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Blog Réalité : « Israël attaque sur tous les fronts pour démontrer qu’il est fort même sans les États-Unis »
Israël attaque sur tous les fronts pour démontrer qu’il est fort même sans les États-Unis
Dans cet entretien que nous traduisons, Emiliano Brancaccio affirme que le gouvernement Netanyahu veut démontrer que la crise de la dette américaine et la tendance des États-Unis à limiter leur présence au Moyen-Orient qui y est associée, n’affectent pas l’hégémonie d’Israël dans la région. Les actions militaires contre le Liban, le Yémen, l’Iran, jusqu’au nettoyage ethnique de Gaza, toujours souhaité et jamais osé auparavant, tout indique que Netanyahou et les siens jouent le tout pour le tout. Ils veulent démontrer que dans la crise de l’ancien ordre américain, Israël est destiné à rester le gendarme économique et militaire du Moyen-Orient.
Une réponse à « Réalité »
Traduction de la réponse d’un camarade au texte « Le grand détournement – La « doctrine Miran » et le choc Trump » publié sur le blog « Réalité ».
Une lettre à la canicule : une réponse à « Réalité »
« Réalité » dresse un portrait pertinent de l’une des idéologies économiques à l’œuvre au sein de l’administration Trump et nous éclaire sur les motivations de certaines fractions du capital qui se sont alignées sur Trump et MAGA. Mais lorsqu’il s’agit d’en cerner les « implications pour le circuit international du capital », ils se montrent bien trop crédules.
18 juin 2025
Par Jasper Bernes
Lu sur la toile
« Présentation : Ce que le Mexique révèle de la réorganisation autoritaire du capital mondial. »
« À la manière de John Reed, de ce côté-ci du mur, nous avons élaboré un rapport synthétique et explicatif que nous jugeons urgent. Il ne vise pas à épuiser la complexité des processus analysés ni à proposer un diagnostic définitif, mais plutôt à dresser une première carte des coordonnées nécessaires pour ceux d’entre nous qui luttent d’en bas. Il a été préparé par un groupe de militants communistes préoccupés par l’évolution actuelle de la crise mondiale et par la place qu’occupe – et subira – le Mexique dans cette violente reconfiguration du capital.
Ce qui est présenté ici n’est ni un inventaire technique ni un exercice d’érudition. Il s’agit d’une lecture matérialiste des mécanismes qui imprègnent le quotidien de millions de personnes : les droits de douane comme forme de punition économique, l’austérité comme guerre interne, la migration forcée comme politique structurelle, le narcocapitalisme comme gestion territoriale, l’automatisation exclusive, l’écocide rentable et la dette comme infrastructure de contrôle. Chaque section de ce rapport aborde un phénomène visible et le replace dans le cadre général de l’accumulation violente qui caractérise notre époque. »
revue Chuang : « TRUMP II : la guerre commerciale devient mondiale »
Traduction d’un texte de la revue Chuang publié sur le site la revue « Heatwave »
« TRUMP II : la guerre commerciale devient mondiale »
Dans cette première contribution à Heatwave, Chuang répond aux questions sur les impacts mondiaux des dernières vagues de droits de douane américains. L’aperçu complet de cette enquête, accompagné des réponses de camarades de plusieurs pays, sera publié dans un dossier intitulé « Folie et civilisation capitaliste : Perspectives internationales sur les droits de douane MAGA 2.0 », et inclus dans le deuxième numéro de Heatwave.
2 juin 2025
Par Chuang 1 Lire la suite…
blog Réalité : « Dépenses militaires et rapports de classes »
À partir d’un retour sur les débats théoriques autour de la fonction des dépenses militaires dans le capitalisme, ce texte en propose une relecture à l’aune de l’histoire. Il souligne comment ces dépenses ne répondent pas seulement à des buts militaires, mais servent aussi d’instrument de gestion des rapports de classes. Des Trente Glorieuses à aujourd’hui, il interroge la manière dont elles ont façonné les compromis sociaux et la place qu’elles peuvent prendre dans le renouveau actuel des politiques industrielles, aux États-Unis comme ailleurs.
« La « doctrine » Miran et le choc Trump »
Une version de travail, plus étendue et plus brouillonne du texte sur le même sujet publié sur le site « REALITE », n’engageant qu’un seul de ses deux auteurs.
« La « doctrine » Miran et le choc Trump »
Introduction
Alors que le monde entier semble abasourdi par les annonces tarifaires de Trump de ces dernières semaines, pour une grande partie de la presse bourgeoise en Europe comme ailleurs, la volonté de Trump de rebattre les cartes du commerce mondial serait au mieux contradictoire, sinon hasardeuse et irréfléchie. Le document que nous commentons ici présente précisément l’inverse. Il consiste en un plan détaillé, un « guide de l’utilisateur » en vue d’une refonte d’ensemble du système économique et monétaire international sous hégémonie américaine[1].
