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Revue Chuang : Contagion sociale Guerre de classe microbiologique en Chine

Traduction du texte de la revue Chuang, et comme l’écrit un camarade du Québec à qui nous empruntons la présentation  « Un article aussi long qu’intéressant sur l’histoire des liens entre épidémies et production, sur la réponse actuelle de l’Etat chinois et sur le coronavirus comme symptôme des logiques contemporaines d’accumulation du capital. Faut s’accrocher, ça se lit en plusieurs fois mais ça vaut vraiment le coup. »

Contagion sociale

Guerre de classe microbiologique en Chine

Le four

Wuhan est familièrement connue comme l’un des “quatre fours” de Chine pour son été humide et étouffant, partagé avec Chongqing, Nanjing et alternativement Nanchang ou Changsha, toutes des villes animées avec une longue histoire le long ou à proximité de la vallée du Yangzi. Sur les quatre, Wuhan est cependant aussi parsemée de fours au sens littéral: l’énorme complexe urbain agit comme une sorte de noyau pour les industries de l’acier, du béton et autres industries liées à la construction en Chine, son paysage est parsemé de hauts-fourneaux à refroidissement lent des dernières fonderies d’acier et de fer appartenant à l’État, maintenant en proie à une surproduction et forcée à un nouveau cycle controversé de réduction des effectifs, de privatisation et de restructuration générale, qui a lui-même donné lieu à plusieurs grandes grèves et manifestations au cours des cinq dernières années. La ville est essentiellement la capitale de la construction en Chine, ce qui signifie qu’elle a joué un rôle particulièrement important dans la période qui a suivi la crise économique mondiale, puisque ce sont les années où la croissance chinoise a été stimulée par l’acheminement de fonds d’investissement dans des projets d’infrastructure et d’immobilier. Wuhan a non seulement alimenté cette bulle avec son offre excédentaire de matériaux de construction et d’ingénieurs civils, mais elle est aussi devenue, ce faisant, une ville en plein essor immobilier à part entière. Selon nos propres calculs, en 2018-2019, la superficie totale consacrée aux chantiers de construction à Wuhan était équivalente à la taille de l’île de Hong Kong dans son ensemble.

Mais aujourd’hui, ce four, moteur de l’économie chinoise de l’après-crise, semble, à l’instar de ceux que l’on trouve dans ses fonderies de fer et d’acier, se refroidir. Ce processus était déjà bien engagé, mais la métaphore n’est plus seulement économique, puisque la ville autrefois animée a été fermée pendant plus d’un mois, ses rues étant vidées par mandat du gouvernement : “La plus grande contribution que vous puissiez apporter est : ne vous rassemblez pas, ne causez pas le chaos”, peut-on lire en gros titre du Guangming Daily, géré par le département de la propagande du Parti communiste chinois. Aujourd’hui, les nouvelles grandes avenues de Wuhan et les étincelants bâtiments de verre et d’acier qui les couronnent sont tous froids et creux, alors que l’hiver s’amenuise avec le Nouvel An lunaire et que la ville stagne sous la contrainte de la vaste quarantaine. S’isoler est un bon conseil pour quiconque se trouve en Chine, où l’épidémie du nouveau coronavirus (récemment rebaptisé “SRAS-CoV-2” et sa maladie “COVID-19”) a tué plus de deux mille personnes, soit plus que son prédécesseur, l’épidémie de SRAS de 2003. Le pays tout entier est en quarantaine, comme il l’était pendant le SRAS. Les écoles sont fermées et les gens sont enfermés chez eux dans tout le pays. Presque toute l’activité économique s’est arrêtée pour la fête du Nouvel An lunaire le 25 janvier, mais la pause a été prolongée d’un mois pour freiner la propagation de l’épidémie. Les fours de la Chine semblent avoir cessé de brûler, ou du moins avoir été réduits à des charbons ardents.  Mais d’une certaine manière, la ville est devenue un autre type de fourneau, car le coronavirus brûle à travers sa population massive comme une fièvre.

L’épidémie a été accusée à tort de tout, de la libération conspiratoire  et/ou accidentelle d’une souche de virus par l’Institut de virologie de Wuhan – une affirmation douteuse diffusée par les médias sociaux, notamment par les messages paranoïaques de Hong Kong et de Taïwan sur Facebook, mais désormais soutenue par des organes de presse conservateurs et des intérêts militaires en Occident – à la propension des Chinois à consommer des aliments “sales” ou “étranges”, puisque l’épidémie de virus est liée à des chauves-souris ou à des serpents vendus dans un “marché humide” semi-illégal spécialisé dans la faune sauvage et d’autres animaux rares (bien que ce ne soit pas la source ultime). Ces deux grands thèmes témoignent du bellicisme et de l’orientalisme évidents qui caractérisent les reportages sur la Chine, et un certain nombre d’articles ont souligné ce fait fondamental. Mais même ces réponses ont tendance à se concentrer uniquement sur les questions de la perception du virus dans la sphère culturelle, passant beaucoup moins de temps à creuser les dynamiques beaucoup plus brutales qui se cachent sous la frénésie médiatique.

Une variante un peu plus complexe comprend au moins les conséquences économiques, même si elle exagère les répercussions politiques potentielles pour l’effet rhétorique. Nous trouvons ici les suspects habituels, qui vont des politiciens classiques qui tuent des dragons à l’étreinte du haut-libéralisme : les agences de presse, de la National Review au New York Times, ont déjà laissé entendre que l’épidémie pourrait entraîner une “crise de légitimité” pour le PCC, bien qu’il y ait à peine un soupçon de soulèvement dans l’air. Mais le noyau de vérité de ces prédictions réside dans leur compréhension des dimensions économiques de la quarantaine – ce qui ne pouvait guère être perdu pour les journalistes ayant des portefeuilles d’actions plus épais que le crâne. Car le fait est que, malgré l’appel du gouvernement à s’isoler, les gens pourraient bientôt être obligés de se “rassembler” pour s’occuper des besoins de la production. Selon les dernières estimations initiales, l’épidémie entraînera déjà un ralentissement du PIB de la Chine à 5 % cette année, en dessous de son taux de croissance déjà faible de 6 % l’an dernier, le plus bas depuis trois décennies. Certains analystes ont déclaré que la croissance du premier trimestre pourrait baisser de 4 % ou moins, et que cela pourrait déclencher une sorte de récession mondiale. Une question auparavant impensable a été posée : qu’adviendra-t-il réellement de l’économie mondiale lorsque la fournaise chinoise commencera à refroidir ?

En Chine même, la trajectoire finale de cet événement est difficile à prévoir, mais ce moment a déjà déclenché un processus collectif rare de remise en question et d’apprentissage de la société. L’épidémie a directement infecté près de 80 000 personnes (selon l’estimation la plus prudente), mais elle a provoqué un choc dans la vie quotidienne sous le capitalisme pour 1,4 milliard de personnes, piégées dans un moment d’autoréflexion précaire. Ce moment, bien que rempli de peur, a amené tout le monde à se poser simultanément des questions profondes : Que va-t-il m’arriver ? Mes enfants, ma famille et mes amis ? Aurons-nous assez de nourriture ? Serai-je payé ? Vais-je payer un loyer ? Qui est responsable de tout cela ? D’une manière étrange, l’expérience subjective ressemble un peu à celle d’une grève de masse – mais qui, dans son caractère non spontané, descendant et, surtout, dans son hyper-atomisation involontaire, illustre les énigmes fondamentales de notre propre présent politique étranglé aussi clairement que les véritables grèves de masse du siècle précédent ont élucidé les contradictions de leur époque. La quarantaine est donc comme une grève vidée de ses caractéristiques communes, mais néanmoins capable de provoquer un choc profond à la fois sur le plan psychique et économique. Ce seul fait la rend digne de réflexion.

Bien sûr, la spéculation sur la chute imminente du PCC est une absurdité prévisible, l’un des passe-temps favoris du New Yorker et de The Economist. Pendant ce temps, les protocoles normaux de suppression des médias sont en cours, dans lesquels les articles de presse ouvertement racistes publiés dans les anciens médias sont contrés par un essaim d’articles de réflexion sur le web qui polémiquent contre l’orientalisme et d’autres facettes de l’idéologie. Mais la quasi-totalité de cette discussion reste au niveau de la représentation – ou, au mieux, de la politique d’endiguement et des conséquences économiques de l’épidémie – sans se pencher sur la question de savoir comment ces maladies sont produites en premier lieu, et encore moins distribuées. Cependant, même cela ne suffit pas. Ce n’est pas le moment pour un simple exercice “marxiste Scooby-Doo” consistant à enlever le masque du méchant pour révéler que, oui, en effet, c’est le capitalisme qui a causé le coronavirus depuis le début ! Ce ne serait pas plus subtil que les commentateurs étrangers qui cherchent à obtenir un changement de régime. Bien sûr, le capitalisme est coupable – mais comment, exactement, la sphère socio-économique est-elle en interface avec la sphère biologique, et quelles leçons plus profondes peut-on tirer de toute cette expérience ?

En ce sens, l’épidémie offre deux possibilités de réflexion : Premièrement, il s’agit d’une ouverture instructive dans laquelle nous pourrions passer en revue des questions substantielles sur la manière dont la production capitaliste se rapporte au monde non humain à un niveau plus fondamental – comment, en bref, le “monde naturel”, y compris ses substrats microbiologiques, ne peut être compris sans référence à la manière dont la société organise la production (parce que les deux ne sont pas, en fait, séparés). En même temps, cela nous rappelle que le seul communisme digne de ce nom est celui qui inclut le potentiel d’un naturalisme pleinement politisé. Deuxièmement, nous pouvons également utiliser ce moment d’isolement pour notre propre réflexion sur l’état actuel de la société chinoise. Certaines choses ne deviennent claires que lorsque tout s’arrête de manière inattendue, et un tel ralentissement ne peut que rendre visibles des tensions jusqu’alors occultées. Nous allons donc explorer ces deux questions ci-dessous, en montrant non seulement comment l’accumulation capitaliste produit de tels fléaux, mais aussi comment le moment de la pandémie est lui-même un exemple contradictoire de crise politique, rendant visibles aux gens les potentiels et les dépendances invisibles du monde qui les entoure, tout en offrant une excuse supplémentaire pour étendre les systèmes de contrôle encore plus loin dans la vie quotidienne.

La production de fléaux

Le virus à l’origine de l’épidémie actuelle (SRAS-CoV-2), comme son prédécesseur de 2003, la grippe aviaire et la grippe porcine avant lui, a germé au carrefour de l’économie et de l’épidémiologie. Ce n’est pas une coïncidence si tant de ces virus ont pris le nom d’animaux : La propagation de nouvelles maladies à la population humaine est presque toujours le produit de ce que l’on appelle le transfert zoonotique, qui est une façon technique de dire que ces infections passent des animaux aux humains. Ce saut d’une espèce à l’autre est conditionné par des éléments tels que la proximité et la régularité des contacts, qui construisent tous l’environnement dans lequel la maladie est forcée d’évoluer. Lorsque cette interface entre l’homme et l’animal change, elle modifie également les conditions dans lesquelles ces maladies évoluent. Sous les quatre fours, se trouve donc un four plus fondamental qui sous-tend les centres industriels du monde : la cocotte-minute évolutive de l’agriculture et de l’urbanisation capitalistes. Il s’agit du milieu idéal par lequel des fléaux toujours plus dévastateurs naissent, se transforment, font des bonds zoonotiques, puis sont véhiculés de manière agressive dans la population humaine. À cela s’ajoutent des processus tout aussi intensifs qui se produisent en marge de l’économie, où des souches “sauvages” sont rencontrées par des personnes poussées à des incursions agro-économiques toujours plus étendues dans les écosystèmes locaux. Le coronavirus le plus récent, dans ses origines “sauvages” et sa propagation soudaine à travers un noyau fortement industrialisé et urbanisé de l’économie mondiale, représente les deux dimensions de notre nouvelle ère de fléaux politico-économiques.

L’idée de base est ici développée de manière très approfondie par des biologistes de gauche comme Robert G. Wallace, dont le livre « Big Farms Make Big Flu », publié en 2016, établit de manière exhaustive le lien entre l’agrobusiness capitaliste et l’étiologie des récentes épidémies allant du SRAS à Ebola[i]. Ces épidémies peuvent être regroupées en deux catégories, la première trouvant son origine au cœur de la production agro-économique, et la seconde dans son arrière-pays. En retraçant la propagation du H5N1, également connu sous le nom de grippe aviaire, il résume plusieurs facteurs géographiques clés pour les épidémies qui ont leur origine dans le noyau productif :

Les paysages ruraux de nombreux pays parmi les plus pauvres sont aujourd’hui caractérisés par une agro-industrie non réglementée qui se presse contre les bidonvilles périurbains. La transmission non maîtrisée dans les zones vulnérables augmente la variation génétique avec laquelle le H5N1 peut développer des caractéristiques spécifiques à l’homme. En se propageant sur trois continents, le H5N1, qui évolue rapidement, entre également en contact avec une variété croissante d’environnements socio-écologiques, y compris des combinaisons locales spécifiques de types d’hôtes prévalents, de modes d’élevage de la volaille et de mesures de santé animale[ii].

Cette propagation est, bien sûr, alimentée par les circuits mondiaux des marchandises et les migrations régulières de la main-d’œuvre qui définissent la géographie économique capitaliste. Le résultat est “une sorte de sélection démique en escalade” par laquelle le virus se pose avec un plus grand nombre de voies d’évolution en un temps plus court, permettant aux variantes les plus adaptées de surpasser les autres.

Mais c’est un point facile à faire valoir, et déjà courant dans la presse grand public : le fait que la “mondialisation” permet la propagation plus rapide de telles maladies – avec toutefois un ajout important, à savoir que ce processus de circulation même stimule également la mutation plus rapide du virus. La vraie question, cependant, vient plus tôt : avant que la circulation n’améliore la résilience de ces maladies, la logique de base du capital permet de prendre des souches virales auparavant isolées ou inoffensives et de les placer dans des environnements hyperconcurrentiels qui favorisent les caractéristiques spécifiques à l’origine des épidémies, telles que la rapidité du cycle de vie des virus, la capacité de saut zoonotique entre les espèces porteuses et la capacité à faire évoluer rapidement de nouveaux vecteurs de transmission. Ces souches tendent à se distinguer précisément par leur virulence. En termes absolus, il semble que le développement de souches plus virulentes aurait l’effet inverse, puisque le fait de tuer l’hôte plus tôt donne moins de temps au virus pour se propager. Le rhume est un bon exemple de ce principe, en maintenant généralement des niveaux d’intensité faibles qui facilitent sa diffusion dans la population. Mais dans certains environnements, la logique inverse est beaucoup plus logique : lorsqu’un virus a de nombreux hôtes de la même espèce à proximité, et surtout lorsque ces hôtes peuvent déjà avoir des cycles de vie raccourcis, l’augmentation de la virulence devient un avantage pour l’évolution.

Là encore, l’exemple de la grippe aviaire est un exemple frappant. Wallace souligne que des études ont montré “l’absence de souches endémiques hautement pathogènes [de la grippe] dans les populations d’oiseaux sauvages, le réservoir ultime de presque tous les sous-types de grippe”[iii], alors que les populations domestiques rassemblées dans les fermes industrielles semblent avoir un lien évident avec ces épidémies, pour des raisons évidentes :

La culture de monocultures génétiques d’animaux domestiques supprime les pare-feux immunitaires qui pourraient être disponibles pour ralentir la transmission. Des populations plus nombreuses et plus denses facilitent des taux de transmission plus élevés. Ces conditions de promiscuité diminuent la réponse immunitaire. Le haut débit, qui fait partie de toute production industrielle, fournit un approvisionnement continuellement renouvelé de sujets sensibles, le carburant de l’évolution de la virulence[iv].

Et, bien sûr, chacune de ces caractéristiques est un prolongement de la logique de la concurrence industrielle. En particulier, le rythme rapide du “débit” dans de tels contextes a une dimension éminemment biologique : “Dès que les animaux industriels atteignent le bon volume, ils sont tués. Les infections grippales résidentes doivent atteindre rapidement leur seuil de transmission chez un animal donné […] Plus les virus sont produits rapidement, plus les dommages causés à l’animal sont importants”[v]. Ironiquement, la tentative de réprimer de tels foyers par des abattages massifs – comme dans les récents cas de peste porcine africaine qui ont entraîné la perte de près d’un quart de l’approvisionnement mondial en viande de porc – peut avoir pour effet involontaire d’augmenter encore plus cette pression de sélection, induisant ainsi l’évolution de souches hyper-virulentes. Bien que de telles épidémies se soient historiquement produites chez des espèces domestiquées, souvent à la suite de périodes de guerre ou de catastrophes environnementales qui ont accru la pression sur les populations de bétail, l’augmentation de l’intensité et de la virulence de ces maladies a indéniablement suivi la propagation de la production capitaliste.

Histoire et étiologie

Les fléaux sont en grande partie l’ombre de l’industrialisation capitaliste, tout en agissant comme son signe avant-coureur. Les cas évidents de variole et d’autres pandémies introduites en Amérique du Nord sont trop simples pour servir d’exemple, car leur intensité a été renforcée par la séparation à long terme des populations par la géographie physique – et ces maladies avaient, quoi qu’il en soit, déjà acquis leur virulence grâce aux réseaux mercantiles pré-capitalistes et à l’urbanisation précoce en Asie et en Europe. Si nous nous tournons plutôt vers l’Angleterre, où le capitalisme est d’abord apparu dans les campagnes par le défrichement massif des paysans pour être remplacé par des monocultures de bétail, nous voyons les premiers exemples de ces fléaux distinctement capitalistes. Trois pandémies différentes se sont produites dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, de 1709 à 1720, de 1742 à 1760 et de 1768 à 1786. L’origine de chacune d’entre elles était du bétail importé d’Europe, infecté par les pandémies pré-capitalistes normales qui suivaient les combats. Mais en Angleterre, le bétail avait commencé à se concentrer de façon nouvelle, et l’introduction du bétail infecté allait donc déchirer la population de façon beaucoup plus agressive qu’en Europe. Ce n’est donc pas un hasard si les foyers étaient centrés sur les grandes laiteries de Londres, qui constituaient un environnement idéal pour l’intensification du virus.

En fin de compte, les foyers ont été contenus grâce à un abattage sélectif précoce à petite échelle, combiné à l’application de pratiques médicales et scientifiques modernes – essentiellement similaires à la manière dont ces épidémies sont jugulées aujourd’hui. C’est le premier exemple de ce qui deviendrait un modèle clair, imitant celui de la crise économique elle-même : des effondrements de plus en plus intenses qui semblent placer tout le système au bord du précipice, mais qui sont finalement surmontés grâce à une combinaison de sacrifices massifs qui libèrent le marché/population et une intensification des progrès technologiques – dans ce cas, les pratiques médicales modernes plus les nouveaux vaccins, qui arrivent souvent trop peu et trop tard, mais qui contribuent néanmoins à éponger les dégâts causés par la dévastation.

Mais cet exemple de la patrie du capitalisme doit aussi être associé à une explication des effets que les pratiques agricoles capitalistes ont eus sur sa périphérie. Si les pandémies de bétail de l’Angleterre capitaliste des débuts ont été contenues, les résultats ailleurs ont été bien plus dévastateurs. L’exemple ayant eu le plus grand impact historique est probablement celui de l’épidémie de peste bovine en Afrique qui a eu lieu dans les années 1890. La date en elle-même n’est pas une coïncidence : la peste bovine avait frappé l’Europe avec une intensité qui suivait de près la croissance de l’agriculture à grande échelle, qui n’a été freinée que par les progrès de la science moderne. Mais la fin du XIXe siècle a vu l’apogée de l’impérialisme européen, incarné par la colonisation de l’Afrique. La peste bovine a été introduite d’Europe en Afrique de l’Est avec les Italiens, qui cherchaient à rattraper les autres puissances impériales en colonisant la Corne de l’Afrique par une série de campagnes militaires. Ces campagnes se sont pour la plupart soldées par un échec, mais la maladie s’est ensuite propagée dans la population bovine indigène et a fini par se frayer un chemin jusqu’en Afrique du Sud, où elle a dévasté l’économie agricole capitaliste de la colonie, tuant même le troupeau sur le domaine de l’infâme suprématiste blanc autoproclamé Cecil Rhodes. L’effet historique le plus important a été indéniable : en tuant jusqu’à 80 à 90 % de tout le bétail, la peste a provoqué une famine sans précédent dans les sociétés essentiellement pastorales de l’Afrique subsaharienne. Ce dépeuplement a ensuite été suivi par la colonisation envahissante de la savane par les épineux, qui a créé un habitat pour la mouche tsé-tsé, qui est à la fois porteuse de la maladie du sommeil et empêche le pâturage du bétail. Cela a permis de limiter le repeuplement de la région après la famine et de poursuivre l’expansion des puissances coloniales européennes sur le continent.

Outre le fait qu’elles ont périodiquement provoqué des crises agricoles et produit les conditions apocalyptiques qui ont aidé le capitalisme à s’étendre au-delà de ses premières frontières, ces fléaux ont également hanté le prolétariat dans le noyau industriel lui-même. Avant de revenir sur les nombreux exemples plus récents, il convient de noter une fois encore que l’épidémie de coronavirus n’a rien de spécifiquement chinois. Les raisons pour lesquelles tant d’épidémies semblent survenir en Chine ne sont pas d’ordre culturel, c’est une question de géographie économique. Cela est parfaitement clair si l’on compare la Chine aux États-Unis ou à l’Europe lorsque ces derniers étaient des plaques tournantes de la production mondiale et de l’emploi industriel de masse[vi]. Et le résultat est essentiellement identique, avec toutes les mêmes caractéristiques. Les décès de bétail dans les campagnes ont été compensés en ville par de mauvaises pratiques sanitaires et une contamination généralisée. C’est ce qui a été au centre des premiers efforts progressistes des libéraux pour réformer les zones ouvrières, comme en témoigne la réception du roman d’Upton Sinclair, The Jungle, écrit à l’origine pour documenter la souffrance des travailleurs immigrés dans l’industrie de la viande, mais repris par des libéraux plus riches préoccupés par les violations de la santé et les conditions généralement insalubres dans lesquelles leur propre nourriture était préparée.

Cette indignation libérale face à la “malpropreté”, avec tout le racisme qu’elle implique, définit encore ce que nous pourrions considérer comme l’idéologie automatique de la plupart des gens lorsqu’ils sont confrontés aux dimensions politiques de quelque chose comme les épidémies de coronavirus ou de SRAS. Mais les travailleurs ont peu de contrôle sur les conditions dans lesquelles ils travaillent. Plus important encore, s’il est vrai que des conditions insalubres s’échappent de l’usine par la contamination des denrées alimentaires, cette contamination n’est en réalité que la partie émergée de l’iceberg. De telles conditions sont la norme ambiante pour ceux qui y travaillent ou qui vivent dans les colonies prolétariennes voisines, et ces conditions induisent un déclin de la santé au niveau de la population qui offre des conditions encore meilleures pour la propagation des nombreux fléaux du capitalisme. Prenez, par exemple, le cas de la grippe espagnole, l’une des épidémies les plus meurtrières de l’histoire. Il s’agit de l’une des premières épidémies de grippe H1N1 (liée à des épidémies plus récentes de grippe porcine et aviaire), et on a longtemps supposé qu’elle était en quelque sorte qualitativement différente des autres variantes de la grippe, étant donné son nombre élevé de décès. Bien que cela semble être vrai en partie (en raison de la capacité de la grippe à provoquer une réaction excessive du système immunitaire), des analyses ultérieures de la littérature et des recherches épidémiologiques historiques ont montré qu’elle n’était peut-être pas beaucoup plus virulente que d’autres souches. Au contraire, son taux de mortalité élevé était probablement dû principalement à la malnutrition généralisée, à la surpopulation urbaine et aux conditions de vie généralement insalubres dans les zones touchées, ce qui a encouragé non seulement la propagation de la grippe elle-même, mais aussi la culture de surinfections bactériennes en plus de la surinfection virale sous-jacente[vii].

En d’autres termes, le bilan de la grippe espagnole, bien que dépeint comme une aberration imprévisible dans le caractère du virus, a été renforcé de manière équivalente par les conditions sociales. Pendant ce temps, la propagation rapide de la grippe a été rendue possible par le commerce mondial et la guerre mondiale, à l’époque centrée sur les impérialismes en rapide évolution qui ont survécu à la première guerre mondiale. Et nous retrouvons une fois de plus une histoire désormais familière sur la façon dont une telle souche mortelle de grippe a été produite en premier lieu : bien que l’origine exacte soit encore quelque peu obscure, on suppose maintenant qu’elle provient de porcs ou de volailles domestiqués, probablement du Kansas. L’époque et le lieu sont remarquables, car les années qui ont suivi la guerre ont été une sorte de point d’inflexion pour l’agriculture américaine, qui a vu l’application généralisée de méthodes de production de plus en plus mécanisées et de type industriel. Ces tendances n’ont fait que s’accentuer dans les années 1920, et l’application massive de technologies comme la moissonneuse-batteuse a entraîné à la fois une monopolisation progressive et un désastre écologique, dont la combinaison a abouti à la crise du Dust Bowl et à la migration massive qui a suivi. La concentration intensive de bétail qui marquera plus tard les fermes industrielles n’était pas encore apparue, mais les formes plus basiques de concentration et de production intensive qui avaient déjà créé des épidémies de bétail dans toute l’Europe étaient désormais la norme. Si les épidémies de bétail anglaises du XVIIIe siècle ont été le premier cas de peste bovine nettement capitaliste, et l’épidémie de peste bovine de l’Afrique des années 1890 le plus important des holocaustes épidémiologiques de l’impérialisme, la grippe espagnole peut alors être considérée comme le premier des fléaux du capitalisme sur le prolétariat.

