Manifestations et heurts avec la police en Tunisie
La Tunisie a vécu une journée de colère, lundi 15 août, contre le gouvernement provisoire de Béji Caïd Essebsi, entre marche syndicale autorisée et manifestation dispersée à coups de gaz lacrymogènes par la police dans le centre de la capitale. Une troisième manifestation s’est déroulée sans incident devant le palais de justice, non loin de la casbah, qui avait abrité de longs sit-in dans la foulée de la chute du régime de Ben Ali, le 14 janvier.
Quels que soient l’endroit ou l’appartenance, les protestataires ont exprimé leur colère contre les autorités de transition, certains appelant à la chute du gouvernement de Béji Caïd Essebsi.
La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation au cœur de Tunis et a chargé des manifestants qui tentaient de se regrouper sur l’avenue de Carthage, dans le centre de la capitale, dans l’après-midi. Le porte-parole du ministère de l’intérieur a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) que la police avait chargé “lorsqu’un des manifestants a jeté une bombe lacrymogène dans sa direction”.
Les premiers protestataires, qui avaient commencé à se rassembler en fin de matinée sur l’artère centrale Habib-Bourguiba, ont été empêchés de progresser vers le ministère de l’intérieur, une dizaine de blindés de la police en barrant l’accès.
Des colonnes de fumée s’élevaient de la place Ibn-Khaldoun, devant la cathédrale, jusqu’à la porte de France, à l’entrée de la médina, alors que des manifestants criaient “Nouvelle révolution”, “Ministère de l’intérieur terroriste”, “Le peuple veut la chute du système”, “Fidèles à l’âme de nos martyrs”. Repoussés sur la place d’accès à la médina, des jeunes manifestants se sont heurtés à la police, lui jetant toutes sortes de projectiles. Des commerçants et marchands ambulants pris par surprise ont déserté dans la panique.
Au même moment, la marche de protestation autorisée rassemblait sans incident deux mille Tunisiens, selon la police, à l’appel de l’Union générale tunisienne de travail (UGTT, unique centrale syndicale sous Ben Ali) sous le slogan : “Fidèles aux âmes des martyrs et pour la réalisation des objectifs de la révolution.”
Défilant sur l’artère Mohamed-V, périphérique du centre, et encadrés par un important dispositif policier, les protestataires ont crié “Indépendance à la justice”, “Purge des magistrats et avocats corrompus”, “Tunisie libre, les voleurs dehors”, “Le peuple veut le départ du gouvernement” ou encore “Le peuple ne doit plus être humilié”, dénonçant le gouvernement de transition de Béji Caïd Essebsi et le cherté du coût de la vie en plein ramadan.
Des représentants du parti islamiste Ennahda et d’autres formations politiques ont participé à cette marche de l’UGTT, y compris d’anciens membres du gouvernement de transition. “Il est capital que la magistrature soit indépendante, nous devons résoudre nos problèmes pour réussir l’élection” d’une constituante le 23 octobre, a déclaré à l’AFP l’ancien ministre des transports, Yassine Brahim, qui a intégré un nouveau parti politique.
“Militons pour une égalité réelle entre l’homme et la femme”, “Peuple révolte-toi contre les résidus de l’ancien régime”, “Economie nationale au service du peuple”, pouvait-on lire sur des banderoles blanc et rouge, les couleurs nationales.
Lors du soulèvement du 14 janvier qui devait balayer le régime de Ben Ali, l’UGTT a joué un rôle de premier plan dans les régions. Certains de ses dirigeants se joints brièvement au gouvernement de transition. La centrale se pose en gardien contre “toute récupération du mouvement révolutionnaire”.
LEMONDE.FR avec AFP |
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