Ce plan est signé de Stephen Miran, président du Council of Economic Advisors, et Scott Bessent, directeur du Trésor américain, aurait participé à son élaboration[2]. Il décrit avec précision l’objectif de l’administration trumpiste : une dévaluation du dollar afin de booster la compétitivité industrielle américaine ; et les moyens d’y parvenir : des taxes douanières œuvrant comme levier de négociation couplées à une renégociation du parapluie militaire américain. Il semble désormais représenter la ligne de Trump, Vance, Bessent, Hasset et du potentiel futur remplaçant de Jérôme Powell, Kevin Warsh. Lire la suite…
« Le Débarquement : Fascistes sans fascisme »
« Avec Jasper, Joshua a écrit ce que je pense être la meilleure annonce de l’arrivée de Trump, un essai qui aurait pu faire gagner beaucoup de temps dans le “débat sur le fascisme” si plus de gens l’avaient lu. Allez, camarade, vous nous manquerez. »
« Le Débarquement : Fascistes sans fascisme »
28 février 2017
On peut imaginer une personne prenant lentement conscience d’être victime d’une catastrophe. Cette forme de conscience pourrait être comparée à celle d’une personne regardant par le hublot d’un avion. Elle est à bord depuis longtemps, des années, des décennies. Depuis l’altitude de croisière, le paysage en contrebas défile uniformément, quelque peu abstrait. Les mécanismes stabilisateurs de l’œil et du cerveau adoucissent la scène. Peut-être se trouvent-ils quelque part au-dessus du Midwest. Leur connaissance des souffrances qui ont saisi la région survolée flotte à la périphérie d’un ennui glacial. Le bourdonnement régulier des réacteurs, une sensation d’immobilité. Portés par les vents dominants, les premiers aérostiers n’ont détecté aucun vent. Ainsi de ce vol. Bien que les passagers ne voyageront jamais plus vite, ils ne ressentent pratiquement aucun mouvement.
Ce n’est qu’à l’approche de l’atterrissage que les secousses commencent. Des secousses structurelles. Un vent de gradient à la limite de la couche. Le sol juste en dessous – disons le terrain autour de l’aéroport métropolitain de Détroit – défile à une vitesse inhumaine. Lui aussi semble trembler. L’œil ne peut suivre, ne peut lisser les choses, ne peut enregistrer les objets qui passent avant qu’ils ne disparaissent. Tout arrive trop vite. Prélude au désastre ? Le désastre lui-même ? Les signes et les présages apparaissent trop vite pour être discernés, remplacés aussi vite qu’ils sont apparus. La panique s’empare du passager. On dirait un événement soudain, insoupçonné, imprévisible, parti de rien, le monde qui s’écroule. Lire la suite…
France : « une parenthèse en train de se renfermer » ?
Lu sur X anciennement twitter. Nous avons rajouté le point d’interrogation au titre, la question étant ouverte. dndf
« Je pense qu’il faut acter ça, et réfléchir à des formes politiques qui prennent en compte le fait que ces frontières de classe se sont réépaissies, je sais pas. C’est aussi une chance parce que ça apporte une clarification salutaire
D’où une sensation un peu bizarre qu’on a subitement changé d’époque : pour moi, elle est due à la fin de ce paradigme interclassiste et au début d’une nouvelle séquence de luttes où les classes moyennes et les prolétaires agissent bcp plus séparément
Depuis lors, les formes de militantisme visibles sont bcp plus centrés autour des intérêts des classes moyennes (les libraires contre Bolloré, le respect du droit international, la lutte contre “l’autoritarisme”, les luttes ds la culture, la juridicisation des luttes écolos..)
J’ai l’impression que la défaite de 2023 a acté pour de bon dans la tête des gens les limites de ces mouvements interclassistes de masse, qui se veulent consensuels, majoritaires, convergents, etc..
Mais ce modèle social protecteur est financé par ailleurs par l’approfondissement des logiques d’exploitation dans les secteurs des services, et dans des formes toujours plus rudes de prolétarisation de pans entiers de la population : on a pas l’un sans l’autre
Mais tout ça était quand même fondé sur un malentendu qui voulait que toutes les classes qui ont participé à ces mouvements avaient des intérêts, au fond, convergents, dans la défense du modèle social français
Je pense qu’il faut accepter de voir la séquence de conflictualité sociale en France qui court de 2016 à 2023 comme une parenthèse en train de se renfermer. Pendant 7 ans, de façon ininterrompue, les élites politiques ont mené contre le fameux “modèle social français” des coups de butoir qui furent quasiment tous victorieux. A part pour les GJ, toutes ces “batailles”ont été largement hégémonisées par les classes moyennes mais brassaient plus largement autour d’elles, ce qui pouvait mener à des configurations explosives dans la rue
Et j’ai aussi l’impression que les stratégies politiques “autonomes”, fondées sur le débordement et la conflictualité dans la rue étaient largement tributaires de cette séquence très spécifique de conflictualité.