L’âge d’or

Les parallèles avec le cas chinois actuel sont évidents. COVID-19 ne peut être compris sans tenir compte de la manière dont les dernières décennies de développement de la Chine dans et à travers le système capitaliste mondial ont façonné le système de santé du pays et l’état de la santé publique en général. L’épidémie, aussi nouvelle soit-elle, est donc similaire à d’autres crises de santé publique qui l’ont précédée et qui ont tendance à se produire avec presque la même régularité que les crises économiques, et à être considérées de la même manière au sein de la presse populaire – comme s’il s’agissait d’événements aléatoires, de “cygne noir”, totalement imprévisibles et sans précédent. La réalité, cependant, est que ces crises sanitaires suivent leurs propres schémas de récurrence chaotiques et cycliques, rendus plus probables par une série de contradictions structurelles intégrées dans la nature de la production et de la vie prolétarienne sous le capitalisme. Comme dans le cas de la grippe espagnole, le coronavirus a pu s’installer et se propager rapidement grâce à une dégradation générale des soins de santé de base dans l’ensemble de la population. Mais précisément parce que cette dégradation a eu lieu au milieu d’une croissance économique spectaculaire, elle a été occultée derrière la splendeur des villes étincelantes et des usines massives. La réalité, cependant, est que les dépenses consacrées aux biens publics comme les soins de santé et l’éducation en Chine restent extrêmement faibles, alors que la plupart des dépenses publiques ont été consacrées aux infrastructures en briques et en mortier – ponts, routes et électricité bon marché pour la production.

Pendant ce temps, la qualité des produits du marché intérieur est souvent dangereusement médiocre. Pendant des décennies, l’industrie chinoise a produit des exportations de haute qualité et de grande valeur, fabriquées selon les normes les plus élevées pour le marché mondial, comme les iPhones et les puces d’ordinateur. Mais les biens laissés à la consommation sur le marché intérieur ont des normes abyssales, ce qui provoque régulièrement des scandales et une profonde méfiance de la part du public. Ces nombreux cas font indéniablement écho à La Jungle de Sinclair et à d’autres contes de l’Amérique de l’âge d’or. Le plus grand cas de mémoire récente, le scandale du lait à la mélamine de 2008, a fait une douzaine de morts et des dizaines de milliers d’hospitalisations (même si des centaines de milliers de personnes ont été touchées). Depuis lors, plusieurs scandales ont régulièrement secoué le public : en 2011, lorsque l’on a découvert que des “huiles de gouttière” recyclées à partir de pièges à graisse étaient utilisées dans des restaurants à travers le pays, ou en 2018, lorsque des vaccins défectueux ont tué plusieurs enfants, puis un an plus tard, lorsque des dizaines de personnes ont été hospitalisées après avoir reçu de faux vaccins contre le VPH. Les histoires plus douces sont encore plus nombreuses et constituent une toile de fond familière pour quiconque vit en Chine : mélange de soupe instantanée en poudre coupé avec du savon pour réduire les coûts, entrepreneurs qui vendent des porcs morts de causes mystérieuses aux villages voisins, commérages détaillés sur les magasins de rue les plus susceptibles de vous rendre malade.

Avant l’intégration du pays au système capitaliste mondial, des services comme les soins de santé en Chine étaient autrefois fournis (principalement dans les villes) dans le cadre du système danwei de prestations aux entreprises ou (principalement mais pas exclusivement dans les campagnes) par des cliniques locales de soins de santé dotées d’un personnel abondant de “médecins aux pieds nus”, le tout fourni gratuitement. Les succès des soins de santé de l’ère socialiste, tout comme ceux de l’éducation de base et de l’alphabétisation, ont été suffisamment importants pour que même les critiques les plus sévères du pays aient dû les reconnaître. La fièvre de l’escargot, qui a frappé le pays pendant des siècles, a été essentiellement éradiquée dans une grande partie de son noyau historique, pour revenir en force une fois que le système de santé socialiste a commencé à être démantelé. La mortalité infantile a chuté et, malgré la famine qui a accompagné le Grand Bond en avant, l’espérance de vie est passée de 45 à 68 ans entre 1950 et le début des années 1980. Les vaccinations et les pratiques sanitaires générales se sont généralisées, et les informations de base sur la nutrition et la santé publique, ainsi que l’accès aux médicaments rudimentaires, étaient gratuits et accessibles à tous. Pendant ce temps, le système des médecins aux pieds nus a permis de diffuser des connaissances médicales fondamentales, bien que limitées, à une grande partie de la population, contribuant ainsi à la mise en place d’un système de santé solide, partant de la base, dans des conditions de grande pauvreté matérielle. Il convient de rappeler que tout cela s’est produit à une époque où la Chine était plus pauvre, par habitant, que la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne d’aujourd’hui.

Depuis lors, la combinaison de la négligence et de la privatisation a considérablement dégradé ce système, au moment même où l’urbanisation rapide et la production industrielle non réglementée de biens ménagers et de denrées alimentaires ont rendu d’autant plus nécessaire la généralisation des soins de santé, sans parler des réglementations en matière d’alimentation, de médicaments et de sécurité. Aujourd’hui, les dépenses publiques de la Chine en matière de santé s’élèvent à 323 dollars par habitant, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé. Ce chiffre est faible, même parmi les autres pays à “revenu moyen supérieur”, et il représente environ la moitié des dépenses du Brésil, du Belarus et de la Bulgarie. La réglementation est minimale, voire inexistante, ce qui a donné lieu à de nombreux scandales du type de ceux mentionnés ci-dessus. En attendant, les effets de tout cela sont ressentis le plus fortement par les centaines de millions de travailleurs migrants, pour lesquels tout droit aux soins de santé de base s’évapore complètement lorsqu’ils quittent leur ville natale rurale (où, dans le cadre du système hukou, ils sont des résidents permanents indépendamment de leur localisation réelle, ce qui signifie que les ressources publiques restantes ne sont pas accessibles ailleurs).

En apparence, les soins de santé publics étaient censés être remplacés à la fin des années 1990 par un système plus privatisé (bien que géré par l’État) dans lequel une combinaison de contributions des employeurs et des employés permettrait de fournir des soins médicaux, des pensions et une assurance logement. Mais ce régime d’assurance sociale a souffert d’un sous-paiement systématique, à tel point que les cotisations prétendues “obligatoires” de la part des employeurs sont souvent tout simplement ignorées, laissant l’écrasante majorité des travailleurs payer de leur poche. Selon les dernières estimations nationales disponibles, seuls 22 % des travailleurs migrants avaient une assurance médicale de base. L’absence de cotisations au système d’assurance sociale n’est cependant pas simplement un acte malveillant de la part de patrons individuellement corrompus, mais s’explique plutôt en grande partie par le fait que les faibles marges bénéficiaires ne laissent aucune place aux prestations sociales. Dans nos propres calculs, nous avons constaté que balancer des cotisations d’assurance sociale impayées dans un centre industriel comme Dongguan réduirait de moitié les bénéfices industriels et pousserait de nombreuses entreprises à la faillite. Pour combler ces lacunes massives, la Chine a mis en place un régime complémentaire de soins médicaux pour les retraités et les travailleurs indépendants, qui ne verse que quelques centaines de yuans par personne et par an en moyenne.

Ce système médical assiégé produit ses propres tensions sociales terrifiantes. Plusieurs membres du personnel médical sont tués chaque année et des dizaines sont blessés lors d’attaques de patients en colère ou, plus souvent, de membres de la famille de patients qui meurent sous leurs soins. L’attaque la plus récente a eu lieu la veille de Noël, lorsqu’un médecin de Pékin a été poignardé par le fils d’un patient qui pensait que sa mère était morte à cause de mauvais soins à l’hôpital. Une enquête menée auprès des médecins a révélé que 85 % d’entre eux avaient été victimes de violences au travail, et une autre, réalisée à partir de 2015, a indiqué que 13 % des médecins en Chine avaient été agressés physiquement l’année précédente. Les médecins chinois voient quatre fois plus de patients par an que les médecins américains, tout en étant payés moins de 15 000 dollars par an, ce qui est inférieur au revenu par habitant (16 760 dollars). Aux États-Unis, le salaire moyen d’un médecin (environ 300 000 dollars) est presque cinq fois plus élevé que le revenu par habitant (60 200 dollars). Avant sa fermeture en 2016 et l’arrestation de ses créateurs, le projet de blogs de Lu Yuyu et Li Tingyu, aujourd’hui disparu, a enregistré au moins quelques grèves et protestations de travailleurs médicaux chaque mois[viii]. En 2015, dernière année complète de leurs données méticuleusement collectées, il y a eu 43 événements de ce type. Ils ont également enregistré des dizaines d'”incidents de traitement médical [protestations]” chaque mois, menés par des membres de la famille des patients, dont 368 en 2015.

Dans de telles conditions de désinvestissement public massif du système de santé, il n’est pas surprenant que COVID-19 se soit imposé si facilement. Si l’on ajoute à cela le fait que de nouvelles maladies transmissibles apparaissent en Chine au rythme d’une tous les un à deux ans, les conditions semblent réunies pour que de telles épidémies se poursuivent. Comme dans le cas de la grippe espagnole, les conditions de santé publique généralement mauvaises au sein de la population prolétarienne ont permis au virus de prendre pied et, à partir de là, de se propager rapidement. Mais, encore une fois, ce n’est pas seulement une question de distribution. Nous devons également comprendre comment le virus lui-même a été produit.

Il n’y a pas de région sauvage

Dans le cas de l’épidémie la plus récente, l’histoire est moins simple que celle des cas de grippe porcine ou aviaire, qui sont si clairement associés au cœur du système agro-industriel. D’une part, les origines exactes du virus ne sont pas encore tout à fait claires. Il est possible qu’il provienne de porcs, qui sont l’un des nombreux animaux domestiques et sauvages faisant l’objet d’un trafic sur le marché de Wuhan qui semble être l’épicentre de l’épidémie, auquel cas la cause pourrait être plus proche des cas ci-dessus qu’il n’y paraîtrait autrement. La plus grande probabilité, cependant, semble indiquer que le virus provient de chauves-souris ou peut-être de serpents, qui sont tous deux habituellement récoltés dans la nature. Même dans ce cas, il existe cependant une relation, car la diminution de la disponibilité et de la sécurité de la viande de porc due à l’épidémie de peste porcine africaine a fait que la demande accrue de viande a souvent été satisfaite par ces marchés humides vendant de la viande de gibier “sauvage”. Mais sans le lien direct avec l’élevage industriel, peut-on vraiment dire que ces mêmes processus économiques sont complices de cette épidémie particulière ?

La réponse est oui, mais d’une manière différente. Là encore, Wallace indique non pas une mais deux voies principales par lesquelles le capitalisme contribue à la gestation et au déclenchement d’épidémies toujours plus meurtrières : La première, décrite ci-dessus, est le cas directement industriel, dans lequel les virus sont engendrés dans des environnements industriels qui ont été entièrement subsumés dans la logique capitaliste. Mais le second cas est le cas indirect, qui se produit via l’expansion et l’extraction capitalistes dans l’arrière-pays, où des virus jusqu’alors inconnus sont essentiellement récoltés dans des populations sauvages et distribués le long des circuits du capital mondial. Les deux ne sont pas entièrement séparés, bien sûr, mais il semble que ce soit le deuxième cas qui décrit le mieux l’émergence de l’épidémie actuelle[ix]. Dans ce cas, la demande accrue de cadavres d’animaux sauvages pour la consommation, l’usage médical ou (comme dans le cas des chameaux et des MERS) une variété de fonctions culturellement significatives construit de nouvelles chaînes mondiales de marchandises dans les biens “sauvages”. Dans d’autres cas, des chaînes de valeur agro-écologiques préexistantes s’étendent simplement dans des sphères auparavant “sauvages”, modifiant les écologies locales et l’interface entre l’humain et le non-humain.

Wallace est lui-même clair à ce sujet, expliquant plusieurs dynamiques qui créent des maladies plus graves malgré les virus eux-mêmes déjà existants dans les environnements “naturels”. L’expansion de la production industrielle elle-même “peut pousser des aliments sauvages de plus en plus capitalisés plus profondément dans le dernier des paysages primaires, draguant une plus grande variété d’agents pathogènes potentiellement proto-pandémiques”. En d’autres termes, à mesure que l’accumulation de capital englobe de nouveaux territoires, les animaux seront poussés dans des zones moins accessibles où ils entreront en contact avec des souches de maladies auparavant isolées, alors que ces animaux eux-mêmes deviennent des cibles de la marchandisation car “même les espèces de subsistance les plus sauvages sont intégrées dans les chaînes de valeur agricoles”. De même, cette expansion pousse les humains à se rapprocher de ces animaux et de ces environnements, ce qui “peut accroître l’interface (et les retombées) entre les populations sauvages non humaines et la ruralité nouvellement urbanisée”. Cela donne au virus plus de possibilités et de ressources pour muter de manière à lui permettre d’infecter les humains, ce qui augmente la probabilité de propagation biologique. La géographie de l’industrie elle-même n’est jamais aussi proprement urbaine ou rurale de toute façon, tout comme l’agriculture industrielle monopolisée fait appel à la fois aux grandes et aux petites exploitations : “Dans une petite exploitation d’un entrepreneur [de ferme-usine] en bordure de forêt, un animal destiné à l’alimentation peut attraper un agent pathogène avant d’être renvoyé vers une usine de transformation située sur la périphérie d’une grande ville”.

Le fait est que la sphère “naturelle” est déjà subsumée dans un système capitaliste entièrement mondial qui a réussi à changer les conditions climatiques de base et à dévaster tant d’écosystèmes pré-capitalistes[x] que les autres ne fonctionnent plus comme ils auraient pu le faire dans le passé. C’est là un autre facteur de causalité, puisque, selon Wallace, tous ces processus de dévastation écologique réduisent “le type de complexité environnementale avec laquelle la forêt perturbe les chaînes de transmission”. En réalité, il est donc erroné de considérer ces régions comme la “périphérie” naturelle d’un système capitaliste. Le capitalisme est déjà mondial, et déjà en train de se totaliser. Il n’a plus de frontière ni d’arête avec une sphère naturelle non capitaliste qui le dépasse, et il n’y a donc pas de grande chaîne de développement dans laquelle les pays “arriérés” suivent ceux qui les précèdent dans leur ascension dans la chaîne de valeur, ni de véritable nature sauvage capable d’être préservée dans une sorte de condition pure et intacte. Au lieu de cela, le capital n’a qu’un arrière-pays subordonné, lui-même entièrement subsumé dans les chaînes de valeur mondiales. Les systèmes sociaux qui en résultent – y compris tout ce qui va du prétendu “tribalisme” au renouveau des religions fondamentalistes anti-modernes – sont des produits entièrement contemporains et sont presque toujours de facto branchés sur les marchés mondiaux, souvent de manière assez directe. Il en va de même pour les systèmes biologiques et écologiques qui en résultent, puisque les zones “sauvages” sont en fait immanentes à cette économie mondiale, à la fois dans le sens abstrait de la dépendance vis-à-vis du climat et des écosystèmes qui y sont liés et dans le sens direct de l’insertion dans ces mêmes chaînes de valeur mondiales.

Ce fait crée les conditions nécessaires à la transformation de souches virales “sauvages” en pandémies mondiales. Mais COVID-19 n’est pas le pire de tous. Une illustration idéale du principe de base – et du danger mondial – se trouve plutôt dans Ebola. Le virus Ebola[xi] est un cas clair de réservoir viral existant qui se répand dans la population humaine. Les preuves actuelles suggèrent que ses hôtes d’origine sont plusieurs espèces de chauves-souris originaires d’Afrique de l’Ouest et du Centre, qui agissent comme porteurs mais ne sont pas eux-mêmes affectés par le virus. Il n’en va pas de même pour les autres mammifères sauvages, tels que les primates et les céphalophes, qui contractent périodiquement le virus et souffrent de flambées rapides et mortelles. Le virus Ebola a un cycle de vie particulièrement agressif au-delà des espèces qui le constituent comme réservoir. Par contact avec n’importe lequel de ces hôtes sauvages, l’homme peut également être infecté, avec des résultats dévastateurs. Plusieurs grandes épidémies se sont produites, et le taux de mortalité pour la majorité d’entre elles a été extrêmement élevé, presque toujours supérieur à 50 %. La plus grande épidémie enregistrée, qui s’est poursuivie sporadiquement de 2013 à 2016 dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, a fait 11 000 morts. Le taux de mortalité des patients hospitalisés lors de cette épidémie était de l’ordre de 57 à 59 %, et beaucoup plus élevé pour ceux qui n’avaient pas accès aux hôpitaux. Ces dernières années, plusieurs vaccins ont été mis au point par des entreprises privées, mais la lenteur des mécanismes d’approbation et les droits de propriété intellectuelle stricts se sont combinés à l’absence généralisée d’infrastructures sanitaires pour produire une situation dans laquelle les vaccins n’ont pas fait grand-chose pour arrêter la dernière épidémie, centrée sur la République démocratique du Congo (RDC) et qui est maintenant la plus durable.

La maladie est souvent présentée comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle, au mieux aléatoire, au pire imputable aux pratiques culturelles “impures” des populations pauvres vivant dans les forêts. Mais le calendrier de ces deux grandes épidémies (2013-2016 en Afrique de l’Ouest et 2018, comme c’est le cas en RDC) n’est pas une coïncidence. Elles se sont toutes deux produites précisément au moment où l’expansion des industries primaires a déplacé davantage les populations forestières et perturbé les écosystèmes locaux. En fait, cela semble être vrai pour plus que les cas les plus récents, puisque, comme l’explique Wallace, “chaque épidémie d’Ebola semble liée à des changements d’utilisation des terres dus au capital, y compris depuis la première épidémie à Nzara, au Soudan, en 1976, où une usine financée par le Royaume-Uni a filé et tissé du coton local”. De même, les épidémies de 2013 en Guinée se sont produites juste après qu’un nouveau gouvernement ait commencé à ouvrir le pays aux marchés mondiaux et à vendre de grandes étendues de terre à des conglomérats internationaux de l’agroalimentaire. L’industrie de l’huile de palme, connue pour son rôle dans la déforestation et la destruction écologique à l’échelle mondiale, semble avoir été particulièrement coupable, car ses monocultures dévastent à la fois les robustes redondances écologiques qui contribuent à interrompre les chaînes de transmission et attirent littéralement les espèces de chauves-souris qui servent de réservoir naturel pour le virus[xii].

Parallèlement, la vente de grandes étendues de terre à des entreprises agroforestières commerciales entraîne à la fois la dépossession des habitants de la forêt et la perturbation de leurs formes locales de production et de récolte qui dépendent de l’écosystème. Cela ne laisse souvent d’autre choix aux pauvres des zones rurales que de s’enfoncer davantage dans la forêt, alors même que leur relation traditionnelle avec cet écosystème a été perturbée. Il en résulte que la survie dépend de plus en plus de la chasse au gibier sauvage ou de la récolte de la flore locale et du bois pour la vente sur les marchés mondiaux. Ces populations deviennent alors les doublures de la colère des organisations écologistes mondiales, qui les décrivent comme des “braconniers” et des “bûcherons illégaux” responsables de la déforestation et de la destruction écologique qui les ont poussés à faire ce commerce. Souvent, le processus prend ensuite une tournure beaucoup plus sombre, comme au Guatemala, où les paramilitaires anticommunistes issus de la guerre civile du pays ont été transformés en forces de sécurité “vertes”, chargées de “protéger” la forêt de l’exploitation forestière illégale, de la chasse et du narcotrafic qui étaient les seuls métiers disponibles pour ses habitants indigènes – qui avaient été poussés à de telles activités précisément à cause de la violente répression qu’ils avaient subie de la part de ces mêmes paramilitaires pendant la guerre. Ce modèle a depuis été reproduit dans le monde entier, encouragé par les médias sociaux des pays à hauts revenus qui célèbrent l’exécution (souvent littéralement prise en photo) de “braconniers” par des forces de sécurité soi-disant “vertes”[xiv].

Le confinement en tant qu’exercice d’habileté politique

COVID-19 a attiré l’attention du monde entier avec une force sans précédent. Le virus Ebola, la grippe aviaire et le SRAS, bien sûr, ont tous eu leur lot de frénésie médiatique. Mais cette nouvelle épidémie a généré un autre type de résistance. Cela est presque certainement dû en partie à l’ampleur spectaculaire de la réponse du gouvernement chinois, qui a donné lieu à des images tout aussi spectaculaires de mégapoles vidées qui contrastent fortement avec l’image médiatique normale de la Chine comme étant surpeuplée et surpolluée. Cette réaction a également été une source fructueuse pour les spéculations habituelles sur l’effondrement politique ou économique imminent du pays, rendues encore plus fortes par les tensions persistantes de la guerre commerciale naissante avec les États-Unis. Cette situation, combinée à la propagation rapide du virus, lui confère le caractère d’une menace mondiale immédiate, malgré son faible taux de mortalité[xv].

À un niveau plus profond, cependant, ce qui semble le plus fascinant dans la réponse de l’État est la façon dont elle a été présentée, par l’intermédiaire des médias, comme une sorte de répétition générale mélodramatique pour la mobilisation complète de la contre-insurrection intérieure. Cela nous donne un aperçu réel de la capacité répressive de l’État chinois, mais cela souligne également l’incapacité profonde de cet État, révélée par sa nécessité de s’appuyer si fortement sur une combinaison de mesures de propagande totale déployées à travers toutes les facettes des médias et de mobilisations de bonne volonté de la population locale qui, autrement, n’aurait aucune obligation matérielle de se conformer. La propagande chinoise et occidentale a mis l’accent sur la capacité répressive réelle de la quarantaine, la première la décrivant comme un cas d’intervention gouvernementale efficace dans une situation d’urgence et la seconde comme un autre cas de dépassement totalitaire de la part de l’État chinois dystopique. La vérité tacite, cependant, est que l’agressivité même de la répression signifie une incapacité plus profonde de l’État chinois, qui est lui-même encore en pleine construction.

Cela nous donne une idée de la nature de l’État chinois, en nous montrant comment il développe des techniques nouvelles et innovantes de contrôle social et de réponse aux crises, qui peuvent être déployées même dans des conditions où l’appareil d’État de base est rare ou inexistant. De telles conditions, en revanche, offrent une image encore plus intéressante (bien que plus spéculative) de la manière dont la classe dirigeante d’un pays donné pourrait réagir lorsque des crises généralisées et une insurrection active provoquent des pannes similaires dans les États les plus solides. L’épidémie virale a été en tout point favorisée par les mauvaises relations entre les différents niveaux de gouvernement : la répression des médecins “dénonciateurs” par les fonctionnaires locaux va à l’encontre des intérêts du gouvernement central, les mécanismes inefficaces de signalement dans les hôpitaux et la fourniture extrêmement médiocre de soins de santé de base n’en sont que quelques exemples. Entre-temps, les différents gouvernements locaux sont revenus à la normale à des rythmes différents, presque totalement hors du contrôle de l’État central (sauf dans le Hubei, l’épicentre). Au moment où nous écrivons ces lignes, il semble presque entièrement aléatoire de savoir quels ports sont opérationnels et quelles localités ont relancé la production. Mais cette quarantaine de bricolage a fait que les réseaux logistiques de ville à ville sur de longues distances restent perturbés, puisque tout gouvernement local semble capable d’empêcher simplement les trains ou les camions de marchandises de passer ses frontières. Et cette incapacité de base du gouvernement chinois l’a obligé à traiter le virus comme s’il s’agissait d’une insurrection, jouant la guerre civile contre un ennemi invisible.

L’appareil d’État national a réellement commencé à fonctionner le 22 janvier, lorsque les autorités ont renforcé les mesures d’intervention d’urgence dans toute la province de Hubei, et ont déclaré au public qu’elles avaient l’autorité légale de mettre en place des installations de quarantaine, ainsi que de “collecter” tout le personnel, les véhicules et les installations nécessaires pour contenir la maladie, ou de mettre en place des barrages et de contrôler la circulation (marquant ainsi de leur empreinte un phénomène dont elles savaient qu’il se produirait de toute façon). En d’autres termes, le déploiement complet des ressources de l’État a en fait commencé par un appel aux efforts volontaires de la population locale. D’une part, une catastrophe d’une telle ampleur met à rude épreuve les capacités de tout État (voir, par exemple, la réponse aux ouragans aux États-Unis). Mais, d’autre part, cela reproduit un modèle courant dans l’art de gouverner chinois, selon lequel l’État central, en l’absence de structures de commandement efficaces, formelles et applicables jusqu’au niveau local, doit plutôt s’appuyer sur une combinaison d’appels à la mobilisation des fonctionnaires et des citoyens locaux, largement diffusés, et d’une série de sanctions infligées après coup aux pires intervenants (sous la forme de mesures de répression de la corruption). La seule réponse vraiment efficace se trouve dans des domaines spécifiques où l’État central concentre l’essentiel de son pouvoir et de son attention – dans ce cas, le Hubei en général et Wuhan en particulier. Au matin du 24 janvier, la ville était déjà complètement fermée, aucun train n’arrivant ou ne sortant près d’un mois après la détection de la nouvelle souche du coronavirus. Les autorités sanitaires nationales ont déclaré que les autorités sanitaires ont la possibilité d’examiner et de mettre en quarantaine toute personne à leur discrétion. Outre les grandes villes de Hubei, des dizaines d’autres villes chinoises, dont Pékin, Guangzhou, Nanjing et Shanghai, ont mis en place des mesures de verrouillage plus ou moins sévères des flux de personnes et de marchandises à l’entrée et à la sortie de leurs frontières.

En réponse à l’appel à la mobilisation de l’État central, certaines localités ont pris des initiatives étranges et sévères. Les plus effrayantes se trouvent dans quatre villes de la province du Zhejiang, où trente millions de personnes ont reçu des passeports locaux, permettant à une seule personne par ménage de quitter son domicile une fois tous les deux jours. Des villes comme Shenzhen et Chengdu ont ordonné que chaque quartier soit bouclé, et ont autorisé la mise en quarantaine d’immeubles entiers pendant 14 jours si un seul cas confirmé de virus y est trouvé. Entre-temps, des centaines de personnes ont été détenues ou condamnées à des amendes pour avoir “répandu des rumeurs” sur la maladie, et certains de ceux qui ont fui la quarantaine ont été arrêtés et condamnés à de longues peines de prison. Les prisons elles-mêmes connaissent maintenant une grave épidémie, en raison de l’incapacité des fonctionnaires à isoler les personnes malades, même dans un environnement littéralement conçu pour faciliter l’isolement. Ce genre de mesures désespérées et agressives reflète celles des cas extrêmes de contre-insurrection, rappelant le plus clairement les actions de l’occupation militaire-coloniale dans des endroits comme l’Algérie ou, plus récemment, la Palestine. Jamais auparavant elles n’avaient été menées à une telle échelle, ni dans des mégalopoles de ce type qui abritent une grande partie de la population mondiale. La conduite de la répression offre donc une étrange leçon pour ceux qui ont l’esprit de révolution mondiale, puisqu’il s’agit essentiellement d’une répétition de la réaction de l’État.

