolétariat lui-même et seulement à un niveau mondial, càd au moins en Europe de l’Ouest comme en Russie et en Ukraine. En tout cas, se situant dès le départ au niveau mondial, l’invasion russe en Ukraine représente déjà un premier cas de militarisation des conflits inter-capitalistes dans la crise du système. Pour les fractions du prolétariat mondial qui en viendraient à rompre avec la simple défense de la condition prolétarienne, il ne s’agira donc peut-être pas seulement de saboter la mobilisation d’abord idéologique des « peuples » par les États, mais aussi de déterminer par quels moyens des luttes prolétariennes se radicalisant peuvent saboter même la mobilisation militaire des professionnels de la guerre.

Mais dans la production de la rupture communisatrice, le principal problème est précisément la radicalisation des luttes défensives contre les attaques du capital et donc une conception non normative, càd non a priori unifiante, du processus bordélique des luttes. Écartons d’abord la conception démocratique radicale de la convergence des luttes, réactivée en 2019 par la montée des contestations « anti-système » dans le monde. Ne peuvent en effet « converger » – càd, en fait, se fondre en un même mouvement de rupture avec la simple défense de nos conditions de survie sous le capital – que des luttes qui ont d’abord produit leur propre généralisation ou radicalisation sur leur propre base particulière, en approfondissant et dépassant leurs propres causes initiales. Écartons aussi tout de suite, car elle reste active dans le petit milieu de la commu­nisation, la théorie de l’autonégation du prolétariat, selon laquelle la rupture communisatrice suppose, comme condition préalable, une réaffirmation du prolétariat « pour se nier ». Quoi qu’il advienne des luttes, il n’y aura pas de réaffirmation du prolétariat. Parce que son affirmation historique comme classe rivale de la classe capitaliste pour la gestion de la société a été détruite avec sa base matérielle, l’identité ouvrière ancrée dans les rigidités de l’accumulation du cycle fordiste. Et parce que nulle réaffirmation de la classe n’est possible sur la base d’une autonomie ouvrière (càd d’une théorie activiste de l’offensive permanente) qui, depuis les années 1980, n’existe plus dans les luttes.

Conclusion

Le problème de la communisation se réduit donc à celui de ses conditions actuelles, inhérentes au mouvement réel des luttes. Problème qui se décline en plusieurs questions particulières. Comment des luttes ouvrières, qui ne se développent immédiatement que sur la défense du salaire et de l’emploi, peuvent-elles de leur propre mouvement se retourner contre la simple défense du salaire et de l’emploi, càd contre l’éternisation de la condition ouvrière ? Comment des luttes de femmes, actuellement prises dans la naturalisation de leur fonction sociale de reproduction, càd assignées au travail social privatisé de faire et élever des enfants et de prendre soin de leur homme, peuvent-elles de leur propre mouvement se retourner contre cette naturalisation, càd contre l’essentialisation et l’éternisation de l’être femme ? Comment des luttes d’hommes et de femmes racisé-e-s, se construisant d’abord dans la nécessaire défense du groupe racisé contre la violence policière et légale du pouvoir de classe, peuvent-elles de leur propre mouvement se retourner contre la simple défense du groupe, càd contre l’identification forcée des individus racisés à leur particularité sociale et leur faire entendre ce qu’ils ne veulent pas entendre : je ne suis pas ton noir ou ton arabe ou ton latino, etc ? Càd, en somme, comment la rupture communisatrice peut-elle surgir dans le champ des luttes comme « un dénouement qui se produit et se reconnaît dans l’accidentel de telle ou telle pratique » ? (n 47) Cette formule énigmatique de TC nécessite quelques explications, car le groupe passe, à tort, pour avoir produit une théorie mécaniquement déterministe de la révolution. D’abord, l’emploi du terme « dénouement » signifie que la communisation n’est pas la réalisation d’un programme, fût-il « communisateur », mais un dépassement des limites des luttes qu’on ne peut bien sûr pas décrire à l’avance mais qu’on peut penser comme produit par les luttes elles-mêmes. Ensuite, TC prend position contre l’idée qui gagne une partie du milieu communisateur que n’importe quoi et surtout le pire peut désormais survenir, sans que les prolétaires et tous les gens d’en bas puissent lutter contre, càd que le cours du capital est devenu purement chaotique, improductif de rupture. Enfin, l’affirmation que le dénouement se produit et se reconnaît dans l’accidentel de telle ou telle pratique renvoie à un type très spécial de déterminisme, probabiliste, qui intègre par avance tout ce qui peut se produire de nouveau et de stimulant dans nos luttes. L’accidentel n’est qu’un élément dans la nécessité ; autrement dit, la conjoncture comme bouleversement des instances du capital se produit de façon nécessaire. Et dans la conjoncture pandémique déterminée par l’irruption de la Covid, le bouleversement des instances s’est produit sous la forme de la mise de l’instance politico-sanitaire au poste de commandement, jusqu’au printemps 2022. Mais dans cette conjoncture – où nous sommes encore, même si l’instance économique a repris le commandement – aucune pratique particulière ne s’est encore développée dans laquelle le dénouement communisateur que nous visons puisse se reconnaître ; il peut cependant se produire, dans la mesure même où la classe capitaliste n’a pas encore de son côté produit, dans l’affrontement avec le prolétariat, une restructuration supérieure du système d’exploitation.) Ainsi dire qu’au-delà de l’affirmation du prolétariat, la communisation est essentiellement bordélique n’est pas du tout dire qu’elle relève du miracle. Dans cette critique de la vision chaotique du cours du capital qui semble gagner depuis une dizaine d’années le milieu qui théorise la communisation, il ne s’agit pas du tout d’affirmer que la radicalisation des luttes et la formation d’un mouvement communisateur sont déjà lisibles dans le cours des luttes. Ni, au contraire, comme le fait Peter Harrison dans son texte Nous vrillons, nous ne devenons pas, de rejeter l’anticipation théorique de la communisation avec l’eschatologie révolutionnaire, anarchiste ou marxiste. (n 48) Il s’agit toujours de développer des analyses concrètes des luttes concrètes, de penser de manière toujours plus précise comment nous pouvons en finir avec l’exploitation et la domination du capital. Et c’est ce que j’ai tenté de faire ici en discutant les questions, non posées par mes camarades, de la nature spécifique de la pandémie Covid, de la production sociale de la pandémie, et de la rupture communisatrice dans et contre l’imprévue conjoncture pandémique.

FD

février 2023

 

Notes

Pour bien comprendre le problème ici discuté, on peut suivre les émissions en direct (tous les jeudis soirs ou en différé) du CSI (Conseil Scientifique Indépendant). Tous ces gens (médecins, biologistes, sociologues, etc) font un travail nécessaire à la fois pour la science, si elle doit rester une production de connaissances objectives, et pour les non-scientifiques, puisque le Capital nous force maintenant à nous intéresser aux sciences et techniques de la vie : Conseil Scientifique Indépendant

1) Encore ce relâchement des contraintes n’a-t-il été général qu’en Occident ; pour le moment on n’observe rien de tel en Chine. Par ailleurs, il n’y a pas en réalité de problèmes sanitaires, seulement une interprétation sanitaire, càd en fait biopolitique, des problèmes que posent à la classe capitaliste globale les maladies qui touchent en masse les êtres humains.

2) Sur l’anticipation dans les hautes sphères d’une pandémie du type de celle qui s’est finalement produite sous le nom de Covid, voir sur le site de l’Aimsib (Association Internationale pour une Médecine Indépendante et Bienveillante) l’article justement intitulé Simulations de pandémie, car dans le jargon des experts en « risquologie », simulation = scénario prévisionnel – et non pas, comme l’ont dit les complotistes, imposition d’une dictature au nom d’une pandémie inventée ou simulée.

3) Voir Hic Salta, Communisation accouchement difficile – Chronique d’une crise en devenir, Intro : « L’apparition d’un virus plus dangereux que les autres ne change pas l’axiome de base : l’histoire du mode de production capitaliste est l’histoire de la lutte des classes. » Je suis absolument d’accord sur l’axiome de base, mais en total désaccord avec l’idée que la pandémie Covid se réduit à l’apparition d’un virus plus dangereux que les autres.

4) L’instance politico-sanitaire nommée Santé publique est la partie visible de tout un sous-pouvoir capitaliste organisé à l’échelle globale qu’on peut, en reprenant de façon critique un concept de Foucault, théoriser comme biopouvoir. Il s’agit d’un sous-système complexe constitué des autorités sanitaires, de la recherche scientifique en biologie, et de l’industrie de la santé au sens le plus large, incluant notamment les techniques agissant directement sur le vivant, dites bio-tech.

5) Quand on parle de production de la pandémie, on n’affirme nullement que la Covid aurait été une invention du pouvoir capitaliste pour soumettre les masses. On s’interroge sur l’origine d’une pandémie tout à fait réelle mais dont ceux d’en haut nous ont fait un Récit absolument délirant.

6) Je marque ici la limite de ma première analyse de la conjoncture créée par la pandémie (voir le site Des Nouvelles Du Front = Dndf, 2020), qui ne mettait pas en cause la biopolitique du capital, mais je maintiens ma critique de son écologie politique, les deux problèmes étant liés mais distincts. Sur l’origine artificielle du virus, voir  L’Origine du virus de la Covid 19. https://www.researchgate.net/publication/359686026_Origine_du_virus_de_la_Covid-19_mise_a_jour_1er_avril_2022

7) Sur le concept de biopolitique chez Foucault, lire, d’une part, les deux conférences qu’il a données à Rio en 1974, L’incorporation de l’hôpital dans la technologie moderne et La Naissance de la médecine sociale, d’autre part, deux cours au Collège de France, l’un de 1978, Sécurité, Territoire, Population, l’autre de 1979, Naissance de la biopolitique.

8) Schwab et Malleret, The Great Reset ou La Grande Réinitialisation (pdf en français disponible sur reparti.free.fr).

9) Comme l’a montré TC, notamment dans Tel quel : La Révolution comme conjoncture, au-delà de l’affirmation du prolétariat comme classe de la libération du travail, la communisation devient nécessairement bordélique.

10) Dans le rapport du Forum, il est dit clairement qu’une pandémie du type de celle qui a fait irruption sous le nom de Covid était un « cygne blanc », càd un évènement prévisible et en gros prévu.

11) Selon le site statista, « portail de statistiques pour les données de marché » qui couvre à peu près tous les secteurs d’activité. De toute façon, quelle qu’en soit la source, la comptabilité macabre est toujours biaisée à la hausse, car elle traite comme morts de la Covid des masses de gens qui sont en réalité morts non pas seulement de cette maladie mais de pathologies multiples.

12) Et de nombreux autres collectifs de médecins dans le monde : par exemple, le FLCCCA = Front Line Covid-19 Critical Care aux USA et le CCCA Canadian Covid Care Alliance. Même sans aucune formation médicale ou scientifique on peut s’étonner que les États décrètent que cette maladie, la Covid, ne se soigne pas : c’est une première dans toute l’histoire de la médecine.

13) Si l’on veut donc à tout prix traduire les manifestations anti-passe sanitaire dans le langage du droit, ce doit donc être dans celui du droit naturel : en la personne de l’État, le Capital porte potentiellement atteinte à ma vie et me mets donc moi, avec tous les gens qui résistent, en situation de légitime défense.

14) La politique anti-Covid a été critiquée comme scientifiquement irrationnelle : politiquement ou plutôt biopolitiquement, elle est rationnelle. Cette distinction essentielle n’a pas été posée par les soignants et chercheurs critiques, qui ne comprennent pas la pandémie Covid comme une crise biopolitique.

15) La Société du Spectacle, chapitre 1, « La séparation achevée », où le basculement progressif du concept de capital à celui de spectacle est accompli dans la thèse conclusive 34.

16) La Véritable Scission, conclusion de la thèse 13, posant l’incapacité des dirigeants capitalistes à renverser en peu d’années « la baisse tendancielle de leur taux de contrôle sur la société ».

17) Comme l’explique inlassablement TC depuis 1977, cette défaite historique n’est en rien une dissolution du prolétariat dans la société capitaliste, mais une restructuration de l’exploitation, càd de la lutte des classes.

