Blog Carbure : « Déconfinement sélectif et expérimentations sanitaires : la colère et le dégoût »
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« Déconfinement sélectif et expérimentations sanitaires : la colère et le dégoût »
La décision présidentielle de rouvrir les écoles, collèges et lycées le 11 mai n’a dupé personne, que ce soit parmi les professeurs ou ailleurs : ce dont il s’agit, ce n’est pas de pallier les inégalités scolaires qu’engendrerait l’arrêt des cours, ce qui est l’argument officiel, mais tout bonnement de remettre les parents au travail. Que cette décision intervienne deux jours après les déclarations du président du Medef invitant les entrepreneurs à « relancer l’activité » sans plus attendre n’a sûrement rien d’un hasard du calendrier.
Selon la méthode désormais classique des interventions présidentielles, le ministre Blanquer est intervenu le lendemain pour «préciser les modalités» de cette réouverture. Est alors apparu le caractère fonctionnel de ce qui pouvait n’être qu’un effet de discours parmi d’autres : la réouverture des écoles ne se fera pas d’un seul coup le 11 mai, mais d’abord dans les quartiers populaires et les régions rurales. La communication ministérielle joue elle aussi sur la corde compassionnelle, voire humanitaire : « le premier critère est d’abord social, les publics les plus fragiles ».
C’est donc ces « publics les plus fragiles » qui auront la chance de reprendre le travail en premier. Les autres, les moins fragiles, c’est-à-dire les plus favorisés, c’est-à-dire ceux qui télétravaillent actuellement depuis leur résidence secondaire en Dordogne pourront garder leurs enfants chez eux et rester à l’abri du virus. Entre ces deux catégories, tout un tas de gens se demandent encore à quelle sauce ils vont être mangés.
Il est intéressant de noter que ce sont précisément ces « publics les plus fragiles » qui se trouvaient déjà être au travail, que c’est parmi ces « publics » que se trouvent ceux pour lesquels la période du confinement n’aura jamais signifié un arrêt de l’activité. La différence est qu’il s’agit là de poser les condition d’une réouverture générale de cet indispensable vivier de main-d’œuvre bon marché que sont les quartiers populaires, de remettre tout le monde au travail.
C’est donc encore une fois sur les plus pauvres que la politique compassionnelle toute particulière du gouvernement va venir s’abattre, comme un fléau supplémentaire.
Cette politique peut et doit se lire à plusieurs niveaux, puisque ce qui caractérise toute crise véritable de la totalité capitaliste c’est son existence simultanée à tous les niveaux de cette totalité. Ici, il s’agit d’une crise sanitaire qui existe dans ses effets comme dans la gestion de ceux-ci aux niveaux politique, économique, social, etc.
Les considérations d’ordre purement sanitaires sont alors intégrées à la chaîne des décisions politiques, à leur niveau particulier, et conditionnées à la logique d’ensemble de ces décisions, qui est d’ordre économique et social. La recherche scientifique elle-même, intervient à son niveau dans la production des savoirs permettant de formuler les doctrines, les thèses étant sélectionnées non tant en raison de leur rigueur que de leur utilité pratique dans les décisions qui fondent l’action de l’Etat. Le but étant de préserver l’ordre économique et social, c’est-à-dire prioritairement, dans le cas qui nous concerne, de relancer l’activité économique sur laquelle repose l’ensemble social.
Mais s’il s’agit bien, d’un point de vue économique, de remettre les gens au travail, et en particulier les plus pauvres, qui sont aussi ceux dont le travail ne peut se faire par internet, qui doivent mettre les mains à la pâte et au mortier, cette remise au travail n’est pas dépourvue d’arrière-pensées d’ordre sanitaire, qui ne sont pas sur la vie des prolétaires d’un meilleur effet que les considérations purement économiques.
Ces arrière-pensées ne sont pas mises en avant dans les discours du gouvernement, puisque le discours public reste aujourd’hui celui de « la santé d’abord », ce que tout le monde entend comme la santé de chacun. Le problème est que la « santé » qui est contenue dans le terme « sanitaire » n’a pas le même sens pour nous en tant qu’individus que pour l’Etat qui se trouve être en charge de sa gestion : il s’agit alors de « santé publique », ce qui est d’un tout autre ordre que la santé tout court, celle que l’on se souhaite pour la nouvelle année. Dans cette optique, la santé publique est une chose toute différente de l’activité qui a pour finalité de soigner des gens. Les soignants font l’expérience quotidienne de cette différence. Pour eux comme pour les malades, et pour tous ceux qui doivent travailler quotidiennement au risque de contracter et transmettre le virus, ce sont tout autant les défaillances bien réelles de la gestion sanitaire de la crise qu’il nous faut redouter, que la pleine prise en charge de cette même gestion.