Incapacité

Cette répression particulière bénéficie de son caractère apparemment humanitaire, l’État chinois étant en mesure de mobiliser un plus grand nombre de locaux pour aider à ce qui est, essentiellement, la noble cause de l’étranglement de la propagation du virus. Mais, comme on peut s’y attendre, ces mesures de répression se retournent toujours contre nous. La contre-insurrection est, après tout, une sorte de guerre désespérée menée uniquement lorsque des formes plus solides de conquête, d’apaisement et d’incorporation économique sont devenues impossibles. C’est une action coûteuse, inefficace et d’arrière-garde, qui trahit l’incapacité profonde de toute puissance chargée de la déployer – qu’il s’agisse des intérêts coloniaux français, de l’imperium américain en déclin ou d’autres. Le résultat de la répression est presque toujours une seconde insurrection, ensanglantée par l’écrasement de la première et rendue encore plus désespérée. Ici, la quarantaine ne reflétera guère la réalité de la guerre civile et de la contre-insurrection. Mais même dans ce cas, la répression s’est retournée contre elle à sa manière. L’État ayant concentré une grande partie de ses efforts sur le contrôle de l’information et la propagande constante déployée par tous les appareils médiatiques possibles, les troubles se sont largement exprimés sur les mêmes plateformes.

La mort du Dr Li Wenliang, un des premiers à dénoncer les dangers du virus, le 7 février, a secoué les citoyens enfermés dans leurs maisons à travers le pays. Li était l’un des huit médecins arrêtés par la police pour avoir diffusé de “fausses informations” début janvier, avant de contracter lui-même le virus par la suite. Sa mort a déclenché la colère des net-citoyens et une déclaration de regret du gouvernement de Wuhan. Les gens commencent à voir que l’État est composé de fonctionnaires et de bureaucrates maladroits qui ne savent pas quoi faire mais qui ont quand même le visage bien trempé[xvi]. Ce fait a été essentiellement révélé lorsque le maire de Wuhan, Zhou Xianwang, a été contraint d’admettre à la télévision d’État que son gouvernement avait retardé la diffusion d’informations critiques sur le virus après qu’une épidémie s’est déclarée. La tension même causée par l’épidémie, combinée à celle induite par la mobilisation totale de l’État, a commencé à révéler à la population les profondes fissures qui se cachent derrière le portrait de papier mince que le gouvernement brosse de lui-même. En d’autres termes, de telles conditions ont exposé les incapacités fondamentales de l’État chinois à un nombre croissant de personnes qui, auparavant, auraient pris la propagande du gouvernement pour argent comptant.

(twitter) #China CCP’s “infection control” propaganda in #Wuhan, locals :

“Ils ne sont là que pour prendre des photos de groupe avec le drapeau du Parti”

“Ils ont enlevé leur EPI après avoir pris la photo. Il utilise des EPI pour essuyer sa voiture !”

“Il vient de jeter son EPI dans une poubelle !” #WuhanCoronavirus

Si l’on pouvait trouver un symbole unique pour exprimer le caractère fondamental de la réponse de l’État, ce serait quelque chose comme la vidéo tournée par un habitant de Wuhan et partagée avec l’Internet occidental via Twitter à Hong Kong[xvii]. Elle montre essentiellement un certain nombre de personnes qui semblent être des médecins ou des premiers intervenants d’une sorte de vêtement de protection complet prenant une photo avec le drapeau chinois. La personne qui tourne la vidéo explique qu’elle se trouve tous les jours à l’extérieur de ce bâtiment pour diverses séances de photos. La vidéo suit ensuite les hommes alors qu’ils enlèvent leur équipement de protection et restent debout à discuter et à fumer, allant même jusqu’à utiliser une des combinaisons pour nettoyer leur voiture. Avant de partir, l’un des hommes jette sans cérémonie la combinaison de protection dans une poubelle voisine, sans même prendre la peine de la mettre au fond, où elle ne sera pas visible. Des vidéos comme celle-ci se sont rapidement répandues avant d’être censurées – de petites larmes dans le mince voile du spectacle sanctionné par l’État.

À un niveau plus fondamental, la quarantaine a également commencé à voir la première vague de répercussions économiques dans la vie personnelle des gens. L’aspect macroéconomique de cette situation a fait l’objet de nombreux rapports, une baisse massive de la croissance chinoise risquant de provoquer une nouvelle récession mondiale, surtout si elle s’accompagne d’une stagnation continue en Europe et d’une récente baisse de l’un des principaux indices de santé économique aux États-Unis, qui montre une chute soudaine de l’activité commerciale. Partout dans le monde, les entreprises chinoises et celles qui dépendent fondamentalement des réseaux de production chinois examinent désormais leurs clauses de “force majeure”, qui permettent de retarder ou d’annuler les responsabilités des deux parties à un contrat commercial lorsque celui-ci devient “impossible” à exécuter. Bien que pour l’instant peu probable, cette simple perspective a provoqué une cascade de demandes de production dans tout le pays. L’activité économique n’a cependant repris que de manière fragmentaire, tout fonctionnant déjà sans problème dans certaines régions et étant encore en pause indéfinie dans d’autres. Actuellement, le 1er mars est devenu la date provisoire à laquelle les autorités centrales ont demandé que toutes les zones situées en dehors de l’épicentre de l’épidémie reprennent le travail.

Mais d’autres effets ont été moins visibles, bien qu’ils soient sans doute beaucoup plus importants. De nombreux travailleurs migrants, y compris ceux qui étaient restés dans leur ville de travail pour le festival de printemps ou qui ont pu rentrer avant la mise en place des différents confinements, sont maintenant coincés dans une dangereuse impasse. À Shenzhen, où la grande majorité de la population est constituée de migrants, les habitants signalent que le nombre de sans-abri a commencé à augmenter. Mais les nouvelles personnes qui apparaissent dans les rues ne sont pas des sans-abri de longue durée, mais ont plutôt l’apparence d’être littéralement jetées là avec nulle part où aller – elles portent toujours des vêtements relativement beaux, ne savent pas où dormir en plein air ni où trouver de la nourriture. Plusieurs bâtiments de la ville ont connu une augmentation des petits vols, principalement de nourriture livrée aux portes des résidents qui restent à la maison pour la quarantaine. Dans l’ensemble, les travailleurs perdent leurs salaires car la production est au point mort. Les meilleurs scénarios pendant les arrêts de travail sont des quarantaines dormantes comme celle imposée à l’usine Foxconn de Shenzhen, où les nouveaux rentrés sont confinés dans leurs quartiers pendant une semaine ou deux, reçoivent environ un tiers de leur salaire normal et sont ensuite autorisés à retourner à la chaîne de production. Les entreprises plus pauvres n’ont pas cette possibilité, et la tentative du gouvernement d’offrir de nouvelles lignes de crédit bon marché aux petites entreprises ne servira probablement pas à grand chose à long terme. Dans certains cas, il semble que le virus va simplement accélérer les tendances préexistantes en matière de délocalisation des usines, car des entreprises comme Foxconn augmentent leur production au Vietnam, en Inde et au Mexique pour compenser le ralentissement.

La guerre surréaliste

Entre-temps, la réaction précoce maladroite au virus, la dépendance de l’État à l’égard de mesures particulièrement punitives et répressives pour le contrôler, et l’incapacité du gouvernement central à coordonner efficacement les différentes localités pour jongler simultanément avec la production et la quarantaine sont autant de signes qu’une profonde incapacité demeure au cœur de l’appareil d’État. Si, comme l’affirme notre ami Lao Xie, l’administration Xi a mis l’accent sur la “construction de l’État”, il semblerait qu’il reste beaucoup à faire à cet égard. Dans le même temps, si la campagne contre COVID-19 peut également être considérée comme une course à vide contre l’insurrection, il est à noter que le gouvernement central n’a la capacité d’assurer une coordination efficace que dans l’épicentre du Hubei et que ses réponses dans d’autres provinces – même dans des endroits riches et bien considérés comme Hangzhou – restent largement non coordonnées et désespérées. Nous pouvons considérer cela de deux façons : premièrement, comme une leçon sur la faiblesse qui sous-tend les limites du pouvoir de l’État, et deuxièmement, comme une mise en garde contre la menace que représentent encore les réponses locales non coordonnées et irrationnelles lorsque l’appareil d’État central est débordé.

Ce sont là des leçons importantes pour une époque où la destruction causée par une accumulation sans fin s’est étendue à la fois vers le haut dans le système climatique mondial et vers le bas dans les substrats microbiologiques de la vie sur Terre. De telles crises ne feront que se multiplier. Alors que la crise séculaire du capitalisme prend un caractère apparemment non économique, de nouvelles épidémies, famines, inondations et autres catastrophes “naturelles” seront utilisées pour justifier l’extension du contrôle de l’État, et la réponse à ces crises sera de plus en plus l’occasion d’exercer des outils nouveaux et non éprouvés de contre-insurrection. Une politique communiste cohérente doit saisir ces deux faits ensemble. Sur le plan théorique, cela signifie comprendre que la critique du capitalisme s’appauvrit chaque fois qu’elle est coupée des sciences dures. Mais au niveau pratique, cela implique aussi que le seul projet politique possible aujourd’hui est celui qui est capable de s’orienter sur un terrain défini par un désastre écologique et microbiologique généralisé, et d’opérer dans cet état perpétuel de crise et d’atomisation.

Dans une Chine en quarantaine, nous commençons à entrevoir un tel paysage, du moins dans ses grandes lignes : des rues vides en fin d’hiver, dépoussiérées par la moindre pellicule de neige intacte, des visages éclairés par téléphone qui regardent par les fenêtres, des barricades fortuites où travaillent quelques infirmières ou policiers ou des bénévoles ou simplement des acteurs rémunérés chargés de hisser des drapeaux et de vous dire de mettre votre masque et de rentrer chez vous. La contagion est sociale. Il n’est donc pas vraiment surprenant que la seule façon de la combattre à un stade aussi avancé soit de mener une sorte de guerre surréaliste contre la société elle-même. Ne vous rassemblez pas, ne provoquez pas le chaos. Mais le chaos peut aussi se construire dans l’isolement. Alors que les fours de toutes les fonderies se refroidissent pour devenir des braises doucement crépitantes puis des cendres refroidies par la neige, les nombreux petits désespoirs ne peuvent s’empêcher de sortir de cette quarantaine pour se transformer en un chaos plus grand qui pourrait un jour, comme cette contagion sociale, s’avérer difficile à contenir.

 

Notes

[i] Une grande partie de ce que nous allons expliquer dans cette section est simplement un résumé plus concis des propres arguments de Wallace, destiné à un public plus large et sans qu’il soit nécessaire de “faire valoir” les arguments d’autres biologistes par l’exposé d’une argumentation rigoureuse et de preuves étendues. Pour ceux qui voudraient contester les preuves de base, nous nous référons tout au long du texte aux travaux de Wallace et de ses compatriotes.

[ii] Robert G Wallace, Big Farms Make Big Flu : Dispatches on Infectious Disease, Agribusiness, and the Nature of Science, Monthly Review Press, 2016. p.52

[iii] Ibid, p.56

[iv] Ibid, p. 56-57

[v] Ibid, p.57

[vi] Cela ne veut pas dire que les comparaisons entre les États-Unis et la Chine d’aujourd’hui ne sont pas également instructives. Comme les États-Unis ont leur propre secteur agro-industriel massif, ils contribuent eux-mêmes de manière considérable à la production de nouveaux virus dangereux, sans parler des infections bactériennes résistantes aux antibiotiques.

[vii] Voir : Brundage JF, Shanks GD, ” What really happened during the 1918 influenza pandemic ? The importance of bacterial secondary infections” (L’importance des infections bactériennes secondaires). The Journal of Infectious Diseases. Volume 196, numéro 11, décembre 2007. pp. 1717-1718, réponse de l’auteur 1718-1719 ; et : Morens DM, Fauci AS, “The 1918 influenza pandemic : Insights for the 21st century”. The Journal of Infectious Diseases. Volume 195, numéro 7, avril 2007. pp 1018-1028

[viii] Voir la rubrique ” Picking Quarrels ” dans le deuxième numéro de notre revue : <http://chuangcn.org/journal/two/picking-quarrels/>

[ix] À leur manière, ces deux voies de production de la pandémie reflètent ce que Marx appelle la subsomption “réelle” et “formelle” dans la sphère de production proprement dite. Dans la subsomption réelle, le processus de production proprement dit est modifié par l’introduction de nouvelles technologies capables d’intensifier le rythme et l’ampleur de la production – de la même manière que l’environnement industriel a modifié les conditions de base de l’évolution virale, de sorte que de nouvelles mutations sont produites à un rythme plus soutenu et avec une plus grande virilité. Dans la subsomption formelle, qui précède la subsomption réelle, ces nouvelles technologies ne sont pas encore mises en œuvre. Au lieu de cela, les formes de production existantes sont simplement rassemblées dans de nouveaux lieux qui ont une certaine interface avec le marché mondial, comme dans le cas des travailleurs sur métiers à main qui sont placés dans un atelier qui vend leur produit avec un bénéfice – et cela est similaire à la façon dont les virus produits dans un cadre “naturel” sont sortis de la population sauvage et introduits dans les populations domestiques via le marché mondial.

[x] Cependant, c’est une erreur d’assimiler ces écosystèmes à des écosystèmes “préhumains”. La Chine en est un parfait exemple, car nombre de ses paysages naturels apparemment “primitifs” étaient en fait le produit de périodes d’expansion humaine beaucoup plus anciennes qui ont anéanti des espèces autrefois communes sur le continent est-asiatique, comme les éléphants.

[xi]Techniquement, il s’agit d’un terme général désignant environ 5 virus distincts, dont le plus mortel est lui-même simplement appelé virus Ebola, anciennement virus du Zaïre.

[xii] Pour le cas spécifique de l’Afrique de l’Ouest, voir : RG Wallace, R Kock, L Bergmann, M Gilbert, L Hogerwerf, C Pittiglio, Mattioli R et R Wallace, “Did Neoliberalizing West African Forests PRoduce a New Niche for Ebola,” International Journal of Health Services, Volume 46, Number 1, 2016 ; et pour un aperçu plus large du lien entre les conditions économiques et le virus Ebola en tant que tel, voir Robert G Wallace et Rodrick Wallace (Eds), Neoliberal Ebola : Modelling Disease Emergence from Finance to Forest and Farm, Springer, 2016 ; Et pour l’exposé le plus direct du cas, bien que moins savant, voir l’article de Wallace, lié ci-dessus : “Neoliberal Ebola : the Agroeconomic Origins of the Ebola Outbreak”, Counterpunch, 29 juillet 2015. <https://www.counterpunch.org/2015/07/29/neoliberal-ebola-the-agroeconomic-origins-of-the-ebola-outbreak/>

[xiii] Voir Megan Ybarra, Green Wars : Conservation and Decolonization in the Maya Forest, University of California Press, 2017.

[xiv] Il est certainement incorrect de laisser entendre que tout le braconnage est mené par la population rurale pauvre locale, ou que toutes les forces de gardes forestiers des forêts nationales des différents pays opèrent de la même manière que les anciens paramilitaires anticommunistes, mais les confrontations les plus violentes et les cas les plus agressifs de militarisation des forêts semblent tous suivre essentiellement ce schéma. Pour un large aperçu du phénomène, voir le numéro spécial 2016 de Geoforum (69) consacré à ce sujet. La préface se trouve ici : Alice B. Kelly et Megan Ybarra, ” Introduction to the themed issue : ‘Green security in protected areas’ “, Geoforum, Volume 69, 2016. pp.171-175. <http://gawsmith.ucdavis.edu/uploads/2/0/1/6/20161677/kelly_ybarra_2016_green_security_and_pas.pdf>

[xv] De loin la plus faible de toutes les maladies mentionnées ici, son taux de mortalité élevé est en grande partie le résultat de sa propagation rapide à un grand nombre d’hôtes humains, ce qui a entraîné un nombre élevé de décès en chiffres absolus malgré un taux de mortalité très faible.

[xvi] Dans une interview podcast, Au Loong Yu, citant des amis sur le continent, déclare que le gouvernement de Wuhan est effectivement paralysé par l’épidémie. Au suggère que la crise ne déchire pas seulement le tissu social, mais aussi la machine bureaucratique du PCC, qui ne fera que s’intensifier à mesure que le virus se répandra et deviendra une crise de plus en plus grave pour les autres gouvernements locaux du pays. L’interview est réalisée par Daniel Denvir de The Dig, publiée le 7 février : https://www.thedigradio.com/podcast/hong-kong-with-au-loong-yu/

[xvii] La vidéo elle-même est authentique, mais il convient de noter que Hong Kong a été un foyer particulier d’attitudes racistes et de théories de conspiration à l’égard de la Chine continentale et du PCC, de sorte qu’une grande partie de ce qui est diffusé sur les médias sociaux par les Hongkongais au sujet du virus devrait être soigneusement vérifié.

  1. anonime
    16/03/2020 à 07:19 | #1

    CAPITAL, ÉTAT, VIRUS

    (peut-être pas le bon sujet, mais pas à moi d’en créer un plus adéquat)

    on peut quand même s’inquiéter qu’il soit plus facile d’importer une analyse sur la situation en Chine que d’en proposer une sur ce qui se passe chez nous, concernant le rapport entre capitalisme et épidémie, et dans cette merde la fonction de l’État français pour préserver “en même temps” l’exploitation (travailler), la reproduction du prolétariat (manger) et la démocratie politique (voter), car tout y est, de façon concentrée et concentrationnaire

    quelques miens tweets sur la situation récente en France :

    1. à deux jours d’intervalles l’incitation à voter et l’armée dans la rue pour assurer le confinement total. Le retard à annoncer ce qui est déjà décidé avant consultation d’experts n’est que double discours d’État

    2. “en même temps” on envoie les “citoyens” aux urnes et l’on fustige leur promenade dans les parcs, “en même temps” on pousse au confinement chez soi et l’on montre du doigt ceux qui stockent de la nourriture pour éviter des courses quotidiennes à risque

    3. la “distanciation sociale” serait-elle à géométrie variable selon qu’elle arrange ou non le monde politique et celui des affaires ? Le capitalisme repose sur l’exploitation du travail et la reproduction des travailleurs plus leur embrigadement démocratique

    4. une vérité qu’il ne faudra pas dire, et qui relève de la seule analyse radicale et communiste c’est que le démocratisme et le citoyennisme de tous les partis y compris d’extrême-gauche auront provoquer plus de morts que souhaitable

    bon, c’est un peu taillé à la serpe, mais on pourrait relever dans les interventions ministérielles et de dirigeants politiques quelques pépites d’une “Union sacrée” qui va beaucoup plus loin que ne le dit sa critique de gauche parce sa dimension politique a une fonction idéologique qui lui échappe, union sacrée à laquelle au demeurant participe très activement un Mélenchon des plus soumis, ou un Poutou des plus rangés

    quant à la critique de ce texte, c’est peu de dire qu’un raisonnement par l’absurde sur les perspectives communistes peut aussi devenir un raisonnement absurde, remarque qui m’a valu un “like” de Chuang…

    plus prosaïquement, il y aurait une bonne étude comparative à engager, comme l’on dit marginalement quelques médecins, entre les mesures d’État prises en Chine, à Taïwan ou au Japon, et la réaction et les comportements de populations beaucoup moins obsédées par la démocratie politique et moins enclines à jouer les “rebelles” en gueule. Tout ça pour prendre, avec un retard meurtrier, des mesures considérées comme propres à la dictature

    désolé que ce ne soit à ce stade guère plus clair dans mon esprit que je ne l’expose confusément ici. Je pense qu’il y a matière à un sujet spécifique, et qu’il n’y a aucune raison que la critique radicale se sente mal à l’aise, à condition de ne pas plaquer des présupposés analytique faisant fi de réalités plutôt complexes

  2. anonime
    17/03/2020 à 08:23 | #2

    sur la
    LÉGITIMITÉ de MESURES “ANTI-DÉMOCRATIQUES”

    la crise du coronavirus aggravant celle du capitalisme est particulièrement propice à la critique théorique radicale de l’économie politique dans la tradition de Marx et à l’analyse de la fonction de l’État, démocratie ou dictature, en Europe comme en Chine ou partout ailleurs

    *

    l’aspect le plus rapide et le plus choquant la sensibilité européenne démocratique est le paquet de mesures brutales prises, d’abord en Italie, puis en Espagne et en France, et qui s’étend à toute l’Europe communautaire habituée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et à l’exception d’épisodes propres à chaque pays (en France la Guerre d’Algérie), à l’exercice de “libertés démocratiques” concernant notamment le droit de circulation

    – des mesures anti-démocratiques jugées légitimes par le grand nombre dans le consensus démocratique

    dans le contexte de la « Guerre contre le Covid-19 » (Macron 16 mars 2020), il est certain que ces mesures, toutes choquantes qu’elles seraient en d’autres circonstances, tel par exemple qu’en réponse à des émeutes (novembre 2005) ou des luttes sociales (grèves et manifestations massives depuis le début du siècle, récemment Mouvement des Gilets Jaunes, Lutte contre la Réforme des retraites), ces mesures font globalement l’objet d’un consensus, étant considérées comme indispensables à la préservation de la santé du plus grand nombre : la légitimité dont il s’agit, à la limite du droit, est toute subjective, accordée par l’immense majorité des “citoyens”, définis en essence comme la base même de l’existence de la “Société civile” face à l’État (Marx, écrits de jeunesse)

    il est trop tôt pour connaître les éventuelles oppositions politiques, puisque à l’heure où j’écris ces lignes, elles ne sont pas encore entrées en vigueur, et il est probable que les gauchistes ne manqueront pas sortir leur couplet sur le fait que l’État instrumentalise l’épidémie pour s’en prendre aux libertés publiques et particulièrement à celle de manifester. L’appel, bien que controversé au dernier Acte des Gilets Jaunes en pleine montée du danger sanitaire, en a donné une idée, mais il était équilibré par celui de toute la classe politique, y compris les mêmes gauchistes, à se rendre aux urnes

    du point de vue de notre critique radicale, nous ne pouvons nous permettre une telle légèreté d’analyse, mais constater que dans une situation de mise en danger de sa raison d’être, l’État du Capital ne recule devant aucune mise en cause de ses propres règles démocratiques de fonctionnement, selon le principe “à situation exceptionnelle, État d’exception”

    faire le rapprochement avec une situation de guerre n’est pas anodin de la part du Président de la République, bien que, lourdement répétée durant son allocution, face à l’ennemi virus, il ne s’agisse que d’une métaphore. Faire de notre point de vue ce rapprochement avec une situation de luttes disons “révolutionnaires” est tentant, mais à mon sens un peu rapide si l’on ne fait pas les distinctions essentielles et les rapprochements que j’ai rappelés en début de sujet : oui le virus menace le capitalisme en tant qu’économie politique, et c’est pourquoi l’État le combat sur cette base, et pourquoi aussi il rencontre comme alliés tous les partis politiques sans exception, au nom d’une démocratie qui n’est plus que de nom

    tout au plus peut-on constater que l’État rencontre ici les mêmes alliés qui seraient les ennemis d’une tentative révolutionnaire insurrectionnelle. La guerre contre l’épidémie rencontre les mêmes adversaires que la guerre civile rêvée par les partisans de la communisation

    (à suivre)

  3. Nononyme
    17/03/2020 à 21:53 | #3

    Nous pouvons en effe constater comment le gouvernement procède lorsqu’il doit faire la guerre à un ennemis intérieur qui se confond avec la population en général sauf qu’en même temps dans ce cas-ci l’ennemie est aussi l’ennemie de cette même population… En d’autres mots ici le gouvernement n’est pas un adversaire mais l’allié objectif…

    C’est l’organisation autonome de la population qui est complètement évacuée pour l’instant… Le besoin de gérer la situation par le biais de spécialistes de la santé qui sont aussi une catégorie de la population hautement privilégiée et structurellement intégrée à l’État y est pour beaucoup…

    Plus la contagion se prolongera dans le temps et plus des mesures similaires à des périodes de guerre pourront éventuellement se mettre en place comme par exemple le rationnement de la nourriture et des médicaments… Mais que fera la population lorsqu’elle n’aura plus librement accès à son garde-manger ou à sa pharmacie ?

    Toutefois contrairement à la guerre ce n’est pas l’industrie de l’armement qui bat son plein mais celui de la santé… L’aspect éthique de la situation fait une grande différence dans le consensus…

    Il est quand même curieux que se soit l’État qui force à l’arrêt du travail et au ralentissement de l’économie et non les ouvriers eux-mêmes… C’est comme une grève générale par le haut !

