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Lettre de Grèce

Un camarade du blog « Communisation » nous a fait parvenir ce texte
Le texte anglais à la suite de la traduction

Lettre sur le référendum

Le propos de cette lettre est de fournir certaines informations et un aperçu des événements qui ont lieu ici en Grèce au cours des derniers jours, en particulier après l’annonce du référendum, qui à bien des égards a déclenché des processus sociaux qui conservent en effet un caractère de nouveauté qui ne devrait pas faiblir rapidement. Ce qui résume le mieux cette nouveauté est l’émergence de la polarisation entre les pro-UE et anti-UE qui n’est jamais apparu aussi clairement; cela ne signifie pas cependant que ces deux pôles ne sont pas eux-mêmes médiés. Pour accéder au cadre théorique qui sous-tend le point de vue de cette lettre, qui est nécessairement d’un caractère théorique limité en raison du manque de temps, nous proposons au lecteur de jeter un coup d’oeil à notre texte précédent sur SYRIZA qui peut être trouvé ici.

* Paraphrasant les paroles d’un camarade ici, nous pourrions dire que le référendum est le point ultime des illusions du cycle de luttes antérieur, la plupart des personnes pensant que SYRIZA avait eut sa victoire par la défaite; c’est le point de suraccumulation d’une dialectique de la lutte qui se déplaçait dans et autour de l’Etat, sans le critiquer radicalement.

*L’anti- mémorandum a fait un pas clair en vue de devenir anti-europe. De façon empirique, presque toutes les conversations quotidiennes portent maintenant sur ce qui est en jeu, à savoir si la Grèce restera dans la zone euro ou non. Et, par extension, s’il y a encore un avenir à l’intérieur de l’UE. Tout le monde se sent obligé de répondre aux questions ici et maintenant; c’est la continuation de l’état d’urgence des années précédentes sous une forme individualisée. Dans chaque lieu de travail, dans chaque salle à manger, au café ou un arrêt de bus, on peut discerner les traces d’une attitude quotidienne qui est « maintenant c’est l’heure et le lieu de décider de« notre avenir », malgré le fait que, en réalité, cela n’a jamais été une question de décision « du peuple »: comme pour le fait d’entrer dans la CEE en 1979, aucun vote ne décidera de l’avenir de la formation sociale capitaliste greque. « La crise des dictatures: Portugal, Grèce, Espagne » de Poulantzas peut encore fournir un aperçu utile des forces sociales qui ont produit la chute de la junte en Grèce en 1974 et restauré l’accord d’association avec la CEE en 1979 cinq ans après. Et c’est de forces sociales, de blocs capitalistes interclassistes, que l’on devrait parler, même maintenant. Sous une forme condensée, le OUI au référendum est l’expression politique du capital social le plus avancé qui a le plus bénéficié de l’euro et l’imposition successive des mémorandums toutes ces années -et bien sûr qui ne se sent pas menacé par l’extension de l’austérité; d’autre part, le NON est étroitement lié au capital social qui a été le plus dévalué toutes ces années -et qui, bien sûr, ne veut pas entendre un mot des mémorandums(1)

*Les avancées de la « latino-américanisation ».

Les tactiques de l’actuel gouvernement de coalition gauche / extrême-droite a prouvé sa particularité dans la façon dont, en enflammant la relation entre l’État et la société civile, du point de vue de l’Etat, en imposant soudain le référendum, il a mis en avant les contradictions plus ou moins latentes depuis maintenant cinq ans et exhorté les forces sociales respectives à prendre forme(2). Car, comment peut-on être à la fois anti-austérité et pro-euro(3)? Comment peut-on voter pour SYRIZA aux élections de 2015 pour négocier dur avec la troïka et après un moment retirer ses dépôts bancaires à chaque fois que la négociation devient vraiment dure? Combien de temps l’énorme petite-bourgeoisie, par rapport à la moyenne de la zone euro, grecque –à la fois vieille et nouvelle – imposera des obstacles irréductibles au processus de restructuration capitaliste(4) et interdira les contrôles de capitaux, les jours fériés bancaires, la coupe des dépôts bancaires -brièvement, le scénario chypriote – au nom du coût politique? Seule une nostalgie de gauche ahistorique reste aveugle au fait que cette tactique est mise en œuvre par le biais des instruments de coupe néolibérales de pointe: en transférant la responsabilité de la décision sur chaque citoyen et en aucun cas par un organe qui pourrait soutenir la formation d’une identité collective.