En l’occurrence, pour l’Etat français, la doctrine officielle reste celle mise en œuvre par l’Etat chinois (qui s’embarrasse moins de discours compassionnels), qui est aussi préconisée par l’OMS et par son propre Conseil scientifique : celle du confinement des populations. Le virus circulant à travers les contacts individuels, il s’agit de limiter ces contacts. L’autre doctrine est celle de l’immunité collective, qui reste cependant valable, mais à condition de disposer des vaccins nécessaires, comme pour une grippe ordinaire ; on vaccine les plus fragiles, on laisse le virus courir dans le reste de la population, qui finit par s’immuniser à son contact répété. En revanche, sans vaccin ni traitement efficace, si on laisse courir le virus en espérant obtenir une immunité de masse, il faut s’attendre selon les projections, à un bilan de 40 à 80 millions de morts à l’échelle planétaire, ce qui est insoutenable en termes économiques, sanitaires, et sociaux.
Cependant, l’activité économique ne peut pas cesser totalement en attendant qu’on dispose des traitements et vaccins nécessaires. Il faut donc pour l’Etat qui est en charge de cette crise trouver des solutions intermédiaires, qui combinent les nécessités sanitaires et les nécessités économiques.
Actuellement, le niveau de contamination dans la population française est environ de 10%, pour obtenir une immunité collective il faudrait atteindre un seuil de 60%, on voit qu’on est loin du compte.
En revanche, les « publics les plus fragiles » sont ceux qui ont été le plus touchés par le virus, et ce non pas seulement en raison d’une surmortalité liée à des cofacteurs tels que problèmes cardio-vasculaires et autres pathologies qui se retrouvent parmi des populations dont l’état sanitaire est déjà dégradé, voire aux problèmes liés au mal-logement, etc., mais d’abord parce que ces populations n’ont jamais véritablement cessé de travailler. En clair, s’ils ont été les plus frappés c’est qu’ils ont été les plus exposés. Mais, outre d’en faire un « public » particulièrement frappé, cela crée aussi des zones sociales où le niveau de contamination dépasse largement les 10% nationaux.
C’est pour cela qu’on peut se demander si le gouvernement ne serait pas en train de mener sur ces territoires (en gros, sur les banlieues) une expérimentation socio-sanitaire in vivo, c’est-à-dire à tenter d’obtenir une immunité de masse, ou en tout cas de voir si cette immunité est possible, dans quelles conditions et à quel coût sanitaire, et ce sur les dos des plus pauvres. On voit ici que cette expérimentation est rendue à la fois possible par les seuils de contamination induits par la pauvreté dans ces zones, et nécessaire par la demande pressante de reprendre la production, et donc de libérer de la main-d’œuvre.
C’est la doctrine du stop and go, alternative au pur et simple laisser-faire cher aux libéraux qui est ici testée sur les habitants des quartiers populaires : une fois passé le premier pic épidémique et les capacités de soin désengorgées, on fait redémarrer l’activité, en sachant que des recontaminations vont avoir lieu, et qu’un nouveau pic épidémique va se produire, et on renouvelle l’opération jusqu’à absorption du virus par la population. Il faut simplement souligner que cette méthode est uniquement théorique, et qu’elle repose sur l’hypothèse que ce virus réagisse comme ceux sur lesquels on l’a bâtie. Et que donc, on ne sait pas si cela va fonctionner, d’où le caractère expérimental de la chose.
Par ailleurs, avant même d’avoir des réponses sur la possibilité d’obtenir une immunité de masse à un coût sanitaire acceptable, la réouverture des écoles en milieu rural revient à ouvrir la vanne du virus sur des régions qui ont été jusqu’ici peu touchées, en espérant que la protection par masques et gel et le fait de maintenir les plus fragiles en confinement (personnes âgées et personnes souffrant de pathologies entraînant une surmortalité) suffira à limiter la casse.