  4. anonime
    18/03/2020 à 06:37 | #4

    théorie radicale par temps de coronavirus
    IV. L’ÉTAT ET CAPITAL, MÉDECIN ET FOSSOYEUR

    « Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs.»
    Marx et Engels, Manifeste du Parti communiste, 1847

    « On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. »
    Agnès Buzyn, médecin, ministre, et candidate, Le Monde

    ‘se rendre à un enterrement est interdit’
    Edouard Philippe, Premier Ministre, France 2, 17 mars

    « En annonçant le report du second tour des municipales le lendemain de la tenue du premier, le chef de l’Etat a involontairement révélé l’absurdité, pointée notamment par les médecins, qu’il y avait à maintenir ce scrutin, dimanche. “C’est l’erreur majeure principale d’Emmanuel Macron, c’est une erreur politique qui, à mon sens, ressurgira à la fin de l’épidémie quand on aura le bilan”, assure Jean-Christophe Alquier, spécialiste en communication de crise. “Cela va marquer toute la classe politique, qui a fait preuve d’inconséquence sur ce sujet”, ajoute-t-il. Emmanuel Macron a d’ailleurs dès à présent ouvert un pare-feu, en assurant qu'”un consensus scientifique et politique s'[était] formé pour maintenir le premier tour des élections municipales”. » France Info, 17 mars

    c’est une analyse que l’on retrouve, après les “révélations” d’Agnès Buzyn, dans la bouche de nombreux leaders politiques, Marine Le Pen en tête, et plus largement chez de nombreux commentateurs d’en-bas, dans les réseaux sociaux. Pour ce qui nous concerne, nous n’avons pas à distinguer les objectifs propres au personnel politique, ni même à considérer que telle opposition aurait fait mieux à la place du pouvoir actuel, puisque aucune n’a souhaité le report du premier tour, alors que des voix dissidentes d’épidémiologistes s’exprimaient conseillant le contraire des experts du Comité scientifique conseillant son Comité de défense

    Nononyme écrit : « Toutefois contrairement à la guerre ce n’est pas l’industrie de l’armement qui bat son plein mais celui de la santé… L’aspect éthique de la situation fait une grande différence dans le consensus…

    Il est quand même curieux que se soit l’État qui force à l’arrêt du travail et au ralentissement de l’économie et non les ouvriers eux-mêmes… C’est comme une grève générale par le haut ! »

    c’est aller un peu vite en besogne que de voir là une grève contrainte du secteur ouvrier, car le télétravail concerne potentiellement 8 millions de personnes, selon la Ministre du travail hier, soit 27% d’une population active de 30 millions, et par définition, tous ceux qui ont un travail manuel ne peuvent l’accomplir numériquement à distance, ce qui englobe toutes les activités de production/stockage/transports et distribution/vente de marchandise, donc particulièrement la nourriture, avec l’interface contaminatrice que sont tous les points de vente pour le personnel du commerce comme pour les clients/consommateurs

    que ressort-il de tout ce méli-mélodrame, comme chantait Bobbi Lapointe ? Que nous assistons au surgissement d’une contradiction profonde et essentielle du capitalisme : sa logique est incompatible avec la préservation du vivant, que ce soit ici les êtres humains, ou la nature du point de vue écologique

    c’est ce qu’exprime le mieux Agnès Buzin, avec son double voile de scientifique/médecin et politique/fossoyeur, c’est la conscience diffuse du système lui-même d’être pris à son propre jeu

    les politiques et citoyens qui affirment vouloir “régler les comptes des responsables politiques une fois passée la crise” ne feront qu’en choisir d’autres qui ne feront pas mieux la prochaine fois, pour autant que la situation ne se dégrade pas en une crise généralisée qui poserait la nécessité d’autre chose qu’une “résistance passive” consistant à rester chez soi pour sauver… le système

  5. Nononyme
    18/03/2020 à 14:44 | #5

    Ma réalité n’est pas française mais canadienne québécoise… Mais ici comme ailleurs il nécessairement plus facile aux fonctionnaires bureaucrates et autres professionnels du clavier de quitter le lieu de travail pour la maison d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’un arrêt de travail complet… Pour les autres dont l’outil de travail est directement relier au lieu physique de production c’est plus complexe en effet et je ne crois pas qu’il soit s’y simple de rester chez soi pour ces gens-là… Ici la grève pour qui le peut devient la solution…

    Je faisais un brin d’humour quand je parlais de grève générale par le haut… N’empêche que le gouvernement de mon bout de planète finance lui-même cette arrêt de travail ce qui n’est pas rien… À situation exceptionnelle mesure exceptionnelle… Mais de la même façon que ce ne sont pas tous les secteurs de l’économie qui font grève générale quand ça part d’en bas ce n’est pas tous les secteurs de la production qui se portent mal de ce ralentissement obligé par le gouvernement : l’industrie alimentaire, sanitaire et pharmaceutique n’auront pas de difficulté à liquider leur surproduction…

    J’ai aussi remarqué que dans les commerces qui restent ouverts se sont surtout les jeunes qui continuent à travailler et pour cause ils sont moins à risque et ça tombe bien car souvent ils coutent moins cher… D’un autre côté et sans vouloir faire dans la théorie du complot ou dans l’humour morbide un virus qui fait ses victimes dans la catégorie du troisième âge va certainement offrir l’opportunité de réduire les dépenses en régime de retraite… Ce qui devrait compenser pour les pertes occasionnées par la pandémie…

    Pour ce qui est du gouvernement lui-même il est assez courant de se méfier de son discours du moins pour ceuses qui ont vécu la contestation et mesuré son langage hypocrite et par conséquent assez étrange de devoir s’y fier puisque c’est lui qui dicte les mesures à prendre et qu’il est difficile de savoir ce qui en est réellement… Mais comme la police le gouvernement arrive toujours en retard ce qui ouvre le flan à la critique mais paradoxalement pour lui reprocher de ne pas en faire assez au niveau des mesures coercitives… C’est quand même drôle qu’en démocratie les gens exigent du gouvernement qu’il nous interdisent de sortir dans la rue…

    Et c’est peu dire que cette épisode dramatique de notre histoire dans les beautés contradictoires du capitalisme nous montre une fois de plus comment ce mode de production est fondamentalement incapable de protéger la vie sans se compromettre dans le bon fonctionnement de ses rouages… Le travail ou la santé comment choisir pour ceuses qui dépend des deux pour vivre…

  6. anonime
    18/03/2020 à 15:36 | #6

    VI. LE RÔLE ÉCONOMIQUE DE L’ÉTAT
    POUR LE CAPITAL
    rien de nouveau sous le soleil, mais c’est le temps qui change
    LE RETOUR DES NATIONALISATIONS
    relevons comme fondement du rapport entre l’État et le Capital que l’intervention comme le désengagement du premier a toujours pour but la sauvegarde et le développement du second. La compréhension “de gauche” de ce rapport n’est pas communiste mais keynésienne, il en va ainsi pour les nationalisations, dont l’idée revient, voir plus bas

    « Lorsque l’État intervient directement comme agent économique, le caractère productif ou improductif de ses activités ne peut être établi que par rapport à cette même norme. L’intervention de l’État ne change rien à la nature de l’économie de marché qui demeure fondée sur le profit. Elle n’est motivée au contraire que par la nécessité de compléter l’activité privée et de lui apporter un soutien dont l’objectif est son développement fructueux. L’activité étatique est donc productive si elle stimule le profit en général et favorise l’accumulation du capital. Improductive dans le cas contraire, elle constitue alors un fardeau pour le capital qui tôt ou tard visera à la réduire, à en modeler le fonctionnement sur celui de l’entreprise privée ou à la privatiser. »
    Louis Gill, UCAQ, 2008
    http://classiques.uqac.ca/contemporains/gill_louis/realite_contemp_analyse_marxiste/realite_contemp_analyse_marxiste_texte.html

    en attendant une analyse, quelques citations

    Bruno Le Maire, ministre de l’Économie
    continuer à travailler pour faire tourner l’économie
    “J’invite tous les salariés dont les entreprises sont encore ouvertes, dont les activités sont indispensables au bon fonctionnement du pays, à se rendre sur leur lieu de travail.

    Nous allons apporter des solutions mais il faut que tous les salariés dont les secteurs d’activité sont encore ouverts, qui ne sont pas des restaurants, des bars mais des industries, de l’industrie agroalimentaire, de la grande distribution, se rendent sur leur lieu de travail pour assurer la sécurité économique du pays. Sécurité économique et sécurité sanitaire doivent aller de pair.

    Il faut bien que nous puissions continuer à nous nourrir. (…) Il faut que les marchandises alimentaires puissent circuler, il faut qu’il y ait de l’électricité pour vous éclairer chez vous.

    Nous devons assurer la continuité économique du pays… Nous protégerons notre patrimoine industriel… pas question de voir des grandes entreprises françaises disparaître.” BFMBusiness, 18 mars
    https://bfmbusiness.bfmtv.com/france/j-invite-les-salaries-dont-les-entreprises-sont-ouvertes-a-se-rendre-sur-leur-lieu-de-travail-annonce-bruno-le-maire-1876949.html

    des nationalisations envisagées face à la récession annoncée
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/18/coronavirus-bruno-le-maire-n-exclut-pas-des-nationalisations_6033503_3234.html
    Coronavirus : Bruno Le Maire n’exclut pas des nationalisations, Le Monde, 18 mars
    Le ministre français de l’économie et des finances est prêt à voler au secours des grandes entreprises du CAC 40 malmenées en Bourse :

    «… des recapitalisations, des prises de participation ou même des nationalisations si nécessaire. »

    Le Medef met en garde contre un arrêt de l’activité économique, Sud-Ouest, 18 mars
    https://www.sudouest.fr/2020/03/18/coronavirus-le-medef-met-en-garde-contre-un-arret-de-l-activite-economique-7340598-10861.php

    Patrick Martin, président délégué du Medef a mis en garde mercredi contre un arrêt de l’activité économique, y compris dans les secteurs essentiels. “Il y a eu dans tous les secteurs d’activité, y compris dans ceux très nombreux dont l’exploitation n’est pas interdite par les mesures sanitaires, un changement d’attitude extrêmement brutal des salariés”

    Après l’allocution télévisée du président Emmanuel Macron lundi soir, “de nombreux salariés ont demandé à ce que leurs employeurs prennent des mesures d’activité partielle, sans quoi ils exerceraient un droit de retrait”, a-t-il ajouté, se disant “très préoccupé” par la situation. “Cela met à l’arrêt la plupart des secteurs d’activité, dont ceux dont l’activité n’a pas été suspendue par les récentes mesures”, a affirmé le responsable du patronat. “Les entreprises ne sont plus en mesure de poursuivre leurs activités sous la pression des salariés”.

    des deux côtés, État et Capital, cela tempère l’appréciation de Nononyme : « Il est quand même curieux que se soit l’État qui force à l’arrêt du travail et au ralentissement de l’économie et non les ouvriers eux-mêmes… C’est comme une grève générale par le haut ! »

  7. anonyme n°3
    18/03/2020 à 17:53 | #7

    Il me semble que l’appréciation de nononyme vise à empêcher une simplification consistant à dire : A priori un État ne peut agir QUE pour la sauvegarde du capital. Car pour cela, encore faut-il qu’il le puisse. Ceci n’empêche pas l’État de faire une pierre deux coups, en anticipant le futur changement de contexte à l’avantage du capital. (exemple : un état d’urgence prolongé durant la “reprise” tant espérée.)

    On a pu entendre ici et là des craintes vis à vis du confinement, qui aurait été motivé par une volonté de contrôle de l’État. Je ne suis pas sûr que quelqu’un tienne encore cette position maintenant. Ce qui n’empêchera, certes, pas l’État de tirer profit de ces mesures d’urgences autant que possible. Mais dans une certaine mesure tout de même car le problème pour les capitalistes, c’est qu’ils respirent le même air que nous, partagent la même planète, ont les “mêmes” besoins… (@anonime : Par ailleurs, n’y’a-t-il pas là une occasion de questionner le rapport capital nature?)

    A l’opposé de ceci, ne faudrait-il pas commencer par se demander pourquoi le gouvernement français a tant tardé à prendre ces mesures? (et là par contre, on trouvera très facilement une pléthore de raisons capitalistes!)
    https://www.vududroit.com/2020/03/__trashed-2/

    Il y’a de grosses différences dans la façon qu’ont les États de gérer cette crise. Pourquoi et comment l’Europe a-t-elle dépassé l’Asie en nombre de morts? (question en relation avec le mode de subsomption?)
    https://www.nouvelobs.com/topnews/20200318.AFP4570/l-europe-a-depasse-l-asie-en-nombre-de-deces-dus-au-coronavirus-selon-un-comptage-afp.html
    Aussi, pourquoi y-a-t-il beaucoup moins de morts an Allemagne qu’en France, tout deux membres de l’UE?

    A quel(s) mesure(s) et comportements peut-on s’attendre de la part des différents États à court et moyen termes?
    Enfin, savoir ce qu’il en sera du rapport capital travail (et non-travailleurs exclus) est peut être prématuré, mais s’il y’a déjà des hypothèses, ça peut faire passer le temps du confinement…

  8. anonime
    19/03/2020 à 05:22 | #8

    VI. CAPITAL, TRAVAIL, VIRUS
    UN RAPPORT… DE CLASSES ?

    anonyme n°3 : «… savoir ce qu’il en sera du rapport capital travail (et non-travailleurs exclus) est peut être prématuré, mais s’il y’a déjà des hypothèses, ça peut faire passer le temps du confinement… »

    la version de l’épisode V. LE RÔLE ÉCONOMIQUE DE L’ÉTAT POUR LE CAPITAL publiée ici a été complétée depuis par LA CONTRAINTE AU TRAVAIL, autrement dit une esquisse du rapport de classes à travers les positions exprimées par l’État, le patronat, et des salariés

    “l’hypothèse” n’est pas nouvelle, et fréquemment exprimée y compris entre pays ou continents “riches et pauvres”, selon laquelle les conséquences de l’épidémie sont et seront plus lourdes pour les classes inférieures, même si, comme note Anonyme n°3 « le problème pour les capitalistes, c’est qu’ils respirent le même air que nous, partagent la même planète, ont les “mêmes” besoins…». Ce n’est d’ailleurs plus une hypothèse mais un constat qui tient à la nature potentiellement conflictuelle de ce rapport

    en effet, le “rapport Capital-Travail” est d’emblée un rapport de classes par la fonction du travail pour le capital, retirer du profit (je passe ici sur la rigueur théoricienne), et ceci avant d’être un rapport de lutte de classes, un saut que font parfois rapidement les “marxistes”. Or, dans le cas présent, on voit cette double propriété du rapport de classes s’exprimer immédiatement de façon quasi simultanée. Un article avec quelques exemples

    “Les riches à la maison, les pauvres envoyés au front ? Le sentiment d’injustice monte chez les non-confinés”, Sibylle Laurent, LCI, 18 mars 21:20
    https://www.lci.fr/population/certains-vont-bosser-la-boule-au-ventre-ces-salaries-qui-ont-l-impression-d-etre-envoyes-au-front-2148419.html

    *

    ces épisodes étant mis à jour et complétés au fil du temps épidémique, voir de préférence à la source

  9. anonyme n°3
    19/03/2020 à 17:08 | #9

    Les pauvres plus exposés que les riches… C’est assez probable. Quelques exceptions viennent tout de même “confirmer” cette règle : les médecins, les pharmaciens…

    Autres points :
    La transmission du virus s’est faite par des gens qui prennent l’avion. Les cibles initiales (et donc en première ligne de front du point de vue de l’infection) ne sont donc pas immédiatement des pauvres. Même si vu la vitesse de propagation ça n’a sans doute pas grande importance… Enfin, pour le moment, (et peut être pour la même raison) l’hémisphère sud semble encore épargné. Cependant, si le virus est saisonnier, alors on doit s’attendre à voir la situation s’inverser et provoquer sans doute plus de dégâts au sud qu’au nord (à moins que le virus préfère, pour une raison ou pour une autre, les modes de vie occidentaux et chinois.)

    En complément, ceux qui ne travaillent pas, mais sont encore plus exposés :
    les SDF, les prisonniers, les sans papiers, ceux qui sont retenus en CRA, les RSA-stes et les retraités à bas revenu qui n’ont pas pu constituer un minimum de réserve alimentaire faute de moyens, ceux qui vont se faire attraper en volant une pomme, ceux qui vivent en foyers, ou même dans des caves entassés les uns sur les autres…
    Pendant que la petite bourgeoisie fait pousser des légumes à la campagne (appartements des grandes villes laissés temporairement vacants, potentiels squats ou sources de revenu intéressants pour apprentis braqueurs en quête de solutions rapides…) :

    Le mélange crise sanitaire/ crise économique, qu’est ce que ça peut donner pour les pauvres des villes?

    Quels États pour quels comportements vis à vis des plus exposés? à quel point? et jusqu’à quand?

    https://www.20minutes.fr/societe/2742847-20200318-coronavirus-solutions-prevues-abri-periode-confinement

    extrait : “Pour l’instant, il n’y a pas foyer épidémique dans les centres d’hébergement, observe Florent Gueguen. « Heureusement, depuis une dizaine d’années, les dortoirs y sont minoritaires et les chambres individuelles majoritaires, ce qui rend possible le confinement », explique Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé-Pierre.”

    Des prisonniers libérés aux US : https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/18/prisonniers-liberes-vente-d-armes-en-hausse-les-etats-unis-a-l-heure-du-coronavirus_6033591_3210.html

    Des centres de rétentions sur le point d’être libérés (les occupants vont-ils alors venir gonfler les rangs des SDF?):
    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/coronavirus-la-liberation-des-clandestins-places-en-retention-parait-inevitable-20200318

    Enfin, pour les riches comme pour les pauvres, qu’en sera-t-il de la gestion sanitaire des dépouilles?
    (notons qu’en France, on n’a pas le droit d’être plus de 20 proches à un enterrement) Finira-t-on par voir l’incinérations rendue obligatoire? Un point de potentiel conflit entre l’État et, aussi bien les riches que les pauvres…

    État, mesures sanitaires, confiance, défiance et conséquences : https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/des-epidemies-et-des-hommes-14-quand-les-mouvements-antivaccins-contaminent-la-planete

  10. anonyme n°3
    19/03/2020 à 17:52 | #10

    Une hypothèse:
    https://www.reseau-canope.fr/corpus/video/le-microbiote-face-a-notre-hygiene-grandissante-229.html
    (je ne publie PAS ça pour défendre la “stratégie” d’immunité collective, vous l’aurez compris.)

    Faces aux futures (et actuelles) pénuries, une idée pour le printemps :
    http://www.luso.fr/index.php/actualite/item/484-les-jardins-potagers-clandestins-d-amadora

  11. Nononyme
    19/03/2020 à 19:16 | #11

    Il est évident que la pandémie s’inscrit dans un rapport de classe… Les riches auront toujours plus facilement accès à un médecin et à du matériel médical ainsi qu’à de la nourriture de qualité d’autan plus qu’il est fort probable que ce ne sont pas euses qui vont s’exposer dans des files d’attente pour s’approvisionner… De la même façon qu’il est plus facile pour les riches d’aller respirer un air plus pur dans un bout de planète plus isolé…

    Les médias nous martèle que le monde n’est plus le même depuis deux semaines et que tous les budgets qui ont été votés dans les derniers mois par les gouvernements en place ne valent plus que le papier sur lequel il ont été rédigés… Mais il n’y a pas que le présent qui a changé, l’avenir aussi n’est plus celui qu’imaginaient encore hier les uns ou que planifiaient les autres… Toutes les mesures financières pour sauver la population et l’économie dont elle est âme ne sera pas sans conséquence…

    Comme dans la plupart des crises il y a toujours une mise à jour qui rééquilibre la compétitivité entre entreprises en poussant à la faillite celles qui ne sont pas rentables et en donnant un souffle ravigotant à celles qui auront réussi à sortir leur épingle de la crise… Sans compter que les entreprises qui ont le pied plus pesant que les autres auront trouvé le moyen de tourner les fonds d’aide du gouvernement à leur avantage… Et les perdants iront tranquillement rejoindre les perdants de toujours…

    Pour tous les gouvernements et même pour ceux dont le pays a enregistré une croissance économique favorable depuis quelques années dépassant même les prévisions les plus optimistes (c’est le cas du Québec) les déficits feront légions et n’épargneront personne… Mais pour les pays qui connaissaient déjà des déséquilibres budgétaires négatifs année après année, les déficits maintenant annoncés seront probablement plus difficile à éponger… Les vagues de coupures et les politiques d’austérité que nous avons connu dans un passé pas si lointain reviendront en force et prendront des allures de tsunami…

    La pandémie qui finira par finir n’a pas finit de justifier les changements à venir dans les rapports d’exploitation qui dictent le taux de profit… Le prolétariat lui n’est pas au bout ses pénibles souffrances et son avenir ne s’annonce pas aussi radieux que le soleil qui se lèvera demain…

  12. Anne 0’Neem
    19/03/2020 à 21:29 | #12

    @Nononyme
    « La pandémie qui finira par finir n’a pas finit de justifier les changements à venir dans les rapports d’exploitation »

    projet de loi sur « l’état d’urgence sanitaire » qui va permettre au gouvernement de légiférer par ordonnances.

    La future ordonnance, pourra « modifier les conditions d’acquisition de congés payés et permettre à tout employeur d’imposer ou de modifier unilatéralement les dates de prise d’une partie des congés payés, des jours de réduction du temps de travail ». Les 2,5 jours de congés payés acquis par mois appartiendront peut-être bientôt au passé… Quant aux RTT, un régime plus restrictif pourra également être mis en place.

    • L’article 17 du projet de loi va permettre « aux entreprises de secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de nation ou à la continuité de la vie économique et sociale de déroger de droit aux règles d’ordre public et aux stipulations conventionnelles relatives à la durée du travail, au repos hebdomadaire et au repos dominical ». En clair, au nom de l’état d’urgence sanitaire, moins de repos pour les travailleurs : autorisation du travail le dimanche et fin des 35H. Des ordonnances « modifiant le droit des procédures collectives et des entreprises en difficulté afin de faciliter le traitement préventif des conséquences de la crise sanitaire » peuvent aussi être prises. »

    https://nantes-revoltee.com/strategie-du-choc-le-coronavirus-pour-attaquer-les-droits-sociaux/?fbclid=IwAR3nlNKevI5BhYB3XVbNI5q1rcEvl6hdr_VJO49fA8sOSq7gSNnyTU3w2RA

  13. anonime
    20/03/2020 à 06:47 | #13

    VII. REMARQUES MÉTHODOLOGIQUES
    et toujours la critique de l’économie politique

    tant il est vrai, comme disait Desproges, qu’« on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui », il y a toujours dans cette discussion (dndf ou ailleurs) place pour l’humour, qui n’est drôle que s’il est juste, et pas une manière de planquer son incompréhension avec de l’ironie à deux balles

    en écrivant le 17 mars “la crise du coronavirus aggravant celle du capitalisme est particulièrement propice à la critique théorique radicale”, j’avais en tête d’une part quelques critères d’analyse qui la distinguent d’une critique de gauche radicale, gauchiste, démocratique, voire tiquniste ou lundimatinesque, d’autre part la palette de désaccords qui hantent le milieu radical et communisateur autour des thèmes de la domination masculine, du racisme, de l’écologie et, au cœur du rapport de classes, les couches moyennes (cf celles, télétravailleuses, qui fuient les villes pour rejoindre leur résidence secondaire pour s’y retrouver comme en vacances)

    par exemple, quand nous parlons de riches et pauvres, nous savons bien que cela ne définit pas le rapport de classes comme exploitation, mais davantage sur le versant virtuel, ou potentiel, de la paupérisation vs la prolétarisation comme cheminement inéluctable vers “sans réserves”

    ce qui ressort d’ores et déjà de la situation, perceptible dans cette discussion, c’est l’importance de la trilogie posée au départ :
    – rapport au Capital comme économie (travail, salariat, chômage, précariat…);
    – vie et survie (nourriture et santé);
    – rapport à l’État, et comme interface une Société civile anesthésiée politiquement, avec le citoyennisme et le civisme idéologiques comme injonction contradictoire : “Confinez-vous comme citoyens, mais pas comme travailleurs !”, mesures de polices pour y contraindre, ce qui permet de relier le tout, d’aller plus loin que la dénonciation des “violences policières”, mais sans considérer comme les gauchistes que la police et l’armée seraient, comme “bras armé du capital”, le “dernier rempart” bla bla, car si ce n’est pas absolument faux, ça n’a d’intérêt que dans ce lien avec le tout des contradictions

    trilogie capitale mais pas une raison pour enfoncer des portes ouvertes par des généralités, “on le sait bien, c’est la faute au capitalisme…”. La fonction de la théorie est de comprendre au jour le jour la spécificité de la situation concrète, non de vérifier la justesse d’une analyse passée, et peut-être dépassée par les événements

    VERS UNE CRISE SYSTÉMIQUE DE REPRODUCTION ?
    en titrant au départ sur le coronovirus révélateur/accélérateur de la crise de l’économie politique capitaliste globale, j’avais en tête que l’épidémie pourrait aussi à terme être le déclencheur d’une crise de reproduction telle que celle imaginée par la Théorie de la communisation, crise favorisant une conjoncture de rupture. Alain de Benoist, dans une vidéo de RÉACnROLL (Causeur), avance ainsi l’idée que “Le coronavirus a peut-être provoqué une crise systémique” (pas écouté, c’est payant…)

    à ce stade, constatons que les dirigeants capitalistes, économiques et politiques, sont très préoccupés par l’évolution de la situation économique

    “Coronavirus : la BCE s’attend à une récession “considérable” en Europe”, L’Express avec AFP, 19/03/2020 à 21:41
    https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/coronavirus-la-bce-s-attend-a-une-recession-considerable-en-europe_2121439.html#xtor=AL-447

    La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde a dit s’attendre à une récession “considérable” en zone euro en raison de l’impact de l’épidémie de coronavirus, dans une tribune à paraître vendredi dans plusieurs journaux européens. “Une grande partie de l’économie est temporairement à l’arrêt, par conséquent l’activité économique dans la zone euro va se contracter considérablement”, a estimé la dirigeante française dans ce texte, publié notamment dans Le Figaro en France, le Handelsblatt en Allemagne, le Financial Times au Royaume-Uni, la Repubblica en Italie et El Mundo en Espagne. [étrange comme l’Europe se réduit dans cette situation, et comme le Royaume-Uni en fait toujours partie…]

    […]

  14. pepe
    20/03/2020 à 09:14 | #14

    Texte de contexte de la revue “AGITATION”

    “Nous publions ci-dessous les « notes sur le nouveau coronavirus » du biologiste de l’évolution et phylogéographe marxiste Robert G. Wallace, auteur de “Big Farms Make Big Flu” publié en 2016, déjà abondamment cité par nos camarades de Chuang, dont l’intervention sur la « guerre de classe microbiologique » fournit désormais un nouveau classique de la théorie de la communisation.”
    https://agitationautonome.com/2020/03/19/notes-sur-le-nouveau-coronavirus-robert-g-wallace/

  15. anonime
    20/03/2020 à 10:01 | #15

    “un nouveau classique de la théorie de la communisation.”

    SANS BLAGUE ?

    reconnaître et déplorer que c’est le seul texte en circulation serait plus prudent, car cette affirmation doit faire sourire les théoriciens de la communisation comme ceux de ses partisans sérieux qui en connaissent les fondements, principales thèses, et par suite les incompatibilités

    également symptomatique de cette faiblesse théoricienne et de ce grand écart d’appréciation, la diffusion par Agitations, en guise d’analyse, du seul texte de Wallace, avec cette conclusion :

    “Peut-être devrions-nous nous abstenir de choisir entre l’un ou l’autre des cycles d’accumulation capitaliste : le cycle étatsunien finissant ou le cycle chinois en plein essor (ou, comme Reid le fait, opter pour les deux). Une autre option est de n’en défendre aucun, au risque de se faire accuser d’adopter une position internationaliste du type « troisième camp ».

