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Le salaire, première source d’insatisfaction au travail

Ce n’est pas de leurs conditions de travail ou de la précarité de leur situation professionnelle que souffrent le plus les Français, mais de la faiblesse de leur salaire. Selon une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), menée en 2007 et publiée ce mois-ci, dans les entreprises de plus de dix salariés du secteur marchand, 55 % des personnes interrogées sont “plutôt insatisfaites” du montant inscrit en bas de leur fiche de paie.
Cette insatisfaction a augmenté depuis le début du siècle. Dans une précédente étude, réalisée en 2000 par l’Insee, plus de 10 % des hommes et des femmes interrogés s’estimaient alors “plutôt bien” ou “très bien payés” et 48 % des femmes ainsi que 45,9 % des hommes considéraient être “normalement payés”. Sept ans plus tard, le nombre de personnes satisfaites de ce qu’elles gagnent a reculé : invités à noter sur 10 leur salaire, 46 % des hommes et 43 % des femmes ont donné une note positive (entre 6 et 10). L’insatisfaction des secondes s’est sensiblement accentuée.

“LES FEMMES ONT INTÉRIORISÉ LES ÉCARTS DE SALAIRES”

Aux questions “Votre salaire correspond-il à votre expérience professionnelle ? A votre niveau d’étude ?”, l’écart entre hommes et femmes est peu marqué. “Paradoxalement, ce serait même les hommes, pourtant mieux payés, qui trouveraient normal de percevoir un salaire légèrement plus élevé . Les femmes ont donc intériorisé les écarts de salaires au point de les inclure dans l’appréciation du salaire qu’elles trouveraient normal de percevoir”, explique l’Insee.

L’expérience professionnelle est le premier point, qui selon 63 % salariés, n’est pas suffisamment prise en compte dans l’établissement de leur salaire. 31 % des salariés estiment également que leur rémunération est “plutôt faible étant donné leur niveau d’études”. Ce défaut de reconnaissance est exprimé “plus fortement” par les salariés les plus diplômés. Par ailleurs, bien que les plus jeunes actifs aient des salaires globalement plus faibles que leurs aînés, “l’âge n’influe pas significativement sur l’écart entre salaire jugé normal et salaire réel, en particulier à l’embauche”, précise l’institut.

330 EUROS D’ÉCART ENTRE LE SALAIRE PERÇU ET CELUI JUGÉ NORMAL

Toujours selon l’Insee, les écarts de salaires les plus notables concernent quelques catégories, les diplômés de certaines spécialités “comme la communication et le journalisme, les disciplines artistiques et littéraires ou le transport, trouveraient normal de gagner nettement plus”, à diplôme égal.

50 % des salariés évaluent à 330 euros mensuels l’écart entre le salaire perçu et celui jugé normal. Pour estimer ce dernier, les salariés prennent pour référence leur propre salaire ou ceux de personnes proches. “L’appréciation subjective de sa place dans la hiérarchie salariale est considérable : si l’on croit être dans le tiers le mieux payé des salariés, on jugera normal un salaire de 7 % plus faible que si l’on croit se situer dans le tiers le moins bien payé”, conclut l’institut.

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  1. Patlotch
    09/12/2009 à 14:12 | #1

    J’ai lu hier à ce propos, dans la feuille gratuite “Métro”, une interview du chercheur Guy Groux, “spécialiste des syndicats” au CNRS CEVIPOF, qui parlait du retour de la revendication salariale…

    Il faut souligner que cette enquête, dont ressort le salaire comme première insatisfaction des salariés, porte sur l’année 2007, donc avant la crise…

  2. Patlotch
    18/12/2009 à 13:05 | #2

    Intéressant

    “Fonction publique : le sondage Ifop pour Accenture et “Les Echos”. Selon cette enquête Ifop, les fonctionnaires contestent la mise en oeuvre pratique de la réorganisation des services de l’Etat. ”

    > http://www.lesechos.fr/medias/2009/1209//300395707.pdf

    L’article qui va avec

    “Réforme de l’Etat : les agents de plus en plus sceptiques
    [ 09/12/09 ]

    Selon une enquête Ifop, les fonctionnaires contestent la mise en oeuvre pratique de la réorganisation des services de l’Etat.
    Le malaise s’accentue chez les agents au fur et à mesure que l’Etat déploie la réforme de la fonction publique. Selon un sondage mené par l’Ifop auprès de 800 fonctionnaires de l’Etat et des collectivités territoriales pour « Les Echos » et Accenture, qui sera présenté aujourd’hui lors du XIe forum Gestion publique, 45 % d’entre eux jugent « mauvaise » l’évolution globale de la fonction publique. C’est 2 points de plus que l’an passé, et 8 de plus qu’en 2007. Ils ne sont pourtant pas, contrairement aux idées reçues, fondamentalement opposés aux évolutions : 64 % jugent « indispensable » de réformer l’Etat et ils sont même largement favorables à un système de promotion prenant plus en compte le mérite individuel et non l’ancienneté, ainsi qu’à l’essor de la mobilité (69 % se disent prêts à changer d’administration ou de métier), deux grands chantiers lancés ces dernières années. Alors que le gouvernement va accélérer en 2010 la mise en place de l’intéressement et des primes individu elles, le scepticisme gagne toutefois sur le bien-fondé de cette rémunération au mérite : 43 % sont favorables, soit une baisse de 6 points en un an.

    Impact critiqué
    Le coeur du malaise réside dans les conditions de mise en oeuvre de la réforme de l’Etat : les agents ont le sentiment d’être mis à l’écart du processus engagé depuis plus de deux ans et expriment une inquiétante défiance. Ils s’estiment encore mal informés sur la révision générale des politiques publiques (88 %) et seuls 16 % disent être associés aux réflexions autour des réorganisations en cours, qui touchent pourtant les deux tiers d’entre eux. Quand elles ont déjà eu lieu, les agents en critiquent l’impact. Ils y ressentent une surcharge de travail (80 %) sans en percevoir l’intérêt : seul un quart d’entre eux estiment que le service en ressort amélioré ou encore que leur travail y a gagné en intérêt. Dans ce contexte, le sentiment d’« inquiétude » atteint un niveau alarmant (elle est ressentie par 72 % des agents, + 10 points en deux ans), y compris chez les fonctionnaires de catégorie A, tandis que les agents ne sont plus que 5 % à aborder la réforme avec « confiance » (- 11 points en deux ans) et 32 % à la soutenir en l’état actuel.

    Enfin, s’ils restent à titre individuel encore satisfaits de leur situation à 58 %, les fonctionnaires n’en sont pas moins pessimistes (63 %) quant à leur avenir. Dans l’immédiat, ils attendent en priorité une revalorisation de leur pouvoir d’achat (91 %) et les trois quarts sont prêts à faire des heures supplémentaires à cet effet. A ce sentiment de ne pas être pris en considération par leur employeur s’ajoute celui d’être injustement mal aimé des usagers : les agents ont à 77 % une bonne image d’eux-mêmes mais estiment qu’elle n’est partagée que par 28 % des Français.

    D. P., Les Echos

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