18) La commission d’enquête comprenait parmi ses membres Peter Daszak, président de l’organisation EcoHealth Alliance financée par le National Institute of Health américain, très impliqué dans les expériences de gain de fonction.

 https://www.who.int/publications/m/item/covid-19-virtual-press-conference-transcript—9-february-2021

19) Demande d’enquête scientifique indépendante par plusieurs groupes de scientifiques = van Helden, J., Butler, C. D., Achaz, G., Canard, B., Casane, D., Claverie, J. M., Colombo, F., Courtier, V., Ebright, R. H., Graner, F., Leitenberg, M., Morand, S., Petrovsky, N., Segreto, R., Decroly, E., & Halloy, J. (2021). An appeal for an objective, open, and transparent scientific debate about the origin of SARS-CoV-2. Lancet (London, England), 398(10309), 1402–1404. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(21)02019-5

Le rapport de la mission OMS peine à retracer les origines de l’épidémie de SARS-CoV-2

https://www.researchgate.net/publication/351067662_Le_rapport_de_la_mission_OMS_peine_a_retracer_les_origines_de_l%27epidemie_de_SARS-CoV-2_Point_de_vue_soumis_au_journal_Virologie

European Commission could play a decisive role in investigations on COVID-19 origins https://www.researchgate.net/publication/359024199_European_Commission_could_play_a_decisive_role_in_investigations_on_COVID-19_origins?channel=doi&linkId=6222f1413c53d31ba4a7cc9b&showFulltext=true

20) Sur le double financement américain et européen des recherches effectuées à Wuhan, voir l’article déjà cité « L’origine du virus de la Covid-19 » ; mais l’Union Européenne n’a joué qu’un rôle mineur. En fait, tous les indices convergent vers l’hypothèse de la fuite d’un laboratoire, que ce soit Wuhan, Fort Detrick, ou l’Université de Caroline du Nord. C’est donc une co-production américano-chinoise.

21) Pour les justifier, Fauci, chef de l’Institut national des maladies allergiques et infectieuses des États-Unis (maintenant à la retraite), est allé jusqu’à dire, en 2012, soit huit ans avant l’irruption de la Covid, que « la nature est le pire des bio-terroristes ». Page 5/18 du rapport sur la « BIOLOGICAL SECURITY: THE RISK OF DUAL-USE RESEARCH », Committee on Homeland Security and Governmental Affairs at the U.S. Senate, held April 26, 2012 https://www.govinfo.gov/content/pkg/CHRG-112shrg75273/html/CHRG-112shrg75273.htm

22) CSI n°83 : E. DARLES V. PAVAN 15/12/22 Covid19 : Statistiques ANSM et Enquête sénatoriale OPECST sur les effets indésirables des vaccins

Pour avoir une idée des effets indésirables des vaccins ARN on peut se référer au document de Pfizer sur les essais cliniques 5.3.6 CUMULATIVE ANALYSIS OF POST-AUTHORIZATION ADVERSE EVENT REPORTS OF PF-07302048 (BNT162B2) RECEIVED THROUGH 28-FEB-2021 https://phmpt.org/wp-content/uploads/2021/11/5.3.6-postmarketing-experience.pdf

23) La science qui se fait est celle qui s’élabore actuellement dans les équipes de recherche ; la science faite, celle qui s’enseigne dans les universités et se vulgarise dans les ouvrages « grand public ». Et bien sûr, la doxa vaccinaliste s’établit sur la science faite, essentiellement non critique.

24) On peut parler de dogme vaccinaliste, car depuis Pasteur et Koch s’est constituée une doxa de la vaccination, croyance commune se passant de tout examen critique. Cf Anne-Marie Moulin, Histoire de l’immunologie de Pasteur au Sida.

25) Sur la possible extension des programmes de vaccination à d’autres maladies infectieuses connues ou émergentes, voir deux textes publiés en décembre 2021, d’où il ressort qu’une telle extension est au moins projetée, puisqu’il n’est question ni de l’inefficacité ni de la dangerosité des vaccins anti-Covid et que la confusion intéressée entre soins et vaccins est maintenue. L’un, Mettre au point des vaccins contre la “maladie X”, se trouve sur le site de l’ONU, l’autre, Un traité international sur la prévention des pandémies, sur celui du Conseil européen.

26) Je fais allusion au livre de Coupat, Manifeste conspirationniste, sur lequel je suis tombé presque par hasard en avril 2022.

27) « Il faut défendre la société », p 214, cours de 1976 dont le titre est ironiquement placé entre guillemets, car les défenseurs de la société auxquels s’attaque dans ce livre Foucault sont les idéologues du racisme.

28) Résistance qualitativement limitée, parce qu’elle n’a mis en cause que l’inefficacité et la dangerosité des vaccins, non la biopolitique du capital comme telle. Mais dans les manifestations contre le passe sanitaire, au moins en France, l’effondrement prévisible du service public de soins a été mis en cause.

29) La politique zéro Covid avec tests forcés et enfermements de masse est spécialement aberrante, car plus on teste, plus on va mécaniquement trouver, à tel moment donné, de gens portant trace de leur rencontre d’un virus qui a circulé presque partout dans le monde. Ce qui, par contre, aurait été rationnel ç’aurait été de tester seulement et soigner au plus vite les gens se présentant comme malades.

30) Les effets nocifs sur les femmes consistent principalement dans la perturbation du cycle menstruel, pouvant aller jusqu’à l’arrêt précoce et définitif des règles ; et cette perturbation de leur cycle est reconnue maintenant par les agences de santé du monde entier. Un document déclassifié de Pfizer concernant un essai clinique sur un échantillon de femmes enceintes ne dit rien sur l’achèvement de leur grossesse, ce qui donne à penser qu’il y a eu des effets nocifs sur leur santé, effacés. Par ailleurs, le développement possible d’une cybermédecine est examiné dans La Grande Réinitialisation de Schwab et Malleret, et même si le programme dément du Forum Économique Mondial n’était qu’en partie réalisé, par exemple pour les cadres susceptibles de s’équiper de cabines d’examen médical automatisé, ce serait un désastre.

31) Sur la critique de la génétique, lire Kupiec et Sonigo, Ni Dieu ni Gène (2003), et Kupiec, Et si le vivant était anarchique ? (2019). Bien sûr, il ne s’agit pas pour eux de nier l’existence des gènes, mais de montrer la complexité de la reproduction du vivant, humain ou non humain.

32) Lire notamment (sur Internet) Les Échos, juin 2019, « La santé, nouveau terrain de jeu des Gafa » et Sharing Agency (agence de conseil basée à Paris) « Gafa et Big Data, leur rôle dans le secteur de la santé », novembre 2019.

33) Voir Wiki, Industrie pharmaceutique. Cette industrie est définie comme englobant les entreprises de bio-tech. Si l’on ajoute l’industrie qui produit la machinerie médicale et les cliniques privées, on obtient ce que les économistes entendent aujourd’hui par industrie de la santé.

34) Les antipsychiatres étaient Laing et Cooper en Grande-Bretagne, Guattari en France, Basaglia en Italie ; en Allemagne, le SPK (Collectif Socialiste de Patients) été fort actif en 1970-1971 et son manifeste a été traduit en français sous le titre Faire de la maladie une arme .

35) Par ex, Faure, Histoire de la santé publique, 1984, sur le site OpenEdition, et Klein, sur le site Hal, Fin de la biopolitique, 2017. Les deux textes apportent des éléments d’analyse, mais Klein se trompe en confondant la fin de la Santé publique étatisée avec la fin de la biopolitique.

36) L’association de la fabrication de virus génétiquement modifiés avec celle des vaccins censés les combattre est examinée dans l’article déjà cité,  L’Origine du virus de la Covid-19 : mise à jour 1er avril 2022.

37) Voir le texte de TC (2014), Une séquence particulière, où cette fixation des luttes sur l’État en partie dénationalisé est expliquée.

38) Comme l’affirmait en 1940 Benjamin, la catastrophe permanente c’est la possible reproduction du système capitaliste, mais les catastrophes annoncées depuis 1945 (holocauste nucléaire, effondrement écologique, et maintenant pandémies à répétition) ne sont pas seulement fantasmées. Ce qui les fait paraître fantastiques, c’est qu’elles sont mises en spectacle comme exogènes au système.

39) Opposition abstraite, car la question n’est pas celle de la domination en général mais celle de la domination du capital et de l’articulation actuelle des rapports de domination au rapport d’exploitation. Il y a là tout un problème que je ne peux pas examiner ici, mais sur lequel nous allons devoir travailler.

40) Pour Foucault, c’est le discours des luttes qui enseigne, au présent, au théoricien critique du pouvoir à faire l’histoire critique du présent ; voir Surveiller et Punir (1975), édition Tel Gallimard, pp 39-40.

41) Le changement de définition de la pandémie a été noté par Pierre Biron, professeur de pharmacie à Montréal,

42) Malgré le but affiché du programme COVAX (fournir aux États incapables de les payer au prix fort les doses nécessaires à leur population), car avec le profit du capital, on ne plaisante pas.

43) La mise en cause de la biopolitique sécuritaire du capital inclut une mise en cause de l’extension de la vaccination, mais le rejet de la biopolitique du capital ne se réduit pas au rejet de la vaccination tendanciellement généralisée. En raisonnant à la limite, dans la communisation, il ne s’agirait pas plus d’autogérer l’hôpital que l’usine, mais de se poser très concrètement des questions fondamentales du type qu’appelle-t-on soigner ?

44) Voir le texte d’Hic Salta sur l’inflation (avril 2022) et l’analyse de Roufos sur la même question (septembre 2022) sur le site Tous Dehors.

45) La théorie de l’écart a été exposée par TC en 2005, juste avant les émeutes de novembre, dans le n°20 de sa revue.

46) Publié sur le site Dndf en mars 2022. Sur Dndf, voir aussi les analyses d’Andrew, communiste ukrainien réfugié à l’Ouest.

47) TC n°24 (décembre 2012), Tel Quel : la révolution comme conjoncture, conclusion du texte, p 72.

48) Publié en décembre 2020 sur le site Ill Will en anglais et traduit en français par Dndf le même mois.

  1. Sualisega
    08/02/2023 à 13:39 | #1

    COMBIEN DE TEMPS ALLEZ VOUS LAISSER EN LIGNE CET ARTICLE qui prend pour principal référence et fait la promotion du pseudo “Conseil Scientifique Indépendant”, une des organes de communication du réseau antisémite de désinformation médical REINFOCOVID qui évolue comme un poisson dans l’eau au sein de l’extrême-droite néonazie ?

    – CONSEIL SCIENTIFIQUE INDEPENDANT :
    https://twitter.com/antifouchiste/status/1550415216915234816
    https://twitter.com/search?q=from%3Aantifouchiste%20conseil%20scientifique%20ind%C3%A9pendant&src=typed_query&f=top

    – REINFOCOVID :
    Qui sont les animateurs de Reinfocovid ? : https://paris-luttes.info/qui-sont-les-animateurs-de-15306
    Lettre à propos de Reinfocovid : https://mars-infos.org/lettre-a-propos-de-reinfocovid-5764
    https://blogs.mediapart.fr/ricardo-parreira/blog/250321/reinfocovid-quand-l-extreme-droite-s-empare-de-l-epidemiologie

    – AIMSIB (Association Internationale pour une Médecine Indépendante et Bienveillante) :
    https://twitter.com/ClaudeSteve6/status/1581387067942383616

    Et tout ce petit monde est étroitement lié à la glaxie Laarman une réseau fascisant spécialisé dans l’astroturfing, qui ont récemment organisé les manifestations racistes “pour Lola” à travers l’Institut pour la Justice :
    https://www.liberation.fr/checknews/les-etranges-conferences-payantes-de-louis-fouche-figure-des-anti-vaccins-et-pourfendeur-des-conflits-dinterets-20221112_PCS5WL4PQNB5PJVWJOYGBBG5PI/
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/samedi-investigation/qui-est-vincent-laarman-fondateur-de-sos-education-et-roi-de-la-sante-naturelle_4162345.html
    https://www.blast-info.fr/articles/2023/medecine-parallele-sur-internet-lempire-suisse-des-gourous-francais-UKK2DmDmTvKpg9xdhoEYuQ
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/10/20/institut-pour-la-justice-derriere-la-manifestation-en-hommage-a-lola-une-association-aux-combats-communs-a-l-extreme-droite_6146689_3224.html

    Sur le réseau Trumpiste FLCCC qui a pris la relève de AFLDS :
    https://cabrioles.substack.com/p/un-reseau-de-prestataires-de-soins?utm_source=%2Fsearch%2Fdoctors&utm_medium=reader2
    https://www.statnews.com/2022/07/26/ivermectin-has-become-a-popular-treatment-for-long-covid-with-a-push-from-doctors-with-ties-to-right-wing-political-groups/
    https://twitter.com/AliNeitzelMD/status/1574551067404140547

    Il serait impossible ici de relever toutes les conneries dangeureusement médicalement et politiquement qui sont alignées dans ce texte tant elles en consittue la trame même.

