(Re)lecture de circonstance
sur la page facebook de Prada Meinhof
(Re)lecture de circonstance :
“Dans la crise de la société salariale, les luttes qui se déroulent autour de la distribution désigne l’État comme le responsable de l’injustice. Cet État, c’est l’État dénationalisé, traversé par et agent de la mondialisation.
La citoyenneté devient alors l’idéologie sous laquelle est menée la lutte des classes, nous voyons partout des drapeaux. Dans la « période fordiste », l’État était en outre devenu « la clé du bien-être », c’est cette citoyenneté qui a foutu le camp dans la restructuration des années 1970 et 1980. Si la citoyenneté est une abstraction, elle réfère à des contenus bien concrets : plein emploi, famille nucléaire, ordre-proximité-sécurité, hétérosexualité, travail, nation. C’est autour de ces thèmes que dans la crise de la société salariale se reconstruisent idéologiquement les conflits de classes. […]
En tant qu’idéologique, la citoyenneté nationale répond au problème réel de son époque : la crise du rapport salarial devenue crise de la société salariale, la crise de l’État dénationalisé, l’opposition irréductible entre les gagnants et les perdants de la mondialisation. Mais le recours à la citoyenneté nationale est alors l’aveu même dans les luttes sur la base et à l’intérieur de la société salariale que ces luttes opèrent sous une idéologie. D’une part, la citoyenneté nationale répond au problème réel de la crise de la société salariale ; d’autre part, elle ne lui correspond pas, car elle la traite de façon « inauthentique » comme représentation d’autre chose : la perte des valeurs, la décomposition de la famille, l’identité nationale, la communauté du travail. C’est-à-dire qu’elle ne répond qu’à ses propres questions. […]
La mondialisation et la dénationalisation de l’État créent de vastes territoires périphériques et exclus des processus économiques majeurs. A l’automne 2013, c’est ce sentiment d’exclusion territoriale qui a fédéré la révolte bretonne, dite des « bonnets rouges », contre l’écotaxe et les fermetures d’entreprises. […] Dans la reconstruction idéologique des conflits, le local est au carrefour de plusieurs autres déterminations dont il sera question plus loin : il rassemble le « peuple authentique » contre les élites, les « intellos », ce qui est étranger, ceux qui profitent du système social et des impôts des autres. Dans ce type de révolte, le sentiment d’abandon des zones rurales et péri-urbaines, face à l’hégémonie des métropoles met en cause la légitimité de l’État dénationalisé, il rejoint « l’exaspération contre la pression fiscale » et le « carcan réglementaire » sous la volonté générale de mettre fin au « dumping social » et de « conserver l’emploi au pays ».”
– TC, “Une séquence particulière”, n°25.
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