Afrique du Sud: l’ANC dénonce la violence des manifestants anti-pauvreté
L e parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), a “vivement” dénoncé jeudi les violences perpétrées cette semaine par des manifestants qui protestaient contre la pauvreté et l’absence de services publics décents.
Dans un communiqué, “l’ANC condamne vivement tous les actes criminels sous forme de violence contre les étrangers, les destructions de bâtiments publics et privés, et le pillage de magasins dans certaines régions, sous prétexte de dénoncer les services publics”.[print_link]
Cependant, le parti au pouvoir depuis la fin du régime ségrégationniste en 1994 affirme “comprendre l’impact sur les populations du manque de services publics”.
“Nous sommes déterminés à trouver des solutions à tous les problèmes (…). Dans de nombreux cas, le gouvernement a mis en place des programmes pour répondre à ces problèmes”, a encore assuré l’ANC, qui a annoncé la visite prochaine du ministre du Gouvernement local, Sicelo Shiceka, dans les quartiers touchés par les violences de ces derniers jours.
Des émeutes ont éclaté en début de semaine dans des townships près de Johannesburg et dans le nord-est du pays pour réclamer des logements décents et dénoncer des services publics moribonds, notamment le manque d’électricité et d’accès à l’eau. Des magasins ont été pillés, des bâtiments brûlés et des voitures endommagées.
Les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises pour disperser les manifestants avec des balles en caoutchouc. Quelque 200 personnes ont été arrêtées, et une centaine ont depuis été relâchées, selon la police.
Jeudi, la situation était calme dans le pays, selon des sources concordantes. A Balfour, ville située à 80 km au sud-est de Johannesburg et où les incidents ont été parmi les plus violents, des policiers patrouillaient dans les rues du township de Siyathemba, jonchées de pierres, de pylônes et de débris de verre, a constaté une journaliste de l’AFP.
A Durban (nord-est), aucun incident n’a été signalé jeudi. La veille, deux supermarchés avaient été pillés par une centaine de personnes, principalement des personnes âgées.
“Elles ont simplement mangé dans les supermarchés parce qu’elles avaient faim. Ce ne sont pas des criminels”, a affirmé à l’AFP Nozipho Mteshane, qui a organisé cette action.
Les manifestations de cette semaine ont éclaté deux mois après la prise de fonction du président Jacob Zuma, élu début mai avec un programme axé sur la lutte contre la pauvreté.
Quinze ans après la fin du régime ségrégationniste, plus d’un million de familles vivent toujours dans des bidonvilles, contre 4 millions pendant l’apartheid. Environ 43% des Sud-Africains se débrouillent actuellement avec moins de 2 dollars par jour, et près de 40% de la population active est au chômage. La misère devrait encore s’accentuer avec la récession économique qui frappe l’Afrique du Sud, première puissance économique du continent.
AFP 23.07.09 | 15h48
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