    DONC, QUEL EST VOTRE OBJECTIF ? Décrédibiliser totalement votre site ? ou bien rendre hommage à un héritage nauséabond de complaisance historique vis-à-vis de l’antisémitisme et de l’extrême droite ?

  2. Vernes
    08/02/2023 à 15:04 | #2

    Le texte n’ajoute peut-être au bordel annoncé en titre que sa continuité. Si par souci réthorique, le texte identifie (sans justifications ni citations) ce qui serait “la position des camarades non critiques du discours du biopouvoir” comme étant globalement a-critique, c’est pour mieux reprendre néanmoins l’ensemble des lectures dîtes “complotistes” du covid-19: défense de Raoult face à l’État qui aurait interdit de prescrire (interdiction globalement fausse et pas de mention des déboires juridiques de Raoult depuis, de l’échec de l’HCQ, de son côté défense des molécules et déni de la contagiosité aérosol), impacts liés aux effets secondaires du vaccin plutôt qu’au virus, naturalisation de l’épidémie car elle aurait suivi son cours indépendamment des mesures et naturalisation de sa dynamique car la transmission ferait diminuer la virulence (ce qui est une trajectoire évolutive en vérité bien plus incertaine).

    Paradoxalement, alors qu’il cherche à défendre une co-implication du virus et du capital, l’insistance sur le caractère fabriqué du virus suppose en sous-main une distinction entre ce qui serait naturel et ce qui serait déterminé par le capital parce que manipulé par la Science. Cette distinction nature/culture est-elle tenable ?

    La Science est critiquée mais tant que la critique apparaît comme critique cela semble suffire, et le site de l’auto-proclamé “Conseil Scientifique indépendant” (ne faut-il pas se méfier de tout ce qui se dit avant toute chose indépendant de tout conflits d’intérêts?) semble rejouer un vieil adage pour lequel science prolétarienne est forcément bonne pour le prolétariat.

    L’essor du paradigme de l’émergence à partir des années 70 est précisément celui pour lequel l’éradication des maladies est impossible, et non pas le moment où les vaccins sont inventés à cette fin.

    La biopolitique est très largement dans ce texte définie comme contrôle, aux allures disciplinaires, mais précisément elle est plutôt la science gouvernementale capable de produire des régimes d’acceptation et de circulation socialement acceptable du virus. Seule cette définition peut expliquer l’actuel laissez-circuler massif, l’abandon de toutes mesures de prévention, la fin de toute possibilité d’arrêt de travail sans carence, de télétravail pour les immunodéprimés, etc. Rien n’est plus fait, et le bordel soigneusement entretenu depuis 2 ans a plutôt participé à produire cette situation dans laquelle le virus et ses effets n’importent plus socialement. Même en Chine, c’était le maintien du travail qui comptait, en zéro covid on the loop pendant lequel nul ouvrier ne sortait de l’usine (cf Eli Friedman sur ces aspects, notamment).

    Pour la biologie, s’il faut en parler (en dehors d’une pseudo-posture critique entretenue par des centaines d’heures de vidéos de personnes auto-proclamées expertes sur youtube) il peut être utile de rappeler qu’aucun virus une fois la personne infectée ne peut être guéri. Les médicaments et anti-viraux ne servent qu’à réduire les symptômes, à diminuer leurs effets, afin de favoriser une réaction immunitaire finissant par faire disparaître le virus. Il n’y a donc rien de faux à souligner qu’aucun médicament ne guérit du covid-19.

  3. pepe
    08/02/2023 à 15:15 | #3

    D’abord tu vas relaxer tes organes. On publie tout ce qui nous paraît apporter de l’eau au moulin de la critique, même quand les textes nous mettent nous même en colère, ce qui est le cas ici. Et cela permet à des gens comme toi ou l’auteur de l’autre premier commentaire de développer une critique solide et pertinente du texte d’un camarade. Oui oui, un camarade!
    Et comme nous ne sommes pas une église, nous ne craignons aucune excommunication

  4. pepe
    08/02/2023 à 16:12 | #4

    Pourrais-tu, s’il te plaît être plus explicite sur la fin de ton commentaire:
    ou bien rendre hommage à un héritage nauséabond de complaisance historique vis-à-vis de l’antisémitisme et de l’extrême droite ?”
    J’ai peur de ne pas bien saisir ce à quoi tu fais référence……

  5. Simple Commentateur
    08/02/2023 à 16:40 | #5

    @pepe
    Je veux pas parler à sa place, mais pour ma part, compte-tenu de l’histoire de l’ultra-gauche sur le négationnisme spécifiquement (entre autres choses par ailleurs), je pense que c’est une très mauvaise idée de relayer de manière acritique du contenu antisémite, quand bien même ce relai viendrait d’un camarade.
    Je veux bien qu’il n’y ait ni Eglise ni excommunication, mais à partir du moment où tu reconnais que certains sont des camarades, tu reconnais le fait que d’autres n’en soient pas. On n’est pas obligés de faire comme si tous les débats et les arguments se valaient et méritaient d’être exposé sur la place publique.

  6. pepe
    08/02/2023 à 16:58 | #6

    Il est possible que tu aies raison quant à l’interpellation du dit commentateur précédent. Si cela était le cas, il n’est bien sûr pas question de réveiller les morts qui ont depuis longtemps enterrés leurs morts. En revanche, aucun problème pour assumer. Ma position sur le sujet, et je pense pouvoir dire de dndf au complet, peut se retrouver dans la mise au point très claire que Théorie Communiste a publié dans son numéro 13. On l’a trouve ici:
    https://dndf.org/?p=12234
    Et pour moi, cela clôt le chemin de traverse moisi qui risque de nous être proposé ici.

  7. AFA
    08/02/2023 à 17:17 | #7

    La honte. Un texte qui cite comme source les clowns fascistes du CSI (émanation de Réinfocovid, groupuscule sectaire fasciste lié à la Dissidence). Plandémie, dépopulation, génocide vaccinal, tropes antisémites, lgbtphobie… Tout y passe, et pendant que ces ordures accusent nos camarades soignants d’avoir collaboré à l’assassinat en masse dans les hôpital et Ehpad et les menacent de la corde, DNDF poste oklm en mode, on ouvre le débat.

    Sans déconner le petit mépris final, calme tes organes, c’est le pompon, plutôt que simplement s’excuser et effacer, nan ça se justifie de la pire des manières : c’est un camarade. Et ben vos camarades, plutôt que d’entretenir leur glissement chez les fachos, vous feriez bien d’avoir des discussions avec.

  8. Simple Commentateur
    08/02/2023 à 17:21 | #8

    @pepe

    Je suis désolé, mais j’ai aucune idée de ce que signifie “enterrer” ou “réveiller” des morts.
    Est-ce que par là tu veux entendre que tu as l’impression que cette question a été réglée politiquement?
    Je suis très content si tu as le sentiment que cette question ait cessé de vous hanter. J’ai également plutôt apprécié ce texte de Roland Simon qui explique que c’est théoriquement faux d’être négationniste.
    En revanche sur la question spécifique du problème de la circulation d’arguments pseudo-scientifiques à des fins antisémites, sur fond de défense abstraite de “liberté d’expression” ne me semble pas non plus avoir été réglé (bien au contraire, sur ce sujet l’omerta semble être la règle). Pour ma part ça explique en partie en quoi ça vous semble normal de continuer à diffuser ce type de contenu sur un autre sujet.

  9. pepe
    08/02/2023 à 18:12 | #9

    Je peux pas botter en touche en refusant cette mise en cause de notre publication… Et je réponds personnellement, ce que l’on ne fait jamais sur dndf…..
    Je suis très emmerdé que les sources de FD soient, en dehors de son propre argumentaire que je continue à trouver a considérer, sujètes à critiques éventuellement…. rédhibitoires…
    Je me suis pas mal intéressé, durant la pandemie, aux sites qu’il utilise et j’ai été écoeuré par les ressorts complotistes, anti scientifiques, etc, etc voire délirants dans les commentaires des articles ( numérologie par exemple). Que les fafs s’y soient engouffrés n’est pas surprenant. Cf les gilets jaunes au début ou les stats qui les donnent votant pour le RN a 60 pour cent….
    Je reste quand même convaincu que le texte de FD a un intérêt et que nos lecteurs.trices sont assez grand.e.s pour séparer le bon grain de l’ivraie.

  10. Simple Commentateur
    08/02/2023 à 19:01 | #10

    Que les mouvements sociaux soient traversés par des logiques ou des enjeux complexes et contradictoires c’est une chose. On ne va pas considérer que tout opposant aux mesures sanitaires soit par nature complotiste, nous sommes d’ailleurs nombreux.ses à avoir critiqué les mesures ou les déclarations du gouvernement et des autorités sanitaires.
    En revanche les organes de diffusion évoqués dans les commentaires précédents sont bel et biens des groupes organisés avec un agenda politique aux antipodes du notre.

    Pour reprendre la comparaison avec les GJ, il ne me semble pas que qui que ce soit parmi la communisation qui ait participé au moment ait également diffusé la parole des groupuscules complotistes, antisémites, etc. de manière acritique.
    Il me semble qu’il s’agit d’une ligne rouge pas très compliquée à tenir…

  11. Ntp
    09/02/2023 à 00:40 | #11

    Nan mais à quel moment un texte étayé sur une réalité alternative à un quelconque intérêt ? Le mec en est à reprendre tous les poncifs et les éléments de langage de ceux qui ont construit le récit conspi pandemique. On va quand même pas parler de fond sur de telles bases quand même ?

  12. la soute
    09/02/2023 à 09:41 | #12

    Voici la liste de tous les textes que nous avons relayé sur le sujet:

    « Épidémies et rapports sociaux » Editions de l’Asymétrie

    https://dndf.org/?p=19698 publié en septembre 2021

    « L’état de la peste »

    https://dndf.org/?p=19685 publié en septembre 2021

    Il Lato Cattivo : « Encore à propos du Covid-19 et au-delà. Une mise à jour »

    https://dndf.org/?p=19391 publié en mars 2021

    Blog Troploin : « L’année où le monde est devenu viral »

    https://dndf.org/?p=19356 publié en février 2021

    “Complotisme en général et pandémie en particulier”, version finale

    https://dndf.org/?p=19292 publié en janvier 2021

    Revue Chuang : « Covid, capitalisme, grèves et solidarité: un entretien avec Asia Art Tours »

    https://dndf.org/?p=19155 publie en novembre 2020

    DDT21 : « Virus, le monde d’aujourd’hui »

    https://dndf.org/?p=19025 publié en septembre 2020

    IDÉOLOGIE & LUTTE DE CLASSE

    sous pandémie

    https://dndf.org/?p=18777 publié en juin 2020

    Blog DDT21 : “Quoi qu’il en coûte. Le virus, l’État et nous”

    https://dndf.org/?p=18497 publié en avril 2020

    CONJONCTURE ÉPIDÉMIQUE crise écologique, crise économique et communisation

    https://dndf.org/?p=18482 publié en avril 2020

    “CORONA CAPITAL”

    https://dndf.org/?p=18462 publié en avril 2020

    “Coronavirus, croissance de l’Etat, crise de reproduction”

    https://dndf.org/?p=18450 publié en avril 2020

    “Coronavirus : Mise au point et bilan politique”

    https://dndf.org/?p=18419 publié en avril 2020

    TPTG : “Rapport sur la réalité dystopique du corona-virus en Grèce”