* SYRIZA continue sans relâche à se présenter comme le fer de lance des mouvements contemporains et, par extension, à concevoir des révolutions réalistes; et bien sûr, le fait d’être soutenu par l’appareil d’Etat a donné beaucoup plus de crédit à cette affirmation que la véritable progéniture de régimes capitalistes de la gauche latino-américaine(5). Accuser SYRIZA de « récupération des mouvements » est une réponse à une mauvaise question. Internet et les structures de solidarité ne sont pas un mélange accidentel(6); c’est la façon de pointer vers une sphère publique / politique au-delà de l’Etat et de représenter le terrain privilégié des mouvements sociaux comme si la démocratie, y compris directe, et la valeur d’usage n’avaient rien à voir avec l’Etat et le capitalisme. En plus de cela, à ma connaissance, c‘est la première fois que les comptes facebook et les hashtags de tweeter apparaissent comme les agents exclusifs appelant à participer à des procédures démocratiques formelles. Plus que quoi que ce soit d’autre, cela indique une similitude entre le contemporain démocratique formel et l’internet, les médias sociaux publics, les sphères politiques.

*SYRIZA s’est définitivement préparé pour un recours à une procédure de référendum « au cas où les choses empireraient » avant même les élections de 2015 et, dans ce contexte, personne ne devrait sous-estimer le fait que, depuis le début, de nombreux mouvementistes expérimentés venus du spectre de toute la gauche politique (milieu antiautoritaire inclus) ont été nommés à des postes gouvernementaux élevés afin précisément de faire face à des turbulences sociales possibles plus élevées. Mis à part le fait que depuis maintenant cinq mois SYRIZA s’est principalement efforcé de consolider sa position à l’intérieur de l’appareil d’Etat nouvellement remporté et de répondre aux besoins de certaines sections du capital -surtout celles dont la composition organique est la plus faible, les petites entreprises, les agriculteurs, etc- et la classe ouvrière, la réalité est que SYRIZA a été confronté à de très nombreuses exigences contradictoires (principalement d’autres sections du capital qui voulaient préserver leur taux de profit plus élevé), tandis que les négociations continuaient. Une percée a été nécessaire pour que SYRIZA, comme parti et non dans le cadre d’un gouvernement qui représente les intérêts de la classe bourgeoise en général, puisse faire face aux attentes sociales généralisées et se maintenir au pouvoir quoi qu’il arrive(7). En d’autres termes, en annonçant le référendum, Tsipras a opté pour le soutien de la gauche et la consolidation du parti et non la consolidation de l’Etat comme capitaliste collectif en vertu de l’unité nationale. Ceci est la principale condition pour que SYRIZA puisse survivre aux résultats du référendum quels qu’ils soient(8): aucun sondage ne montre une nette avancée de l’un des votes OUI ou NON(9).

*Alors que la représentation du camp du NON(10) a toujours été sous la médiation du gouvernement SYRIZA et de ses alliés, l’émergence et l’évolution du camp du OUI n’en sont pas moins historiquement importantes pour plusieurs raisons. Après un départ du type appel de facebook, cela a réussi en quelques jours à agréger très rapidement une grande partie de la société civile derrière elle; dans une terminologie différente, cela été le véritable «enracinement» dans le mouvement d’une partie de la classe moyenne, des militaires(11), des églises, des groupes professionnels de haut niveau, de la majorité des grands capitalistes et de leurs alliés des syndicats ouvriers concernés(12). C’est la première fois en Grèce qu’on assiste non seulement à l’expression publique, dans la rue, des sentiments pro-UE, qui ne sont pas bien différents de ceux, antagonistes, des anti-UE, mais aussi à l’explicite organisation et la présence dans la rue des mouvements sociaux de droite. Pour sûr, cela est une particularité de l’histoire de la formation sociale grecque où tout est médiée par la politique et par la division entre gauche et droite. Il est cependant important d’avoir à l’esprit que, jusqu’à présent, les deux camps ne se confrontent nulle part ouvertement(13).

