Rentrée mouvementée au Québec
Des perturbations ont eu lieu à l’Université de Montréal (UdeM) et à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), en ce jour de rentrée universitaire pour les étudiants qui étaient en grève contre la hausse des droits de scolarité au printemps dernier.
Selon la direction de l’UdeM, des étudiants cagoulés et favorables à la grève se seraient barricadés dans un local de l’établissement afin de perturber la tenue des cours. L’Université aurait alors demandé l’intervention du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM).
En revanche, les étudiants soutiennent qu’ils ont été enfermés dans une classe contre leur gré par des gardiens de sécurité.
Au total, à l’UdeM, 19 étudiants ont été interpellés en vertu de la loi 12 (projet de loi 78), qui interdit notamment d’entraver le retour en classe. Ces étudiants ont été tenus à l’écart avant d’être relâchés avec de la documentation sur cette législation. Leur sort est désormais entre les mains de la Direction des poursuites criminelles et pénales, qui décidera de donner suite à ces interpellations ou non.
Par ailleurs, un jeune homme de 21 ans a été arrêté en vertu du Code criminel pour voies de fait à l’égard d’un policier.
À l’UQAM, où environ 9000 étudiants sont toujours en grève, des militants en faveur de la poursuite de la grève, dont certains étaient masqués, ont fait irruption dans des classes. Des cours ont dû être annulés.
Il n’y a pas eu d’intervention policière à l’UQAM, mais la direction a publié un communiqué en fin de journée, pour lancer un appel au calme et expliquer pourquoi elle n’a pas demandé l’aide du SPVM.
« Compte tenu de la situation actuelle, la direction juge très risqué de tenter de contraindre, par la force, le retour en classe sans mettre en péril la sécurité des personnes et des biens dont elle est responsable », est-il écrit dans le communiqué. La direction de l’UQAM appelle ainsi « l’ensemble de la communauté universitaire » au « calme et au respect ».
Pour que la police intervienne dans un établissement universitaire, il faut que le recteur ou son représentant en fasse la demande.
En assemblée générale la semaine dernière, la majorité des associations étudiantes ont choisi de mettre fin à la grève ou de la suspendre jusqu’aux élections du 4 septembre.
La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a demandé à ses membres de respecter les mandats votés par les assemblées générales et a assuré que son organisation surveillait avec attention la rentrée des classes prévue par la loi 12. Mais le message ne semble pas être passé partout.
La présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, a déploré sur RDI les « actes d’intimidation et de violences qui ont été perpétrés de part et d’autre ».
« Le fait d’avoir par exemple des policiers qui sont à la porte des cours […], on ne devrait pas excuser ça dans un contexte où l’université est publique », a estimé Mme Desjardins. « D’un autre côté, aller [insulter] certains professeurs […] parce qu’ils décident de donner les cours, ça dépasse les bornes. Évidemment de chaque côté, on dénonce clairement les abus », a-t-elle poursuivi.
À l’UdeM, une dizaine d’associations représentant 2811 étudiants ont de leur côté choisi de poursuivre la grève. Les quelque 9000 étudiants en sciences humaines, en arts et en sciences politiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ont également opté pour la reconduction de la grève.
Des étudiants de l’Université du Québec en Outaouais, de l’Université de Sherbrooke et de l’Université Laval ont eux aussi refusé de mettre fin à la grève.
Les professeurs de l’UQAM menacent de débrayer
« On va offrir les cours aux étudiants qui vont se présenter en classe », avait indiqué en début de journée Daniel Zizian, président-directeur de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) en entrevue à Radio-Canada. « Quant aux étudiants qui décident de ne pas se présenter, ils courent le risque d’obtenir la mention abandon ou échec », a-t-il ajouté.
Au total, 44 associations – représentant environ 30 000 étudiants universitaires – affiliées à la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) ont toujours un mandat de grève générale illimitée et ne retourneront pas en classe lundi.
Les professeurs de l’UQAM pourraient également débrayer s’ils jugent que les conditions optimales d’enseignement ne sont pas réunies. Jeudi dernier, ils ont approuvé à 65 % une résolution avec laquelle ils pourraient refuser de donner des cours.
Le choix pour les enseignants de ne pas donner les cours contreviendrait à leur convention collective et à la loi 12, mais le projet de résolution indique que l’assemblée aura été « informée des conséquences qui peuvent découler » de cette infraction.
Alors qu’une centaine de professeurs de l’UQAM demandent à l’établissement de ne pas appliquer la loi spéciale, la direction tient à rappeler tant aux associations étudiantes qu’aux professeurs les obligations découlant de la loi spéciale adoptée par le gouvernement Charest, les exhortant de « prendre les moyens appropriés pour offrir ces cours ».
« La loi 12 prévoit spécifiquement que toutes les personnes salariées doivent se présenter au travail conformément aux conditions de travail qui leur sont applicables », a-t-elle souligné derechef sur son site Internet, souhaitant que le parachèvement de la session d’hiver puisse se dérouler sans entrave.
Radio Canada
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