Si la donne sociale qui permettait le débordement n’existe pas, c’est toute l’hypothèse du “débordement dans la rue” qui doit être remise en question, sans quoi, il y a le risque d’une déconnexion croissante entre les milieux autonomes et les luttes de classe existantes
Tout ça c que des hypothèses/questions si ça se trouve ça va pas du tout se réaliser mais jme dis que ça peut être bien de se poser la question »
« Oui assez d’acc
Il faut ajouter également que les émeutes pour Nahel dans la continuité mais bien différentes (en composition et pratique) des sauvages post 49-3 sont aussi le signe de cette séparation entre prolétariat et CMS »
Dazibao
La dernière entrée du Dazibao, théorie ou philosophie?:
« … le sujet abstrait, hypostase de l’individu isolé de la société bourgeoise. Nous avons là le “défaut” majeur de toutes les philosophies : leur incapacité à s’émanciper des apparences immédiates de la société marchande qui les fonde et qu’elles acceptent comme l’unique réalité.
C’est à partir de l’acceptation non critique de la situation de l’individu dans la société bourgeoisie que va se nouer l’essentiel de la problématique philosophique. Un fois accepté comme fait de nature, évidence, l’isolement de l’individu et son face à face avec l’ensemble de ses rapports sociaux qui lui apparaissent comme «es conditions extérieures, un environnement, la question essentielle sera alors de relier entre eux ces individus, présupposés comme isolés et autonomes. Ce sera le sens de toute la philosophie, politique notamment (par exemple Rousseau et le Contrat social), le point de convergence du matérialisme et de l’idéalisme. »
Théorie Communiste « Les notes 5 », septembre 1978
Prolégomènes sur le « système des États »
Traduction par nos soins du dernier texte du site de la revue « Endnotes »
Par Raffaele Sciortino auteur de « La température du système. Guerre et dégel dans la crise mondiale » traduit et publié sur dndf et Robert Ferro de la revue/site « Il Lato Cattivo », dernier livre publié « Intérêts matériels, Interventions 2017-2022 ».
Prolégomènes sur le « système des États »
par Raffaele Sciortino, Robert Ferro
Introduction
Il est généralement admis que Karl Marx avait prévu un volume consacré à l’État dans le plan du Capital, volume dont il n’a même pas rédigé l’ébauche. Après Marx, plusieurs érudits ont insisté sur le caractère incomplet de la théorie marxienne à cet égard, et bien qu’aucun ne se soit explicitement donné pour tâche de compléter le projet initial de Marx sur l’État, certains ont néanmoins tenté de combler partiellement cette lacune. S’écartant de l’opinion dominante, ce texte suggère que l’État en tant que tel ne présente pas d’obstacles particuliers à la théorie marxiste, et que le dispositif conceptuel marxiste est suffisant pour en faire une analyse exhaustive. L’articulation théorique à partir de laquelle les choses se compliquent réside dans le passage de l’abstrait au concret, qui, dans l’œuvre de Marx, coïncide avec la transition du concept de capital en général à la multiplicité des capitaux individuels concurrents. Suivant la méthode marxienne, nous cherchons à esquisser la transition de l’État capitaliste en général – une notion qui n’est adéquate qu’au plus haut niveau d’abstraction – à une pluralité d’États qui se déploient et se rapportent les uns aux autres dans un système d’États. Selon nous, un tel système, en tant que véritable contrepartie politique du mode de production capitaliste dans son existence réelle, doit être analysé comme faisant partie d’une totalité : le marché mondial. Nous reconnaissons l’activité indispensable d’organisation du marché mondial comme sa logique fondamentale. Les implications théoriques et politiques sont vastes et largement inexplorées par la recherche marxiste. Un tel cadre vise à permettre une meilleure compréhension du marché mondial en tant qu’espace « produit », fortement structuré et n’ayant jamais préexisté à sa formalisation institutionnelle ; en même temps, il doit être compris comme une contribution à la reformulation des questions de stratégie et de pouvoir sur une nouvelle base, dans la perspective du dépassement des relations capitalistes qui semblent aujourd’hui osciller entre crise et guerre. Lire la suite…
E/D/C, Réponse de F.D. à R.S.
Exploitation / Domination / Communisation
Réponse de F.D. à R.S.
Oui, bien sûr, la question de la relation entre reproduction de l’exploitation et reproduction de la domination s’inscrit aussi pour moi dans une théorie de la révolution communiste comme communisation. Oui, bien sûr, le concept de communisation implique aussi pour moi les notions de conjoncture et de vie quotidienne, telles que les a définies TC, contre l’économie et la sociologie fétichistes qui se contentent d’enregistrer et mesurer des phénomènes. Mais en cette fin de cycle de la globalisation de l’exploitation, en raison même de la déconnexion globale entre la valorisation du capital et la reproduction du prolétariat, une conjoncture peut se produire qui, tout en bousculant pour un temps la hiérarchie déterminative des instances du mode de production capitaliste (comme l’a fait durant deux ans la gestion sécuritaire de la Covid), ne soit pas immédiatement rupture communisatrice dans sa reproduction. Et la vie quotidienne, comme monde vécu où la reproduction hors travail de ses conditions d’existence apparaît comme aussi naturelle que la contrainte au travail qui produit et fait circuler la survaleur, cette misérable vie peut elle-même encore se reproduire sans être mise en cause avec tous les rapports sociaux qui la fondent : exploitation du prolétariat par la classe capitaliste, division de genre entre hommes et femmes, racisation de toute l’humanité, en commençant par le prolétariat.
