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En Chine, le syndicat officiel bientôt (un peu plus) indépendant


En Chine, défendre les intérêts des travailleurs n’est vraiment dans les habitudes de la Fédération des Syndicats de Toute la Chine (ACFTU).
Emanation du parti communiste, cette organisation, très présente dans les entreprises chinoises, a plutôt pour mission de maintenir la stabilité sociale, d’encourager les travailleurs à travailler plus ou d’organiser des activités et des sorties.[print_link]

Mais le troisième amendement de la loi sur les syndicats, actuellement dans les cartons du gouvernement chinois, pourrait bien donner un peu de souffle aux travailleurs de l’atelier du monde en assurant un minimum d’indépendance à l’organisation.

Pour le moment, les leaders syndicaux sont désignés par le parti communiste, payés par les entreprises dans lesquelles ils officient, et ils sont pour beaucoup sont des membres du parti communiste, voire des comités de direction des entreprises dont ils sont censés défendre les travailleurs.

Par exemple, à l’usine Honda de Foshan, touchée par un mouvement de grève en mai, les représentants syndicaux étaient le directeur de l’usine et d’autres cadres dirigeants.

Mais le système devrait bientôt évoluer. Selon Liu Jichen, directeur du département juridique de l’organisation, il est prévu de changer le mode de rémunération des leaders syndicaux, et de permettre leur élection par la base des travailleurs.

Les leaders syndicaux pourraient donc bientôt être payés directement par l’ACFTU, et choisis par les travailleurs dans un processus de “gestion démocratique” des syndicats au niveau local.

Un système de “négociation collective” des salaires entre la direction et les employés pourrait être étendu à tout le pays.

Préserver la stabilité sociale

Ce projet de réforme intervient à la suite des nombreuses grèves qui ont frappé le pays depuis le début de l’année, qui ont fortement augmenté la défiance des travailleurs vis-à-vis du syndicat officiel.

En effet, loin de mener le mouvement, l’organisation s’est souvent montrée répressive, et l’on a rapporté plusieurs cas de grévistes battus par des membres du syndicats.

“L’ACFTU fait une concession à la force de travail car elle craint une escalade des mouvements sociaux”, analyse dans le South China Morning Post Geoffrey Crothal, porte-parole du China Labour bulletin, une association pour les droits des travailleurs basée à Hong Kong.

Il s’agit de “contenir la pression interne et externe, et les critiques virulentes contre la FSTC”, commente pour sa part Apo Leong, consultant de l’Asia Monitor Ressource Center, une autre organisation de défense des travailleurs.

Pourtant, malgré ces concessions, il est fortement improbable de voir prochainement l’émergence d’un syndicat pouvant véritablement jouer son rôle.

Le parti prévoit en effet de garder le syndicat sous son contrôle. “Même avec l’élection directe (des leaders syndicaux, ndlr), aucun autre mode de fonctionnement que l’actuel, où la base est menée par les autorités supérieures, ne sera autorisé”, à précisé Liu Jichen.

Pour le gouvernement, ces mesures ne sont donc qu’une tentative de préserver la stabilité sociale en faisant baisser la pression venue des usines. Mais elles représentent aussi un véritable pas en arrière, et une victoire pour les ouvriers chinois, pour qui les grèves de cette année auront décidément été payantes.

le 23/8/2010 à 12h49  par Benoît Guivellic (Aujourd’hui la Chine)

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