    https://dndf.org/?p=18386 publié en mars 2020

    Afficher le texte des messages précédents

  13. FD
    10/02/2023 à 11:25 | #13

    Entre mercredi soir où j’ai parcouru les premiers posts hostiles à mon texte et jeudi matin où j’ai vu l’avertissement de Dndf, qui envisage de retirer le texte du site, j’ai eu le temps de me calmer, car moi aussi j’ai des émotions. Après avoir lu l’avertissement et les posts en ligne, je réponds ici en bloc au tir de barrage hostile, mais individuellement aux critiques plus ou moins objectives.
    Les messages hostiles (Sualisega, AFA, Ntp) ont en commun de ne pas savoir de quoi ils parlent : car ils croient parler de mon texte pour eux complotiste antisémite et de sa publication pour eux scandaleuse sur un site d’informations et d’analyses pour la communisation, mais désignent en réalité le spectre du complotisme tel qu’il a été produit par le pouvoir capitaliste. Il ne fait aucun doute – et je l’ai reconnu – qu’il existe depuis une vingtaine d’années un discours complotiste bien rôdé et qu’un discours complotiste a été tenu sur et dans la pandémie Covid. Mais je défie mes accusateurs de prouver leur triple équation délirante : critique scientifique de la politique sanitaire = complotisme = fascisme. En France et dans le monde, une véritable critique de la politique anti-Covid a été faite par des collectifs de médecins, biologistes, et sociologues qui, s’ils ne sont évidemment pas révolutionnaires, ne sont pour autant ni complotistes ni, encore moins, fascistes ; et si peu d’entre eux sont aussi visibles que Raoult, des milliers de médecins et de chercheurs les soutiennent dans l’ombre parce qu’ils craignent de perdre leur salaire. J’ai donné mes sources : il n’y a pas dans ces sources que des analyses très difficiles à comprendre pour des non-spécialistes ; et surtout aucun des individus cités ne sont des complotistes ! Raoult a été jusqu’en août 2022 le directeur de l’IHU de Marseille qui a testé des masses de gens inquiets d’avoir été contaminés et soigné seulement, avec des médicaments de fait efficaces, les gens effectivement contaminés. Fouché est – ou plutôt était, car il a été viré – médecin anesthésiste à l’hôpital de la Conception, également à Marseille, et a d’abord fondé le réseau Réinfo Covid, qui n’avait rien de fasciste, avant d’intégrer le Conseil Scientifique Indépendant. Ce Conseil Indépendant, que mes accusateurs disent « autoproclamé », répond en fait au Conseil Scientifique institué par Macron et il a été coopté par le collectif « Santé Libre-Laissons les médecins prescrire » qui regroupe les médecins réfractaires qui ont soigné la Covid dès mars 2020. Ce Conseil n’est certes pas indépendant du capital, dont nous dépendons tous et toutes, mais seulement – et c’est déjà pas mal – du gouvernement français et de l’industrie de la santé globale.
    Les critiques un tant soit peu objectives sont signées 1 pepe 2 Vernes 3 Simple commentateur. Je commence par pepe, car il est le soutier de Dndf. Dire qu’on publie toute contribution à la critique communiste même quand on est en colère contre, c’est faire preuve d’une appréciable objectivité ; mais n’est-ce pas alors reconnaître que le texte incriminé s’inscrit bien dans la problématique de la communisation ? Ensuite, accepter sans aucune objection l’amalgame entre critique scientifique de la politique sanitaire et complotisme fasciste ou fascisant, c’est plutôt glisser du côté de tous ceux qui acceptent et pratiquent eux-mêmes l’amalgame créé par le pouvoir de classe et tous ses appareils. Je ne vais pas ici défendre les collectifs critiques de la politique sanitaire, car pour les gens qui font l’effort de lire ou d’écouter ce qu’ils disent ils se défendent fort bien eux-mêmes.
    La critique signée Vernes est à la fois très intéressante et très biaisée par des présupposés non explicités. On peut les synthétiser dans l’idée immédiatement énoncée mais non argumentée que mon texte ajoute artificiellement le bordel de la supposée conjoncture pandémique au bordel de la communisation. (C’est moi qui ajoute les mots en italique, mais c’est bien ce que dit Vernes ; quant au bordel de la communisation, c’est TC, non moi, qui l’a « annoncé », càd en fait théorisé.) En 2° lieu, les groupes communistes dont j’ai lu les textes en rapport avec la pandémie Covid (Chuang, Latto Cativo, Douter de Tout, Hic Salta, TC, Endnotes, etc) ne sont effectivement pas critiques du discours du biopouvoir, en ce qu’ils considèrent que fait seulement problème pour nous communistes l’ensemble des effets de la pandémie sur le développement de la crise et des luttes, et non pas aussi la pandémie elle-même en sa production (gains de fonction) et sa gestion biopolitique sécuritaire (confinements, tests forcés de masse, obligation ou très forte pression à la vaccination). En 3° lieu, la virulence d’un virus diminue en général à mesure qu’augmente sa transmissibilité et vice-versa ; mais les complications possibles de la trajectoire évolutive n’invalident pas la règle, tirée de la théorie darwinienne. En 4° lieu, opposer un virus cultivé en laboratoire et donc déjà plus dans son milieu naturel à un virus artificiellement modifié à partir de la souche cultivée en laboratoire n’est pas opposer abstraitement nature et culture, mais un élément du vivant biologiquement déterminé au même élément désastreusement transformé par une manipulation génétique. Je n’oppose d’ailleurs jamais nature et culture, mais cet écosystème global ravagé que nous a fait le développement historique du capital et la société capitaliste globale actuelle. En 5° lieu, j’ai déjà expliqué en quoi le CSI peut se dire indépendant et précisé, puisqu’apparemment c’est encore nécessaire, que rien ni personne n’est indépendant du mode de production capitaliste. En 6° lieu, je n’ai nullement parlé d’invention des vaccins comme ayant pour fin l’éradication des maladies infectieuses, mais d’une fuite en avant biopolitique sécuritaire du capital. En 7° lieu, je n’ai pas défini la biopolitique du capital comme contrôle disciplinaire des populations humaines, mais, au-delà de tous les dispositifs disciplinaires, je l’ai définie comme gestion prévisionnelle de ces populations, constituant le matériel humain du capital, sa force de travail actuelle ou potentielle. En 8° lieu, c’est bien le maintien d’un maximum de travailleurs et travailleuses au travail qui importait partout à la classe capitaliste, en Chine comme ailleurs, mais même si tous ces gens avaient été renvoyés chez eux avec maintien intégral de leur salaire, ça n’aurait guère entravé la contamination, celle-ci pouvant aussi bien se faire entre les sorties minimales autorisées et le retour à la maison, d’autant plus que les populations les plus frappées, notamment la population noire américaine, étaient toutes paupérisées et sanitairement très mal en point, bien avant la Covid. Enfin, on ne guérit pas un virus, mais on soigne et cherche à guérir des malades ; en outre, il ne faut surtout pas confondre vaccins préventifs et médicaments curatifs. Au passage, les médecins qui ont fait leur travail dès mars 2020 en soignant contre les consignes les malades atteints de Covid aigu soignent et guérissent encore les nombreux malades atteints de covid long et qui ne sont pas traités par la médecine officielle.
    Pour finir, le Simple commentateur, qui me fourre, avec les complotistes, dans le sac infâme de la négation du génocide nazi des juifs, a pourtant suggéré avec raison que la liberté d’expression n’est pas ce qui peut fonder la publication de mon texte sur Dndf. Ce qui la fonde, c’est, d’une part, que le texte s’inscrit dans la problématique de la communisation et, d’autre part, que je n’ai et n’aurai jamais aucun contact avec le milieu complotiste, qu’il soit de droite ou de gauche ! Quant à la dérive négationniste d’une fraction de l’ancienne ultragauche, TC a fait dans son n°13, en 1997, une mise au point définitive que j’approuve totalement.

    FD

  14. roputi
    10/02/2023 à 14:37 | #14

    Ce texte me paraît être une profession de foi sectaire et « parano », longuement ruminée et fignolée depuis les premières interventions sur ce thème de son auteur, théoricien reconnu s’exprimant de l’intérieur de son univers-refuge alternatif rassemblant des scientifiques « véritables et rebelles », qu’il met en avant et exploite comme le fait l’Etat de ses scientifiques les plus dociles.
    Il est dangereux, pour ses thèses anti-vax, son complotisme soft (dédouané par sa dénonciation du hard) et sa vision catastrophiste et « totalitaire » de la science. Mais surtout parce qu’il enrobe, se nourrit et construit son propos par des affirmations, des interrogations et des analyses correctes ou dignes de discussions de fond, positives. Il nous guide, essaie de nous séduire sincèrement, jusqu’au moment où l’amertume de la pilule s’est estompée. Il fait ainsi d’une pierre deux coups. Parler sérieusement de communisation, citer et critiquer TC (et renforcer ses analyses par l’impact de ses productions de solide théoricien, que l’on connaît ou peut facilement trouver), cherche aussi à leur intégrer ses thèses, à leur donner une assise « communiste ».
    Même si cette crainte est probablement exagérée, ceux et celles qui furent jeunes dans les années 1980 se souviennent avec horreur comment PG et ses amis ont entamé leur odieuse dérive. Combien de camarades se bouchaient le nez et mettaient des lunettes « spéciales » pour ne considérer que ce qui semblait, ISOLE, intéressant (dénonciation de toutes les horreurs de la colonisation, des massacres de tout genre de la « démocratie » qui se présentait pure, de l’horreur imposée aux Palestiniens, etc) nourrissait et construisait en fait le négationnisme issu de l’ultra-gauche et des anars qui allait vite venir. Certains, purs théoriciens, méprisaient cette évolution, se contentant de prendre ce qui paraissait correct, beaucoup se retrouvèrent coincés, des groupes entiers, des amitiés explosèrent. Je suppose que des jeunes lecteurs de dndf redoutent cette évolution, même seulement en sinistre farce anti-vax et complotiste qu’ils savent débusquer derrière les « vrais » scientifiques sur lesquels s’appuie sincèrement FD. Je pense que les réactions antifascistes sur dndf permettent au moins de nous renseigner sur les fondements « scientifiques » d’une éventuelle dérive (en tous cas, c’est là un élément d’une « vraie » science…).
    Faire l’effort, difficile, de mettre de côté tous les aspects acceptables, parfois stimulants du texte permet donc de mieux en saisir le but, probablement pas manipulateur. On en frémit encore plus ! « en tant que tels les vaccins ne sont ni efficaces, ni sans danger, nos vies […] sont menacées. ». « Point de salut hors du confinement et des vaccins », cela pour pour dénoncer, à raison, le manque structurel et cynique de moyens de soins, afin de plaider pour… le remède miracle du magicien Raoult. Il fallait donc laisser agir le lobby vaccinal plutôt que de chercher des médicaments. On sait qu’il en fut trouvé plusieurs, presque tous finalement recalés, les survivants n’étant efficaces que dans certaines configurations. Au passage, pourquoi ces gens n’appliquent pas leur crique « scientifique » véritable à ces médicaments (et tant d’autres) très toxiques ? On voit là se confirmer leur délire mystique antivax. Comment FD fait-il pour ne pas intégrer ces deux faits : oui, partout le système sanitaire est très insuffisant, de par les mesures des Etats / la vaccination a permis d’éviter un énorme flux vers lui, donc d’éviter son embolie. C’est vrai, mais le meilleur système sanitaire possible aurait-il pu faire face au choc (du moins des premiers temps), sans ces vaccins, bien sûr pas « parfaits » comme tout médicament (ça fait même partie de sa définition).
    « Les statistiques extraites des bases officielles de pharmaco-vigilance […] montrent que ces vaccins anticovid, sont liés, proportionnellement, a beaucoup plus d’effets indésirables que les vaccins « classiques » ( Horreur ! Non seulement on vaccine, mais on aggrave l’agression, l’ARN messager pourrai modifier notre génome!). Dans quel monde vit-il ? : a-t-il lu, par exemple l’avertissement sur une banale boite de paracétamol ? Existerait-il un monde de la pureté mystique qui garantirait du 100 % d’efficacité, ou du moins du 0 % d’effets secondaires graves à ses médicaments ? Voyons quelques chiffres, pris dans un article qui m’a paru acceptable. Pour le vaccin Pfizer les effets graves représenteraient 0,51 pour 100 000 injections, soit 0,000051 %, surtout des cardites, pour la plupart soignées avec succès. Et 8 décès de personnes vaccinées avec AstraZeneca, ce qui serait moins que l’incidence dans la vie habituelle. Evidemment, il s’agit-là de chiffres officiels, dont il faut toujours se méfier et pour lesquels il serai bon de trouver des scientiques non perroquets de l’Etat, ni complotistes : il y en a de nombreux ! De toute façon, faisons pour une fois confiance aux complotistes antivax : s’ils disposaient de chiffres solides allant dans leur parano mais non issus de leurs rangs, ils le clameraient dans la planète entière pour nous informer, que suite à des milliards de vaccinations, le remède a été pire que le mal.. FD nous dit lui aussi qu’on nous cache des choses, mais ne voulant pas être complotiste, il est laborieux : la note 30 sur les effets sur les femmes est « splendide ».
    Plutôt que de critiquer avec précision le rôle fondamental de la science dans le MPC et dans la crise actuelle, il se fabrique un ennemi scientifique ad hoc, pensant séduire nos milieux. Mais où voit-il que tous les scientifiques, même bien-pensants, restent bloqués sur un paradigme réductionnniste biochimique du vivant et sur le programme génétique ? Tout le mode peut lire des textes de vulgarisation solide de quelques vedettes (je ne parle que de la France) : Evelyne Heyer et les équipes du Museum d’Histoire Naturelle, le formidable manuel « Guide critique de l’évolution », coordonné par Guillaume Lecointre, Ameisen, Kahn, Jacquard, etc., qui démolissent les thèses des fanatiques du tout-génétique et biologique, et montrent le rôle fondamental de l’épigénétique et du social. Qu’on ne me fasse pas le coup : ce seraient de gentils humanistes-démocrates bêlants. Pensons par nous-même, emparons-nous de ce qui nous semble le meilleur pour comprendre ce monde, ici la pandémie et par là, bien sûr, le rôle et les évolutions du « biopouvoir » dans les évolutions et stratégies actuelles du MPC et de ses Etats. Mais ne délirons pas : par la vaccination, par l’ARN messager, etc. le « biopouvoir » (largement autonome) ne s’insère pas de manière totalitaire et manipulatrice au cœur de notre être, toute médecine, toute science, soit doit être rejetée avec des arguments imparables, soit utilisée avec grande méfiance. Méfions-nous de nos paranos, ou de nos enthousiasmes scientistes « évolués », ou de la propension dans nos milieux aussi à s’adresser d’abord aux grands théoriciens afin qu’entre chefs capables seuls de voir l’essentiel dans son abstraction surplombante qu’on déconnecte des informations solides (sualisega,…) qui pourtant devraient nous alerter.
    Ne nous faisons pas « avoir » : malgré le prestige de l’auteur (surtout auprès d’autres grands théoriciens) et les apparences très intéressantes de son texte, celui-ci ne contribue pas sereinement à analyser la constitution et le rôle de la science, du « biopouvoi r», du système de soins dans le MPC actuellement. Il veut nous séduire / il peut nous séduire pour s’insérer comme un fondement majeur des idées de combat du milieux communisateur. Il n’en est que plus dangereux.
    Parlons de biopouvoir, sur d’autres bases, celle que permet, entre autres, la longue liste donnée ci-dessus par dndf, ou que collectivement des camarades lui adresseront.