“Exploitation / domination”
(à propos d’Exploitation/domination/communisation par F. Danel)
Je suppose que, pour FD comme pour moi, la question de la relation entre « reproduction de l’exploitation » et « reproduction de la domination » s’inscrit dans une théorie de la révolution communiste comme communisation qui implique les notions de conjoncture et de vie quotidienne. Comme conjoncture, la révolution est le bouleversement de la hiérarchie déterminative des instances du MPC, c’est-à-dire le bouleversement d’une relation nécessaire allant de l’économie comme « base » à toutes les « superstructures » (à ce propos il faut absolument se référer au livre de Korsch, Livre des abolitions, éd. L’Asymétrie 2024). S’ancrant dans la vie quotidienne c’est comme reproduction unissant exploitation, domination et idéologie que la révolution est ce nœud où apparaissent, à nos risques et périls, dans leur propres termes toutes les contradictions et antagonismes constituant la reproduction du mode de production comme société (Fondements, éd. Anthropos, t.1, p.212 et 226 ; t.2, p.230). Conjoncture et vie quotidienne signifient qu’aucun antagonisme, aucune contradiction, aucun conflit ne sera résolus par voie de conséquence ou par définition : ainsi s’inscrit maintenant la question de la relation entre reproduction de l’exploitation et reproduction de la domination (la question pouvait se poser différemment dans le programmatisme « classique » ou à l’époque de « l’identité ouvrière »). Lire la suite…
Chuang : “Ni prophètes ni orphelins : Un entretien avec Endnotes”
Ni prophètes ni orphelins : Un entretien avec Endnotes
Les camarades de Chuang ont traduit en chinois une série d’articles de la revue communiste internationale Endnotes, puis les ont rassemblées dans un livre en trois volumes. Ils ont ensuite réalisé un entretien avec deux membres d’Endnotes sur l’histoire du groupe.
Ce qui suit est une transcription de cet entretien, très intéressant au niveau de l’histoire interne des groupes anglophones Aufheben et Endnotes, en particulier dans leurs relations théoriques avec d’autre groupes, Théorie Communiste entre autres.dndf
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Ni prophètes ni orphelins
Introduction de Chuang.
Endnotes est une série de revues et de livres publiée par un groupe de discussion basé en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Le groupe initial a été formé à Brighton, au Royaume-Uni, en 2005, principalement à partir d’anciens participants à la revue Aufheben, après un échange critique entre Aufheben et la revue française Théorie Communiste. Mais avec la migration et l’ajout de nouveaux membres, le groupe est devenu de plus en plus international. Endnotes est principalement orienté vers la conceptualisation des conditions de possibilité d’un dépassement communiste du mode de production capitaliste – et des multiples structures de domination qui modèlent les sociétés caractérisées par ce mode de production – à partir des conditions actuelles. A ce titre, il s’intéresse aux débats de la “théorie communiste”, et en particulier à la problématique de la “communisation” issue de l’ultra-gauche française post-68 ; à la question du genre et de son abolition ; à l’analyse des luttes, des mouvements et de l’économie politique contemporains ; à la dynamique de la population excédentaire et à ses effets sur le capital et la classe ; aux formations capitalistes de la “race” ; à la théorie de la forme-valeur et à la dialectique systématique ; aux échecs et impasses révolutionnaires du 20e siècle.1 Lire la suite…
“Exploitation/ Domination / Communisation” par F. Danel
Exploitation/ Domination / Communisation
Pourquoi la théorie de la communisation, théorie de la destruction révolutionnaire sans transition du capitalisme, peine-t-elle maintenant, plus de quinze ans après l’entrée en crise du capitalisme restructuré, à penser la rupture communisatrice dans la résistance du prolétariat à son exploitation ?
La reproduction des rapports de production capitalistes est-elle à la fois nécessaire et suffisante à la reproduction de la société capitaliste ? Et si la reproduction nécessaire des rapports de production n’est pas suffisante à celle de la société, quelle autre condition doit-elle être en même temps réalisée ?
Si cette autre condition nécessaire est la reproduction de la domination idéologique de la classe capitaliste sur toutes les classes de la société, comment la reproduction de la domination s’articule-t-elle avec celle de l’exploitation et comment peut donc se produire finalement la communisation ?