*Avec beaucoup de camarades ici, nous partageons l’idée que ce référendum a déjà prouvé qu’il constituait un tournant pour beaucoup de choses ici; avant toute chose, continuer à vivre sous l’état d’urgence, peu importe comment les fonctionnaires de l’Etat peuvent l’appeler. Ceci est le complément nécessaire à la reproduction du capital en crise politique.

A.

Athènes le 5 juillet 2015

1] Les questions concernant les choix graves d’autres blocs régionaux (Eurasie / Russie, Chine, BRICKS, etc.) sont pour le moment quasiment absente du discours public.

[2] Malgré les affirmations successives de cadres dirigeants de SYRIZA que «le référendum est une partie de la négociation en cours”, nous ne serions pas si sûr que le gouvernement peut contenir, dans le cadre de la négociation, toutes les réactions sociales possibles découlant du «NON» ou du «OUI». Notamment celles relatives à la partie extrême-droite de l’échiquier politique, sur lequel SYRIZA n’a aucune influence, bien que ces forces sont pour le moment toutes alignés derrière le NON.

[3] La grande majorité de la population soutient toujours ici l’euro comme monnaie. Voici un lien vers un sondage qui est représentatif de la vue que ce que l’on appelle l’opinion:

http://news247.gr/eidiseis/politiki/dhmoskophsh-mikro-provadisma-toy-nai-sto-dhmopshfisma-eyrw-theloyn-7-stoys-10-polites.3558558.html.

Ceci est la raison pour laquelle il est tout à fait exact de dire que l’on ne peut identifier respectivement les OUI et les NON avec le soutien à l’euro et le retour à la drachme. Résoudre les contradictions, cependant, ce n’est pas la même chose que leur donner moins de place pour bouger.

[4] On ne doit pas oublier que les mesures d’austérité portant sur le salaire (direct ou indirect y compris les pensions) ont été les premiers à être voté et mis en œuvre. Outre d’autres mesures similaires qui vont encore dévaluer la force de travail, il reste des centaines de mesures à voter et / ou mettre en œuvre qui traitent de la relation générale entre l’État et le marché (par exemple, des boîtes à outils de l’OCDE) et ont à voir avec la relation de plusieurs groupes professionnels avec l’Etat et le niveau général du profit capitaliste. Voilà ce qui est vraiment en jeu quand il est dit que «l’évaluation du précédent programme d’austérité grec par rapport aux mémorandums” n’a jamais été terminé. Un résumé d’un rapport important élaboré par le bureau du budget du parlement grec, dans lequel on peut lire que «les réformes entraînent la transformation sérieuse de l’organisation de l’Etat et de l’économie -le passage d’une société de rente (la société de rentiers) à une société productive dans laquelle les valeurs totalement opposées sont restaurés ” peut être trouvés ici: http://news.in.gr/economy/article/?aid=1231403905.

[5] Il ne faut pas oublier qu’une délégation de cadres de SYRIZA de haut niveau, y compris Tsipras, a visité l’Argentine et le Brésil en Décembre 2012, six mois après que SYRIZA est devenu le principal parti d’opposition en Grèce. Voici un lien utile:
http://www.grreporter.info/en/alexis_tsipras%27s_latin_american_christmas/8453

[6] En signant la première affiche, SYRIZA a défié la loi qui interdit les partis politiques à faire de la propagande pour les référendums en leur nom propre et, dans ce sens, a essayé d’améliorer son profil comme transgresseur de la loi (sic). Il n’y avait pas besoin, cependant, d’ajouter des signatures internet ci-dessous, sauf si cela devait être tout aussi important. En outre, la première affiche a été toujours collées avec les deux autres en soulignant le véritable lien étroit entre les structures dites de solidarité, la culture de la politisation promu à travers les médias sociaux et SYRIZA. Tous sont bien enracinés dans la vie sociale, en particulier dans les grandes villes grecques.