  15. Sualisega
    10/02/2023 à 16:45 | #15

    @pepe
    Bonjour,
    vous publiez une article qui fait la promotion et est entièrement bati sur les discours de groupes bien connus pour leur antisémitisme virulent et leur négation de la réalité d’une pandémie ayant fait plusieurs millions de morts parmis les classes populaires, et c’est nous qui “réveillons les morts” ? Un peu de sérieux s’il vous plait.

    Si nous ne pensions pas particulièrement à Pierre Guillaume, mais plus généralement à une complaisance vis-à-vis de l’antisémitisme bien enracinée et à une euphémisation des dynamique fascistes qui s’abritent derrière des paresses analytiques du type “fascisme = capitalisme démocratique = antifascisme”, force est de constater que tout les arguments que vous employez pour défendre ce texte proprement délirant de FD ont plus qu’un air de famille avec ceux de l’époque : “nous défendons le débat”, “il promeut des discours antisémites mais c’est notre camarade”, “tout n’est pas à jeter”, “le complotisme/négatio est juste un qualificatif infamant” etc etc.

    Nous nous ne parlons pas de “complotisme”, nous laissons ça au fact-chekers centristes incapables de nommer les tendances fascisantes qu’ils alimentent. Où plutot, qui trouvent ça bien confortable de les euphémiser sous cette baudruche du “complotisme”. Et ce ne sont pas les seuls.

    Mais le plus inquiétant n’est pas là. Le plus inquiétant c’est que vous accordiez “un intérêt théorique” à la lecture de ce tissus de propos délirants batit sur une réalité alternative. Et cela pose malheureusement de graves questions sur la qualité du travail théorique mis en oeuvre et partager ici. Il n’y a rien à discuter à partir d’une telle vacuité.

    Ce sera tout pour nous, le fait que cet article reste en ligne pendant votre temps de “réflexion” est suffisament éloquent.

  16. Lisbeth Salander
    11/02/2023 à 10:58 | #16

    A propos du texte de FD.
    Il me semblait bien avoir vu passer sur dndf un joli dessin qui résume assez bien ce qu’il faut penser de la partie délire trumpiste « réécriture de la vérité » par FD.

    Je l’ai retrouvé, il est là : http://dndf.org/?p=20595

    Je peux tout à fait comprendre que des lecteurs et lectrices arrêtent de lire ce texte dès les premières contre-vérités notoires et prouvées mille fois :
    – FD continue d’affirmer, y compris dans son commentaire, que des gens ont été SOIGNES par l’HDXQ du jobard de Sakakini. La planète entière attend avec impatience qu’il soit prouvé que l’histoire naturelle de la maladie (80 % de guérisons spontanées) n’est pas la seule explication de ces miracles.
    – FD continue d’affirmer que nos vies sont plus en danger du fait des vaccins que du fait du virus. Comme la preuve que les américains sont bien allés sur la Lune c’est que les Russes ne l’ont pas contestés, une des preuves que les effets secondaires des vaccins ne sont pas si exagérément mortels réside , entre autres, dans le fait que les centaines de cabinet d’avocats qui se feraient un grand plaisir lucratif à mettre Pfizer sur la paille sont restés sur leur faim…

    Il y a là suffisamment d’inepties pour arrêter la lecture du texte. Pas la peine d’aller chercher un procès en sorcellerie à FD sur la fachosphère.

    Cela dit, que dndf puisse être mis en cause, pour avoir relayé ce texte, dans la même chasse aux sorcières antifascistes relève d’une autre sorte de délire…

    Et cela fait oublier l’excellent travail, par exemple sur l’IRAN, avec ce très bon texte, « le soulèvement de Jina » – http://dndf.org/?p=20655 – ou le super boulot du « fil d’infos sur l’Iran » – http://dndf.org/?p=20449.

    Il faudrait éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain….
    Salutations communisatrices

  17. FD
    11/02/2023 à 17:36 | #17

    FD 2 – La critique signée Roputi est une critique de mauvaise foi mais très bien ficelée. Une critique de mauvaise foi parce que son auteur me fait dire ce que je n’ai pas dit. Une critique bien ficelée parce que l’argumentation est construite sur une base anti-complotiste plus qu’anti-fasciste. Cependant, comme j’aimerais bien qu’on me critique sur ce que j’ai dit, et non sur ce qu’on projette dans mon texte, je vais d’abord rappeler rapidement les thèses posées et argumentées dans Bordel in Progress, à l’adresse de tous les gens qui m’ont déjà attaqué ou qui s’apprêtent à le faire.

    Thèse 1 : Ce n’est pas la pandémie Covid avec sa désastreuse gestion sanitaire qui fait en elle-même problème pour la théorie communiste, mais la fuite en avant biopolitique sécuritaire qui s’est d’abord manifestée par la désastreuse gestion sanitaire de la Covid, avec confinements, tests forcés, et vaccination massive en guise de soins (qu’on pouvait donner et que les médecins réfractaires ont donné, au moins en France, contre les consignes d’en haut).
    Précision : Le problème posé dans mon texte n’est pas plus la vaccination comme telle que la gestion vaccinaliste de la Covid comme telle ; c’est bien la fuite en avant biopolitique sécuritaire du capital, càd l’assignation massive mais individualisée des êtres humains à des normes sanitaires à la fois irrationnelles et dangereuses ; et cette fuite en avant ne va pas cesser avec la pandémie Covid, d’ailleurs non officiellement reconnue comme finie, car les expériences de gain de fonction et l’emploi de vaccins ARNm insuffisamment testés restent au programme du biopouvoir.

    Thèse 2 : Nous, communistes, ne pouvons pas nous contenter de dénoncer le complotisme, nous devons le définir, pour le combattre. Avoir une vision du monde et tenir un discours complotiste, c’est, en ce début du 21° siècle, faire de tout évènement perturbant la reproduction de la société capitaliste le résultat d’un complot, qu’il s’agisse d’un attentat terroriste (2001), d’une crise économique (2008), ou d’une pandémie aggravant soudain la crise économique en cours (2020).
    Précision : La distinction que je fais entre la critique et la dénonciation n’a rien à voir avec l’opposition que fait Roputi entre un « complotisme soft », qui serait le mien, et le « complotisme hard », qui serait celui des groupes sans nul contact avec la théorie communiste. Ça fait maintenant vingt-cinq ans que je pratique sérieusement la théorie et je sais aussi bien que Roputi qu’elle n’a rien à voir avec les élucubrations complotistes, d’où qu’elles viennent.

    Thèse 3 : Les scientifiques critiques de la politique sanitaire anti-Covid sur le travail desquels j’appuie ma critique communiste de la biopolitique du capital ne sont pas des révolutionnaires ; ce sont seulement des spécialistes honnêtes, qui refusent de céder à l’irrationalisme grandissant du biopouvoir capitaliste. Étant au mieux humanistes et démocrates, ils ne conçoivent bien sûr pas l’ennemi comme biopouvoir capitaliste, mais ça n’en fait pas pour moi des ennemis !

    Je réponds maintenant à Roputi sur quelques points particuliers de sa critique. D’abord, je n’ai fait aucune profession de foi, car je ne crois en rien, pas même en la révolution communiste, qui n’est d’ailleurs pas un objet de croyance. Ensuite, ma critique de la biopolitique du capital n’a rien de paranoïaque ; elle est seulement très risquée, en ce sens que je m’oppose maintenant à tout le milieu de la communisation qui est le mien, sans chercher à séduire ni entraîner personne ! Ce que je cherche à faire, c’est seulement lancer le débat sur la biopolitique du capital dans le milieu de la communisation ; et j’y parviendrai ou pas, mais je suis forcé, maintenant, de mettre mes camarades en colère. En 3° lieu, ma critique de la biopolitique n’a pas été si longuement méditée que l’affirme Roputi ; en fait, je n’ai lu les textes de Foucault sur la biopolitique et le biopouvoir qu’en 2021, parce que je partais non des concepts mais du fait incontestable de la pandémie Covid. En 4° lieu, j’aimerais bien savoir quels sont pour Roputi les « aspects acceptables et parfois stimulants » dans mon texte « probablement pas manipulateur » mais pourtant « antivax » et « complotiste ». Il semblerait que ça se réduise à la mise en cause du « tout génétique », mais Roputi ne comprend pas qu’avec le programme génétique, c’est toute la théorie génétique qui est invalidée (voir la critique de Kupiec, note 31 de mon texte), càd que le vivant a bien des lois d’évolution mais pas de programme. En 5° lieu, mon bien-pensant critique a le culot de me reprocher de ne pas critiquer précisément le rôle fondamental de la science dans le mpc, alors que c’est ce que j’ai fait, sur le problème particulier de la Covid, tout au long de mon texte ; mais je ne pense pas comme lui que ce rôle fondamental mette la connaissance scientifique et notamment la connaissance de la vie au-dessus de toute critique. Sur un point précis, les effets nocifs des vaccins ARNm, tels qu’ils sont grossièrement sous-estimés par Pfizer (qui dans cette affaire Covid est tout de même juge et partie) Roputi perd son calme : « dans quel monde vit-il ? » Dans le même que toi, Roputi ! Car il n’y a pas de « réalité alternative » ni de petit monde refuge à l’intérieur du capital ! De plus, en parlant des notices de médicaments indiquant les effets nocifs constatés, tu confonds, comme un maximum de gens, médicaments et vaccins. Mais le pire, c’est que tu ne saisis même pas l’essentiel : quand tu lis sur une notice de médicament les effets nocifs reconnus par le fabricant, tu sais que c’est sur ta chair vivante que tu risques d’en subir les effets ; et tu relativises donc énormément le pourcentage mentionné ! Et quand tu reçois une « invitation » à te faire vacciner, tu peux te douter, si tu n’es pas mort de trouille au simple mot fatal de Covid, que c’est ton système immunitaire qui va de toute façon morfler. Pour conclure, ne nous contentons pas de parler du biopouvoir, mais critiquons-le vraiment !