« Malheureux est le pays qui a besoin de héros »
Traduction du dernier texte du blog « Chuang », sur la situation au Myanmar, essai très fouillé et très intéressant, surtout dans le contexte actuel de l’affrontement entre les deux pôles qui se disputent le leadership à venir du mode de production capitaliste, derrière leurs têtes de pont, la Chine et les USA.dndf
Malheureux est le pays qui a besoin de héros
Essai de Geoffrey Rathgeb Aung, rédigé pour Endnotes et Chuǎng.1
« Tous les soulèvements, sans exception, n’ont-ils pas pour origine l’isolement misérable des hommes par rapport à la communauté (Gemeinwesen) ? Tout soulèvement ne présuppose-t-il pas nécessairement l’isolement ? La révolution de 1789 aurait-elle eu lieu sans l’isolement misérable des citoyens français par rapport à la communauté ? Elle visait précisément à abolir cet isolement. » – Marx, “Notes critiques sur l’article : ‘Le roi de Prusse et la réforme sociale. Par un Prussien”, Vorwarts ! n° 63, août 1844 (MECW 3) : 204-205, traduction adaptée.
“Palestine : peuple ou classe ?” (1ère partie)
Dans le contexte des échanges qui ont eu lieu ici et là et sur dndf suite à notre publication d’une première interview du camarade Minassian, Gaza : “une militarisation extrême de la guerre de classe en Israël-Palestine”,nous relayons l’entretien en deux temps qu’il a donné il y a quelques mois à Courant Alternatif. dndf.
En poursuite et approfondissement du débat qui a eu lieu avec Emilio Minassian aux rencontres libertaires du Quercy de cet été, afin de défendre une lecture et une perspective de classe de la situation en Palestine-Israël, nous lui avons posé quelques questions. Dans une première partie, nous discuterons de l’intégration de la région Israël/Palestine dans le capitalisme mondial et la composition de classe en Palestine. Dans le numéro suivant, nous en aborderons les implications pour les luttes prolétariennes et la lutte de libération nationale.
En guise d’introduction du propos
D’abord un mot sur « d’où je parle », comme on dit. Je ne suis pas palestinien, j’ai passé régulièrement quelques mois en Cisjordanie ces vingt dernières années en jouant des casquettes habituelles des Occidentaux de gauche qui se rendent dans les Territoires : activités de solidarité, petits documentaires, recherche universitaire sans suite. Sans doute que ça a relevé à plein d’endroits d’une forme de tourisme militant, à la sauce marxiste-toto. Lire la suite…
blog DDT21 : « L’Ukraine et ses déserteurs. Partie I : Où sont les hommes ? ».
L’Ukraine et ses déserteurs
Première partie : Où sont les hommes ?
« La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. »
Paul Valéry
« Les Ukrainiens sont prêts à mourir pour la perspective européenne.
Nous voulons qu’ils vivent avec nous le rêve européen. »
Ursula von der Leyen
Depuis l’attaque lancée contre l’Ukraine, et tout particulièrement à partir de la mobilisation partielle décrétée par Moscou en septembre 2022, les médias occidentaux concentrent une partie de leur attention sur les réfractaires, insoumis et déserteurs russes ; leurs homologues ukrainiens étant quant à eux curieusement invisibilisés, y compris ‒ et peut-être surtout ‒ en milieu militant1. Après plus de mille jours de guerre, la situation s’inverse quelque peu, et désormais plus personne ne peut ignorer ce phénomène qui fait la une des médias internationaux2 : l’armée ukrainienne rencontre des difficultés croissantes pour recruter de nouveaux soldats, et de plus en plus d’hommes cherchent à échapper à la conscription, à fuir leur pays, se cachent, s’évadent, désertent, y pensent ou en rêvent. De quoi mettre dans l’embarras ceux qui considèrent que les Ukrainiens se battent pour défendre la démocratie, la liberté et le Bien ‒ qu’ils se battent « pour nous » ‒, ceux qui s’opposent à toute négociation de paix et fantasment sur une défaite militaire de la Russie, ceux qui sont prêts à se battre… jusqu’au dernier Ukrainien. Les premiers concernés ne semblent toutefois pas vraiment d’accord. Est-ce si nouveau ? Si surprenant ?
Dans le contexte des échanges autour de “Bordiguistes et communisation”
Commentaire critique de “Bordiga : Facteurs de race et de nation dans la théorie marxiste” par R.S.
La version du texte de Bordiga que nous commentons ici a été « récupérée » sur le net, en conséquence les références de pages ne sont que relatives à cette version.
Première partie (24 pages)
Reproduction de l’espèce et économie productive, deux aspects de la base matérielle du processus historique
La cible générale du texte n’est pas Staline ou « l’idéalisme bourgeois » mais la scission de Damen, c’est-à-dire pour Bordiga et Programme Communiste la défense des luttes de libération nationale (cela est explicite dans les premières lignes de l’article sur le même sujet dans Programme Communiste n° 82, Avril 1980). Même en 1952, Bordiga a un emploi si extensif du terme de « nation » que non seulement il ne veut plus rien dire mais il est source d’une grande confusion théorique. Il s’agit souvent d’Empire ou de cités, le terme de nation est alors circonscrit à des réalités locales qui n’ont pas d’existence politique. Lire la suite…
« Misère et crise. Actualité de la théorie critique » et « Communisation et théorie de la forme-valeur »
Traductions de la revue A-M-A’.
