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Argentine: autre jour de furie pour une interruption du service de train

06-09-2008
Tout a commencé à 7 heures, avec l’arrêt d’un train. La protestation d’usagers a dérivé en une coupure de voies et en l’incendie de wagons. L’entreprise a dénoncé un sabotage et le gouvernement a accusé des militants de gauche. Les organisations en question ont répudié l’imputation.


Les pénibles conditions dans lesquelles voyagent quotidiennement les usagers de l’ex-chemin de fer Sarmiento (banlieue ouest de Buenos Aires) se sont aggravés hier, avec l’incendie d’une formation et l’interruption du service durant plus de six heures, épisodes que le gouvernement a attribués à un “sabotage” qui a été adjugé aux activistes de groupes de gauche. Huit wagons, les plus modernes que compte la ligne, ont été détruits par le feu. Sept personnes  ont été arrêtées, accusées de “voler des distrtibuteurs de billets”, selon des affirmations du ministre de la Justice et de la Sécurité, Anibal Fernandez. Des dirigeants des organisations en question – Parti Ouvrier, Mouvement Socialiste des Travailleurs et Projet Sud – ont repoussé les accusations et ont répudié les affirmations du ministre.
Tout a commencé vers 7 heure, quand une formation de l’ex-Sarmiento s’est  arrêtée dans la station Ituzaingo. Cela semblait être encore un retard, de ceux qui  affecte tant la ponctualité du service. Mais selon l’entreprise TBA, “il ne s’est pas agi d’une détérioration mais d’un sabotage”. “Ils ont forcé la porte d’un cabinet qui contient les circuits électroniques du train et y ont répandu un liquide qui a produit un court-circuit et arrêté la formation”, a expliqué Gustavo Gago, porte-parole du concessionaire de la ligne, TBA. Le cabinet, a-t-il expliqué, se trouve dans le premier wagon et est fermé à clef : “La porte a été forcée”, a affirmé Gago.

Le service vers la capitale est resté interrompu jusqu’à ce qu’une autre formation  arrive, dans l’intention de remorquer la première et de prendre en charge les passagers. “Mais dans le trajet quelqu’un a actionné le frein d’urgence et la formation a recommencé à s’arrêter”, a raconté le porte-parole de TBA. Entre Ituzaingo et Castelar, “les passagers sont descendus sur les voies et certains ont agressé les machinistes”, a-t-il ajouté. A cet endroit se trouve la Base de Castelar, centre d’opérations de la ligne. C’est là que, comme l’a dénoncé Fernandez, les manifestants “ont mis en pièces deux autos, deux motos et deux bicyclettes”.
Pour la présence de gens sur les voies, l’entreprise a coupé l’énergie électrique, raison pour laquelle le service s’est interrompu. Alors, la furie s’est déclenchée trois stations en arrière, à Merlo : un train a commencé à brûler jusqu’à ce que le feu consomme sept des huit wagons de la formation.
La colonne de fumée noire et les flammes faisaient rappeler les épisodes de 2005, quand le feu a détruit la station Haedo, après une protestation de passagers pour des retards du chemin de fer. A cette occasion le gouvernement avait aussi parlé d’ excès intentionnels.
Quand les pompiers ont réussi à éteindre l’incendie, les wagons étaient détruits. Alors, les incidents ont recommencé à se déplacer à Castelar. Un groupe de jeunes a mis le feu sous l’un des trains qui était arrêté tandis que les autres lapidaient les fenêtres d’une formation que les passagers abandonnaient de manière désespérée. Jusqu’alors, la police n’était pas intervenue : un groupe d’effectifs de la police de la province de  Buenos Aires a reculé devant une pluie de pierres.