    Si nous devons prendre parti dans ce Grand Jeu, rangeons-nous à un ÉCOSOCIALISME qui surmonte la rupture métabolique entre écologie et économie, entre urbain et rural et entre rural et sauvage, en évitant dès le départ que les pires de ces pathogènes n’apparaissent. Choisissons la solidarité internationale entre exploités du monde entier.

    Réalisons un communisme des êtres vivants, loin du modèle soviétique. Tissons ensemble UN NOUVEAU SYSTÈME MONDIAL associant libération indigène, autonomie des agriculteurs, réensauvagement stratégique et agroécologie localiste qui, en redéfinissant la biosécurité, réintroduise des coupe-feux immunitaires de toutes sortes dans le bétail, la volaille et les cultures.

    Réintroduisons la sélection naturelle en tant que procédé écosystémique et laissons le bétail et les cultures se reproduire sur place, afin qu’ils transmettent à la génération suivante l’immunogénétique qui a connu l’épreuve du feu épidémique.”

    quant à mézigues, sans me gonfler les chevilles, et tout en assumant mes désaccords avec le corpus communisateur particulièrement sur la question dite écologique, je considère que ma série THÉORIE RADICALE PAR TEMPS DE CORONAVIRUS, CAPITAL, ÉTAT, VIRUS, est plus proche et en tout cas plus respectueuse de ce corpus que la facilité avec laquelle on saute sur un CanadaDry théorique à l’odeur de sainteté noyée dans le hydroalcoolique

  16. pepe
    20/03/2020 à 11:05 | #16

    Nous persistons et signons.
    Nous persistons à affirmer l’intérêt du texte de la revue Chuang, et pas seulement parce qu’il est le seul texte théorique sérieux paru au jour ou nous le publiions. Ce texte apporte, en lui même, un nombre d’informations et d’analyses tout à fait utiles en ce moment.
    De même, le texte de Wallace, quand bien même nous pourrions en critiquer les 20 dernières lignes, amène des points de vue convergents d’une vision scientifique, historique et critique qui prennent toute leur place dans les échanges ici développés et qui rai(é)sonnent tout à fait avec le texte de Chuang.
    Et cela n’empêche pas, d’ailleurs de reconnaitre tout l’intérêt de la critique théorique et organisée des textes d'”anonime”, notre plus fidèle et virulent critique.

  17. anonime
    20/03/2020 à 12:54 | #17

    @pepe
    ne cessant moi-même de construire mes analyses avec des textes de sources clairement opposées à mes convictions, ce n’est pas ce que je reproche, ni même à dndf, mais à Agitations de considérer le texte de Chuang comme “un nouveau classique de la théorie de la communisation”, et par ailleurs, au texte de Wallace d’être en pleine incompatibilité avec les thèses de la communisation, toutes tendances confondues, en revendiquant l’écosocialisme, ce qui vu le niveau du débat sur la question écologique, est un comble

    maintenant, si l’on n’est pas capable de discerner des matériaux utiles, faits, enquêtes et textes scientifiques voire critiques mais sur une base incompatible avec le corpus communisateur, cela pose un problème de clarté, comme je l’ai souligné avec le texte de Despentes ailleurs, car ça devient la patinoire idéologique

    dans ‘Meeting’, il y avait ce souci réciproque des participants de cerner leurs “accords et divergences”, “désaccords et convergences”, la base minimale à partir de laquelle il peut y avoir un débat fécond

    pour le dire simplement, la situation peut appeler à une certaine tolérance ou solidarité bien au-delà des positions radicales, mais sans compromis sur le plan théorique, ceci non en termes de pureté, mais de clarté

    à part ça, ce sujet fait un tabac qui le propulse parmi les plus lus depuis la création de dndf il y a 10 ans, cela mérite d’être souligné car ce n’est pas anodin

  18. pepe
    20/03/2020 à 14:15 | #18

    On est d’accord!!

  19. Anne 0’Neem
    20/03/2020 à 14:38 | #19

    @Anne 0’Neem
    “Quoi qu’il en coûte” qu’il disait le président

    « L’employeur pourra imposer une semaine de congés payés pendant le confinement

    Selon le Code du travail, actuellement, sans accord collectif, l’employeur ne peut «modifier l’ordre et les dates de départ moins d’un mois avant la date prévue».

    «Notre intention dans la loi c’est de réduire ce délai, pour qu’on puisse s’adapter à la situation actuelle. C’est donc une disposition qui existe déjà dont on réduit les délais de mise en oeuvre»

    L’habilitation permet aussi au gouvernement de «modifier les conditions d’acquisition de congés payés».

    https://www.lefigaro.fr/flash-eco/l-employeur-pourra-imposer-une-semaine-de-conges-payes-pendant-le-confinement-20200320

  20. pepe
    21/03/2020 à 20:00 | #20

    Suite de l’article de Robert Walace publié par AGITATION et signalé dans un commentaire plus haut.

    “Grève pandémique et coronavirus – Suite de l’entretien avec Robert G. Wallace”

  21. anonime
    22/03/2020 à 07:19 | #21

    SANS BLAGUE, suite

    @pepe
    au risque d’insister lourdement, j’attire l’attention sur le fait que les chapeaux d’Agitations sollicitent le texte de Wallace, ce dernier particulièrement :

    « Nous publions ici la suite de l’interview avec le biologiste de l’évolution et phylogéographe marxiste Robert G. Wallace. Après les « notes sur le nouveau coronavirus », cette troisième contribution datée du 15 mars clôt le triplet des analyses de Wallace. En insistant sur le rôle de la lutte des classes sous forme de « grève pandémique » – et nous pourrions y ajouter les révoltes dans les prisons -, l’auteur pointe les moyens nécessaires pour réaliser pleinement la « distanciation sociale » si fortement prônée par la quasi-totalité des gouvernements. Si cette mesure d’urgence semble raisonnable d’un point de vue épidémiologique, elle rencontre néanmoins les limites pratiques de l’État capitaliste (et de sa bureaucratie syndicale en Italie), dès qu’il s’agit de son application concrète : les impératifs capitalistes à maintenir au maximum les échanges marchands et le salariat malgré la pandémie entrent alors en contradiction avec l’intérêt de santé des salarié·es. Enfin, la criminalisation de la grève en Italie, incarnée par les arrestations arbitraires de grévistes suite à l’état d’urgence, nous montrent que la « distanciation sociale » promue par l’État est nécessairement biaisée et empêche l’auto-défense de classe. »

    concernant les point 2 et 3, nul besoin d’être un scientifique ni même théoricien marxiste pour les pointer, et je l’ai fait dès mes premiers commentaires sur la pandémie et ses conséquences causales (une forme de rétroactivité suite à une événement déclencheur, constituant une nouvelle conjoncture)

    le label de «grève pandémique » est ce qui m’avait fait dire à Chuang que parfois les raisonnements par l’absurde deviennent des raisonnements absurdes

    au positif dans ces textes, je soulignerais la prise en compte de la dimension écologiste, et la comparaison de la situation de crise provoquée avec les réactions d’État, puisqu’ici l’exemple chinois est somme toute très comparable avec ce qui s’est passé “chez nous”, particulièrement depuis une semaine

    une remarque générale : j’ignore quelle sorte de “marxiste” est Robert G. Wallace « biologiste de l’évolution et phylogéographe marxiste », mais j’ai tendance à me méfier quand je vois réunis “sciences” et “marxisme”, comme si les premières labellisaient le second comme “scientifique”. On sait ce qu’il en advint pour le pire sur le versant stalinien, qui hante d’une façon générale tous les gauchismes, de l’esthétique à la science. Je ne nie pas qu’il y ait un usage capitaliste des sciences, et même qu’il ait été globalement ça, comme, disait Marx, les progrès techniques et scientifiques quant à l’exploitation (productivité et plus-value)

    il me paraît douteux, dans une démarche théorique, de ne s’appuyer que sur des théoriciens ou des textes parce qu’y figurent les mots que l’on aime bien, et l’on s’aperçoit qu’ils le sont assez souvent pour cette seule raison – ce n’est pas nouveau ici et dans le milieu de prendre l’étiquette pour le contenu, avec quelques déconvenues entre la communisation dont on parle au présent et celle que l’on prétend faire au présent

    pour revenir à l’observation théorique radicale, communisatrice ou pas, je pense que la notion de dynamique et limites franchies ou non, ou si l’on veut celle d'”écart” théorisée par TC, est un bon repère pour guider la réflexion sur ce que sont réellement les résistances ou luttes contre la ré-intégration dans l’économie de tout ce qui tendrait à en sortir. Et là, ça n’a rien d’évident, ni même de potentialité à “pousser jusqu’au bout”, comme on dit chez les activistes soucieux de transformer toute ‘agitation’ en situation révolutionnaire insurrectionnelle

    disons que ça me rappelle par trop une certaine précipitation, dans SIC, à voir se multiplier des “écarts” dès que des prolos se retiraient, plutôt contraints, de la règle du jeu capitaliste, sans pour autant avoir la moindre intention, ni surtout les moyens, d’en établir une autre

    un “communisateur” averti en vaut deux ;-)

  22. anonime
    23/03/2020 à 07:59 | #22

    dans le vif du sujet
    X. OÙ VA LA CRISE ?
    comment la caractériser ? quelle sortie possible pour le Capital ?
    une restructuration globale, mondiale ?
    la guerre, la vraie ?
    suivie de ‘petite théorie de la relativité mortuelle’

    on pourrait s’accorder sur le fait que la pandémie, qui n’en serait qu’à ses débuts, ne fait que révéler et creuser les failles de l’économie politique mondiale et aggraver les facteurs d’une crise que la plupart des économistes annonçaient avant comme probable à court terme
    Episode 11 – Le ménage à trois dans la crise qui vient R.F. – B.A., Hic Salta, juin 2019
    http://www.hicsalta-communisation.com/accueil/menage-a-trois-episode-11-le-menage-a-trois-dans-la-crise-qui-vient-premiere-partie
    Introduction
    « Chez un grand nombre d’experts, il est désormais admis qu’une nouvelle crise mondiale est prévisible à court/moyen terme. Si nous pouvons être d’accord avec une partie de leur propos, notre objet demeure le rapport contradictoire entre les classes en ce qu’il porte son dépassement ou sa reproduction à un niveau supérieur. Nous convenons qu’une grave crise économique aura lieu dans un délai relativement proche, mais l’essentiel pour nous est qu’elle constituera un facteur décisif d’exacerbation de la lutte entre le prolétariat, la CMS et la classe capitaliste. Une telle exacerbation doit logiquement déboucher sur un affrontement de classes d’ampleur mondiale, et se solder ou bien par une révolution communiste victorieuse ou bien par une restructuration ultérieure du MPC. Tel est, pour nous, l’alternative qui marquera la (les) décennie(s) à venir. Et si cet affrontement doit comporter une possibilité de dépassement communiste, il inclura une insurrection majeure, mondiale, du prolétariat. La défaite éventuelle de cette insurrection constituerait la meilleure condition d’une restructuration capitaliste, mais celle-ci pourrait également avoir lieu sans insurrection défaite, comme issue d’une phase revendicative intense. Les autres classes ne resteront pas simplement spectatrices dans l’arène historique. Ceci vaut en premier lieu pour la CMS, qui occupe une place centrale dans ce feuilleton, et dont nous verrons ce qu’elle devient au milieu du clash of the titans entre les deux classes fondamentales. Mais c’est tout aussi vrai – même si nous n’en traiterons pas ici – pour les masses paysannes qui perturbent, dans les pays semi-périphériques et périphériques, le ballet des trois classes du MPC développé sur ses propres bases.

    Axé sur l’analyse du futur prévisible, cet épisode ne cherche cependant pas à écrire une histoire détaillée de l’avenir. Il s’agit d’identifier les tendances fondamentales qui sont à l’œuvre depuis les dernières crises (surtout celle de 2008) pour tenter de comprendre si – et si oui, comment – elles joueront dans la prochaine. Il est d’ores et déjà légitime de penser :
    – que la prochaine crise mondiale, qui déchaînera la collision entre classes, accentuera également les fractures dans la classe capitaliste mondiale, dressant ses fractions principales les unes contre les autres, jusqu’à la possibilité de vastes conflits armés ;
    – que, dans la durée de la crise, la marche vers la guerre et/ou la guerre elle-même constitueront un motif de désarticulation majeure de la structure établie du rapport entre les classes dans les pays développés et émergents, passible de placer des fractions prolétariennes sur le terrain de la lutte insurrectionnelle. »

    en quoi, comment, et vers quoi la pandémie du coronavirus perturbe-t-elle les prévisions sur les caractéristiques de cette “crise qui vient” ? Ne peut-on d’ores et déjà lire les prémisses d’une restructuration du MPC (mode de production capitaliste) qui ne serait pas consécutive à « une insurrection majeure, mondiale, du prolétariat », tant il n’est pas évident aujourd’hui que se produise une « exacerbation de la lutte entre le prolétariat, la CMS et la classe capitaliste [devant] logiquement déboucher sur un affrontement de classes d’ampleur mondiale. » ?

    force est de constater que si les États sont confrontés à la contradiction sauver la population vs sauver l’économie, et sauver la face politiquement et idéologiquement par l’appel à l’Union sacrée dans la “guerre” (Macron) à l’ennemi commun, ils s’inscrivent dans la logique de sauvegarde du système qui est leur fonction essentielle, et toutes les tendances politiques, au pouvoir ou dans l’opposition, s’inscrivent déjà dans cette perspective. Quelques exemples :

    – Les Etats-Unis vont débloquer 4.000 milliards de dollars pour les entreprises, latribune.fr, 22 mars
    – L’UE valide le plan français de soutien aux entreprises, 20 minutes, 21 mars
    300 milliards d’euros [de l’État français] de prêts vont être accordés par les banques aux entreprises [françaises] touchées par la pandémie de coronavirus
    – Covid-19 : “Nous devons aller vers une forme d’union sacrée”, Geoffroy de Bézieux, MEDEF, Le JDD, 21 mars
    – Olivier Faure (PS) réclame à Macron une « économie de guerre » face à l’épidémie, Le Monde, 22 mars

    le thème de “la guerre” mis en avant par Macron, Trump… nous invite à nous pencher sur le rapport entre guerre et capitalisme du point de vue hérité de Marx d’une destruction-dévalorisation du capital, un grand ménage cassant une partie de l’appareil de production et détruisant une partie des forces productives (la population), pour déboucher sur une relance des gagnants de ce jeu à mort de la concurrence inter-capitaliste. Voir Le capitalisme, les crises, la guerre (II) Robert Rollinat, Alencontre, 23 mai 2016
    http://alencontre.org/economie/le-capitalisme-les-crises-la-guerre-ii.html

    Nous ne sommes pas du tout dans la situation où l’industrie d’armement est favorisée par rapport aux autres secteurs, qui fait citer :
    – Henrik Grossman, La loi d’accumulation et d’effondrement du capitalisme, 1929 :
    « Les destructions et la dévalorisation dues à la guerre sont un moyen de prévenir l’effondrement [du système], de créer un espace de respiration pour l’accumulation du capital..La guerre et la destruction de valeurs-capital qui lui sont liées retardent l’effondrement du système et fournissent une nouvelle impulsion à l’accumulation… Le militarisme est une sphère de consommation improductive. Au lieu d’être sauvées, les valeurs sont pulvérisées.»

    – Paul Mattick, Crises et théories des crises, 1976, est une introduction critique aux théories de Grossmann. Dans Marx et Keynes, 1969, à propos de la Seconde guerre mondiale, il écrit :

    « Considérée dans ses effets, la production de guerre… fut un instrument pour relancer le processus d’accumulation. En ce sens, les subventions versées à l’industrie de guerre eurent pour conséquence d’améliorer à plus long terme la rentabilité du capital. Telle est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les capitalistes s’opposent au lancement de programmes de travaux publics utiles ou d’assistance sociale mais non à l’accroissement du budget de la défense.»

    si comme certains le prédisent, c’est l’économie américaine et occidentale qui pourrait le plus souffrir de cet épisode historique, accélérant la fin de sa domination sur l’économie mondiale, et l’Asie en profiter en relevant plus vite son appareil productif, alors la guerre mondiale serait encore plus probable que l’annoncent les Cassandre depuis quelques années, puisque ce serait pour les États-Unis le dernier recours de sa puissance à l’agonie

    sans attendre, il en est aujourd’hui pour considérer que les commerces fermés contraignent aujourd’hui les ménages confinés à faire des économies qui permettront une relance massive de production et de consommation “à la sortie du confinement”. D’ici à 1 ou 2 ans, un vaccin enrayera l’épidémie, on y verra plus clair. Somme toute, et même si le nombre de victimes est impressionnant, il ne serait que marginal voire salutaire (une forte majorité de vieillards) pour le capitalisme car il n’a pas besoin de 7,8 milliards d’humains* pour se relancer, contraint qu’il est déjà de se débarrasser de la population excédentaire, inexploitable (les “expulsés” de Saskia Sassen, Nègres du monde d’Achille Mbembe)
    * population mondiale (Wikipédia)
    1850 1,1 à 1,4 milliard
    1900 1,55 à 1,75
    1910 1,75
    1920 1,86
    1930 2,07
    1940 2,3
    1950 2,5
    1960 3
    1970 3,7
    1980 4,46
    1990 5,38
    2000 6,13
    2010 6,95
    2020 7,8

    DEPUIS FIN 2019, LE CORONAVIRUS EST LA CAUSE DE MOINS DE 1 MORT SUR 1000 DANS LE MONDE
    la brutalité et la vitesse d’arrivée et d’expansion mondiale du virus comme la focalisation quasi-exclusive des médias sur l’événement ne permettent en aucun cas de relativiser le choc qu’il produit. Un jugement froid conduit à rapporter le nombre de morts quotidiens dus au coronavirus avec ce qu’il en temps normal. En France environ 1650 personnes meurent chaque jour, actuellement environ 1 sur 6 du coronavirus* : sur 100 morts, 17 du Covid19, dans l’hypothèse de 100 par jour, dont 50 seraient mortes dans l’année d’autres causes. On ne parle pas en temps normal de ces 1650 morts-là, mais seulement, le temps d’une statistique, des morts de la route, du cancer, de la grippe… À l’échelle mondiale, 157.000 décès par jour, 11.000 décès dus au virus en 3 mois, soit 120 par jour en moyenne depuis le début en décembre 2019
    […]
    dans ce contexte, quelle est et sera la réaction du “prolétariat”, des salariés en général ? Un ami m’écrit : « En ce qui concerne dndf que j’ai relu à propos du texte chinois, j’avoue que cela ne me passionne pas, faut-il être spécialiste ? En tout cas je décroche très vite.
    En revanche j’ai lu un texte “critique radicale de la valeur” que j’ai trouvé pas mal, je t’envoie le lien : Capitalisme et coronavirus, Notes à propos de l’épidémie économique, Maurilio Lima Botelho, 7 mars 2020
    http://www.palim-psao.fr/2020/03/capitalisme-et-coronavirus.notes-a-propos-de-l-epidemie-economique-par-maurilio-lima-botelho.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail
    D’autre part j’apprends que les grèves se multiplient, Italie, Espagne, Canada et USA, trouvé sur Kaos en la red…
    https://kaosenlared.net/lo-que-nos-estan-ocultando-de-italia/

    (à suivre)

  23. R.S.
    23/03/2020 à 09:33 | #23

    @pepe

    je n’ai pas encore bien lu (seulement parcouru en diagonale le texte de Wallace). Certainement intéressant, mais il faut arrêter d’employer cette expression stupide de “classique de la communisation”. Les “classiques” n’existent que quand une idée devient idéologie, toute proportion gardée c’est depuis un moment ce qui arrive à la “communisation”, pas la peine d’en rajouter. Avec Dauvé puis Astarian-Ferro, nous avons déjà suffisamment de “classiques de la communisation” qui malheureusement ont beaucoup plus de titres pour être considérés en tant que tels, faisant de la “communisation” le nouveau programme du prolétariat.
    Les analyses sur le virus et son histoire, la Chine, les chaînes de valeur, la mondialisation, la liaison intrinsèque entre cette épidémie et le développement du MPC sont on ne peut plus intéressantes et justes. Mais c’est le point de vue de Sirius. Il faudrait avoir une vision “politique” immédiate, là où les choses existent, c’est-à-dire dans les relations ente les classes, leur distinction, dans ce qui est directement vécu. La classe capitaliste, les classes moyennes supérieures (comme diraient avec raison Astarian et Ferro) ont envoyé un ordre de mobilisation et ont réquisitionné avec le plus grand cynisme, c’est-à-dire le plus grand discours compassionnel, les soutiers de la reproduction sociale, en prévoyant déjà pour la suite des ordonnances, quand nos classes dominantes seront revenues de villégiature, que ces soutiers s’en prennent plein la gueule avec une poignée de main (enfin autorisée) et les applaudissements de la nation reconnaissante. C’est ras des pâquerettes que les choses conceptuelles existent. “Nous sommes en guerre”, Macron (tête de con) a raison, une guerre qui a été déclarée aux “soutiers”, aux “tâches indispensables” aux milliers de précaires recrutés de la distribution, la logistique, l’agroalimentaire, jusqu’à l’éducation nationale pour assurer la “continuité pédagogique en ligne”. Cela avec la faillite (actée depuis longtemps mais toujours renouvelée) de toute la gauche modérée ou extrême, syndicale et politique, chez qui, dans les instructions légalistes sur ce qui est possible ou non – voir les instructions de la CGT Auchan à Cavaillon et Avignon nord – on entend sourdre toute la pourriture de “l’union sacrée”. Ils feront leur “devoir”, sans rien réclamer, mais par ci par là on sent bien que “ça branle dans le manche” : le moment d’un rapport de force “simplement” salarial possible.
    Dire que le coronavirus est une résultante du MPC , que cela provient des modalités actuelles de l’exploitation, c’est très bien, mais c’est un peu général, ou pas assez. Si cela est une résultante du MPC, il s’agit alors d’une lutte des classes (c’est là l’existence réelle de la chose) la classe dominante (et son “bloc historique”) en est parfaitement consciente, les soutiers et ceux qui sont réduits à leur 20 m2 n’ont qu’à la fermer, la police la gendarmerie et au besoin l’armée sont là pour leur rappeler soit qu’ils doivent être l’honneur de la nation, soit qu’ils ne sont pas dignes d’en faire partie. Ce que je veux dire c’est que l’énorme clivage social que nous vivons n’est pas dans les “concepts” mais immédiat et vécu et c’est là l’essentiel (pour terminer, comme il se doit, sur de la philosophie). RS

  24. Anne 0’Neem
    23/03/2020 à 12:03 | #24

    @anonime
    “D’autre part j’apprends que les grèves se multiplient, Italie, Espagne, Canada et USA, trouvé sur Kaos en la red…”

    « Les travailleurs de plusieurs centres commerciaux de la capitale Santiago ont quitté leur emploi et ont commencé à protester, exigeant qu’on leur donne un équipement de protection individuelle ou qu’on les renvoie chez eux. Le 17 mars, les chauffeurs de certaines lignes de la compagnie SUBUS ont refusé de travailler s’ils ne recevaient pas d’EPI. En réponse, l’entreprise a décidé de licencier 28 travailleurs, ce qui a déclenché une grève massive de l’ensemble du personnel…. »

    https://www.marxist.com/chile-faced-with-covid-19-trade-unions-threaten-to-impose-quarantine-through-general-strike.htm?fbclid=IwAR0queEKN_SDgLBfq9DH43j11t6nK8vTPHq5AyEf4WsX1nIslw01sK-Qdeg

    « Les conducteurs de bus de Detroit (Michigan) réunis en assemblée ont décidé mardi 17 mars 2020 qu’ils ne reprendraient pas le travail sans que soient en place des mesures de précaution.

    Dans la ville entière, le service des bus a été interrompu en raison de la «pénurie de chauffeurs», comme l’ont formulé des responsables municipaux. »

    http://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/etats-unis-detroit-grace-a-la-greve-les-conducteurs-de-bus-ont-obtenu-detre-proteges-contre-le-covid-19.html

  25. Lisbeth Salander
    23/03/2020 à 15:23 | #25

    Un article qui me parait très intéressant et très bien documenté sur l’épidémie.
    Attention, ça n’a aucun rapport avec les débats théoriques sur dndf ou sur une quelconque “position” à avoir sur le sujet.
    L’angle d’attaque est exclusivement scientifique, ce qui n’a jamais été un gros mot…. même si cela donne une limite à l’intérêt du dit article.
    http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/18/covid-19-fin-de-partie-305096.html

  26. anonyme N°3
    23/03/2020 à 17:52 | #26

    Réaction à chaud à propos du début de l’article en lien par Lisbeth :

    Même si ça ne sert à rien de paniquer, désolé mais je trouve cet article un peu choquant. Surtout le début!

    “Je l’ai dit et je le répète : le même traitement politique ou journalistique appliqué à n’importe quel épisode de grippe saisonnière nous terrifierait tout autant que l’épidémie actuelle.”

    “Il faut oser le dire : ce n’est pas le virus qui tue, ce sont les pathologies chroniques qui rendent une infection au SARS-CoV-2 potentiellement fatale à certains patients déjà lourdement touchés par ces maladies de société, alors qu’il est il est bénin pour les personnes en bonne santé.” => Oui bon, c’est vrai aussi pour le VIH

    Maladie de société ou pas, je connais une personne jeune et cardiaque qui reçoit chaque année son vaccin gratuit pour la grippe et qui n’est donc pas inquiétée de la voir se rependre. Ce qui précisément fait que le coronavirus n’est pas “une petite grippe”, c’est bien l’absence de vaccin et d’immunité collective! Donc, OUI, il y’a quand même de GROSSES raisons de s’inquiéter! Et c’est un fait : tout le monde n’est pas bien portant (que se soit à cause de “la société” ou pas)…

    Ce qui se passe EST dramatique. La légèreté du début de l’article me fait un peu grincer des dents. Même si la façon dont sont présentés les chiffres par les médias sont délibérément simplistes et terrifiant.
    D’un autre côté, il a fallut alerter. L’épidémie était d’abord prise à la légère, par le gouvernement lui même d’ailleurs.

    Un autre point important, et là, peu importe les statistiques, le virus provoque suffisamment de dégâts pour être en mesure de submerger les hôpitaux : Ce qui EST une catastrophe. Pas “possiblement”, mais réellement.
    Peut être ce virus est-t-il amener à devenir bénin après avoir contaminé 60% de la population, mais en attendant, une grippe ne fait pas autant de dégâts en aussi peu de temps! Et ça, ce N’EST PAS “bénin”!!!