« Misère et crise. Actualité de la théorie critique »
Aaron Benanav et John Clegg dressent le bilan des dix premières années d’existence de la revue Endnotes dont les analyses prolongent les débats propres aux marxistes dissidents au sujet de la paupérisation, la surpopulation relative ou encore de la crise. Il est ainsi possible de revenir à la tâche première qui n’est autre que de saisir la lutte des classes non comme simple arrière-plan à la théorie, mais comme activité de production théorique elle-même. »
https://revueama.noblogs.org/misere-et-crise-actualite-de-la-theorie-critique/
« Communisation et théorie de la forme-valeur »
« Cet article issu de la revue Endnotes réinvestit l’héritage de l’operaismo italien, de l’Internationale Situationniste, de la communisation en France et enfin de la Neue Marx-Lektüre en Allemagne pour en dépasser les paradoxes et en extraire les perspectives théoriques et pratiques. S’ouvre ainsi une discussion qui redonne à la théorie de la forme-valeur, souvent mal comprise, toutes ses potentialités. »
https://endnotes.org.uk/translations/endnotes-communisation-et-theorie-de-la-forme-valeur
« Excédent et déplacement, réfugiés et migrants »
Voila la traduction relue et corrigée d’un texte paru sur le site « Global Dialogue ».dndf
Excédent et déplacement, réfugiés et migrants
par Nadia Bou Ali et Ray Brassier
Cet article vise à développer la notion de “population excédentaire” en tant que caractérisation des masses sans emploi. Il s’agit notamment des masses de travailleurs précaires exclus de la relation salariale formelle et des masses de personnes qui, en raison de la paupérisation capitaliste, ne sont visibles que sous des catégories générales (réfugiés, migrants). Les catégories générales de réfugiés et de migrants sont des catégories descriptives abstraites qui nécessitent une analyse concrète des “populations excédentaires” dans la dynamique différentielle du capitalisme mondial.
Le capitalisme est inégal dans sa constitution originelle ; l’accumulation primitive est originelle dans la mesure où elle se reproduit constamment avec la production de la plus-value. Cela dit, l’impulsion coloniale est fondamentale pour le capitalisme, qui est à la fois une relation sociale et une relation écologique. D’une part, le “capitalocène” se caractérise par le caractère consommable de la vie humaine et de la nature. D’autre part, la catégorie de “dépossession démographique” décrit comment cette inégalité est vécue, en particulier et universellement, par des masses de personnes dont l’exclusion de la relation salariale formelle est fondamentale pour la production de la plus-value.
« La révolution comme anti-politique, le communisme comme abolition du travail »
Sur le blog des camarades d’ « Artifices »
« Dans ces deux courts textes, les camarades d’Ediciones Inéditas, basés à Los Angeles, reviennent sur quelques mécompréhensions courantes à propos de ce que signifie, pour nous autres communistes, l’anti-politique et l’anti-travail. Il nous a paru utile de les traduire en français (et de les diffuser sous format brochure) afin de dissiper tout malentendu, alors que les catégories du capital sont encore souvent présupposées comme naturelles et indépassables dans nos luttes. »
Gaza 2024, réponse à un commentaire
Nous avons reçu la réponse du camarade Minassian au commentaire de RS de la revue « Théorie Communiste » dans « Gaza 204 ». dndf
« Ouaip. Des choses dans le texte du camarade RS me semblent bien vues et d’autres me laissent plus perplexe (aux endroits où son texte commente le mien).
Je reconnais qu’il y a du normatif qui traîne dans la manière que j’ai (que j’ai eue) de me figurer les choses, en particulier dans la mise en avant d’un “il n’y a pas” (de lutte prolétarienne). C’est vrai que cette manière de penser ne va pas, et je suis d’autant plus reconnaissant au camarade RS de souligner la chose que ses remarques, quelque part, aident à combler un écart (si si) de positionnement dont je ne sais souvent que faire (un ultragauche franchouillard face à ce qu’il perçoit comme une forme de mystique nationale des “gens” là-bas).
Là où je pense être en porte-à-faux, c’est dans la manière dont RS pointe comme problématique “il y a” (des luttes autonomes). Là, c’est lui qui me semble poser quelque chose de normatif, de l’ordre de “tant que les prolétaires ne se suppriment pas leurs luttes reproduisent le rapport social”. Lire la suite…
“Karl Marx, aujourd’hui?”
Dans notre série (très rare!) “dndf, le Télérama de la communisation“, nous signalons la série d’émissions, sur France Culture, consacrée cette semaine, à 10h, à Karl Marx. L’écoute du premier épisode nous a rassuré et justifie ce relai sur notre site: pas trop “people”, pas trop intello et surtout moins “leçons d’histoire” que “lutte des classes”.