[7] Avec beaucoup de camarades ici, nous convenons que SYRIZA ne ​​reviendra pas à des pourcentages électoraux à un chiffre dans un avenir proche. SYRIZA -par la promotion du référendum et dans un sens “en injectant” radicalisme au monde du travail et de la petite population bourgeoise, qui sont son principal supporters- admet inversement que depuis maintenant cinq mois la dialectique nécessaire entre un parti social-démocrate et le mouvement a été absente. Les tentatives consécutives pour activer à nouveau la place Syntagma, qui a prouvé son succès vendredi 3 juillet lorsque des dizaines de milliers d’individus déterminés se sont réunis pour écouter Tsipras (et les musiciens avant et après son discours), prouve également que parmi les cadres de la SYRIZA et leurs alliés de gauche / anarchistes prévaut cette certaine arrogance qu’ils se considèrent comme des avant-gardes peuvant produire des mouvements sociaux.

[8] Très probablement, le oui ou le non ne gagnera pas le vote avec une majorité claire et les divisions au sein de la formation sociale greque restera très intense le lendemein du référendum. SYRIZA sera appelée à gérer la situation si de nouvelles élections sont annoncés ou non, et comment cela va se produire à moins que le mécanisme de parti, à partir du niveau de la rue au niveau du parlement, ne soit renforcée? En outre, dans tous les cas, il se dégage un énorme problème pour la perspective de l’accumulation capitaliste: dans quelles conditions sociales cela va-t-il aller car les tensions sociales ont atteint un tel niveau et que de nouvelles mesures d’austérité ne vont pas être acceptées facilement? Même dans cette perspective, SYRIZA est plus approprié pour mettre en œuvre la restructuration que les gouvernements de la coalition précédentes de la période 2010-2015.

[9] Voici un lien vers quatre sondages pertinents: http://news247.gr/eidiseis/politiki/dhmopshfisma-ti-deixnoyn-treis-dhmoskophseis.3559652.html.

[10] Bien que l’on ne peut pas en être sûr à 100%, il est de bon sens que, dans les premiers jours après l’annonce du référendum, le NON était plus accepté comm perspective et qu’il pourrait facilement gagner. Dès le lundi 29/06/15, quand les premières files d’attente à l’extérieur des banques ont été formées, le OUI a gagné beaucoup de terrain perdu avec l’aide indispensable de la dure et agressive propagande des médias anti-SYRIZA. Dès la mi-semaine, et après l’énorme vague de menaces par les patrons dans de très nombreux lieux de travail que le NON signifie catastrophe, licenciements, etc, le NON stabilisé son appel en particulier à travers l’attitude de réaction de la classe ouvrière aux menaces des patrons; Pourtant, tout cela n’a conduit à aucune nette avancée du NON. Bien que NON soit très émotionel et se manifeste par des cris de guerre comme «vengeance», «dignité», «tempérer» -il ne faut pas oublier que la haute émotivité est la condition sine qua non de la présupposition de la politisation par médiation sociale derrière la rhétorique anti-troïka, il exprime incontestablement la haine envers les patrons, mais sous une forme cachée. Cette dimension de la classe ouvrière à l’intérieur du bloc de interclassiste est devenue la principale excuse pour tous ces groupes qui favorisent la participation à, et la légitimation du référendum, plus ou moins compris sous le slogan “un NON ne suffit pas”. Il ne faut pas oublier que, selon la Constitution grecque, si la participation tombe en dessous de 40%, le référendum est invalide.