Dans cette station Castelar, un groupe a attaqué les guichets, a cassé les distributeurs de billets et a emporté les caisses. Il a aussi démantelé un kiosque (commerce) et cassé des vitres.
Mais à 9h30, le juge fédéral de Moron, Juan Pablo Salas a ordonné de dégagé les voies et a demandé l’intervention de la Police Fédérale. Quarante minutes plus tard, un escadron de la Garde d’Infanterie a utilisé des gaz lacrymogènes et des balles de gomme pour disperser les manifestants. Les incidents ont prit fin mais beaucoup d’usagers ont protesté aux responsables de sécurité pour les déficiences du service. (…)


La formation qui a été détruite est une des sept nouvelles incorporées cette année par TBA. Elles ont l’air conditionnée et chaque wagon coûte trois millions de pesos (700 000 euros), selon l’entreprise TBA. Elles sont fabriquées en Argentine par l’entreprise Emprendimientos Ferroviarios (Emfer).
Le premier qui a dit qu’il s’était agi d’un épisode “monté” a été le chef de la police de la province de Buenos Aires, Daniel Salcedo. “Cela n’a pas été une réaction spontannée des gens. C’était des groupes violents qui ont agi de manière organisée”, a-t-il dit. Et il a souligné qu’il a respecté l’ordre judiciaire qui était de ne pas réprimer, pour une question de raisonnabilité et pour éviter de plus grands incidents”, a-t-il détaillé.

Ensuite, le ministre de l’Intérieur, Florencio Randazzo, a insisté sur le fait que “les incidents ont été intentionnellement montés” et il a expressément signalé des militants du “Parti Ouvrier et de Quebracho”. Des dirigeants des deux organisations ont repoussé les accusations. Plus tard, Anibal Fernandez développera l’accusation.
Pour le dirigeant de l’Union Ferroviaire, Horacio Caminos, il s’est aussi agi d’un fait intentionnel. “Un travailleur n’a pas dans son sac un aérosol pour peindre quelque chose”, a-t-il dit. “Nous sommes dans la terrible sauvagerie de brûler les choses qui sont les notres : au-delà de la concession du chemin de fer, les trains continuent d’être au peuple”, a-t-il ajouté.
La section Ouest du syndicat – opposée à la direction – s’est déclarée en “état d’alerte” en raison des incidents et a accusé “en premier lieu l’entreprise TBA de continuer d’apporter un service de manière précaire sans réaliser d’investissements” et le gouvernement. Mais elle a appelé les usagers à “défendre le patrimoine ferroviaire qui n’appartient à aucune entreprise mais à l’État et donc à tous les argentins”. (…)
Eduardo Videla, Pagina/12, 05 septembre 2008.
http://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/1-111041-2008-09-05.html

Argentine: les suspects de toujours
07-09-2008
Hier matin était un jour normal sur la ligne Sarmiento de TBA (transport de Buenos Aires) : des trains remplis de passagers, des retards, les wagons branlants, etc.. A Castelar, une formation se retrouve paralysée pour des problèmes techniques. Rien d’inhabituel. Les passagers, après ne pas avoir reçu d’informations commencent à s’impatienter. Après avoir attendu plus d’une heure dans le train, arrêté entre les stations Ituzaingo et Castelar, indignés, commencent à descendre sur les voies.

Pendant ce temps, dans la station de Merlo, un autre groupe de personnes commencent un incendie des wagons de l’autre formation. Deux heures après le début des incidents, les chaines de télévision annoncent les faits comme : “Folie collective”. “La police n’apparaît pas”. Impatients, elles commencent à réclamer une répression. Pour les grands médias, ce n’était plus important de montrer les terribles conditions dans lesquelles les usagers voyagent et encore moins d’interroger les gens pour qu’ils expliquent la colère qu’ils accumulent jour après jour. A la mi journée se déploie la police à proximité des deux stations (Merlo et Castelar). 110 policiers de la Fédérale et de la province de Buenos Aires, 13 cars. Commence immédiatement la répression, les balles de gommes, les gaz et les coups à tout le monde. Le bilan est de plus de 10 personnes arrêtées, 8 blessés (dont une enfant).
Peu de temps après avoir libéré les voies, ont commencé les accusations de la part des chefs de la police: “C’était préparé”. “Cela a été prémédité”. “C’était un sabotage”. “Violence organisée”. “Il y a eu des infiltrés de Quebracho et du PO”. Peu à peu, ils ont monté l’opération de presse qui servira à soutenir les dires du gouvernement. Les médias massifs transmettaient et retransmettaient le discours officiel, émané du gouvernement National et de l’Entreprise TBA.