Ce lien permet d’enregistrer les émissions en podcast, sur l’application de Radio France
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avec-philosophie
Gaza 2024
Un texte sur Gaza suivi de “Commentaires sur l’entretien avec Emilio Minassian” du 30 octobre 2023 publié sur Dndf le 2 novembre 2023
Gaza 2024
Dans un texte publié sur « Lundi matin » on parle de Gaza mais on ne trouve rien sur Gaza, les Palestiniens, etc., on y trouve la boite aux outils dont l’utilisation est préconisée en toute circonstance, quels que soient les lieux, les sujets, les conflits, les classes ou fractions de classes en présence : l’occupation (il faut croire que cela les occupe). Et surtout, l’injonction de tout bon théoricien cultivé et dissident des classes dominantes, à être du « bon côté de l’histoire ». Toujours « l’Histoire » comme le totem de ceux qui s’imaginent en être les représentants en chair et en os. Mais ceux qui sont dans le coup, qui sont embarqués dans les entrelacs de toutes les luttes et des guerres se foutent complètement du bon et du mauvais côté de l’Histoire et de l’Histoire elle-même. Il n’y a que ceux qui s’imaginent, parce que c’est leur raison d’être, être, en toutes circonstances, l’incarnation de l’Histoire et donc de son « sens » qui se soucient d’une telle chose : être du bon côté ou non Lire la suite…
« Que crève la France périphérique” »
Des camarades du blog « Artifices »
Puisque l’actualité politique ne semble pas avoir fini de nous épuiser, il nous a semblé nécessaire de revenir sur un concept nocif, qui se répand jusque dans nos milieux, et les représentations qu’il charrie. Ce bref article se propose d’en finir une bonne fois pour toutes avec la France périphérique.
« Désormais, dans les textes de Jean-Luc Mélenchon, c’est « la nouvelle France », qui s’oppose sans doute à « la vieille France ». Depuis deux ans, LFI, c’est la stratégie [du think tank] Terra Nova avec le ton du Nouveau Parti anticapitaliste. «
François Ruffin, Le Monde, 10 juillet 2024
Cela fait désormais plus de 15 ans qu’au lendemain de chaque échéance électorale de fins stratèges de gauche et d’extrême-gauche (nous ne reviendrons pas ici sur la différence ténue entre ces deux variantes de la social-démocratie) reprennent à leur compte le concept de “France périphérique” pour expliquer ce qu’il aurait fallu faire pour gagner – que ce soit pour construire le parti ou rafler une poignée de sièges supplémentaires dans une chambre parlementaire quelconque. De “l’alliance des beaufs et des barbares” de Bouteldja au “Front de la Somme” de Ruffin, tout le monde semble s’accorder sur le fait que la société française est scindée en deux, entre la “France périphérique” et les villes. Cette division a priori géographique est censée recouper par ailleurs une division sociale, politique, idéologique – et, surtout, raciale. Lire la suite…
“Dans les flammes de l’été: les émeutes pour Nahel et l’hypothèse communiste”
Sur le site des camarades “ARTIFICES”
« Cet article constitue la seconde partie d’un dossier sur les luttes de classes en France en 2023, dont la première partie sur le mouvement des retraites a été publiée sur notre site.
Rappelant que c’est en partant de l’activité du prolétariat dans les luttes telle qu’elle est que l’on peut véritablement mener l’analyse des émeutes suivant la mort de Nahel, cet article interroge dans quelle mesure ces dernières ont esquissé ce que pourrait être une insurrection communiste. Il entend penser les émeutes à partir de la situation particulière du prolétariat racisé afin de comprendre la situation générale du prolétariat depuis la dernière restructuration du mode de production capitaliste. »
Européennes 2024
La lutte de classe n’est jamais « pure » et c’est tant mieux. Si en France le Rassemblement National (RN) est le premier parti ouvriers, employés et chômeurs, et maintenant des jeunes votants (hormis peut-être l’insaisissable « parti des abstentionnistes »), nous n’allons pas pour autant y adhérer et encore moins nous en réjouir. Mais regarder les choses comme elles sont et considérer que la lutte des classes peut emprunter des chemins très tortueux et si nous combattons ces chemins ce n’est pas au nom d’une vérité de « l’autonomie prolétarienne » en pensant que les prolétaires se sont faits détourner ou manipuler. Combattre la « droitisation extrême » d’une grande partie des classes ouvrières partout dans le monde occidental et leur nationalisme partout dans le monde ne peut se faire au nom d’un aveuglement ou d’une « erreur » de ces dernières, mais en explicitant la situation réelle actuelle des rapports de classes dans le mode de production capitaliste qui produit cette « droitisation extrême ». Pour simplifier : l’ennemi principal n’est pas, par exemple, en France, le RN ou Reconquête, l’AFD en Allemagne, etc. mais toutes les politiques et les mesures ordinaires actuelles de reproduction du rapport d’exploitation aussi bien immédiatement dans le procès de travail que dans la reproduction sociale de la force de travail qui ont légitimé tous les thèmes RN et les ont promus (ou autres) en expression politique de la « dignité ouvrière », une identité fantasmée mais aussi constamment niée et méprisée.