[11] Dans une intervention cruciale pour les affaires publiques, 16 ex-chefs de l’armée (http://www.protothema.gr/politics/article/489979/nai-stin-europi-apo-16-arhigous-geetha-kai-genikon-epiteleion/) et 65 cadres militaires de haut niveau à la retraite (http://www.onalert.gr/default.php?pname=Article&catid=2&art_id=43465) ont promu le OUI au référendum.

[12] Pour la petite histoire, ci-dessous, nous mettons les liens des annonces agressives anti-SYRIZA de la Confédération générale des travailleurs en Grèce (GSEE) et le Centre des travailleurs expatriés employés-de Thessalonique (EKTH.) (Deux de la plus grands syndicats grecs de troisième niveau): http://www.gsee.gr/deltio-tipou-sinedriasi-olomelias-diikisis-gsee-3/ et http://www.seleo.gr/thessalonikh/180587-na-aposyrthei-to-dixastiko-dimopsifisma-leei-to-ekth#.VZjtB-dTxBw respectivement.

[13] Le vendredi 3.7.15, dans au moins six villes grecques moyennes (Trikala, Ioannina, Siteia, Chania, Larisa, Veroia) des petits groupes anarchistes se sont rassemblés sur les places centrales contre des manifestants pro-UE et dans un cas (Ioannina) il y a eut confrontation physique qui a conduit à des arrestations. Nous ne savons pas exactement ce qui est arrivé dans aucun de ces cas. A Assumingly, il a également été enregistré la présence de groupes de gauche, mais à une distance de sécurité. Outre les reconnaissant comme des capitalistes, le slogan principal contre la pro UE-de était de les appeler «descendants de ceux qui ont collaboré avec les Allemands pendant l’occupation de la seconde guerre mondiale” et “fileledes”, une expression qui signifie environ pour “liberalolo “en anglais. Le libéralisme, l’attitude de l’Europe occidentale dominante tolérance et -dans un sens extrapolé- étroitement liée avec elle, l’hégémonie culturelle européenne de gauche, sont la principale raison de tout ce qui se passe, parce que personne ne parle en son nom propre d’être anti ou pro UE. La présence d’au moins un groupe SYRIZA dans les manifs pro-UE de la semaine dernière et la déclaration de soutien de 250 anciens membres du «Rigas Feraios” -ancêtre d’une organisation gauchiste des années 70 qui était la matrice du développement futur de l’eurocommunisme grec et de Synaspismos, de loin le plus grand parti à l’intérieur SYRIZA- est le résultat de cette «détérioration libérale” à l’intérieur de SYRIZA.

LETTER ABOUT THE REFERENDUM

The purpose of this letter is to provide certain information and insight into the events that take place here in Greece in the last few days, especially after the announcement of the referendum, which in many ways sparked off social processes that indeed retain a novel character not to be exhausted soon. This novelty is best summarized in the emergence of the polarization between pro-EU’s and anti-EU’s which has never before appeared in such clarity; this does not mean though that these two poles are not mediated themselves. In order to access the theoretical framework that underlies the viewpoint of this letter, which necessarily is of limited theoretical character due to lack of time, we propose the reader to have a look at our previous text about SYRIZA which can be found here.

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Paraphrasing the words of a comrade here, we could say that the referendum is the explosion point of the illusions of the previous cycle of struggles, many of the subjects of which thought that SYRIZA had been its victory-through-defeat; it is the point of overaccumulation of a dialectics of struggle that moved in and around the state without radically criticizing it.

