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La Guadeloupe “au bord de la sédition”

a tension restait vive mardi 17 février en Guadeloupe, après un mois de grève générale. Des barrages, tenus par des militants du collectif contre la vie chère et les surprofits (LKP) ou des groupes de jeunes, perturbaient la circulation, notamment sur la route de Pointe-à-Pitre au Gosier, à Sainte-Rose, Petit-Bourg, Deshaies et Vieux-Habitants, selon des radios locales. La préfecture, où une cellule de crise est activée, n’a pu donner aucune information à ce sujet. Elle a en revanche annoncé que l’aéroport de la ville avait été fermé, la sécurité ne pouvant être assurée en raison de l’absence d’une large partie des personnels.

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La nuit a été marquée par des violences inédites ces dernières semaines. Les sapeurs-pompiers ont fait état d’une soixantaine d’interventions en vingt-quatre heures à Pointe-à-Pitre, sur des feux de barrages ou de carcasses de voitures, dans des cases inhabitées et dans deux magasins de la ville, incendiés. La ville balnéaire du Gosier, à 5 km, a été quasiment encerclée par plusieurs groupes de jeunes après des interpellations de protestataires qui avaient installé des barrages à l’appel du LKP. Un des leaders du collectif, Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGT-G, a affirmé que des militants du collectif étaient intervenus sans succès auprès des jeunes incendiaires. Le procureur de Pointe-à-Pitre, Jean-Michel Prêtre, dont la voiture a été caillassée, a estimé sur Radio Caraïbes internationale que “les moyens ne sont pas suffisants face aux manifestants”. “Je suis dans l’attente et l’angoisse que rien de grave ne se passe”, a-t-il dit.

Sur France Info, le président du conseil régional de Guadeloupe, Victorin Lurel, a estimé que l’île était désormais “au bord de la sédition”. Selon lui, “les tensions sont montées d’un cran parce que l’Etat n’a pas respecté sa parole, parce qu’il y a un reniement de l’Etat […], parce que le patronat n’a pas fait de propositions alléchantes, sérieuses”. “On a l’impression qu’il y a un abandon, qu’il y a une indifférence organisée”, a-t-il déploré.

“LES CONTACTS N’ONT PAS CESSÉ”

Dans un entretien aux Echos, le président de la Fédération des entreprises d’outre-mer (Fedom), Guy Dupont, “demande à l’Etat de ne pas aggraver la situation” en Guadeloupe. “Montrer du doigt d’une façon globale des pans entiers de secteurs d’activité, cela ne me paraît pas très bienvenu”, affirme-t-il, après que le secrétaire d’Etat à l’outre-mer, Yves Jégo, a déclaré lundi vouloir tourner la page de “l’économie de comptoir”. Dans une tribune au Figaro, M. Jégo affirme que la politique du gouvernement vis-à-vis de la Guadeloupe “n’est pas d’acheter” une “illusoire paix provisoire”. Selon lui, “il ne s’agit pas d’un mouvement de protestation sporadique, mais bien d’une triple crise. Une crise économique qui frappe toute la planète et atteint plus vite les économies fragiles, une crise structurelle liée aux dérives ultimes mais encore observables de l’héritage d’une économie ‘de comptoir’, et enfin, et peut-être surtout, une crise existentielle, en tout cas une crise sociétale”.

“On est prêts à apporter une baisse de charges sociales aux entreprises qui en ont besoin pour passer la crise économique et sociale, à charge pour elles ensuite de rentrer dans une bonne négociation”, a rappelé le secrétaire d’Etat à l’outre-mer, mardi sur RMC. Selon lui, “les contacts [entre le LKP et le patronat] n’ont pas cessé”, et “depuis hier, ça bouge, le monde de l’entreprise se mobilise”.

LEMONDE.FR avec AFP | 17.02.09

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  1. 17/02/2009 à 23:23 | #1

    Sans doute retirés du feu guadeloupéen (James Baldwin, ‘La prochaine fois, le feu”, à l’époque des émeutes de Watts) 9 écrivains DOM-TOMiens publient un «Manifeste pour les «produits» de haute nécessité» > http://bibliobs.nouvelobs.com/files/manifeste.pdf

    On y lit cette chute : « «Petits pays, soudain au cœur nouveau du monde, soudain immenses d’être les premiers exemples de sociétés post-capitalistes, capables de mettre en œuvre un épanouissement humain qui s’inscrit dans l’horizontale plénitude du vivant…»

    Parallèlement, deux des signataires Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau écrivent à Obama… > http://www.lanouvellerepublique.com/actualite/lire.php?ida=73662&idc=9&date_insert=20090217

    Oulala, ça en fait du “tout monde”, quelle concurrence idéologique sur le terrain du “post-capitalisme” !

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