« ABJECTION ET ABSTRACTION »
Texte que l’on retrouve partiellement dans la préface du livre “Logique du genre”
ENTRETIEN AVEC MAYA GONZALEZ ET JEANNE NETON
- Votre texte, « La logique du genre » a été très influent parmi les féministes et plus particulièrement les féministes marxistes. Est-ce que vous pourriez nous dire quelques mots sur les motivations qui vous ont poussées à l’écrire et sur les projets théoriques qui ont conduit à vos recherches actuelles ?
Nous avons commencé à travailler sur « La logique du genre » à la fin de l’année 2011. Au sein du petit milieu marxiste qu’on appelle communément la « théorie de la communisation », et auquel nous appartenons, le genre a rarement constitué un sujet de discussion. Et aujourd’hui encore, dans ces cercles largement influencés par l’ultragauche historique — même lorsqu’ils prennent leur distance avec cet héritage — la question du genre est tenue pour étrangère au marxisme, quand elle n’est pas tout simplement considérée comme une distraction des vraies questions que sont les classes, l’économie, etc. Cette situation a changé lorsque le groupe français Théorie Communiste (TC), très influent dans ce milieu, a publié, en 2010, le texte « Distinction de genres, programmatisme et communisation ». Ce texte, qui a suscité bien des controverses, a placé le genre au centre des débats et est devenu une lecture préalable à toute tentative de comprendre le mode de production capitaliste et les lois de son mouvement. Pour nous deux, en tant que personnes qui s’identifient comme femmes (une petite minorité dans ce milieu à l’époque) ça a été un véritable soulagement. Bien que nous ayons nos propres désaccords avec le texte, il a ouvert la voie et a mis le genre au premier plan de toute discussion théorique au sein de notre cercle communiste.
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