*

Antimemorandumism has made a clear step towards becoming anti-EUism. From empirical evidence, what forms a considerable part of all everyday conversations is that now what is at stake is whether Greece will remain in the Eurozone or not. And, by extension, whether there is still a future inside the EU. Everyone feels responsible to answer questions here and now; it is the continuation of the state of emergency of the previous years in an individualized form. In every working place, in every dining room, café or bus-stop one can discern the traces of a daily attitude that “now is the time and place to decide for “our future” despite the fact that in reality this has never been an issue of “people’s” decision: like entering the EEC back in 1979, no vote will be let to decide the future of the greek capitalist social formation. Poulantzas’ The crisis of the dictatorships: Portugal, Greece, Spain can still provide a useful insight into the social forces that produced the fall of the junta in Greece in 1974 and restored the 1969 Association Agreement with the EEC after five years. And it is about social forces, interclassist capitalist blocks, that one should talk even now. In a condensed form, YES to referendum is the political expression of the more advanced social capital that has most benefited from the euro and the successive imposition of the memoranda all these years –and of course does not feel threatened by the extension of austerity; on the other hand, NO is strictly connected to the social capital that has been most devalued all these years –and of course does not want to hear a single word about memoranda.

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Latino-americanization advances. The tactics of the present left/far-right movementist coalition government has proved its uniqueness exactly in the way that, by inflaming the dialectics between state and civil society from the part of the state through the sudden imposition of the referendum, it pushes to the fore to the contradictions lying more or less latent five years now and urges the respective social forces to take shape. For, how can one be at the same time anti-austerity and pro-Euro? How can one vote for SYRIZA at 2015 elections to negotiate hard with troika and after a while remove one’s bank deposits every time the negotiation gets really hard? How long will the huge, compared to Eurozone’s average, greek petty bourgeois strata –both old and new- impose unyielding barriers to the process of capitalist restructuring and prohibit capital controls, bank holidays, haircutting bank deposits –briefly, the Cyprus scenario- in the name of political cost? Only an ahistorical leftist nostalgia remains blind to the fact this tactics is implemented through cutting edge neoliberal instruments: by shifting the responsibility of a decision to the individual citizen and by no means to any collective body that could sustain the formation of a collective identity.

*

At the street level, SYRIZA’s used the following three specific posters  (especially the orange one) as propaganda for the referend

SYRIZA relentlessly pursues to present itself as the spearhead of contemporary movements and, by extension, of conceiving of realist revolutions; and of course being backed by the state apparatus has given a lot more credit to this claim as the true offspring of latin-american left capitalist regimes. To charge SYRIZA for “recuperation of the movements” is an answer to a wrong question. Internet and structures of solidarity is not an accidental mixture; it is the way to point to a public/political sphere beyond the state and present it the privileged terrain of the social movements as if democracy, direct one included, and use-value have had nothing to do with state and capitalism. In addition to this, to my knowledge, this is the first time that facebook accounts and tweeter hashtags appear as the exclusive agents calling for participation to formal democratic procedures.  If anything else, this points to a contemporary homology between the formal democratic and the internet/social media public/political spheres.

*

SYRIZA was definitely prepared for a recourse to a referendum procedure “in case things get worse” even before the elections of 2015 and, in this context, no one should underestimate the fact that, from the beginning, many experienced movementists from all the left political spectrum (antiauthoritarian milieu included) were appointed to high governmental positions in order exactly to deal with possible higher social turbulence. Apart from the fact that for five months now SYRIZA mainly strived to consolidate its position inside the newly-grabbed state apparatus and to meet the needs of certain sections of capital –mostly those with the lowest organic composition, small businesses, farmers etc- and the working class, the reality is that it faced very many contradictory demands (mainly from other sections of capital that wanted to safeguard their higher profit rates) while the negotiations kept going on. A breakthrough was needed in order for SYRIZA as a party and not as part of a government that represents the interests of the bourgeois class in general to deal with generalized social expectations and to remain in power whatever it happened. In other words, by announcing the referendum, Tsipras opted for the support of the left wing and the consolidation of the party and not the consolidation of the state as the collective capitalist under national unity. This is the most essential precondition for SYRIZA to be able to survive the results of the referendum whatever they may be: no poll shows a clear lead of any of the YES or NO votes.