    Je ne réponds pas à Suaseliga qui se contente de prendre acte du fait que mon article reste en ligne sur Dndf pour quitter la discussion. et confirme son équation délirante entre critique scientifique de la politique sanitaire, complotisme, et fascisme.

    Lisbeth Salander, l’hydroxychloroquine a été utilisée en association à d’autres molécules, avec de très bons résultats, dans le monde entier. Idem pour l’ivermectine. La liste des méta-analyses des résultats sera donnée à qui en fait la demande sur Dndf.

    FD

  18. Lisbeth Salander
    11/02/2023 à 17:50 | #18

    Juste pour ce qui me concerne : si FD a des meta analyses contrôlées de façon indépendantes et en double aveugle, je suis preneuse.
    Sinon, l’association du CocaCola et du paracétamol donne des résultats de réussite de 80 pour cent de guérison, comme les autres traitements antiviraux.

  19. Anonyme
    11/02/2023 à 17:59 | #19

    À Lisbeth Salander : Si tu me donnes ton mail, ma compagne t’envoie en vrac les méta-analyses, car elle est débordée par son travail critique.

    FD

  20. lisbeth Salander
    11/02/2023 à 18:09 | #20

    J’espère qu’il ne s’agit pas de celles ci:
    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-19-quelle-est-la-meta-analyse-dont-parle-le-documentaire-mal-traites_150257

    Et surtout pas d’analyses “observationnelles”, comme le fait Raoult

  21. pepe
    11/02/2023 à 18:14 | #21

    FD a envoyé une liste énorme que nous transmettons à LS pour ne pas envahir le site, déjà bien occupé!

  22. pepe
    12/02/2023 à 11:25 | #22

    Lisbeth, à mon avis, il faut faire très attention avec cette histoire de Meta analyses. Pour deux raisons au moins.
    • D’abord, si les métas analyses sont très utiles dans le domaine de la recherche et des controverses entre chercheurs, elles sont source d’énormément de confusion à notre niveau « d’utilisateurs de la science ». L’histoire de la pandémie est grosse de ces groupes, chercheurs ou magiciens qui s’envoient à la tête leurs Métas analyses choisies sur mesure. Comme le montre d’ailleurs le lien que tu proposes vers l’article de SA. Il faudrait un travail énorme pour sortir le bon grain de l’ivraie, ici.

    • Ensuite, la bagarre sur « les preuves » est pathognomonique ou presque de la logique paranoïaque (et là je ne parle PAS de FD). Le Web grouille de gens qui ont des preuves que la terre est plate, que les américains ne sont pas allés sur la lune, que le 11 septembre a été provoqué par la CIA, que le SIDA a été inventé, que la Covid 19 a pour projet de détruire les pauvres (Pincon Charlot), que les dirigeants du parti démocrate américain violent les enfants… Il y en a des dizaines et des dizaines comme cela.
    Je crois qu’il y a un niveau de « consensus collectif », plus ou moins large, qui peut nous servir, sinon de preuves, du moins d’assise de réflexion suffisamment « ferme » pour que l’on s’appuie dessus :
    – Non, le père Noël n’existe pas
    – Oui, sur cette planète, une classe domine l’autre
    – Oui, sur cette planète, les hommes dominent les femmes et on n’a pas besoin de le prouver
    – Oui les américains sont allés sur la Lune (le simple fait que des avions décollent suffit à prouver que cela est possible)
    – Non, La CIA, n’a pas détruit les tours jumelles (reconnaissons au moins aux islamo-fascistes cette énorme et atroce victoire militaire !)
    – Oui, les chambres à gaz ont existé
    – Non, la terre n’est pas plate
    – (J’aurais envie de dire : non, l’homéopathie n’a jamais fourni la première preuve de son efficacité mais on ne va pas lancer un nouveau débat, c’est pour le fun !!!)
    – Oui, la balance bénéfice/risque penche pour le grand intérêt des vaccins en général et de ceux à ARN messager en particulier
    – Oui, les effets secondaires des vaccins contre la Covid ont moins fait de dégâts délétères que l’abstention de soins ou le virus lui-même.
    – Non, l’HCQ n’a jamais GUERI personne ( il n’existe pratiquement aucun traitement qui éradiquent les virus en général), avec ou sans association avec une autre molécule (Et on se demande pourquoi l’immense majorité des médecins et chercheurs qui ont abandonnés cette piste après avoir été très intéressés par la possibilité d’un soin simple et pas cher, voudraient priver leur patientèle d’un vrai traitement ! Ce serait simplement des assassins ! La thèse qui dit que seuls les médecins qui utilisent l’HCQ , ultra minoritaires sont « éclairés » et indépendant est risible.)
    Nous fonctionnons tous ou presque comme cela et même les gens qui sont absolument persuadés qu’on peut déplacer les objets par la seule force de la pensée font démarrer leur voiture avec une clé.

  23. 13/02/2023 à 10:05 | #23

    La chose la plus importante à dire à ce moment, c’est que le texte de FD est, pour le moins, utile pour comprendre les trois dernières années, il contient d’importants éléments de réflexion, mais aussi des éléments d’autocritique, qui devraient être pris en compte par ceux qui s’intéressent à la théorie de la communisation. Elle est cohérente avec elle-même, car elle est un développement des points de vue déjà exprimés depuis le printemps 2020, et ne surprend – négativement, semble-t-il – que ceux qui ont choisi de les traiter superficiellement, soit en ne prenant pas position, soit en restant théoriquement et politiquement stagnants pendant tout ce temps.
    Pour ma part, je dirai qu’ils reflètent beaucoup des préoccupations de bien des gens ici en Grèce – surtout en dehors du cercle déjà très restreint qui discute de la communisation – et que j’ai l’intention de traduire ses trois articles en grec dès que possible. La séquence d’incarcération/quarantaine – hygiène publique/vaccination de masse – reconstruction des systèmes de prestation de services de santé et de sécurité sociale qui a eu lieu ces trois dernières années (en Grèce, certainement) est un condensé d’une longue période historique allant de l’essor du capitalisme industriel au milieu du dixième siècle à l’immédiat après-guerre, et au-delà. Nous devrions tenir compte de cette analogie historique et en parler (ainsi que de nombreuses autres questions qui ont été ouvertes), comme le camarade FD a commencé à le faire. Pour le moment seul.
    Tous les textes publiés à ce jour sur dndf.org ne sont pas, heureusement, écrits par des savants et nous n’avons jamais eu besoin de l’empilement derrière les experts pour parler théoriquement de la lutte des classes et de l’exploitation. Je demande aux administrateurs du site de retirer l’avertissement inacceptable avant le texte de la FD. Et d’exprimer spécifiquement leurs désaccords avec ce qu’il dit. De préférence sans citations extensives d’avis de spécialistes, car à un moment donné, il doit y avoir une limite à la médicalisation du débat entre nous (depuis quand l’appel/vérification par des scientifiques est un critère de publication sur dndf ?) Mais sur la base d’une analyse qualitative du contexte fondée sur les luttes sociales qui ont ou n’ont pas éclaté tout au long de la période passée et sur le point de vue, que j’ai considéré comme acquis jusqu’à présent, selon lequel :

    Le mode de production capitaliste : la plus-value
    Les concepts généraux sont investis par Marx avant tout dans l’analyse d’un mode de production particulier, dont ils sont chez lui indissociables : le mode de production capitaliste. Ce qui le caractérise fondamentalement, ce sont les rapports de production qui opposent le capital aux travailleurs salariés dans un procès de pro- duction de plus-value. L’existence de la plus-value (ses différentes formes successives ou simultanées) distingue le mode de production capitaliste de tous les autres.
    Mais qu’est-ce que la plus-value ? Aux yeux des économistes qui tentent d’en reformuler le concept dans leur problématique, la plus-value doit être définie de façon purement quantitative13 .

    Et dans la note de bas de page de la même page :

    13. disons même plus précisément : de façon purement comptable. Car on pourrait croire, selon la pente invétérée des traditions philosophiques, que nous partons ici en guerre contre la ” quantité “, à la recherche de la ” qualité “, d’une définition ” qualitative ” de la plus-value. Il n’y a pas de ” science de la qualité “. Aussi, si l’économie politique, en tant que discipline et technique comptable de la quantité – valeur d’échange – n’est pas comme telle scientifique, la solution que nous proposons sa critique n’est pas dans une ” science ” de la qualité – par exemple de la valeur d’usage, donc des ” besoins “.
    ÉTIENNE BALIBAR, Cinq études du matérialisme Historique, François Maspero, Paris, 1974, p.119.

    Andreas, de Athènes

  24. FD
    13/02/2023 à 10:52 | #24

    Andreas

    Je viens de lire ta prise de position sur Dndf, juste après avoir répondu au message que tu m’as adressé directement. D’accord avec toi pour dire que nous n’avons pas besoin des scientifiques pour discuter du processus de la communisation, mais nous pouvons avoir besoin d’eux, quand ils critiquent en tant que scientifiques la gestion globale de la Covid, même s’ils ne mettent pas en cause eux, le mode de production capitaliste.
    Ensuite j’apprécie que tu traduises en grec mes trois textes écrits depuis le début de la pandémie, càd “Conjonture épidémique” (il vaudrait mieux que tu traduises “pandémique”), ma critique du texte de TC, “Complotisme et Pandémie”, publiée brièvement sur Dndf en janvier 2021, et “Bordel in Progress”, publié ce mois-ci et toujours en discussion. J’aimerais bien d’ailleurs que d’autres camarades les traduisent en anglais, surtout le dernier, en rapport plus direct avec la théorie de la communisation.
    En tout cas, merci. Tu es pour le moment le seul camarade qui m’ait soutenu, càd qui ait défendu mon texte comme s’insérant dans la théorie de la communisation ; et que ton soutien puisse être critique ne me gêne pas du tout.

    FD

  25. pepe
    13/02/2023 à 11:19 | #25

    Andréas, l’avertissement qui précède le texte de FD n’a plus lieu d’être aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle nous le modifions. Nous précisons qu’il ne s’agit pas d’obtempérer à ta mise en demeure, de même que nous n’avons pas supprimé le texte comme cela nous a été demandé ici ou là!
    Amicalement

  26. FD
    13/02/2023 à 11:24 | #26

    FD 3 – Pepe, quand tu conseilles à Lisbeth de faire très attention avec les méta-analyses, tu lui conseilles au fond de ne pas examiner ces données scientifiques où elle pourrait trouver des éléments qui mettent à mal sa conviction qu’il n’y a rien à critiquer dans la politique sanitaire anti-Covid. Car des deux raisons que tu donnes, la première, que les méta-analyses sont très utiles aux chercheurs mais source d’une énorme confusion pour nous utilisateurs de la science, est biaisée ; la seconde, que la bagarre sur les « preuves » est symptomatique des délires paranoïaques circulant en abondance sur Internet, est carrément à côté de la question.