    La suite de l’article contredit un peu la légèreté du départ:

    “Un POSSIBLE motif d’inquiétude en revanche est cette affirmation qu’il y aurait des personnes jeunes en quantité non négligeable atteintes de pneumonie et placées sous assistance respiratoire. Elles semblent heureusement survivre si on les place sous assistance respiratoire les quelques jours où elles en ont besoin, mais c’est bien le nombre de lits en soins intensifs qui est dès lors à risque de poser problème si l’encombrement des services de réanimation se poursuivait.”

    Mais pourquoi parle-t-il d’un “POSSIBLE motif d’inquiétude”. C’est pourtant concrètement arrivé? non?Est-ce du taux de létalité théorique de la maladie qui doit nous inquiéter ou nous rassurer? Ou les conséquences concrètes de celle ci?
    Il a donc beau jeu de dire : “Médicalement, la psychose se caractérise par des distorsions cognitives, perceptuelles et affectives entraînant une perte de contact avec la réalité. Ici, le terme est hélas pleinement indiqué.”

    Après, on peut comprendre de la part d’un médecin qu’il cherche à se rassurer. Après tout, lui va devoir y aller “sur le terrain” comme il dit…

    Ha mais non en fait! Au début de l’article il se dit “anthropologue de la santé et expert en santé publique”. Ainsi ferait-il parti des “gens qui travaillent dans des bureaux, devant des ordinateurs” dont il parle?
    “le choix de laisser l’immunité se construire en laissant circuler le virus est APPARU COMME étant trop dangereux. Prendre cette direction s’avérait éthiquement indéfendable du fait de la gravité des risques que cela AURAIT FAIT courir -et des conséquences POSSIBLES- pour les groupes de personne à risque.”

    On croirait que les gens qui sont déjà morts ne le sont que virtuellement dans une prévision qui n’a pas encore eu lieu…

    En ce qui concerne l’objet de l’article, on pourrait dire en une ou deux phrases, comme certains articles le font avec prudence et honnêteté, : le taux de létalité est fonction du nombre de contagions connues, nécessairement bien en deçà du nombre réel. Le taux de létalité réel est donc très probablement bien inférieur au calcul actuel, etc.

    Ça sent la personne qui dès le début a pris la maladie à la légère, et qui refuse de le reconnaître!
    “Depuis le début de l’émergence du coronavirus, je partage mon analyse qu’il s’agit d’une épidémie plutôt banale.”

    Mauvaise foi? Bah oui mais il est payé pour ses expertises! Alors il ne veut pas perdre la face…

  27. anonime
    23/03/2020 à 20:29 | #27

    @Anonyme
    « le taux de létalité est fonction du nombre de contagions connues, nécessairement bien en deçà du nombre réel »

    d’accord sur le fait qu’il y a un peu de gonflette dans cet article et que la comparaison avec la grippe est limite en raison de l’absence de vaccin, mais sur la question de la “LÉTALITÉ” il écrit : « Pourtant, les données sont là : les affections respiratoires habituelles que nous vivons chaque année font bon an mal an 2’600’000 morts à travers le monde. Avec le Covid-19, nous en sommes, au quatrième mois, à 12’000 décès, et avec le pays initialement le plus touché qui est parvenu à juguler l’épidémie. »

    il parle donc en fait de MORTALITÉ en termes de chiffres absolus, ce qui n’a de sens que rapporté, mondialement, par pays ou catégories sociales, d’âges, conditions de santé… à la population concernée. C’est ce que je soutiens moi-même en #22 : « À l’échelle mondiale, 157.000 décès par jour (source), 11.000 décès dus au virus en 3 mois, soit 120 par jour en moyenne depuis le début en décembre 2019. Moins d’une mort sur 1000 dans le monde est due au coronavirus ! » La dramatisation politico-médiatique comme le confinement en lui-même ont aussi la fonction d’anesthésier la population, sauf pour aller au boulot, c’est un coup de bluff énorme !

    par ailleurs, l’article met clairement en cause le comportement de la Communauté scientifique et la réception des positions de Raoult, en pointant le fait que le Conseil d’experts autour de Macron s’est déterminé sur des objectifs économiques et politiques. C’est recoupé par cet article de lundimatin#235 aujourd’hui : “Entretien avec un jeune retraité de la recherche pharmaceutique.”
    https://lundi.am/Entretien-avec-un-jeune-retraite-de-la-recherche-pharmaceutique

    « Ce qui préside à la gestion de cette crise sanitaire n’obéit pas à une logique de santé, mais à des impératifs économiques, c’est-à-dire politiques. » [j’aurais dit l’inverse, économiques donc politiques, au demeurant dans le sens de l’entretien]

    le vent semble tourner quant à l’usage de la chloroquine associée à un antibiotique, les précautions pour une généralisation n’étant pas seulement scientifiques, mais juridiques et politiques

    il me semble que dans cette discussion, il ne faut pas perdre le Nord, comme l’a judicieusement rappelé RS ci-dessus : « Il faudrait avoir une vision “politique” immédiate, là où les choses existent, c’est-à-dire dans les relations ente les classes, leur distinction, dans ce qui est directement vécu… l’énorme clivage social que nous vivons n’est pas dans les “concepts” mais immédiat et vécu et c’est là l’essentiel », et si l’on veut monter en généralités ne pas rester entre le “trop général” et la “pas assez”, j’entends par là qu’il faut marier cette observation critique du clivage social, et des luttes qu’il déclenche (cf plusieurs commentaires), avec la Critique de l’économie politique, cad les objectifs réels, inavouables ou cyniquement revendiqués, de l’Union sacrée

    enfin, tout de même, on a De Bézieux, du MEDEF, de « Nous avons besoin des héros quotidiens de l’entreprise » à « Il ne faut pas avoir de tabou en matière de nationalisations », car « À un moment, le capital privé ne peut plus faire face à l’arrêt de l’économie », la socialisation des pertes… On dirait du Marx !
    https://news.google.com/stories/CAAqOQgKIjNDQklTSURvSmMzUnZjbmt0TXpZd1NoTUtFUWpmN2ZiNWxZQU1FWGRzSEVaT0RmZmhLQUFQAQ?hl=fr&gl=FR&ceid=FR%3Afr

  28. anonyme n°3
    23/03/2020 à 22:45 | #28

    En effet, la réception des travaux du Dr Raoult semblent ce soir poser beaucoup de questions. (Tout va si vite!) Difficile de comprendre pourquoi les tests à grande échelle mettent autant de temps à être mis en place. Les journalistes se cachent supposément derrière d’autres chercheurs, et derrière le “protocole”. Ça ne m’a pas échapper, mais n’étant pas médecin, pour l’instant je ne sais vraiment pas quoi en déduire. J’ai entendu dire tout à l’heure que le monde entier connaîtrait depuis 2018 les bienfaits de la chloroquine….. sauf les français et les italiens. Alors pourquoi y’a t-il eu autant de confinements et autant de morts dans d’autres pays aussi? La Chine et la Corée sont citées en exemple. A quoi le doit-t-on? Aux masques? A la chloroquine? Moi je n’en sait rien…

    “« Pourtant, les données sont là : les affections respiratoires habituelles que nous vivons chaque année font bon an mal an 2’600’000 morts à travers le monde. Avec le Covid-19, nous en sommes, au quatrième mois, à 12’000 décès, et avec le pays initialement le plus touché qui est parvenu à juguler l’épidémie. »
    il parle donc en fait de MORTALITÉ en termes de chiffres absolus, ce qui n’a de sens que rapporté, mondialement, par pays ou catégories sociales, d’âges, conditions de santé… ”

    Oui certes, là on nage dans la généralité absolue, mais en plus une comparaison valable entre les 12’000 morts du coronavirus et les 2’600 000 morts d’affections respiratoires autreS semble d’autant plus difficile à établir que dans le premier cas on parle de quelque chose en train de se rependre face à d’autreS affections (donc aucun rapport linéaire possible déductible par le nombre de mois), et sans préciser lesquelles. Je reste donc très dubitatif…

    Ce que je dis : En l’absence de vaccin et de traitements le coronavirus est indiscutablement et dramatiquement moins “bénin” que la grippe, les preuves, tout les jours plus nombreuses, s’accumulent dans les morgues (et là peu importe le nombre, la répartition, l’écart-type ,ou je ne sais quoi d’autre, on voit bien que c’est pas une petite grippe il me semble)!… Maintenant j’entends que peut-être on avait un traitement depuis 2018 qu’on savait qu’il fonctionnait, mais qu’on voulait pas le diffuser. Alors il ne s’agit plus de la part du (des) gouvernement(s) d’un homicide “possiblement” involontaire, mais d’un crime parfaitement délibéré! (Pardonnez moi ce langage de justice bourgeoise!) Et qui étonnement pour une fois ne ciblerait pas strictement des prolétaires ou des pays capitalistes concurrents. (Vous me dirait ce n’était pas le cas d’Auschwitz non plus…)

    Dans ce cas, je ne sais ni quoi en dire, ni quoi en penser. Et en plus je ne sais pas traduire le mandarin, ça pourrait être bien utile dans ce cas!…
    En attendant au moins quelques fuites de vérités avant la fin… (pas après si possible)

  29. anonyme n°3
    24/03/2020 à 02:48 | #29

    Ou les gouvernements n’ont tout simplement pas eu les compétences nécessaires pour comprendre ce que leur disent des médecins.

  30. anonime
    24/03/2020 à 05:21 | #30

    @anonyme n°3

    “Difficile de comprendre pourquoi les tests à grande échelle mettent autant de temps à être mis en place.”
    encore fallait-il en disposer, c’est comme les masques et le matériel médical, les respirateurs… On a adopté des stratégies par défaut, en prétendant que c’était les meilleures du monde, là encore non sans une suffisance française, européenne ou occidentale à l’égard des Asiatiques : quel camouflet ! Et voilà, Cuba, la Chine et la Russie à la rescousse des Européens…

    “La Chine et la Corée sont citées en exemple. A quoi le doit-t-on ?” Il y a eu la réactivité, la rapidité de mise en place des mesures à l’apparition des premiers morts, et la nature de ces mesures, l’expérience accumulée et les moyens à disposition (on pourrait comparer avec les Etats-Unis vs Cuba en cas d’ouragans)

    https://twitter.com/pascalriche/status/1242250554988015616/photo/1
    dans ce graphique comparatif, on voit la double différence avec une meilleure réactivité et la mise en place des tests pour se concentrer sur les porteurs symptomatiques (malades) ou non. Certaines pentes de mortalité tendent à s’inverser, courbure vers le haut. Celle de la France est quasi rectiligne, il n’est pas exclu que ça s’aggrave. Celle des USA est particulièrement inquiétante

    il me semble que Raoult, et quelques autres, en tant que spécialistes bossant sur les épidémies depuis des décennies, question d’habitude, ont eu la distanciation leur permettant de relativiser d’une part la gravité de la maladie et de sa progression, d’autre part les réactions politiques et médiatiques

    il n’y a pas de “crime délibéré”, sauf à tomber dans les théories du complot, et alors pourquoi pas le virus fabriqué à dessein ? Dans les décisions de la plupart des dirigeants capitalistes, le cynisme est plus économique que politique, mis à part Trump au début et Boris Johnson durablement (miser sur l’auto-immunisation à terme, cad laisser crever en masse les maillons faibles de la population). Les dirigeants économiques voient leurs profits, les politiques les conditions de ce profit. Il serait faux de considérer qu’ils veulent détruire la poule aux œufs d’or, la population laborieuse comme force productive, mais pris dans leur logique, ils ont reçu le coup en pleine poire, sans recul et même en refoulant inconsciemment (ou pas dans certains cas) leurs propres décisions antérieures (le syndrome Buzyn, qui craque et lâche le morceau). Si l’on tombe dans cette critique morale des responsables-coupables, on rejoint le troupeau politique d’extrême-gauche à extrême-droite, les populistes et démagogues qui demandent des comptes, comme Iznogoud pour devenir calife à la place du calife

    dans cette histoire le capital est malade de lui-même, et, en termes de récit, de son idéologie. J’écrivais le 16 mars : « la classe capitaliste est la mieux placée pour savoir ce qu’elle fait et pourquoi, et les ravages que cela produit au-delà de l’humanité même, dans le vivant. La différence avec ceux qu’elle exploite et domine sous tous aspects de la vie sociale et des rapports avec une nature considérée comme ressource à exploiter, c’est qu’elle doit résoudre le problème de pouvoir continuer à le faire. » RS #23 : « Si cela est une résultante du MPC, il s’agit alors d’une lutte des classes (c’est là l’existence réelle de la chose) la classe dominante (et son “bloc historique”) en est parfaitement consciente. » C’est le classique de Marx, la classe capitaliste est immédiatement classe pour soi, consciente d’elle-même

    le point de vue communiste a la même conscience “du capital” que les capitalistes, comme dirait Endnotes, mais avec l’objectif de le détruire, et il est le seul, mais en l’absence d’un sujet révolutionnaire pour le faire, il ne l’est qu’en théorie, et même en théorie virtuellement, parce qu’il n’est pas univoque et à l’abri d’erreurs, d’où nos désaccords jusqu’à certaines incompatibilités, puisqu’après coup, nous n’aurons pas tous eu raison. Dans la discussion il faut faire avec

    les communistes n’ont donc pas à se prendre pour le sujet révolutionnaire en puissance, c’est la différences avec les activistes même quand ils se revendiquent des positions communisatrices, ou radicales en général. L’utilité de la théorie, c’est de prendre la distance mais sans être hors sol, avec des généralités trop générales (cf RS encore)

    quand je dis que “la crise du coronavirus aggravant celle du capitalisme est particulièrement propice à la critique théorique radicale”, ce n’est pas une posture intellectuelle pour tromper l’ennui pendant le confinement, c’est une nécessité, c’est une activité qui est dedans, “en théoricien”

    je crois que les visiteureuses de ce sujet ne s’y trompent pas, puisqu’en moins d’un mois, hormis la soute de TC (un “classique de la communisation” ;-), il est le plus lu en 12 ans de dndf, et n’a pas à ma connaissance d’équivalent ailleurs. Ça vaut bien un Spring Meeting !

  31. anonime
    24/03/2020 à 10:09 | #31

    El COVID-19 evidencia la crisis del capitalismo, muestra la urgencia de una nueva sociedad humana
    J.G.F. Héctor, Praxis en América latina, la práctica con la teoria y la teoria con la práctica
    https://praxisenamericalatina.org/el-covid-19-evidencia-la-crisis-del-capitalismo-muestra-la-urgencia-de-una-nueva-sociedad-humana/

    transmis via twitter @CDinerstein par Ana C. Dinerstein (utopie révolutionnaire, Ernst Bloch et le Principe d’espérance, marxisme décolonial…)

    je vais voir si une traduction est possible. Pour le titre, le Camarade Bing, un Américain pro-chinois, écrit : “le Covid-19 est la preuve de la crise du capitalisme, et montre l’urgence d’une nouvelle société humaine”

  32. Ah no Nîmes
    24/03/2020 à 12:38 | #32

    A mon avis ça ne sert pas à grand-chose de jouer aux apprentis épidémiologistes derrière nos claviers, et de perdre du temps là-dessus, pour la simple raison qu’en la matière, tout ne pourra être fixé que plus tard. J’apporte quand même quelques éléments parce que tant l’interview de lundiam que les fans de Raoult de plus en plus nombreux m’ont l’air de faire des impasses en sautant des étapes.

    – Raoult est un spécialiste mais il n’est pas le seul, et ils ne sont pas d’accords entre eux. Premier élément, c’est une figure controversée dont d’autres opinions peuvent choquer, et il m’a l’air carrément imbu de lui-même (cf. première ITW à La Provence).
    – Son étude ne vaut absolument rien du point de vue de la méthode (pas d’échantillon randomisé, échantillon de base faible, nombreux sujets “perdus du vues” et justification elliptique, etc.). Je la vois plutôt comme une main levée : “regardez, on est là aussi, on est spécialistes de la chloroquine et on devrait avoir notre mot à dire”. Au milieu, des embrouilles entre chercheurs et industries, du classique.
    – Finalement il est donc inclus aux tests d’Etat. Son protocole va donc subir une méthode scientifique et d’ici 15 jours on pourra en savoir plus. D’ici là, on ne sait rien là-dessus. Quelques docs pour étayer tout ça, si vous voulez perdre du temps et devenir apprenti spécialiste en accéléré :

    https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-chloroquine-covid-19-tout-ce-quil-faut-savoir-80151/
    https://blogs.mediapart.fr/olivierbelli/blog/220320/le-pr-raoult-et-la-chloroquine-les-failles
    http://curiologie.fr/2020/03/chloroquine/
    https://www.youtube.com/watch?v=C0gJbowjPGI

    Franchement, ils disent tous à peu près la même chose, pas besoin de perdre trop de temps à lire les trois liens. La conclusion c’est qu’il faut attendre, et que Raoult joue au super-héros sauveur, qu’il a peut-être raison mais qu’il a l’air de faire un peu de politique. Le rôle du Savant Sachant, le “bon sens” contre l’industrie, etc.

    L’angle d’attaque “lutte des classes” dans le quotidien paraît plus intéressant (et il y aurait à dire…), tout comme “coronavirus ou Kondratiev”.
    Guerre des prix du pétrole, cours des matières premières qui s’effondrent, fermetures à la chaîne, récession de moyen et long termes, affrontement des “blocs” mondialisés, “économie de guerre ?”, et recompositions : Amazon en profite, comme Aliexpress avait boomé sur le SRAS, accélération du digital et du numérique, accélération de la surveillance pour sortir de la crise sanitaire, “nouveau poids de la Chine dans l’après ?”…
    et nouveaux poids par l’expérience des récits idéologiques sur l’après, la smart cities vertes, le civisme, etc. Toujours les mêmes mélodies, mais traversées par une expérience structurelle d’ampleur.
    http://www.leparisien.fr/amp/high-tech/confinement-5-questions-sur-la-probable-surveillance-par-nos-smartphones-23-03-2020-8286153.php?
    Quelques éléments épars ici https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/le-coronavirus-accelerateur-d-un-monde-plus-digital-842813.html

    On n’est pas sorti de l’auberge, aux Amériques Bolsonaro minimise, refuse le test public et fait des bains de foules, il entre en guerre envers certains gouverneurs qui étaient souvent des alliés contre l’idée du confinement. Le chef de la plus grosse église évangélique du pays parle du virus comme d’une invention de Satan et des médias. Aux USA la situation n’est pas glorieuse (mauvais début de courbe) mais les pronostics ne peuvent qu’être flous. Vont-ils “adapter” le système de santé ou va-t-on vers la catastrophe ? Sans parler du continent africain, et des bidonvilles sans eaux et sans savon. Etc.

  33. pepe
    24/03/2020 à 12:57 | #33

    Juste pour le fun, c’est toujours amusant de lire quelqu’un qui laisse 50 lignes après avoir dit que cela ne sert à rien de passer du temps à commenter….

  34. anonime
    24/03/2020 à 14:25 | #34

    @Ah no Nîmes
    mais entre
    « ça ne sert pas à grand-chose de jouer aux apprentis épidémiologistes derrière nos claviers, et de perdre du temps là-dessus, pour la simple raison qu’en la matière, tout ne pourra être fixé que plus tard »
    et
    « L’angle d’attaque “lutte des classes” dans le quotidien paraît plus intéressant »

    n’y a-t-il aucun lien ?

    ici, personne n’a “joué aux apprentis épidémiologistes”, mais considéré l’aspect économique et politique que souligne Raoult dans ses controverses certes pas nouvelles de ce franc-tireur avec la Communauté scientifique, particulièrement réunis derrière Macron, de façon plus hypocrite qu’Hypocrate. Est-ce un hasard s’il réunit cette après-midi un nouveau Conseil de chercheurs pour assurer “le suivi des études thérapeutiques autorisés en France et les essais engagés sur des traitements à l’étranger, présidé par Françoise Barré-Sinoussi, virologiste à l’Institut Pasteur et à l’Inserm, lauréate du prix Nobel de médecine en 2008 pour son rôle dans la découverte du virus du sida” ? N’est-ce pas un désaveu du Comité existant qui lui a déconseillé de suivre les préconisations de Raoult, Olivier Véran étant envoyé aux avants-postes avec des contorsions inhabituelles ?
    https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-macron-va-installer-le-comite-de-chercheurs_3882309.html

    s’il y a effectivement une question de méthode c’est quand la “théorie” prétend donner des leçons à la “pratique”, cad à l’expérience “de terrain”, et Pasteur lui-même fut dénigré avant d’être reconnu par l’Académie de médecine. S’il nous ne pouvons trancher en béotiens quant à la controverse médicale scientifique, il nous est possible d’affiner la méthodologie de la théorie communiste radicale, y compris d’un point de vue méta-théorique

    chacun son “métier”, à nous de faire le nôtre, et je trouve qu’on n’est pas si mauvais. Mon commentaire #30 avait pour titre XI. THÉORICIENS COMMUNISTES, QUE FAISONS-NOUS ?

  35. Anne 0’Neem
    24/03/2020 à 15:23 | #35

    Les jours d’après

    « Pour relancer l’économie et restaurer la confiance, des chercheurs belges proposent d’identifier systématiquement les personnes immunisées contre le nouveau coronavirus et celles qui n’en sont pas porteuses….

    tester immédiatement un échantillon représentatif de la population. Ce modèle de sortie de crise diminuerait les pertes en vies humaines, mais aussi le risque d’une crise économique accompagnée de graves tensions sociales, défendent les spécialistes. »

    https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/belga/des-chercheur-belges-proposent-un-plan-pour-relancer-l-economie-plombee-par-le-coronavirus-5e7a007c9978e228413f8d72

  36. anonyme n°3
    24/03/2020 à 15:28 | #36

    @pepe : En lisant Ah no Nîmes j’entends plutôt : les scientifiques ne sont pas d’accord, et nous ne sommes pas nous même scientifiques, donc prudence (et patience??).

    Prudence d’accord, mais patience? voilà qui est difficile.
    Trump dit “testons qu’avons nous à perdre?” Raoult dit “nous connaissons très bien les effets secondaires de ce médocs qu’attendons nous pour le tester?” Et puisqu’il aurait été testé en Chine, qu’en est-t-il des résultats? Sur combien de patients? Pourquoi ne sont-t-ils pas ajoutés aux 24 résultats de Marseille?
    Complots? Conflits inter-capitalistes? Incompétence?

    Complot je n’y croit pas bien sûr. Car si c’est un calcul économique pourquoi entrer en récession? Si c’est un calcul politique, c’est un mauvais calcul qui coûtera très cher aux gouvernements (quoiqu’en disent les sondages de l’IFOP)

    Quand je disais vouloir “passer le temps du confinement”, c’était surtout une façon de dire qu’à mon avis, dans l’immédiat, on ne risque pas d’aller bien loin dans la théorie. Que faire à part partager des doutes et quelques vagues hypothèses à chaud au fil de l’actualité?

    “il n’y a pas de “crime délibéré”, sauf à tomber dans les théories du complot, et alors pourquoi pas le virus fabriqué à dessein ?”
    Pas de crime délibéré? Quid Bolsonaro?
    Je ne suis pas sûr que les rapports de classes soient incompatibles avec l’existence de “complots”. Quoiqu’en général la dimension “secrète” d’une stratégie politique n’a pas grand chose de secrète si elle est perceptible au point qu’on puisse en parler. Donc formuler une hypothèse complotiste, si elle ne se caractérise pas toujours par une soif de pouvoir d’Iznogoud, c’est toujours un peu absurde. C’est une manière de dénoncer quelque chose qu’on n’est pas censé savoir en omettant l’analyse des causes qui rendrait la chose possible. Causes qui sinon occuperait le devant de la scène de la dite analyse (exemple : conflits d’intérêts, lutte de classes…).

    Ce que je disais plus haut c’est que, en partant du principe que les effets positifs de la chloroquine serait d’ores et déjà suffisamment connus, difficile d’en déduire autre chose que du complot ou de l’incompétence. C’est bien ça le problème! Et si on va par là, y voir de l’incompétence n’est pas moins “Iznogoud” que d’y voir du complot ou du crime intentionnel, car on en reste à dénoncer que l’État a mal fait son travail sans chercher à critiquer la fonction de l’État (ou seulement, sans pouvoir le faire).
    Pour autant, la stratégie sociale-darwiniste de l’immunité collective, si elle n’est pas un complot (car elle n’est pas secrète mais publiquement assumée) a quelque chose qui relève aussi soit de l’intentionnel soit de l’incompétence. Que d’un point de vue théorique ça ne nous intéresse pas de savoir si c’est “criminel” ou pas, soit. Mais sur le plan factuel, ça peut compter non?
    Comme le fait que pour que l’industrie médicale s’intéresse à une épidémie, il faut que ça puisse toucher l’occident, on ne peut pas dire qu’il n’y a rien d’intentionnel là dedans. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas de responsabilité.
    Enfin, si après tout ça les gens demandent des comptes aux États, n’est-ce pas un peu légitime tout de même?

  37. anonime
    24/03/2020 à 16:57 | #37

    ALORS, QU’EST-CE QU’ON FAIT ?