Revue Endnotes : dossier “Young Mattick
Traduction DeepL de la présentation du dossier et comme nous l’a écrit un très cher camarade « une très vraie et très belle “introduction”.. sur ce qui nous fait ¨être et travailler à tout ce qui nous préoccupe ». dndf
« Nous sommes heureux de publier la première partie de notre dossier “Young Mattick”, qui comprend des traductions de nouvelles et de reportages de Paul Mattick datant de 1924-1934. Ce dossier comprend 11 pièces au total, avec une préface de Marie et une postface de @totalcritique https://endnotes.org.uk/dossiers/the-young-mattick »
« PRÉFACE UNE RÉFLEXION PERSONNELLE »
par Marie
« Le jour, je suis obligée de vendre mon temps, de gagner ma vie sur la chaîne d’emballage d’un entrepôt. La nuit, je consacre d’innombrables heures – aussi ingrates que passionnantes – à la lecture, à l’écriture et à l’édition pour un cercle de discussion communiste marginal, dont j’ai toujours supposé qu’il serait ignoré. Il n’y a donc pas une seule figure de l’histoire du marxisme à laquelle je m’identifie davantage, d’une manière plus profondément personnelle, que Paul Mattick (1904-1981). Ses idées extrêmement rigoureuses, leur motivation subjective passionnée sous la surface, ses luttes et ses doutes en tant qu’autodidacte prolétarien ayant une relation ténue et conflictuelle avec le marxisme académique et qui était néanmoins forcé de se lier d’amitié avec des professeurs afin de pouvoir s’engager avec des pairs intellectuels, et surtout le paradoxe fondamental de toute son approche brutalement honnête : c’était un obsédé de la théorie dont l’intégrité ne lui permettait pas de compromettre le moins du monde les premiers principes, et pourtant il était convaincu que sa propre pensée, ses écrits et son activité n’étaient que des gouttes d’eau insignifiantes dans la mer déferlante de l’histoire du monde.1
« Les causes historiques du séparatisme arabe »
Traduction de la présentation des camarades de la revue Endnotes.
le texte en français («programme communiste»; N° 104; Mars 2017) fait suite.
LES CAUSES HISTORIQUES DU SEPARATISME ARABE
par Il Programma Comunista
Introduction
La chimère de l’unification arabe vue d’en haut
Les causes historiques du séparatisme arabe
INTRODUCTION : LE PROGRAMME COMMUNISTE, L’UNITE ARABE ET LE MYTHE DE LA RACE BLANCHE
“Une civilisation qui se révèle incapable de résoudre les problèmes qu’elle crée est une civilisation décadente.”Aimé Césaire
À la fin des années 1950, en pleine guerre froide arabe, le principal journal de la gauche communiste italienne, Il Programma Comunista, a publié une série d’articles sur le nationalisme arabe, que nous avons traduits et publiés ci-dessous.1 Ces articles établissaient un lien entre les tentatives d’unification des peuples arabophones dans un nouvel État super-régional et le sort de “l’Europe bourgeoise pourrie, corrompue, mortelle, infectée par la réaction et le fascisme plus ou moins déguisé, qui, depuis quarante ans, est le foyer inépuisable de la guerre impérialiste et de la contre-révolution”. “Qui peut mesurer l’impact révolutionnaire gigantesque de l’effondrement du mythe de la supériorité de la race blanche ?
C’était l’idée du “fardeau de l’homme blanc”, un soutien idéologique à l’ordre impérial occidental qui devait être détruit avant que ne puisse émerger quoi que ce soit qui ressemble au socialisme ou au communisme. Amadeo Bordiga, auteur anonyme de nombreux articles dans Il Programma Comunista, avait insisté, dans son style oraculaire caractéristique, sur le fait que “la civilisation, dont nous avons montré l’aube, doit connaître son apocalypse avant nous. Le socialisme et le communisme viennent après et se situent au-dessus de la civilisation, tout comme la civilisation a suivi la barbarie et s’est située au-dessus d’elle”.2 Aujourd’hui, nous assistons à une apocalypse palestinienne au double sens du terme : révélation de la vérité de la puissance occidentale et catastrophe humanitaire de l’ampleur des bombardements de Nagasaki et d’Hiroshima.3 Mais si le bombardement atomique du Japon a inauguré l’ordre mondial actuel, il se peut que nous arrivions aujourd’hui à sa fin. Comme nous l’avons affirmé, notre “époque est traversée par un désordre qui vient d’en haut comme d’en bas, et cette crise semble défaire les bases de la longue paix (la Pax Americana) qui a interrompu le déroulement révolutionnaire d’une époque antérieure”.4
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