On assiste donc ici à un zonage socio-sanitaire de l’extension du virus. Ce zonage suit une logique à la fois sanitaire, politique et économique. On voit ici à quel point la logique sanitaire ne recouvre pas celle de la santé des individus, ni même une logique scientifique relevant d’une gestion épidémiologique de cette crise. La logique ici à l’œuvre est celle de la gestion de la population par l’Etat, et si on voit à quel point cette gestion convient aux impératifs économiques dont l’Etat est le garant, il faut aussi comprendre les a priori sociaux qui se cachent derrière cette gestion. Il apparaît ici qu’en cas d’un deuxième pic épidémique, l’Etat a choisi de placer en « première ligne » des populations qu’on peut qualifier de son point de vue d’expendable, et vis à vis desquelles au cas où le déconfinement donnerait lieu à des mouvements de protestation comme c’est déjà le cas un peu partout, une réponse autoritaire serait facile à justifier et à mettre en œuvre, puisqu’on la mène déjà au quotidien. Le caractère expérimental de ce déconfinement sélectif intègre la possibilités des révoltes comme une variable supplémentaire.
On ne détaillera pas ici à quel point ce sont les plus « fragiles socialement » qui ont été le plus touchés par les conséquences de l’épidémie de Covid-19, avec quelle perversion logique le désastre s’articule chez les plus pauvres pour devenir plus désastreux encore, ni à quel point les conséquences se sont pour eux fait sentir à tous niveaux : pour les femmes, par l’accroissement des violences conjugales et la responsabilité accrue de la reproduction familiale occasionnée à l’échelle mondiale par le chômage, le manque de ressources, la maladie, pour les racisés (on connaît l’effrayante disproportion raciale des décès liés au Covid-19 aux Etats-Unis), pour les prisonniers et les réfugiés, pour les travailleurs les plus précaires, etc. Il faudra y revenir par ailleurs. Il nous fallait dire ici, contre ceux qui veulent « sauver le système de santé », que la sollicitude sanitaire de l’Etat est aussi terrible pour les prolétaires que ses défaillances, et que cette fameuse économie censée être source de tous les maux.
Tout cela devra être précisé. Pour l’heure on se contentera de dire ce que l’utilisation de cette « fragilité » aux fins d’un retour à la normale qui est lui-même ce qui engendre et justifie ces « fragilités », nous inspire de colère et de dégoût.
“Selective Confinement and Health Experiments: Anger and Disgust”
The presidential decision to reopen schools, colleges and high schools on May 11th has fooled no one, either among teachers or otherwise: what’s at stake is not making up for the educational inequalities that would result from stopping classes —the official line— but quite simply putting parents back to work. The fact that this decision came two days after the statements of the president of the French business association (MEDEF) inviting entrepreneurs to “restart activity” without further delay is surely no calendar coincidence.
According to the now classic method of presidential interventions, Minister of Education Blanquer intervened the next day to “specify the modalities” of this reopening. The functional nature of what might have been just one of so many speeches thus became apparent: on May 11th the reopening of schools will not take place all at once, but first of all in working-class neighbourhoods and rural areas. The ministerial communication also resorts to the compassionate, even humanitarian note: “the overruling criterion is primarily social, the more vulnerable groups”.
It is therefore these “more vulnerable groups” which will have the good luck to be the first to get back to work. The others, the less vulnerable, i.e. the more privileged, i.e. those who are currently teleworking from their second home in the Dordogne, will be able to stay at home with their children and remain sheltered from the virus. Between these two categories, a whole host of people are still wondering what fate is in store for them.
It’s interesting to note that it is precisely these “more vulnerable groups” who already happened to be working, that those for whom the period of confinement never meant a cessation of activity are to be found among these “groups”. The difference is that in this case the aim is to create the conditions for a general reopening of the essential pool of cheap labour in working-class neighbourhoods, to get everyone back to work.
Once again, the government’s peculiar compassionate policy is going to hit the poorest, like an additional scourge.
This policy can and must be interpreted on several levels, since what characterizes any true crisis of the capitalist totality is its simultaneous existence at all levels of this totality. Here we are talking about a health crisis that exists through its effects as well as through the management of these effects at the political, economic, social, etc., levels.
Purely sanitary considerations are thus integrated into the chain of political decisions at their specific level, and conditioned by the overall logic of these decisions, which is economic and social in nature. Scientific research itself, at its level, is involved in the production of the knowledge that allows for the formulation of doctrines, which are selected not so much for their rigour as for their practical usefulness within the decisions that provide the foundations for the State’s action. The aim is to preserve the economic and social order, in other words, in our case and as a matter of priority, to restart the economic activity on which the social whole is based.