    @anonyme n°3

    “Quand je disais vouloir “passer le temps du confinement”, c’était surtout une façon de dire qu’à mon avis, dans l’immédiat, on ne risque pas d’aller bien loin dans la théorie. Que faire à part partager des doutes et quelques vagues hypothèses à chaud au fil de l’actualité ?”

    j’ai donné, RS aussi, quelques repères à l’activité théoricienne, alors désolé mais je ne souhaite pas tourner en rond en les répétant

    il faut quand même un peu d’aveuglement pour ne pas voir qu’il se passe quelque chose de déterminant sur la base de ces critères : la crise de l’économie politique, la résistance faible mais réelle des soutiers salariés conviés à aller bosser en dépit des conseils contraires à rester chez soi sous peine d’amende

    un peu de presse patronale toute fraîche :

    – Challenges : “Face à une “crise économique sans précédent depuis 1929”, Bruno Le Maire réaffirme l’engagement de l’Etat auprès des entreprises. Le ministre de l’Economie précise les mesures de soutien et appel à un “patriotisme économique”.”
    https://www.challenges.fr/economie/bruno-le-maire-lance-un-appel-au-patriotisme-economique_703800

    – Bourse Direct : “Marchés interdits: Le Maire appelle la distribution à privilégier les agriculteurs français”
    https://www.challenges.fr/economie/bruno-le-maire-lance-un-appel-au-patriotisme-economique_703800

    sans réagir à tout :

    – “Pas de crime délibéré ? Quid Bolsonaro ?… Que d’un point de vue théorique ça ne nous intéresse pas de savoir si c’est “criminel” ou pas, soit. Mais sur le plan factuel, ça peut compter non ?”
    bien sûr, et si tu veux aller par là, le Capital EST criminel par essence, preuve “factuelle” par les faits, mais de ce point de vue Bolsonaro n’est pas plus criminel que n’importe quel dirigeant économique ou politique, de par les conséquences, plus loin, moins visibles parfois, de leurs décisions

    Bolsonaro, Trump, Johnson… sont dans le jeu spectaculaire du populisme, provocateurs à souhait, mais on ne peut en rester à cette “apparence des choses”, il faut chercher “dessous” pour comprendre les motivations, les raisons de leurs décisions, non de leur grimaces

    ce qui est dessous, les structures, les causes des phénomènes visibles, ne relève pas du “secret” ou du “complot”, mais d’une compréhension du rapport entre ce qu’est le capitalisme en essence et les formes sociales, les rapports sociaux, qu’il détermine. Bien sûr que les dirigeants de la classe capitaliste n’entendent pas jouer cartes sur tables, mais dans un moment pareil, ils montrent plus que jamais leur jeu, De Bézieux et l’Union sacrée, Le Maire plus haut, et ça encore :

    “Philippe Martinez : « Tous les syndicats sont d’accord pour maintenir les activités indispensables » Le patron de la CGT prend position sur le travail dans les entreprises : oui, seulement quand c’est nécessaire (la santé, l’agroalimentaire, la logistique, l’énergie…) et si le salarié est protégé. Non, dans tous les autres cas.”
    https://www.nouvelobs.com/economie/20200324.OBS26490/philippe-martinez-tous-les-syndicats-sont-d-accord-pour-maintenir-les-activites-indispensables.html

    alors tu vois, sur le plan théorique, il y a du boulot pour tous, témoignages, articles intéressants éclairant tel aspect de la discussion. J’ai toujours rêvé en matière théorique d’un travail collaboratif, mais si on tourne en rond sans rien considérer d’acquis, alors oui, on ne risque pas d’avancer, on doute de tout non au sens de la devise de Marx, mais du doute qui ligote. C’est déjà assez navrant comme ça de constater au fil des années l’inertie dans l’élaboration théorique, pas besoin d’en rajouter, ni de laisser s’échapper les vedettes du blabla en solitaires de la théorie communiste

    maintenant, si tu considères que cette discussion n’éclaircit rien, ne permet pas à chacun d’avancer dans sa propre réflexion du point de vue de notre “en commun” communiste, je ne peux guère t’aider davantage

    “L’humanité se divise en trois catégories : ceux qui ne peuvent pas bouger, ceux qui peuvent bouger, et ceux qui bougent.” Benjamin Franklin

  38. anonyme n°3
    24/03/2020 à 18:48 | #38

    @anonime : Hé hé… tout va bien!

    “maintenant, si tu considères que cette discussion n’éclaircit rien, ne permet pas à chacun d’avancer dans sa propre réflexion du point de vue de notre “en commun” communiste, je ne peux guère t’aider davantage”

    Je n’ai pas dit, ni même penser que c’était inutile : ni de douter, ni de faire des hypothèses, ni de se risquer à faire de la théorie à chaud. Oui, on peut toujours essayer. Aucun problème!

    “J’ai toujours rêvé en matière théorique d’un travail collaboratif”
    C’est tout à fait louable.

    J’essaye juste de comprendre ce qui se passe déjà… J’en ai besoin aussi, sinon on ne serait pas en train de discuter ;)

  39. anonyme n°3
    24/03/2020 à 18:52 | #39

    (Et merci d’avoir pris le temps de transmettre tes réflexions)

  40. Nononyme
    24/03/2020 à 20:33 | #40

    Pas facile de faire une analyse digne de ce nom quand nous sommes au cœur de l’avalanche qui n’a pas terminé sa course… Mais déjà des signes nous suggèrent que la classe capitaliste ne restera pas longtemps à regarder leur capitaux se dévaluer en proportion inverse du nombre de contaminés sans réagir et tenter quelques choses… L’annonce de Donald Trump de revoir la stratégie des mesures de confinement dans quelques semaines pour éviter une crise économique car dit-il « le remède ne doit pas être pire que le problème » semble faire écho aux inquiétudes des agents du capital…

    L’affaiblissement de l’économie américaine dans le contexte d’une rivalité internationale avec la Chine entre autre n’est pas sans risque et pèse beaucoup dans la balance des décisions à venir aux Etats-Unis… La réouverture des frontières américaines aurait inévitablement un effet dominos sur le reste du monde et particulièrement sur les décisions politiques du Canada dont l’économie est à plus de 70% intégrée à celle de son voisin immédiat… Un désaccord entre le Canada et les Etats-Unis pourrait faire chuter l’apport de marchandises essentielles au Canada comme les denrées alimentaires et les produits pharmaceutiques qui sont en forte demandes présentement et provoquerait une situation problématique de pénurie et de rationnement qui ne ferait que s’additionner aux problèmes que génère la pandémie…

    Mais l’enjeu est loin d’être facile à trancher car la reproduction de la force de travail nécessaire pour redonner vie à des capitaux qui se meurt à petit feu ne va pas de soi qu’il y ait confinement ou non… Car si les individus qui portent cette force de travail doivent aller travailler, il est presque certains qu’illes risqueraient de terminer leur journée dans un lit d’hôpital… Donc peu importe les mesures en place l’économie va ralentir d’une façon ou d’une autre… Sans compter que contraindre les gens à demeurer aux travail malgré la pandémie qui va bon train pourrait provoquer une vague de grève qui ne règlera rien au ralentissement économique bien au contraire… « Contradictions, tu me tiens à la gorge » dirait un capitaliste prit d’une lucidité soudaine…

    Dans le contexte historique d’un achat global de la force de travail, l’argent que met présentement sur la table les gouvernements nationaux pour venir en aide à ceuses qui ne peuvent plus travailler équivaut à du travail futur qui ne pourra pas être payé… Par conséquent aux mesures présentes pour contrer le propagation du virus suivra des mesures à venir pour diminuer la valeur de la force de travail que se soit par des gèles de salaires, des politiques inflationnistes ou des coupures dans les programmes sociaux ou plus probablement une combinaison de tout ça et bien d’autres choses encore… Les différentes réformes devenues nécessaires pour aligner les infrastructures sociales aux nouvelles conditions d’exploitation s’imposeront avec plus d’autorité au nom du redressement économique voir sous la propagande d’un « effort d’après-guerre » dans le cadre d’une « reconstruction » afin de « relever le pays » suite aux « assauts meurtriers d’un ennemi invisible » pour reprendre la terminologie militaire utilisée par différents gouvernements…

    La pandémie va faire son bonhomme de chemin et passer comme passent les trains… Mais que va-t-elle laisser dans son sillon ? Est-ce que les gouvernements qui se lanceront dans des politiques d’austérité et des réformes impopulaires seront tentées de maintenir des mesures d’urgence telle que la militarisation de l’espace publique et le contrôle des frontières ? D’autant plus qu’un fois la pandémie sur le plancher dans les pays occidentaux, rien est sûr qu’elle ne sera pas en train de dévaster les pays du sud qui n’ont pas les infrastructures sanitaires et hospitaliers pour la contenir et ainsi donnera raison à des politiques protectionnistes répressives pour contrer les flux migratoires de personnes contaminées… À cela peut se rajouter les déplacements de population de réfugiés provoqués par des guerres que la crise économique post-pandémie aura alimenté ou même initié…

    Il n’y a pas que les pauvres de là-bas qui restent dans l’ombre mais ceuses d’ici ont aussi leur lot de misère qui demeure en reste… Dès les premières semaines le gouvernement à mit en place des mesures pour venir en aide aux entreprises et aux salariés mais rien pour les autre qui n’en subissent pas moins les fermetures de commerces et la réduction des ressources communautaires… Ici à Montréal les sans-abris se voient contraint de passer leur journée dehors dans le froid mais aussi de manger, de se changer, de se réchauffer, de pisser et de chier dans les mêmes conditions faute de lieu habituel où le faire… Pour dormir les dortoirs demeurent accessibles mais ce sont des espaces restreints à haut risque de contamination pour une population aux systèmes immunitaires affaiblis par une mauvaise alimentation et un hygiène des plus médiocre…

    Pour terminer j’ai remarqué que beaucoup de gens reprochent aux gouvernements de certains pays ne pas avoir réagit assez vite mais encore aurait-il fallu que ces mêmes gouvernements aient eu les moyens d’agir adéquatement… Les politiques d’austérité appliquées par les gouvernements successifs depuis la crise de 2008 ont souvent désorganisé et mit à mal les infrastructures sociales permettant de prendre en charge les besoins de la population sans compter le nombre d’individus contraints aux chômage chroniques ou à de très faibles revenus ne pouvant se nourrir suffisamment ni se soigner efficacement… Face à la pandémie les gouvernements qui ont pratiqué le sous-financement du système de santé se sont vite retrouvés dans l’incapacité de réagir à la hauteur de la situation… Mais même après la pandémie il est loin d’être sûr que le gouvernement agira différemment car les déficits annoncés imposeront vite des mesures semblables ou pire… Ainsi va l’économie capitaliste !

  41. anonime
    24/03/2020 à 22:32 | #41

    XIII. “LA” CRISE EST LÀ

    c’est le principal résultat, non de la théorie, mais du cours quotidien du capital

    à force de parler, et d’attendre schizophrénétiquement, “la crise qu’en vient”, on confinerait (toucher aux limites) à ne pas la voir, en partie masquée par le confinement qui anesthésie la lutte des classes côté prolétariat, ce qui n’est peut-être pas dû au hasard

    tout l’indique : l’arrêt d’une partie de l’appareil productif, les cours boursier, l’annonce de la récession, les relations dégradées entre États dans la concurrence inter-capitaliste exacerbée, tous les rapports sociaux et sociétaux affectés, la mobilisation liberticide de l’appareil policier, la panique de ceux d’en-haut et l’angoisse de ceux d’en-bas, les précaires du travail et “les plus fragiles” frappés de plein fouet, toute la classe politique tournée vers la sauvegarde de l’économie par des mesures keynésiennes de relance en sortie de crise pandémique, la gauche et la gauche radicale en tête pour ce qu’il reste de son influence, les syndicats en plein compromis de classe…

    la crise est là mais elle n’est pas venue comme on l’attendait. L’affrontement de classe espéré par les théoriciens de la communisation comme produit de cette crise n’est pas encore au rendez-vous, elle n’est pas encore comme annoncé par Hic Salta* “un facteur décisif d’exacerbation de la lutte entre le prolétariat, la CMS et la classe capitaliste”, ni ne débouche encore “logiquement sur un affrontement de classes d’ampleur mondiale”. Hic Salta qui envisage aussi l’hypothèse que “la restructuration capitaliste pourrait également avoir lieu sans insurrection défaite, comme issue d’une phase revendicative intense”

    * dans l’Introduction à Episode 11 – Le ménage à trois dans la crise qui vient
    http://www.hicsalta-communisation.com/accueil/menage-a-trois-episode-11-le-menage-a-trois-dans-la-crise-qui-vient-premiere-partie

    ce texte, je l’ai dit quand il est paru, est plus rigoureux sur le plan de l’économie politique que des perspectives révolutionnaires qui en sont tirées à grands frais de programmatisme communisateur et de coups de baguette magique faisant fi de la logique dialectique. À lire ou relire donc ces chapitres sur les caractéristiques d’une restructuration prenant en compte les “Limites de la formule actuelle de la plus-value” en 1.1.1 et questionner “1.1.4 – Dénationalisation de l’État”

    [las but not the liste]

    Pepe ramasse les copies à la rentrée des classes en lutte

  42. anonyme n°3
    25/03/2020 à 01:35 | #42

    “Pepe ramasse les copies à la rentrée des classes en lutte”
    Ba arrête de l’emmerder ou fou lui la paix!
    Le côté bac à sable ici, tu l’incarnes mieux que n’importe qui.

    Où alors tu veut surement dire que pépé veillerait au grain de la transmission idéologique du parti communisateur dans les jeunes têtes?
    Dans ce cas arrête d’être condescendant.
    “J’ai toujours rêvé en matière théorique d’un travail collaboratif”
    Avec toi? Ça va être dur!

    Bon ça y’est tu m’as saoulé.
    La crise est là? Sans blague!
    Merci j’avais pas vu.

  43. pepe
    25/03/2020 à 09:26 | #43

    Merci à tout le monde de garder à ces échanges le caractère intéressant qui s’impose devant l’importance et l’intérêt de la situation.
    Non pas qu’il faille rester courtois à tout prix dans le débat. On peut avoir des divergences et parfois les exprimer de façon vigoureuse. Mais, si on veut continuer à voir des échanges fructueux, comme cela est le cas pour le moment, il vaut mieux éviter les embrouilles ad hominem.

  44. anonime
    25/03/2020 à 11:33 | #44

    @anonyme n°3
    c’est un malentendu

    je ne pense pas que Pepe l’ait mal pris, d’autant que c’est une allusion à une de ses formules dans un ancien sujet. Ça voulait simplement dire que dndf était le lieu par excellence pour recueillir des réflexions, et je suis très content que ce lieu existe, je n’ai pas vu d’équivalent. Du fait des liens vers d’autres textes et analyses, on y trouve bien au-delà des thèses du “parti communisateur”. Je ne vois pas en quoi j’empêche le “travail collaboratif”, alors que c’est moi qui ai lancé la discussion le 16 mars sous un sujet du 1er, même si je ne doute pas qu’elle l’aurait été ailleurs autrement et aussi bien par un autre

    je n’ai pas compris en quoi j’incarne le mieux, par mes commentaires construit comme un feuilleton “le côté bac à sable”. Prendre ce qu’on fait au sérieux n’oblige pas à se prendre au sérieux

    comme quoi Desproges avait raison : “On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui”

    quant à “la crise est là”, bien sûr que pris au sens commun, tout le monde la voit, mais encore faut-il la caractériser par rapport à celle qu’on attendait, dans les termes théoriques de la Critique de l’économie politique

    l’intervention #40 de Nononyme résume assez bien ce qui a été dit sous plusieurs formes par plusieurs. Je ne l’ai pas dit parce qu’elle a été publiée après l’envoi de la mienne #41

    PS : errata lire “la crise qui vient”

  45. pepe
    25/03/2020 à 13:06 | #45

    je crois aussi au “mal entendu”, parfois du au “mal exprimé”!

  46. anonyme n°3
    25/03/2020 à 16:32 | #46

    @anonime : Oups, désolé. oui, c’était un malentendu en effet.
    A ma décharge, c’est un risque récurent avec les commentaires.
    Il n’y a pas le ton de la voix, ajoutons le délais entre réception de deux messages : une allusion peut vite être comprise de travers. Alors, tu peux considérer mon commentaire 42 de la pure défensive. N’en tiens pas compte. Encore désolé!

    Dans ton commentaire #40 tu parles de “capital malade de lui même”, ça m’évoque un texte de Camatte que tu as évoqué ailleurs mais apparemment non cité ici. Ça me semble assez pertinent vis à vis du coronavirus de mettre ce très court texte en liens, bien que l’intérêt du raisonnement qu’il expose ne date pas seulement d’aujourd’hui.

    https://revueinvariance.pagesperso-orange.fr/Marten.html

    extrait : “Dit autrement, pour se protéger l’espèce s’est enfermée dans un devenir, son errance, et est devenue incapable d’imaginer autre chose; ce qui constitue sa folie. C’est ce qui apparaît nettement à travers les réactions des dirigeants dans les divers domaines. D’où, sous-jacente et tendant à émerger, la panique. On le sent par exemple au fait que le coranovirus évoque irrésistiblement une menace.”

    Ça ressemble un peu au concept de traumatisme en psychanalyse mais à grande échelle. Camatte s’en défendrait sans peut-être, mais on peut imaginer là une sorte de marxisme dans lequel le capitalisme se reproduirait sans cesse comme pénurie organisée en réponse à une supposée pénurie originelle naturelle (je mets “supposé” devant “naturel” par excès de prudence, mais sans doute a-t-elle réellement eu lieu, cette “pénurie naturelle”).
    Pénurie propulsant progressivement l’humanité vers le capitalisme comme Histoire tragique de son évolution. L’économie de marchandise aurait été initialement la réorganisation artificielle répétée, et “traumatique”” de cette pénurie face à la pénurie elle-même. Le capitalisme, stade mûr de l’économie marchande transformerait d’abord l’exploitation en contradiction, puis, aujourd’hui, placerait l’humanité en contradiction avec la nature en générale, et avec sa propre nature “humaine” en particulier. Ainsi le capitalisme poussera peut-être à son tour l’humanité à se propulser dans le communisme : réponse qu’elle aura enfin dû trouvé à cette “pénurie traumatique” originelle. C’est à dire une réponse qui ne serait ni abondance et accumulation de marchandise, ni destruction guerre et pénurie organisée (sachant qu’avec la marchandise, quand il y’a abondance, c’est qu’il y’a déjà pénurie ailleurs).

    Précautions d’usage : C’est une réflexion beaucoup trop générale de ma part pour être sérieuse. L’objectif n’est pas d’apporter de jolies réponses abstraites, mais d’inspirer d’éventuelles réflexions, si tant est que cette digression en vaille la peine.

  47. anonyme n°3
    25/03/2020 à 16:35 | #47

    “Dans ton commentaire #40 tu parles de “capital malade de lui même””
    => Non, en fait c’était dans le #30

  48. anonyme n°3
    25/03/2020 à 16:39 | #48

    Enfin, autre précaution : il n’est pas sûr non plus que ma digression apporte quoique ce soit à la réflexion de Camatte (que je ne connais pas bien).

  49. anonyme n°3
    25/03/2020 à 18:05 | #49

    @anonyme: Je manque de clarté à un moment.
    ” l’humanité en contradiction avec la nature en générale, et avec sa propre nature “humaine” en particulier.”
    Ici l’argument est écologique. Comprendre : adéquation ou équilibre entre l’activité humaine et la nature en général et de sa propre nature en particulier : bref, un équilibre de ses conditions d’existences. Une manière de faire partie de la nature en générale : d’une nature-sujet plutôt qu’une “humanité sujet” (=en fin de compte : le capital) contre la nature comme objet du capital.

  50. anonyme
    25/03/2020 à 21:10 | #50

    ce que je pense de Camatte est encore ailleurs, dans un sujet CAMATTE ET NOUS depuis 2018, où je peux “mal exprimer” ce que je pense en toute liberté, sans avoir à maquiller qui je suis, ce qui amuse tellement les habitués qu’ils s’y sont mis, eux pour se planquer derrière ce qu’ils prennent pour un jeu de mots. J’ai lancé ce sujet, rétabli même, vu la confusion, ce qui peut relever de la théorie de la communisation avec laquelle j’ai des désaccords importants, cernés, mais tabous ici, et je me ramasse “bac à sable”, “condescendant”, etc.

    franchement, j’en ai assez de ce petit jeu malsain. Je vais tranquillement poursuivre chez moi la publication de ce feuilleton, avec un JOURNAL CRITIQUE DE LA CRISE sur la base des critères que j’ai exposés ici

    les considérations de Camatte feront parti des prochains épisodes, étant donné l’importance qu’il a pour aborder la “critique contemporaine” selon un arc historique remontant aux origines de l’humanité, qui est la seule manière de comprendre totalement ce qui se passe aujourd’hui, comme le rappelle sa lettre du 14 mars, que j’ai publiée ici : https://dndf.org/?p=14474#comment-391482

    les idées de Camatte postérieures à 1976 (cf “le chaînon manquant” de la critique contemporaine”) n’existent pas pour le milieu radical et communisateur, pas plus que les miennes depuis 2014, alors comment voulez-vous qu’on comprenne une discussion les intégrant avec un tel décalage, un tel retard sur le seul plan de l’histoire des idées radicales, dont Camatte serait exclu, et les miennes traitées comme elles l’ont été depuis mes désaccords tranchés avec la théorie de la communisation ? Il y faut plus que des commentaires de forum même bien intentionnés

    mes prochains épisodes incluront donc la dimension écologique, essentielle également dans cette crise du capitalisme déclenchée par le coronavirus, mais refoulée par le courant communisateur, si l’on considère qu’Agitations autonome ne s’en réclame qu’en activistes passant à côté (cf RS #23). Voir encore la discussion avortée dans le fil “Le vert est la couleur du dollar”, où je m’exprime sous “Anonyme” : https://dndf.org/?p=18223#comment-389948

    je pense que tout le monde comprendra qu’il n’est pas possible dans ces conditions de débattre sereinement, sérieusement et totalement de ces questions ici, et que je suis parvenu au bout de mes efforts œcuméniques, au sens de rassembler des personnes ou des façons de penser très différentes. Aller plus loin serait provoquer d’inévitables “embrouilles” ad hominem ou pas

    merci de votre compréhension et bonne suite. Prenez soin de vous

  51. vk2
    26/03/2020 à 11:17 | #51

    COVID-19: “la maladie des riches » ? :

    La Chine a été contaminée par le banquet géant de 40000 notables du parti à Wuhan, décembre 2019 ?

    L’Europe a été contaminée à partir de stations de ski (France,Autriche) ,de bars de supporters de match de foot (Milan – Bergame),d’assemblées évangéliques (Mulhouse,etc) ,de migrations paniques de la classe moyenne supérieure (replis sur des résidences secondaires – ouest de la France,sud et centre de l’Italie,etc)….

    Le constat des favelas du Brésil :

    Les habitants de Favela ont appelé COVID-19: “la maladie des riches”, due principalement au fait que les Brésiliens plus riches revenant d’Europe ont apporté le virus.

    Favela residents have called COVID-19: “the disease of the rich,” due mostly because wealthier Brazilians returning from Europe brought the virus over. 

    https://www.zerohedge.com/markets/rios-favela-gangs-impose-strict-curfews-fight-spread-disease-rich

    Ici l’élite subit la situation comme vous , mais elle va chercher à la retourner à son profit. Elle a deja commencé avec à la tête du pays le nouveau Monsieur Thiers: Macron.

    Elle ne contrôle rien sur le plan des évènements mais elle contrôle les réponses aux évènements et c’est là ou elles vous baisent.

    Elle élabore des réponses qui vous font supporter le maximum de coûts et de souffrances et si possible les enrichit encore plus.

    https://brunobertez.com/2020/03/25/question-de-jean-pourquoi-les-elites-acceptent-elles-de-mettre-leconomie-occidentale-a-terre/

    Depuis mars,le confinement bidon n’a pas épargné les populations les plus vulnérables , les vieux (Mulhouse,Strasbourg,Ile de France etc ) Italie ,Espagne etc:

    En Espagne, l’inconnue des ravages du Covid-19 dans les maisons de retraite

    El País, rapporté par Courrier international – 22 mar 2020

    https://www.courrierinternational.com/article/pandemie-en-espagne-linconnue-des-ravages-du-covid-19-dans-les-maisons-de-retraite

    MADRID – Au moins 25 morts à la résidence Monte Hermoso, 13 dans les résidences Santísima Virgen y San Caledonio, 9 à la résidence Albertia Moratalaz. Les maisons de retraite madrilènes paient un lourd tribut au nouveau coronavirus. Au moins 72 d’entre elles ont été contaminées, selon El País, qui observe qu’on ne connaîtra peut-être jamais la réalité des ravages causés par la pandémie dans ces établissements en Espagne, où l’épidémie avait déjà fait plus de 1.700 morts dimanche 22 mars: « La région autonome de Madrid comptait 804 décès dus au coronavirus samedi 21 mars, mais ce décompte est insuffisant. Dans les maisons de retraite touchées par l’épidémie, des dizaines de personnes âgées meurent sans avoir été testées. Dans de nombreux cas, leurs décès sont enregistrés comme ayant d’autres causes, telles que la pneumonie. »
    Alors que le gouvernement espagnol a annoncé ce 22 mars la prolongation de l’état d’urgence pour 15 jours, le quotidien estime que, dans la région de Madrid, plus de 100 personnes sont mortes “avec des symptômes ou un diagnostic” de Covid-19 dans les résidences pour personnes âgées touchées par l’épidémie. Un décompte basé, faute de statistiques officielles, “sur les plaintes des travailleurs, des familles et, dans certains cas, sur les informations rapportées par les résidences elles-mêmes”.
    Selon El País, qui cite les organisations syndicales et des proches de victimes du Covid-19, “les données fournies par les résidences privées ne seront pas crédibles”. Depuis plusieurs jours, les syndicats reçoivent des alertes de leurs délégués dans des établissements pour personnes âgées, et des familles ont également signalé au quotidien des décès multiples “qui n’ont pas été signalés par certaines résidences”. Cette opacité “retarde l’action urgente des autorités, alors que le virus continue à tuer”. À Madrid, la résidence Monte Hermoso a caché aux autorités l’étendue de l’épidémie et fait l’objet “d’une enquête du parquet”, souligne El País. Outre les 25 morts recensés dans l’établissement, au moins 75 personnes ont été détectées porteuses du nouveau coronavirus parmi les résidents et les employés.

    PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, PRENEZ SOIN DE VOUS !

  52. pepe
    26/03/2020 à 12:31 | #52
  53. pepe
    26/03/2020 à 13:24 | #53

    En réponse à Patloch, dit “anonyme”. Je donne son pseudo car il prétend sur son blog que l’anonymat est contraint ici!!
    Quel revirement rapide et avec si peu de motifs d’embrouille…
    Si on était un peu négatifs, on pourrait presque penser que tu n’attendais que le premier prétexte pour te barrer, pour la 47 ° fois….en espérant récupérer le lectorat de ces échanges multiples et fructueux générés par la publication du texte de Chuang, rappelons le, histoire que personne ne se sente indispensable….
    Cette stratégie s’appelait “faire de l’entrisme” puis scissionner, à l’époque militante….

  54. Anne 0’Neem
    26/03/2020 à 16:08 | #54

    « Oxford Economics craint également que le taux de chômage américain n’atteigne 10%, rapidement (contre 3,5% en février)

    « Nous prévoyons 15 à 20 millions de pertes d’emplois dans les semaines à venir, avec un taux de chômage qui devrait dépasser les 10 % en avril”. »

    https://twitter.com/michaelsderby?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1243162135510814724&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.theguardian.com%2Fbusiness%2Flive%2F2020%2Fmar%2F26%2Fus-unemployment-record-jump-covid-19-recession-german-confidence-ftse-dow-business-live

  55. BV!
    26/03/2020 à 17:25 | #55

    @anonime : que les vents te soient favorables!