Quelques heures plus tard, en conférence de presse, le ministre de la Justice, Anibal Fernandez, auprès du ministre de la sécurité de la province de Buenos Aires, affirmait que ceux qui avait tout commencé étaient des militants identifiés avec le parti de Pino Solanas, avec Quebracho, le Parti Ouvrier (PO). Fernandez les a accusé  d’avoir saboté le système des freins et d’avoir provoqué l’incendie des wagons pour empêcher que le service soit rétablit. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement, devant la réaction de ras le bol des passagers, accuse des membres d’organisations de gauche de s’infiltrer et de provoquer des incidents. En 2005, dans la station de Haedo, ils ont aussi recouru à la même accusation après une révolte identique. A cette occasion, Fernandez avait accusé des activistes de gauche. La répression avait fait 113 détenus et 22 blessés. Six d’entre eux ont passé 6 mois en prison et l’un, Roberto Canteros, un an et 7 mois, accusé du vol de l’arme d’un policier qui n’a jamais été présent sur les lieux des faits.
À ces événements, nous devons ajouter ceux survenus en mai 2006 dans la station Constitution, dans la capitale, quand à 600 mètres de la station, une formation s’est arrêtée en bloquant le départ d’autres trains. La colère des usagers s’est exprimé en brûlant les guichets, les bureaux et la délégation de la police ferroviaire. L’intervention de la garde d’infanterie qui a tiré des gaz et des balles de gomme n’avait rien fait de plus que d’exacerber la violence et la multitude l’a affrontée à coup de pierres. Résultat : 21 blessés et 16 détenus (parmi eux deux mineurs), le discours officiel a été un calque de celui de 2005, encore une fois des “infiltrés d’organisations de gauche”.
Quelques données officielles montrent que les Trains Buenos Aires (TBA) transportent 35 pour cent du total des usagers de trains dans la banlieue de Buenos Aires. Les propriétaires de TBA et aussi du groupe Plaza, formé par des bus de moyenne et longue distance et par dix lignes urbaines de la ville de Buenos Aires, sont les Cirigliano. L’Association Argentine du Budget (ASAP) a informé qu’au début du mois d’août, le Secrétariat de Transport a réparti 2,7 milliards de pesos (600 millions d’euros), 71 pour cent de plus qu’en 2007. L’Audit Général de la Nation (AGN) a produit un rapport le 12 mars où il mentionnait que l’entreprise TBA ne respectait pas les  conditions requises de base au niveau de l’accès aux trains, de sécurité et de maintenance, cependant cela n’a pas empêché qu’elle recoivent de la part du gouvernement autour de 12 millions de pesos, qui s’ajoutent aux 128 millions reçus entre 2005 et 2006 en concept de subventions.
Pour le gouvernement national, c’est plus facile d’inculper de supposés “violents de gauche” que de responsabiliser les entreprises du service indigne qu’elles prêtent. Cela lui sert à dévier aussi l’attention sur le fait que ces entreprises consessionnaires des chemins de fer – et celle ci en particulier – continuent de recevoir des millions de subventions sans offrir un service de qualité.
Encore une fois, le ministre de l’Intérieur monte une grande opération de presse, similaire à celle articulée sur les meurtres de Maximiliano Kosteki et de Dario Santillan en juin 2002 lors du massacre d’Avellaneda (accusation d’infiltrés de gauche qui avaient provoqué la police, NdT). Encore une fois, comme les autres, ce gouvernement tente de criminaliser la protestation sociale.
www.argentina.indymedia.org
05 septembre 2008.
Traduit par http://amerikenlutte.free.fr

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