    Le biais cognitif inhérent à l’idée que les données nécessaires aux chercheurs pour juger des effets des vaccins ARNm peuvent être pour nous simples utilisateurs de la science source de confusion n’est pas que ce serait un boulot énorme pour « trier le bon grain de l’ivraie », car pour trier ce qui serait le bon grain de ce qui serait l’ivraie, il faudrait savoir très précisément comment expérimentent et raisonnent les scientifiques ; et en général, nous ne le savons même pas en gros. Et je m’inclus moi-même dans ce nous : avec l’aide précieuse de ma compagne biologiste, je ne suis moi-même qu’un utilisateur de la science, comme toi, mais un utilisateur critique, y compris du travail des médecins et chercheurs critiques, dont le principal défaut est qu’ils ne s’interrogent même pas sur la fonction de la science sous le capital. (Merci de ne pas m’objecter qu’en mettant en cause la biologie qui se pratique sous le capital, je défends une mythique science prolétarienne ! Même critiquable en tant qu’elle n’a pas d’autre horizon que la reproduction infinie de la société capitaliste et qu’elle ne pose donc que les questions posables dans ce cadre théoriquement limitant, la biologie reste sous le capital une connaissance objective rationnelle de la vie ; et si elle ne l’était pas, elle ne pourrait même pas être critiquée.) Quel est donc ici le biais cognitif ? C’est de rapporter immédiatement et de manière tout à fait arbitraire ces méta-analyses à des groupes « chercheurs ou magiciens qui s’envoient à la tête leurs méta-analyses choisies sur mesure ». Soyons clairs : les chercheurs ne sont pas des magiciens et les magiciens ne sont pas des chercheurs ; l’amalgame n’a jamais été et ne sera jamais un argument. De plus, pour pouvoir choisir entre différentes méta-analyses, il ne faut pas une mesure arbitraire toute prête mais une connaissance précise de la manière dont travaillent les biologistes : voir plus haut.

    Ensuite, dire que la bagarre sur les « preuves » est symptomatique des nombreux délires paranoïaques circulant sur Internet, c’est dire en même temps qu’Internet fonctionne aussi comme réseau où circulent un maximum de délires paranoïaques, ce qui est totalement vrai, et que la critique scientifique de la politique sanitaire anti-Covid est délirante, affirmation totalement fausse et surtout non argumentée. Que viennent foutre le père Noël, les crétins affirmant que la Terre est plate, et les négationnistes du génocide nazi des juifs au milieu de la critique scientifique de la politique sanitaire anti-Covid et de ma reprise critique communiste de leur critique spécialisée ? Pour discuter du processus de la communisation et, si l’on accepte au moins à titre d’hypothèse mon analyse critique, du processus de la communisation en conjoncture pandémique, nous n’avons besoin que de savoir, comme tu le rappelles fort justement, que sur cette planète une classe en exploite et domine une autre et que les hommes dominent les femmes. J’ajoute seulement que la domination spécifiquement capitaliste de la nature terrestre est tendanciellement destructrice de l’écosystème global. Mais le mur auquel je me heurte, de votre côté, camarades, est précisément que vous n’acceptez même pas ma critique de la biopolitique du capital à titre d’hypothèse ; et c’est précisément parce que la théorie de la communisation, telle qu’elle est aujourd’hui structurée, ne peut pas intégrer cette critique, bien sûr elle-même critiquable, que vous êtes amenés à rejeter mon texte comme un texte non paranoïaque mais pourtant complotiste.

    Un dernier point : il ne s’agit pas de savoir si les effets « secondaires », càd en fait nocifs, des vaccins contre la Covid ont fait plus ou moins de ravages que le virus lui-même, mais de voir simplement qu’il y a eu et qu’il y aura encore des effets nocifs des vaccins. D’abord, à court terme, des accidents graves ou des morts et pas en nombre négligeable, même s’ils sont sous-déclarés par les médecins et sous-reconnus par les autorités sanitaires (voir le récent symposium du conseil de l’ordre des médecins belges sur Kairos et les récentes déclarations de Tom Shimabukuro, responsable de la sécurité des vaccins du Center of Disease Control des États-Unis lors du panel de la Food and Drug Administration en janvier 2023). Ensuite, à moyen et long terme, et c’est beaucoup moins spectaculaire mais bien plus grave, des perturbations du système immunitaire, avec ou sans maladies mortelles.

    FD

  27. Ĉesu sonĝi
    13/02/2023 à 15:45 | #27

    En fait, le plus gênant dans ce texte, outre le fait qu’on ne sait pas s’il aurait été publié s’il n’avait pas été l’œuvre d’un « copain » de longue date de TC et dndf, c’est que tout en se démarquant des conspirationnistes qui ont tout de même été les principaux colporteurs des théories étayant son propos — je parle des « succès » de l’HCQ, et des dangers du vaccin, et les raisons « biopolitiques » de la non-reconnaissance des deux par la communauté médicale — il ne parvient pas mieux qu’eux à expliquer pourquoi tout ceci a eu lieu.
    La communauté médicale a refusé par consensus l’usage de l’HCQ pour soigner des patients atteints de la covid-19, alors que dans le même temps les laboratoires investissaient des millions pour trouver un vaccin et un traitement efficace. Cette « aberration » n’est jamais clairement énoncée et pourtant il faudrait tenter de la comprendre. C’est-à-dire expliquer l’intérêt pour le capital de refuser d’autoriser un tel traitement, alors même que « la fragilité biologique du travailleur collectif apparaît désormais à la classe capitaliste comme intolérable ». Mais l’auteur, généreux lorsqu’il s’agit de distribuer à la pelle les papiers qui ne manqueront pas d’étayer ses thèses semble moins disposé à lire les innombrables travaux tout à fait contradictoires à son propos. Certains d’entre eux ont manifestement participé à l’élaboration d’un consensus mondial plutôt favorable aux vaccins et admettant leur relative efficacité, parfois en opposition aux mesures de certains gouvernements en place. Le texte ne fait d’ailleurs aucune mention des covido-négationnistes Trump, Bolsonaro, etc., ou du vif intérêt porté par Macron à Raoult en début de pandémie, qui exprimaient au plus haut sommet de l’État l’hésitation du capital devant les diverses options biologiques et « biopolitiques » qui s’offraient à lui. Par ailleurs, jamais ne sont confrontés réellement dans le texte les opinions des « scientifiques indépendants » à celles de la gauche « pro-mesures sanitaires » représentée par exemple par le collectif Cabrioles. Il est supposé dès le départ que le deuxième camp a tort, partant, qu’il n’est même pas nécessaire d’effleurer la littérature qu’il a produite. Ceci alors que la pensée de la gauche « sanitaire » se développe selon un agenda très différent de celui de l’État et du capital.
    Concernant les critiques faites à la théorie communiste, l’auteur reproche à Chuang, Latto Cativo, Douter de Tout, Hic Salta, TC, et Endnotes de ne pas s’intéresser à la production de la pandémie ni à sa gestion biopolitique sécuritaire. Si l’on peut lui concéder le premier point (leur choix reste défendable étant donné l’incertitude régnant sur le sujet), il faut vraiment avoir survolé Chuang pour affirmer que rien n’a été dit dans le milieu de la théorie communiste sur les « confinements, [les] tests forcés de masse, [l’] obligation ou très forte pression à la vaccination ». Rappelons aussi le suivi, le relai et le commentaire de dndf sur la situation chinoise, les débats par blogs interposés pendant les manifs anti-passe, etc. Je suis par ailleurs beaucoup plus convaincu de la critique de la politique vaccinale ébauchée par le Comité pour l’Extension des Courants d’Air, ou encore Stoff, que par cette énième reprise de l’idée selon laquelle les vaccins présenteraient plus de danger et moins d’efficacité que l’HCQ ou même qu’un soin sans médicaments, théorie qu’une simple étude comparative de la situation de l’Europe (dopée au Pfizer) avec celle de la Chine, ou pire du Brésil a fait définitivement exploser. Jamais il n’est relevé que les pays ayant le moins bien vacciné sont précisément ceux dont les mesures “biopolitiques” ont été les plus violentes, ni donc pourquoi ils ont été contraints d’agir ainsi. Jamais il n’est développé que c’est bien l’efficacité relative (tant biologique qu’économique) des vaccins dans notre situation actuelle qui les rends si attractifs pour le capital. Ce n’est qu’indirectement, parce qu’il maintient un niveau économiquement acceptable de morts à la minute, que « le vaccin tue plus de gens », à l’inverse d’une focalisation sur la performance biologique (pourtant la même reprochée à la gauche « sanitaire »), qui voit dans l’objet vaccin un danger physique global. Que le CECA et Stoff ne soient même pas mentionnés est cohérent avec le fait que l’auteur se croit manifestement parmi les premiers communistes à critiquer le rôle réel dévolu au vaccin dans la situation actuelle.
    Concernant la critique de l’attitude des communistes vis-à-vis des mouvements anti-mesures sanitaires, elle est à rapprocher du penchant pour l’auteur pour les sources proches du milieu conspirationniste (et non pas comme il le sous-entend uniquement « utilisées » par lui). On ne peut être effaré qu’un documentaire comme La Grande Réinitialisation puisse constituer une source sérieuse, surtout pour nous faire part de cette sensationnelle « découverte » : les États tentent de prévenir les épidémies et les pandémies (moi qui pensais que les laboratoires P4 étaient juste des lieux de séminaires un peu trop dépensiers en dispositifs de sécurité…). Il en est de même pour le CSI comme signalé par Sualisega. Il est parfois possible de faire abstraction des mésusages politiques de telle ou telle thèse à caractère scientifique (il suffit de comparer ce que des fascistes, des capitalistes ou des marxistes conséquents ont pu faire de la pensée de Darwin). Plus généralement on peut tout à fait s’autoriser à puiser dans le travail de personnes qu’on pourrait qualifier d’ennemis politiques. Mais un minimum d’honnêteté exigerait d’admettre que, dans le cas du CSI comme de Réinfocovid, l’action des réseaux d’extrême droite est loin de se limiter à un seul relai et qu’elle a un impact significatif sur la ligne éditoriale même de ces mêmes structures. Idem pour les manifestations largement investies par des groupes conspirationnistes, antisémites d’extrême droite, qui ont accompagné le développement de plus en plus sectaire du mouvement anti-« dictature sanitaire ».
    Sans le vouloir peut-être, le texte semble s’identifier à une certaine « théorie communiste » pour laquelle l’État n’est « que » l’État du capital conscient de ses propres présuppositions, et pour laquelle le mouvement communiste est identifié à celui de la totalité. La théorie débarrassée de toute contradiction un tant soit peu dérangeante au sein du maelström (anti-) étatique, la revendication anti-vaccin (« nos vies sont menacées [par le vaccin]») peut lui apparaître comme légitime et fondée. C’est à se demander si en définitive le raisonnement de FD ne partirait pas de cette prémisse, justifiée a posteriori par des travaux « indépendants », et peu importe d’où ils viennent puisque de toute façon, fascistes et sociaux-démocrates, ce ne sont que deux faces de la même pièce n’est-ce pas ? Toute menace révolutionnaire-réactionnaire est balayée comme une hypothèse absurde et la résistance aux mesures sanitaires est identifiée sans aucune contradiction à celle du capital. Reste seulement au théoricien « indépendant » la tâche d’expliquer aux anti-mesures sanitaires pourquoi le covid est la première maladie de l’histoire dont les traitements et vaccins diffusés mondialement sont pires qu’une absence de soins, sans recours à l’entremise d’une société secrète dont le but serait de tuer tous les pauvres. À défaut de réussir il pourra se satisfaire de n’être, lui au moins, ni un conspirationniste, ni un laquais du « biopouvoir ».

  28. FD
    14/02/2023 à 12:55 | #28

    FD 4 – Cesu songli, je ne réponds pas à ton insinuation sur mon prétendu copinage avec TC et Dndf : d’abord parce que c’est une simple insinuation, ensuite parce que Pepe, soutier de Dndf, a déjà répondu en son nom propre en disant qu’il juge mon texte intéressant et parce que le nouvel avertissement collectif de Dndf en tête du texte en confirme l’intérêt en disant qu’avec ses commentaires le texte n’a rien dont les camarades qui gèrent le site doivent rougir. Je réponds sur le fond, càd sur ton incompréhension totale de mon propos.

    Tu crois donc – si ta critique relève de la simple incompréhension – ou tu prétends – si tu es de mauvaise foi – que mon propos serait d’établir le danger des vaccins. Pas du tout ! Constater, après les scientifiques réfractaires au dogme vaccinaliste et de nombreux proches des victimes, que les vaccins ARNm utilisés contre la Covid sont dangereux est une chose ; chercher à démontrer leur dangerosité en est une autre et c’est une partie du travail des scientifiques critiques, sinon tout leur travail. Le mien est de construire le problème de la fuite en avant biopolitique sécuritaire du capital, car un problème peut être objectivement inhérent au cours actuel du capital, il n’existe pas comme problème théorique tant qu’il n’a pas été construit dans un processus de pensée qui distingue bien le réel de l’empirique. Et quand on intervient à chaud, dans la conjoncture, cette construction peut être plus ou moins bien bricolée, elle n’en reste pas moins un bricolage. Maintenant quand tu affirmes que je ne parviens pas mieux que les médecins et chercheurs critiques à « expliquer pourquoi tout ceci a eu lieu », tu commets en même temps trois erreurs : la première, sur ces médecins et chercheurs, dont le propos (voir plus haut) n’est pas d’expliquer ce qui s’est passé ; la seconde, sur mon texte, car c’est au contraire à expliquer la production de la pandémie Covid que je me suis employé ; la troisième, de laisser l’objet dans l’indétermination, comme un simple « tout ceci ». Grammaticalement, « tout ceci » désigne à la fois la critique dite conspirationniste de la politique vaccinaliste anti-Covid et le rejet de cette critique par ce que tu nommes la communauté médicale et qui est en réalité le biopouvoir du capital. Pour le sens, « tout ceci » désigne un phénomène supposé bien connu ; mais comme disait Hegel, le bien connu n’est pas vraiment connu.

