Combien de lutte des classes faut-il pour faire une révolution?
extrait d’un article trouvé sur le site américain http://www.brooklynrail.org/2014/05/field-notes/fragments-of-europe
Fragments de l’Europe
La Grèce a eu huit grèves générales, deux insurrections, mais encore, l’austérité continue sans entrave comme une balle. En France, les raffineries de pétrole ont été bloquées, les travailleurs enlèvent leurs patrons et menacent de faire sauter leurs usines, les anarchistes et les paysans arrêtent l’évolution de trains à grande vitesse en occupant des terres, et encore le pays va de plus en plus vers la droite. En Espagne, un million d’ensembles fleuri mais les gens sont retournés dans leurs emplois informels, quels qu’ils soient. Comment une assemblée générale peut être plus importante que l’argent pour la nourriture? le Brésil semble être le seul endroit au monde où les luttes sociales massives gagnent. Lorsque les tarifs d’autobus ont été augmentés de 20 %, des émeutes massives ont eu lieu. Les tarifs ont été arrêtés. Quand les éboueurs ont été filetées avec des licenciements, des grèves massives ont eu lieu, soutenue par des actions de rue. Cela a forcé le gouvernement non seulement à reculer mais d’augmenter leurs salaires. Est-ce en raison de la Coupe mondiale à venir, la croissance économique du Brésil, ou le pouvoir des gens qui sont descendus dans les rues ? Le soulèvement en Turquie l’été dernier et ses répercussions en cours ont également eu lieu au milieu d’une période de croissance économique, de développement des infrastructures et changements politiques bien accueilli par les puissances d’Europe occidentale. Mais la lutte à Istanbul pour sauver un parc, déposer un président et / ou changer la société dans son ensemble, a échoué. La société n’a pas changé, mais les gens l’ont fait. Mais les gens sont la société, alors pourquoi ça ne change pas? Malheureusement, les gens ne font pas la société, le capital la fait. Pour changer la société, il faut modifier la structure du capital. Combien de gens peuvent supporter la colère avant qu’ils craquent? Combien de saisies, d’expulsions, d’augmentations de loyer, de réduction des retraites, de licenciements et de réductions de salaire les gens peuvent accepter avant qu’ils se révoltent? Combien de protestations, de manifestations, de rassemblements, de grèves, d’émeutes, de barrages, de sommets et de professions peuvent se produire avant qu’il y ait un changement? Combien de lutte des classes faut-il pour faire une révolution?
Peut-être que la question est mal posée : Combien de lutte des classes faut-il pour faire une révolution?
Les dialecticiens répondaient : “il faut attendre que la quantité se transforme en qualité”. C’était l’espoir du programmatisme, espoir qui s’est englouti dans l’implication réciproque du capital/travail au cours de la restructuration du capital dans les années 70/80.
Le pôle cardinal que représentait la classe ouvrière a définitivement perdu de son attractivité dans la lutte des classes et cela brouille la perception que nous avons des événements, tant dans leurs diversités que dans les couches sociales qui en sont les actrices.
Je pense que le facteur déterminant reste le cours actuel du système. Le capital parviendra-t-il a surmonter sa crise ? Les indicateurs actuels permettent d’en douter. Auquel cas les conditions d’affrontements sociaux auront tendance à se généraliser. Des conjonctures (en haut on ne peut plus, en bas on ne veut plus) auront alors des possibilités de surgir. Cela veut dire aussi qu’en bas on ne veille plus des conditions qu’impose le capital, mais qu’on entre dans des pratiques de ruptures radicales des rapports d’exploitation autres que celles qui ont donné satisfaction aux mouvements brésiliens évoqués dans le texte ci-dessus. Il n’y a aucun mépris de ma part envers ces mouvements de revendications, mais il faut prendre la mesure de leurs limites. Dépasser les limites de la lutte des classes consiste à rompre avec l’Etat, et sa condition de classe exploitée en s’abolissant comme classe.