  56. Anne 0’Neem
    26/03/2020 à 21:33 | #56

    « Un Américain sur trois déclare que lui ou un membre de sa famille immédiate a été licencié ou a perdu son emploi à la suite de la pandémie de coronavirus , selon une nouvelle enquête d’ABC News / Washington Post.
    Plus de la moitié – la MOITIÉ – des Américains ont signalé une réduction de leur salaire ou de leurs heures de travail, selon le rapport.
    Alors que 33% des Américains dans l’ensemble disent qu’ils ou un membre de leur famille immédiate a été licencié ou a perdu un emploi en raison de la crise, c’est quatre sur 10 parmi les minorités ethniques et raciales (dont 41% des Hispaniques et 39% des Noirs) contre 29% chez les blancs. »

    https://abcnews.go.com/Politics/report-job-loss-half-pay-cut-coronavirus-crisis/story?id=69811808&mc_cid=900bb4e187&mc_eid=a9aad5ffa2

  57. pepe
    27/03/2020 à 09:59 | #57

    Si les “auteur.e.s sont des accidents de la pensée”, les querelles inter individuelles sont très, très secondaires.
    Ainsi, pour ceux et celles qui souhaiteraient suivre les productifs développements de Patloch, le professeur Raoult de la théorie communiste, sur l’épidémie, après sa rupture avec ces commentaires, voici le lien direct:
    http://patlotch.forumactif.com/f1-le-monde-au-temps-du-coronavirus
    PS: Je suis étonné que personne ou presque ne signale la mort de Lucien Sève le 23 mars, du Covid19

  58. Christian L
    28/03/2020 à 12:46 | #58

    les jours d’après…

    « Émeute dans le Hubei après la quarantaine, des milliers de personnes attaquent la police »

    « Un soulèvement spontané a éclaté aujourd’hui à la frontière entre les provinces du Hubei et du Jiangxi, en République populaire de Chine, où plusieurs milliers de citoyens ont attaqué la police, battu des officiers et dévasté plusieurs véhicules de police…

    L’émeute a eu lieu dans le comté de Huangmei, à Hubei, sur le long pont qui traverse le Yangtsé vers la ville de Jujiang, dans la province du Jiangxi. La rage populaire a éclaté à la fin de la quarantaine dans le territoire du Hubei, qui compte environ 60 millions d’habitants, dont 11 millions sont concentrés dans la métropole de Wuhan, foyer initial de la pandémie de coronavirus.

    L’atténuation des restrictions sanitaires imposées à la province chinoise (qui, à Wuhan, durera en revanche jusqu’au 8 avril) a permis la reprise partielle des déplacements individuels depuis le 25 mars. Cependant, les autorités locales du Jiangxi ont conditionné l’accès aux résidents du Hubei à la présentation d’un certificat médical. Ce matin, l’application de cette mesure aurait d’abord provoqué une confrontation entre les policiers des deux provinces, puis donné lieu à un soulèvement de masse. Des milliers de citoyens du comté de Huangmei, qui avaient été jugés par un isolement de soixante-deux jours les privant même de leurs libertés individuelles, se sont rendus au pont et ont accablé de violence les policiers du Jiangxi. »

    https://www.agi.it/estero/news/2020-03-27/agenti-picchiati-hubei-coronavirus-7931194/?fbclid=IwAR3GQArJMRvzTgBVVth355LIwJvZG5KfpNuOCld-iLKoRZPB_ED3yE45HpA

  59. Lisbeth Salander
    28/03/2020 à 14:22 | #59

    “Premières remarques sur la crise ouverte par la pandémie” chez Lieux Communs:
    https://collectiflieuxcommuns.fr/?1008-Premieres-remarques-sur-la-crise

  60. pepe
    28/03/2020 à 14:40 | #60

    Une vidéo de contexte, intéressante, signalée sur le site de Patloch:

  61. Nononyme
    29/03/2020 à 21:45 | #61

    Une chose qui est sans équivoque depuis le début de la pandémie c’est que les instances gouvernementales nagent en pleine improvisation… À commencer par l’aide financière offert aux individus qui provoque une situation imprévue : plusieurs personnes qui travaillent dans les services essentiels (caissières, livreurs, préposés aux bénéficiaires, etc…) seraient mieux payés en restant chez eux tout en évitant de s’exposer aux virus… Sans compter toutes les complications à venir pour créer de nouvelles plateformes informatiques afin de répondre à des centaines de milliers de demandes et qui risquent fortement de prendre un temps fou avant d’être effectif… Les nouvelles solutions que semblent prendre le gouvernement d’ici mais aussi d’ailleurs est de subventionner les entreprises afin de maintenir les salaires et donc de passer par des canaux de distribution déjà existants et d’offrir des bonus pour les gens qui gagnent moins que l’aide financière distribuée…

    Autre improvisation : les pénuries de matériel médical qui s’annoncent et qui risquent d’exposer le personnel soignant qui est déjà fortement épuisé… Même un président de libre entreprise comme Donald Trump s’est vu forcé de contraindre Ford et GM à convertir leur production… Mais au rythme où vont les choses quand le matériel médical arrivera enfin c’est le personnel soignant qui tombera en pénurie, la plupart ayant contracté le virus… La division capitaliste du travail révélera ici ses contradictions en démontrant que la spécialisation élitiste du milieu médical n’est pas très efficace quand la situation exige qu’il y est le plus de médecins possibles…

    D’autres imprévus ont également fait leur apparition : les enfants qui dépendaient de leur école et de l’aide alimentaire qu’elle fournit pour manger et qui se retrouvent maintenant en danger de négligence et de sous-alimentation… Et que dire des conflits familiaux qui sont en hausse depuis le début du confinement selon le service de police… Toujours selon ces derniers la majorité des crimes sont en baisse sauf celui de la violence envers les femmes comme quoi la pandémie ne s’inscrit pas seulement dans le rapport de classe mais aussi dans celui du genre…

    Toutefois parmi ces improvisations se dessine tout de même un plan qui va probablement devenir le futur protocole d’urgence sanitaire pour les prochaines crises… Déjà se met en place les consultations médicales par internet qui pour certains sont là pour rester car elles permettront de réduire dans l’avenir les salles d’attente bondées qui cause problème depuis plusieurs années et qui embête le gouvernement… Pour ceuses qui en doutaient encore ce ne sont pas tous les secteurs de l’économie qui sont perdants dans la pandémie et ici le secteur de l’informatique a de beaux jours devant lui… Par contre il demeure évident que la plus-value ne s’extrait pas des machines mais de la force de travail elle-même… Il y a là d’autres contradictions en perspective, soyez sans crainte !

    J’aimerais terminer mes réflexions sur les nombreux remerciements que vomissent les dirigeants de ce monde à ceuses qui sont aux fronts et qui risquent leur santé à chaque jour sans rien recevoir d’autres que ces paroles vides… Peut-être que si les gouvernements en place offraient des augmentations de salaires comme l’exigent ici au Québec depuis des mois les préposées aux bénéficiaires ou répondaient à d’autres revendications lorsqu’ils font leur beau discours de reconnaissance, ces remerciements seraient reçu avec plus d’enthousiasme… Comme le disait à un journaliste télé une chauffeuse de camion qui assure au quotidien les approvisionnements de produits essentiels : « Aujourd’hui nous sommes des héros, mais demain quand tout sera fini nous redeviendrons les zéros que nous avons toujours été ! »

  62. pepe
    30/03/2020 à 09:44 | #62

    Et pour compléter, on peut même imaginer qu’une crise d’une telle ampleur, crise sanitaire, crise économique, crise sociale provoque l’effet “boost” d’une guerre mondiale: un appareil productif très abimé mais pas complètement à terre voire même modernisé; des prolétaires vaincus, dominés, domestiqués par le confinement et les flics dans les rues, prolétaires mobilisés en un front d’unité contre le virus, comme par le passé par le piège antifasciste, et qui devront reprendre le boulot sous peine de mourir de faim, même s’il y a toujours la possibilité d’émeutes, insurrections ou autre refus de marcher au pas; une population écrêtée de ses plus vieux et de ses plus malades, des plans Marshall à l’échelle de la planète….; et nous voila prêts pour une restructuration post crise en pleine forme et à l’échelle immédiatement planétaire, sans passer par les mises en place locales qui mettent toujours du temps à s’installer ici ou là!…Si on veut pousser un peu le cauchemar, cela pourrait être la première restructuration du Capital qui se fasse d’un bloc partout en même temps!
    Alors oui, les héros d’aujourd’hui redeviendraient les zéros de toujours, et en particulier les actuels soutiers invisibles qu’on ne salue pas à 20h aux fenêtres…

  63. pepe
    30/03/2020 à 12:59 | #63

    Et j’ai oublié, dans le précédent commentaire, la fantastique rencontre, dans le cours même de la crise, entre les adaptations industrielles qui vont être imposées par l’état de sous équipement sanitaire des pays du monde et l’idéologie du GreenWashing a laquelle s’attellent toutes les startups, associations citoyennes, philosophes chercheurs et autre insoumis de partout; un nombre incalculable de cerveaux réfléchissent en ce moment à la meilleure méthode pour passer d’un MPC sale et crachotant ses scories de charbon et de CO2 à un MPC 3.0 propre, citoyen, jeune, reverdi, paritaire, égalitaire, etc, etc. Le tout dans un fantastique exercice en temps réels d’utilisation des « nouvelles » technologies de communication, de travail à distance, de circuit courts et de développement du bio.
    Et la mise en cause des Etats nationaux, dans ce contexte, ouvrirait la voie à bien des alternatives politiques qui permettraient d’offrir aux prolos de passer du Blue collar au Green collar……
    En attendant, déjà, L’Atelier du monde, parce qu’il a été le premier et durement touché est en train de se mettre en ordre de bataille pour refournir au monde sonné par la crise ses milliards de marchandises…
    Bon, tout ça, c’est du commentaire de confiné, hein….

  64. E-anonyme
    30/03/2020 à 17:45 | #64

    Bonjour
    Je me permets une nouvelle fois d’intervenir même si mon commentaire n’est pas dans la ligne de discussion
    Pour l’instant il n’y a pas de tests sérologiques fiables qui permettraient de savoir qui a été en contact avec le virus (pas immunisé car l’immunité anti-virale est principalement une immunoglobuline été cellulaire). Les seuls tests sont la PCR qui mesure le portage viral.
    Les USA et I Pasteur sont en train de développer un test fiable pas encore commercialisé, en Chine et ailleurs, fleurissent des tests non approuvés par les autorités sanitaires : le marché est juteux !
    @Anne 0’Neem

  65. E-anonyme
    30/03/2020 à 17:54 | #65

    Concernant la thérapeutique appliquée à l’IHU du Pr Raoult
    En effet les 2 études publiées (sur 26 et sur 80 personnes) ne font pas la preuve de l’efficacité du traitement selon la médecine scientifique. On peut seulement comparer les taux de mortalité des malades à l’IHU avec le reste de la France (aujourd’hui taux de létalité de 0,0008% à l’IHU).
    Raoult est partisan de l’absence de méthode (il encense Feyerabend), ce qui fait rugir tous les épidémiologistes (dont les plus critiques de la médecine officielle), mais il n’est pas complètement indépendant : l’INSRM et le CNRS ne financent pas son institut, donc il a créé une fondation qui est alimentée par des fonds américains divers.
    Il connaît bien évidemment son domaine mais se permet de donner son avis sur tout, en général enracinant des fadaises!
    Malgré tout on ne peut que lui reconnaître du courage et de l’indépendance d’esprit.

    @Ah no Nîmes

  66. pepe
    31/03/2020 à 09:55 | #66

    Même si la polémique sur la chloroquine a une importance marginale sur ce fil d’échange, elle est quand même difficilement contournable.
    Alors, dans ce contexte, hors point de vue théorique, une petite vidéo personnelle envoyée par un chercheur du CNRS:
    https://youtu.be/Bm-GJ4PF9ts

  67. FD
    02/04/2020 à 10:58 | #67

    Ayant lu avec un peu de retard le texte de Chuang, Contagion sociale, et les com-mentaires qu’il a suscités, je réponds ici à l’intervention de R.S., en date du 23 mars, dont j’extrais ces quelques lignes : « Les analyses sur le virus et son histoire, la Chine, les chaînes de la valeur, la mondialisation, la liaison intrinsèque entre cette épidémie et le dé-veloppement du mode de production capitaliste sont on ne peut plus intéressantes et justes. Mais c’est le point de vue de Sirius. Il faudrait avoir une vision “politique” immé-diate, là où les choses existent, c’est-à-dire dans les relations entre les classes, leur distinc-tion, dans ce qui est directement vécu. »
    On a ici un jugement en deux thèses, reliées par une formule perfide sur le « point de vue de Sirius ». Thèse 1 : « ces analyses [en fait, d’abord celle de Chuang] sont inté-ressantes et justes, MAIS … » En quoi l’analyse de Chuang est-elle juste ? On n’en saura rien ou presque ! Thèse 2 : « il faudrait avoir une vision “politique” immédiate, là où les choses existent, etc ». Cette vision au conditionnel, confinement oblige, n’est « politique » qu’entre guillemets, car RS n’est pas activiste. (Moi non plus, d’ailleurs.) Quant à l’immédiateté, elle n’exclut certes pas pour lui la médiation du concept, qui seul peut saisir « les relations des classes et leur distinction » au cœur même du vécu – seulement la mé-diation du mystérieux « Sirius ».
    Dans cette vision immédiate à produire, tout le travail théorique passé et à venir de TC est en fait engagé. C’est parce que TC a construit le cycle d’accumulation et de luttes qui s’achève comme portant à son terme la destruction immédiate, sans transition, du rap-port d’exploitation capitaliste qu’il a besoin, dans le moment critique actuel, d’une vision « politiquement » active. Dans ce cadre théorique, tout se passe comme s’il fallait voir les « choses », càd les signes que ça change dans la lutte des classes, avant de les voir. Donc il faut maintenant à TC une « vision politique immédiate » de « l’énorme clivage social » qui se produit dans le confinement et qui doit très vite déboucher au moins sur la prolifé-ration de luttes s’écartant de la limite fondamentale de la défense de la condition proléta-rienne.
    Je n’insiste pas là dessus. D’une part, même si je doute qu’on aille nécessairement vers un mouvement communisateur, je ne mets pas en cause dans ses fondements la théo-rie de la communisation produite par TC. D’autre part, même si j’espère qu’on est en train de sortir de la séquence particulière des luttes interclassistes et plus ou moins nationalistes où l’écart ne proliférait guère, ce n’est pas la question que je discute ici. Une ouverture théorique a été faite par le texte de Chuang, sur le rapport capital / nature ; elle a été refu-sée par TC comme venant de Sirius ! Ce refus est d’autant moins fondé qu’il n’y a aucun risque de dérive théorique : il s’agit bien pour Chuang du rapport capital / nature – non du rapport homme / nature, ce qui nous ramènerait à « l’errance de l’humanité » selon Ca-matte. De toute façon, puisque le développement des forces productives, comme proces-sus cumulatif, ne commence vraiment qu’avec le mpc, c’est-à-dire avec la production con-tinue de survaleur, et puisque la subsomption réelle du travail sous le capital implique la subsomption réelle du milieu naturel, la reproduction du rapport d’exploitation capitaliste tend à détruire dans le même mouvement le travailleur collectif qui produit et fait circuler toute la marchandise avec sa survaleur, et la base de la vie humaine, la bio-sphère avec son climat.
    Maintenant, que dit au fond Chuang ? Tout d’abord, le texte établit effectivement une « liaison intrinsèque entre l’épidémie et le développement du mpc », comme le note RS, mais dans le cadre d’une interrogation générale sur le rapport capital / nature en sub-somption réelle et du travail et de la nature ; et cela, RS ne le dit pas. Ensuite, il montre pourquoi et comment la production capitaliste de survaleur est nécessairement production de catastrophes (épidémies, famines, inondations ou sécheresses, etc) qui n’ont en réalité rien de naturel et vont proliférer. Enfin, il examine les limites de la contre-insurrection préventive en Chine et notamment la difficulté qu’il y a pour l’État chinois à combiner production et confinement. Il me semble qu’aucun de ces développements n’est produit du point de vue de Sirius, mais sans doute Chuang, ne considérant pas le moment actuel comme celui de la rupture communisatrice imminente, apparaît-il à RS comme un groupe communiste contemplatif ?
    Pour revenir à son intervention, je ne vois pas en quoi la recherche d’une vision po-litique immédiate du clivage qu’on suppose en train de s’opérer entre les confineurs et les confinés – qui doivent tout de même, pour une large part, aller trimer – empêcherait de s’interroger sur le rapport capital / nature. Ceci, bien sûr, à condition de ne pas rejeter a priori la question. Puisque le vivant, est réellement subsumé sous le capital qui détruit constamment le milieu naturel et puisqu’une crise économique majeure, où le prolétariat est déjà confronté à l’attaque brutale et massive de la classe capitaliste en tous ses États et blocs, peut se produire sous l’allure d’une épidémie, déterminant ainsi une conjoncture très spéciale, ne faut-il pas, comme nous y invite Chuang, intégrer la question écologique au problème de la communisation ?
    Je précise tout de suite que l’écologisme est, pour moi comme pour RS, « la pollu-tion de la théorie révolutionnaire », càd que la destruction continue du milieu naturel par la production capitaliste n’est pas la contradiction du mpc, qui reste l’exploitation de classe, articulée à la division de genre. Qu’il ne s’agit absolument pas de polémiquer avec les écologistes, mais de reconnaître la gravité de la crise écologique globale, au point qu’elle a déjà atteint – et ce n’est pas peu dire. Que la question écologique pourrait être sans danger intégrée à la problématique de la communisation comme question particulière, sur la base même de la critique marxienne de l’économie politique, désobjectivée théoriquement par TC. Enfin, que si la lutte du prolétariat est constamment embarrassée de multiples surdé-terminations, la menace que fait peser à terme le capital sur la vie humaine est une surdé-termination de première importance.
    Dans la chronique du Niveleur du 13 juillet 2019, on apprend que le tiers des pro-testations de masse en Chine sont liées à la pollution de l’environnement : le China Worker Info reprend sans doute une statistique officielle et ne parle pas de l’appartenance de classe des protestataires, mais on peut supposer qu’il y a parmi eux pas mal d’ouvriers. En tout cas – et là je réponds à PP (30 mars) – il n’y aura pas de capitalisme propre : la classe capitaliste peut tout repeindre en vert, toute la merdique production de survaleur, mais ce ne sera que du greenwashing, non une réforme radicale capable de stopper la des-truction tendancielle de la biosphère. L’opposition spectaculaire entre les dirigeants qui reconnaissent et ceux qui nient le changement climatique se réduit à une sinistre blague. Les premiers disent : « nous allons faire semblant d’agir, de toutes nos forces, pour limiter les dégats » ; les seconds répondent : « puisque nous ne pouvons que faire semblant, pourquoi faire encore semblant ? »

    FD

  68. pepe
    02/04/2020 à 11:27 | #68

    Je répond rapidement sur la dernière partie de ton commentaire, le reste demande un peu plus de temps à comprendre et ingérer.
    Tu ne peux pas simplement dire “il n’y aura pas de capitalisme propre” parce que les capitalistes “réformateurs” sont des farceurs.
    Je ne fais pas de la cartomancie mais je crois vraiment qu’on pourrait imaginer un capitalisme 3.0 qui aurait réellement intégré les apports de l’écologie pour ne pas tuer trop rapidement la poule aux oeufs d’or. Comme ils ont par le passé intégré le syndicalisme ou le féminisme et autres idéologies issues de la lutte de classes. Et je crois que la Chine le démontre depuis quelques temps, qui essaye d’être le parangon de ce nouveau capitalisme. Et pas seulement par Greenwashing: s’il faut vendre des cocktails molotov pour faire du profit, ils vendront des cocktails molotov à bas prix, et décoré de l’image de Che Gevara s’il le faut!!

  69. QuiVousSavez
    02/04/2020 à 12:44 | #69

    sans me mêler de cette discussion FD-RS interne au “courant communisateur”, copie d’une note de bas de page de mon dernier épisode, dans la mesure où elle permet de clarifier encore les accords et désaccords entre “nous”

    XVIII. LA VIE RUSE CONTRE LE VIRUS
    et la norme révolutionnaire prolétarienne
    http://patlotch.forumactif.com/t232-theorie-radicale-par-temps-de-coronavirus#3184

    le commentaire de #67 FD est un des premiers a faire substantiellement de la théorie… depuis mon départ. Ce texte ne sort pas de la thèse communisatrice, mais veut « intégrer la question écologique au problème de la communisation […] comme question particulière, sur la base même de la critique marxienne de l’économie politique » (le stade où j’en étais en janvier 2014 avec ma rupture), car « la menace fait peser à terme le capital sur la vie humaine est une surdé-termination de première importance ». FD ajoute plus haut qu’« il n’y a aucun risque de dérive théorique : il s’agit bien pour Chuang du rapport capital / nature – non du rapport homme / nature, ce qui nous ramènerait à « l’errance de l’humanité » selon Camatte ». C’est aussi ce que je pense en restant dans le cadre de la théorie de la communisation (d’où mes interventions limitées chez dndf soulignant ses contradictions et limites propres), et quant à Camatte, disons que soit je ne l’ai pas compris ainsi, soit je n’utilise pas ainsi son œuvre et particulièrement le concept d’Inversion, dont cet épisode tire la nécessité d’une veille sur la ‘dynamique d’écarts à l’inversion’,- expression que je forge dans la conjoncture présente -, plutôt qu’une « dynamique d’écart à l’intérieur de la limite », en termes de confrontation de classe aboutissant à la révolution communiste (Théorie de la communisation selon TC)

    par ailleurs et pour info, comme un tournant dans mon suivi, expliqué ici :
    http://patlotch.forumactif.com/t234-editoriaux-et-plan-du-journal-critique-de-la-crise#3181

  70. Anonyme
    02/04/2020 à 15:15 | #70

    @pepe
    Je ne dis pas : les capitalistes qui prétendent freiner le changement climatique sont des farceurs, mais : l’opposition des capitalistes réformateurs aux capitalistes négateurs du changement climatique est une farce. Autrement dit, des deux côtés on a des dirigeants parfaitement incapables de réformer réellement le capitalisme de sorte qu’ils n’aient plus trop à s’inquiéter de la capacité du milieu naturel vivant à reproduire ses conditions d’équilibre.
    Maintenant, on peut toujours imaginer un capitalisme intégrant toutes les idéologies sous lesquelles, à un moment ou un autre, s’est développé un mouvement de protestation sociale, qu’il s’agisse du mouvement ouvrier de l’époque de l’affirmation de la classe ou du mouvement des femmes 2° génération qui s’est arrêté au bord de la mise en cause de la division de genre. Tant qu’il ne s’agit que d’intégrer une idéologie, ce n’est a priori pas trop difficile – et d’ailleurs l’écologie politique est déjà totalement intégrée. C’est nettement plus difficile s’il s’agit de réformer réellement la production capitaliste, d’en faire une production qui ne détruise pas le milieu dont elle tire ses matières premières, son énergie, toutes les subsistances des travailleurs, et – surtout – la base de la vie humaine, donc aussi bien celle de la classe capitaliste que du prolétariat, pour s’en tenir aux deux classes définitoires du rapport d’exploitation. Ceci dit, si la classe capitaliste en était capable et le faisait, les communistes devraient être les premiers à le reconnaître, ne serait-ce que pour ne pas être en retard d’une contre-révolution, mais nous n’en sommes pas là. Dernier point pour le fun ; si la production de cocktails, qui a toujours été artisanale, devenait capitaliste, ce ne serait plus du green mais du redwashing, donc encore du washing, c’est-à-dire de l’intégration d’idéologie.

  71. Nononyme
    02/04/2020 à 18:59 | #71

    Est-ce que le développement actuel du capitalisme peut prendre un virage écologique ? Pour répondre à cette question il faudrait aussi répondre à une autre question qui lui est directement liée : le capitalisme peut-il cesser d’être une système productiviste ? Puisque le procès de valorisation du capital pousse incessamment à l’augmentation organique du capital constant en rapport avec le capital variable, je vois difficilement comment cette augmentation pourrait se faire sans augmenter la production de marchandises et par conséquent la transformation/destruction de la nature en matirent première… Même la production écologique de produits « naturels » est en augmentation constante et transforme des milieux naturels en moyens de production (terre agricole) ou en matières premières…

    Parmi les contradictions que révèle la pandémie, il y en d’autres qui semblent faire ressortir les limites de la mondialisation telle qu’elle s’est développée depuis la restructuration des années 70/80 mais encore là est-il possible pour le capitalisme actuel de prendre une autre tangente ?

    Par exemple face à la pénurie du matériel médical dont la production fut pour beaucoup de pays délocalisée, certains gouvernements réalisent qu’ils sont maintenant contraint de convertir des usines locales pour produire ce matériel manquant… La délocalisation est l’un des premiers éléments de la restructuration qui permit aux grandes entreprises de baisser la valeur de la main-d’oeuvre et de sortir des contraintes d’une production sur un aire national…

    En lien avec les limites de la délocalisation apparaît aussi les limites de la production en flux tendu qui réduit au maximum le stockage en entrepôt afin de diminuer le coût des immobilisations… Car bien entendu l’une des causes de la pénurie du matériel médical c’est le manque de stock entreposé…

    Enfin la mondialisation de la production fut aussi la mondialisation de la main-d’oeuvre… Cette limite est en train d’apparaître ici au Canada car la production agricole qui dépend en grande partie d’une main-d’oeuvre qui vient de l’Amérique centrale ou du sud se trouve présentement bloqué par la fermeture des frontières et des aéroports… Le gouvernement fait des pieds et des mains pour régler la situation mais que peut-il faire sinon offrir des primes avantageuses aux gens qui sont présentement au chômage forcé mais qui pourrait quitter à tout moment lorsque la crise pandémique sera une histoire passée…

    Il n’est pas facile de prévoir les changements qui s’en viennent mais il évident que ces changements n’iront pas à l’encontre des fondements du capitalisme… à moins que ce soi un changement révolutionnaire !

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