    Qu’en est-il donc du refus capitaliste d’autoriser le traitement de la Covid par l’hydroxychloroquine et d’autres médicaments existants ? Autrement dit, quel était l’intérêt du biopouvoir à choisir la vaccination massive au moyen de vaccins ARNm insuffisamment testés contre le traitement possible de la Covid par divers médicaments existants ? Il était, d’abord d’imposer à la faveur de la Covid une accélération brutale de la généralisation des programmes vaccinaux (non plus seulement pour les enfants mais aussi pour tous les adultes), parce que « la fragilité biologique du travailleur collectif apparaît désormais à la classe capitaliste comme intolérable » (ditto) et parce que la science et l’industrie peuvent depuis les années 1980 refaire le vivant à même le vivant (ditto itou). Le fait que ce choix biopolitique profite par ailleurs à tout un secteur du capital massivement investi dans la production de médicaments et vaccins mais aussi de matériel médical et de bio-tech n’est pas étranger à ce choix biopolitique mais pas non plus à lui seul décisif, comme je l’avais laissé entendre à tort dans Conjoncture en 2020. Quant aux « innombrables travaux » contradictoires à mon supposé propos, établir la dangerosité des vaccins, je ne les ai effectivement pas lus, car j’en suis comme tous mes critiques incapable, mais tout le travail des scientifiques critiques, sur lesquels je m’appuie, a été de réfuter ces travaux. Du fait de la censure et du dénigrement massifs du biopouvoir, la réfutation a été énormément moins visible que le discours réfuté ; et la réfutation, camarades, vous n’êtes pas allés la chercher sur Internet, ni sous la forme d’articles spécialisés, ce qui se comprend fort bien, ni sous la forme d’une bonne vulgarisation critique pourtant existante bien que dénoncée comme complotiste et fasciste, ce qui, par contre, n’est pas très sérieux. Pour la France, je vous ai donné mes sources : Réinfo Covid, qui s’est auto-dissous, plus l’Aimsib et le Conseil Scientifique Indépendant, qui sont toujours actifs. Enfin, le fait que le pouvoir capitaliste a été divisé sur la Covid entre les non-interventionnistes comme Trump et Bolsonaro et les interventionnistes comme Macron et presque tous les dirigeants confirme seulement ce que nous, révolutionnaires, devrions tous savoir : qu’il n’existe pas et n’existera jamais de commandement unifié de la société globale du capital.

    Sur les positions prises par les groupes communistes dont j’ai lu les textes, tu me concèdes, Cesu songli, que ces groupes ne se sont pas intéressé à la production càd à la genèse de la pandémie. 1 C’est inexact pour Chuang, qui a eu le mérite de poser la question mais le tort de la trancher trop vite en excluant a priori l’hypothèse d’une fuite de virus génétiquement modifié d’un laboratoire. 2 L’incertitude régnant sur la question de l’origine du virus était une raison de plus de poser la question de son origine et de la discuter à fond. 3 La critique de la biopolitique du capital ne consiste absolument pas à dire que les vaccins ARNm tuent plus de gens que le virus de la Covid ; et cette comparaison est d’ailleurs aussi impossible qu’absurde. En effet, si on voulait par bêtise la faire, il faudrait d’abord savoir si les quelques millions de gens déclarés morts de la Covid sont effectivement morts de cette seule maladie ou, comme c’est probable pour la majorité d’entre eux, de la Covid aggravant la ou les maladies dont ils étaient déjà atteints. 4 Le reproche de n’avoir pas cité les textes de Stoff (dont j’ai tout de même parcouru le premier, Mask off !) ni ceux du Comité pour l’Extension des Courants d’Air (dont je ne connaissais même pas à ce jour l’existence) ne tient pas compte de la situation impossible et pourtant réelle où je me trouvais en me lançant, en janvier 2021, dans un travail critique de la biopolitique du capital. Je ne pouvais pas en même temps construire un problème qui est a priori rejeté par tout le milieu de la communisation et lire tout ce que ledit milieu a publié en rapport avec le problème.

    Les communistes n’ont eu aucune attitude face aux mouvements anti-mesures sanitaires, pour la bonne raison que ces mouvements (émeutes anti-confinement, manifs anti-passe, révolte globale interclassiste comme à l’automne dernier en Chine) n’étaient pas dirigés contre des « mesures sanitaires ». Ils s’opposaient en réalité à toutes les contraintes biopolitiques justifiées par tous les États, en Occident comme en Chine, au nom de la protection des populations. D’ailleurs, en Chine, où la contrainte a été la plus brutale et durable, on a relativement peu vacciné et beaucoup plus testé les gens de force avant d’enfermer les testés positifs, pas forcément malades, en des camps. Je laisse tomber la calomnie, répétée ad nauseam, contre Réinfo-Covid et le Conseil Scientifique Indépendant manipulés par des groupes fascistes. Croyez-le si vous voulez, camarades, mais alors cessez de faire semblant de critiquer mon texte !

    Ta conclusion, Cesu songli, confirme que tu n’as pas compris ce que je dis. Je ne pense pas du tout que le capital soit absolument conscient de ses propres présuppositions ni, encore moins, que le mouvement des luttes contre le capital soit celui de la totalité capital. Au contraire, je pense que le mode de production capitaliste ne peut pas atteindre, en la personne de son État, càd en fait de ses États, la conscience parfaite de son intérêt bien compris ; et que le mouvement réel qui tend à supprimer les conditions existantes reste jusqu’au bout, càd jusqu’à la communisation, pris dans l’idéologie sous laquelle opèrent toutes les pratiques, y compris révolutionnaires, l’idéologie du mpc. Du côté du capital, cette conscience parfaite ne peut être qu’une conscience assignée par des communistes restés un peu trop hégéliens. Du côté du prolétariat, c’est un vestige du programme de l’affirmation de la classe. Enfin, j’ai dit et montré qu’il n’y a pas de groupe secret dont le but serait de tuer tous les pauvres et je précise maintenant qu’à aucun moment, il ne s’est agi, pour les mouvements anti-passe, d’empêcher les gens de se faire vacciner. Suggérer que j’aurais voulu, moi, les empêcher de « bénéficier » des vaccins est donc pire que faux, infâme !

    FD

  29. pepe
    14/02/2023 à 17:01 | #29

    Ça commence à être pénible de lire systématiquement que les gens qui te critiquent ne comprennent rien à ce que tu dis….
    Figure toi qu’il existe aussi des gens parfaitement capables de comprendre ce que tu écris et de développer une argumentation critique.

  30. FD
    15/02/2023 à 09:22 | #30

    FD 4

    Pepe, j’ai dit à mon lecteur précédent, Cesu songli, qu’il n’a pas compris ma critique de la biopolitique du capital, parce qu’il a affirmé sans nul argument que mon propos est d’établir la dangerosité des vaccins et qu’il a de plus conclu son commentaire en m’accusant d’avoir participé à une entreprise visant à empêcher les gens et notamment les pauvres de se faire vacciner. Quant à l’appel à mes camarades et néanmoins adversaires à cesser de “faire semblant de critiquer mon texte”, c’est une façon de dire que la critique purement externe qu’ils pratiquent, n’incluant aucun moment de critique interne prenant en considération l’ensemble de l’argumentation de l’adversaire, n’est nullement par hasard liée à l’accusation disqualifiante de tenir un discours irrecevable dans la problématique de la communisation. Donc pour tenter d’en finir avec cette accusation portée non pas seulement contre les scientifiques critiques mais contre moi, communiste, de tenir un discours complotiste, je rappelle ici a) qu’il n’y a strictement aucun élément factuel qui permette de qualifier le discours des scientifiques critiques de complotiste b) qu’il n’y a aucun élément théorique dans mon texte qui permette de le qualifier de complotiste.
    Je sais par ailleurs fort bien qu’il existe aussi des gens capables de comprendre ce que j’écris et dans ces gens, il y a notamment toi, Pepe, et tous les gens du “cercle rapproché” de Dndf. Maintenant au-delà même de mon texte et de la question de la biopolitique du capital, il s’agit de savoir ce que signifie lire un texte théorique. Pour moi, ça signifie, je l’ai dit, pénétrer dans la problématique et l’argumentation de l’adversaire, ce que les intervenants sur Dndf n’ont jusqu’à maintenant pas fait, mais que vous, gens de Dndf et/ou de TC pourriez faire. Et la question de méthode, se demander ce qu’on fait en critiquant une contribution au débat sur la communisation, n’est pas spécifiquement liée à la question de fond posée et discutée dans mon texte, celle de la critique de la biopolitique du capital. La question de méthode, la réflexion de la pratique théorique en elle-même et sur elle-même, se pose en tout débat théorique. Maintenant si l’on juge que mon texte n’est pas une contribution au débat sur la communisation, je me demande bien pourquoi il est publié sur Dndf, qui ne fait pas, que je sache, dans la critique de la raison pure.

    FD

  31. pepe
    15/02/2023 à 18:47 | #31

    L’avant propos et le sommaire de TC27 que nous venons de mettre en ligne répond en partie à la demande de controverse théorique autour du texte de FD. Il est en particulier, très interessant de n’y trouver aucune mention de Biopouvoir, notion que FD essaye d’imposer comme nouveau gimmick du milieu de de la communisation….A suivre après lecture du numéro dans son ensemble

  32. FD
    16/02/2023 à 10:12 | #32

    FD 6 – Pepe, j’ai en effet demandé qu’on discute sérieusement de mon texte ou, si l’on pense qu’il ne s’agit pas d’une analyse théorique sérieuse, qu’on le dise et surtout qu’on le démontre. Maintenant, au lieu de m’accuser d’avoir une attitude méprisante envers mes contradicteurs, tu m’accuses de tenter d’imposer le biopouvoir comme « nouveau gimmick du milieu de la communisation ».
    Gimmick (définition Wiki) : De l’anglais « gimmick » = truc, astuce. Nouveauté, gadget astucieux, en particulier dans le champ publicitaire. Question : depuis quand vous, Dndf /TC, combattez-vous des procédés publicitaires ?
    Dans l’avant-propos et le sommaire de TC n° 27 , « on ne trouve pas mention de biopouvoir ». Question : depuis quand l’absence d’un concept dans un corpus théorique est-elle la preuve de « l’absence », càd en fait de la nullité dudit concept ?
    « FD essaie d’imposer le gimmick du biopouvoir dans le milieu de la communisation ». Non, je ne veux rien imposer du tout. Je soumets à la discussion mon analyse d’un nouveau problème apparu dans le champ de la communisation. Càd non pas tant dans le milieu qui théorise la communisation que dans le moment actuel de la crise du capital où la communisation est pensable.
    S’il s’avère finalement qu’il n’est pas question de discuter sérieusement mon texte, je laisserai tranquilles mes contradicteurs et je n’interviendrai plus sur Dndf que sur les questions autorisées.
    Et bien sûr je vais lire le TC n° 27 dès qu’il sera déposé en librairie, car d’après son sommaire, il me paraît déjà fort intéressant.

    FD

  33. La soute
    19/02/2023 à 19:42 | #33

    Les camarades de Théorie Communiste ont répondu au texte de FD.
    Vu la longueur de la réponse et son importance sur le fond, nous la publions en nouveau post.

  34. FD
    02/03/2023 à 12:28 | #34

    À tous les gens qui ont lu mon texte, “Bordel in progress”, et à ceux qui peuvent encore le lire, je signale que ma réponse à la critique de TC, “Work in regress”, est en commentaire sous la critique de TC, post n°5.

    FD

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