*

While the representation of the NO camp has always been under the mediation of the SYRIZA government and its tail-allies, the emergence and evolvement of the YES camp is of no less historical significance for several reasons. After it began as a facebook call, it managed in a few days to aggregate very quickly a large part of civil society behind it; in a different terminology, it has been the true “grassroots” movement from the part of the middle class, the military, the church, high-profile professional groups, the majority of big capitalists and their allies big workers’ unions involved. It is the first time in Greece to witness not only the public/street expression of pro-EU sentiments, which did not fall much short of the antagonistic anti-EU ones, but also the explicit organization and street presence of social movements with a right political sign. For sure, this is a peculiarity of the history of the greek social formation where everything is mediated by politics and the division between left and right. It is important though to have in mind that until now, the two camps nowhere confront each other in open hostility.

*

With many comrades here, we share the assessment that this referendum already proves to be a turning point for a lot of things here; most of all to continue living under state of emergency, however state functionaries may call it. This is the necessary supplement for the reproduction of capital through political crisis.

A.

Athens, 5.7.15

[1] Issues concerning serious choices of other regional blocks (Eurasia/Russia, China, BRICKS etc) are for the moment virtually absent from the public discourse.

[2] Despite the successive claims of high SYRIZA cadres that “the referendum is a part of the ongoing negotiation”, we wouldn’t be so sure that the government can contain in the framework of the negotiation all the possible social reactions stemming from either the “NO” or the “YES” camp. Especially those relating to the far-right part of the political spectrum, on which SYRIZA has no influence although these forces are for the moment all lined up behind NO.

[3] The vast majority of the population here still supports euro for currency. Here is a link to a poll which is representative of the so-called public view about the issue:http://news247.gr/eidiseis/politiki/dhmoskophsh-mikro-provadisma-toy-nai-sto-dhmopshfisma-eyrw-theloyn-7-stoys-10-polites.3558558.html. This is why is quite accurate to say that one cannot identify YES and NO with support to the euro and the return to drachma respectively. Resolving contradictions, though, is not similar to giving them less room to move.

[4] It should not be forgetted that austerity measures dealing with the wage (direct or indirect including pensions) were the first to be voted and implemented. Apart from other similar measures that will further devalue labour power, there remain hundreds of measures to be voted and/or implemented that deal with the general relation between state and market (for example, OECD toolkits) and have to do with the relation of several professional groups with the state and the general level of capitalist profit. This is what is really at stake when it is said that “the evaluation of the previous greek austerity programs/memoranda” never finished. A summary of an important relevant report elaborated by the budget office of the greek parliament, in which one can read that “the reforms entail the serious transformation of the organization of the state and of the economy –the transition from a rent society (society of rentiers) to a productive society in which totally opposing values are restored” can be found here: http://news.in.gr/economy/article/?aid=1231403905.

[5] Let’s not forget that a delegation of high-level SYRIZA cadres, including Tsipras, visited both Argentina and Brazil in December 2012, six  months after SYRIZA became the main opposition party in Greece. Here is a relevant link:

http://www.grreporter.info/en/alexis_tsipras%27s_latin_american_christmas/8453

[6] By signing the first poster, SYRIZA defied the law that forbids political parties to make propaganda for referenda in their own name and, in this sense, tried to add to his profile as law-breaker (sic). There was no need, though, to add internet signatures below, except if this was to be equally important. Additionally, the first poster was always stuck together with the other two underlining the real close connection between the so-called structures of solidarity, the culture of politicization promoted through social media and SYRIZA. All of which are well rooted to the social life especially in big greek cities.

[7] With many comrades here, we agree that SYRIZA will not return to one-digit electoral percentages in the near future. SYRIZA -by promoting the referendum and in a sense “injecting” radicalism to the working and petty bourgeois population, that are its main supporters- inversely admits that for five months now the necessary dialectics between a social democratic party and the movement has been absent. The consecutive attempts to activate Syntagma square again, which proved successful only last Friday 3.7.15 when dozens of thousands of determined individuals gathered to listen to Tsipras (and to musicians before and after his speech), also proves that among SYRIZA cadres and their leftist/anarchist tail-allies prevails a certain arrogance that they themselves as avant-gardes can produce social movements.

[8] Most probably, YES and NO will not win a clear majority vote and the divisions inside the greek social formation will remain very intense the day after the referendum. SYRIZA will be called upon to manage the situation whether new elections will be announced or not and how is this going to happen unless the party mechanism, from the street level to the parliament level, is strengthened? Moreover, in any case, there emerges a huge problem for the prospect of capitalist accumulation: under what social conditions this is going to go on since social tension has reached such a high level and new austerity measures are not going to be accepted easily? Even in this prospect, SYRIZA is more suitable to implement restructuring than the previous coalition governments of the period 2010-2015.

[9] Here is a link to four relevant polls: http://news247.gr/eidiseis/politiki/dhmopshfisma-ti-deixnoyn-treis-dhmoskophseis.3559652.html.

[10] Although one cannot be 100% sure, there is the sense that, in the first days after the announcement of the referendum, NO was more accepted as a prospect and that it would easily win. From Monday 29.6.15 on, when the first queues outside the banks were formed, YES gained much of the lost ground with the indispensable aid of the harsh and aggressive anti-SYRIZA media propaganda. From mid-week on, and after the huge wave of threats by bosses in very many working places that NO means disaster, lay-offs etc, NO stabilized its appeal especially through the working class attitude-as-reaction to the bosses’ threats; yet, all this has led to no clear lead of NO. Although NO is highly emotionalized and expresses itself by battle cries like “revenge”, “dignity”, “temper” –let’s not forget that high emotionalization is the sine qua non presupposition of the politicization through social media- behind the anti-troika rhetoric, there undoubted expresses itself hatred towards the bosses but in a hidden form. This working class dimension inside the interclassist block has become the main excuse for all those groups that promote the participation to, and the legitimization of, the referendum, more or less extrovertly under the slogan “a no is not enough”. Let’s not forget that, according to the greek constitution, if participation falls under 40%, then the referendum is invalid.

[11] In a crucial intervention to the public affairs, 16 ex-leaders of the army (http://www.protothema.gr/politics/article/489979/nai-stin-europi-apo-16-arhigous-geetha-kai-genikon-epiteleion/) and 65 high-level military cadres in retirement (http://www.onalert.gr/default.php?pname=Article&catid=2&art_id=43465) promote YES to the referendum.

[12] Just for the record, below, we put the links of the aggressive anti-SYRIZA announcements of General Confederation of Workers in Greece (G.S.E.E.) and the Workers’-Employees’ Centre of Thessaloniki (E.K.TH.) (two of the biggest greek third-level unions): http://www.gsee.gr/deltio-tipou-sinedriasi-olomelias-diikisis-gsee-3/ and http://www.seleo.gr/thessalonikh/180587-na-aposyrthei-to-dixastiko-dimopsifisma-leei-to-ekth#.VZjtB-dTxBw respectively.

[13] On Friday 3.7.15, in at least six medium sized greek cities (Trikala, Ioannina, Siteia, Chania, Larisa, Veroia) small anarchist groups gathered in central squares against pro-EU demonstrators and in one case (Ioannina) there was physical confrontation that led to arrests. We do not know exactly what happened in any of these cases. Assumingly, the presence of leftist groups there was also recorded, but in a safe distance. Apart from recognizing them as capitalists, the main slogan against the pro-EU’s was to call them “offsprings of those who collaborated with the germans during the occupation in the second world war” and “fileledes”, a expression that approximately stands for “liberalolo” in english. Liberalism, dominant western european attitude of tolerance and -in a sense extrapolating- the closely connected with it, left European cultural hegemony, are the main defeated from all that is happening, because no one speaks in its name whether anti-EU or pro-EU. The presence of at least one SYRIZA MP in the pro-EU demo last week and the declaration of 250 ex members of ‘Rigas Feraios” -the ancestor leftist  organization of the ‘70s that was the matrix for the future development of greek eurocommunism and of Synaspismos, by far the biggest party inside SYRIZA- supporting YES is the result of this “liberal deterioration” inside SYRIZA.

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