However, if, from an economic point of view, it is indeed a matter of getting people back to work, especially the poorest, who are also those whose work cannot be performed via the Internet, those who must put their hands to the, this return to work is not devoid of ulterior health-related motives, and their effects on the lives of proletarians are no better than purely economic considerations.
These ulterior motives are not showcased in the government’s speeches, since as of today public discourse is still that of “health first”, which everyone takes to mean the health of each individual. The problem is that the “health” contained in the term “health” does not mean the same thing for us as individuals as it does for the State which happens to be in charge of its management: the latter is “public health”, which is of a completely different nature from health in general, the one we wish each other for New Year. Seen from this perspective, public health is something quite a different matter from the activity of taking care for people. Caregivers experience this difference on a daily basis. Both for them and for the ill, as well as for all those who have to work every day and run the risk of contracting and transmitting the virus, the very real failures in the health management of this crisis are just as much to be feared as the full implementation of this management itself.
To be precise, the French state’s official doctrine is the one implemented by the Chinese state (which doesn’t bother as much with compassionate discourse), which is also advocated by the WHO and its own Scientific Council: that of the confinement of populations. Given that the virus circulates through individual contacts, it is a matter of limiting these contacts. The other doctrine is that of collective immunity, which remains valid, but on condition that the necessary vaccines are available, as in the case of an ordinary flu; the more vulnerable are vaccinated and the virus is allowed to spread to the rest of the population, which ends up becoming immune by way of repeated contact. On the other hand, without a vaccine or effective treatment, if the virus were allowed to spread in the hope of achieving mass immunity, the projected death toll worldwide would be between 40 and 80 million people, which is unsustainable in economic, health and social terms.
However, economic activity cannot cease completely until the necessary treatments and vaccines become available. The State in charge of this crisis must therefore find intermediate solutions that combine health and economic needs.
Currently, the level of contagion among the French population is around 10%; to obtain collective immunity we would have to reach a threshold of 60%; it is therefore apparent that we are far from having reached this level.
On the other hand, the “more vulnerable groups” are the ones most affected by the virus, and this is not only because of excess mortality linked to co-factors such as cardiovascular problems and other pathologies found among populations whose health status is already deteriorated, or even because of problems linked to poor housing, etc., but first and foremost because these populations have never really ceased working. Clearly, if they have been the most affected, it’s because they have been those most exposed. But, in addition to making them a particularly hard hit «group», this also creates social zones where the level of contagion is well above the national 10%.
This is why we must ask ourselves whether the government might not be conducting an in vivo socio-sanitary experiment in these territories (basically, the suburbs), i.e. trying to achieve mass immunity, or in any case to find out whether this immunity is feasible, under what conditions and at what health cost, and all this at the expense of the poorest. Thus we see that such experimentation becomes possible due to the contagion thresholds caused by poverty in these zones, and necessary due to the pressing demand to resume production, and thus to free up labour.
What is being tested here on the inhabitants of working-class neighbourhoods is the doctrine of stop and go, an alternative to the pure and simple laissez-faire approach so dear to liberals: once the first epidemic peak has passed and care capacities have been decongested, activity is restarted, in full knowledge that recontamination will happen and that a new epidemic peak will occur, and this operation is repeated until the virus is absorbed by the population. It should simply be stressed that this method is merely theoretical, and that it is based on the assumption that this virus reacts like those it has been assimilated to. So we don’t know if it will work; hence the experimental nature of the process.
Moreover, even before we have answers regarding the possibility of obtaining mass immunity at an acceptable health cost, reopening schools in rural areas amounts to opening the floodgates to the virus in regions that have so far been scarcely affected, in the hope that protection by way of masks, gels and keeping the most fragile in confinement (the elderly and people suffering from pathologies leading to excess mortality) will suffice to limit the damage.
What we are witnessing, therefore, is a socio-sanitary zoning of the spread of the virus. The logic of this zoning is simultaneously sanitary, political and economic. We can appreciate the extent to which sanitary logic does not overlap with that of the health of individuals, nor even with a scientific logic relating to the epidemiological management of this crisis. The logic at work here is the logic of population management by the State, and while we can appreciate the extent to which this management suits the economic imperatives that the State is guarantor of, we must also understand the social a prioris underlying such management. It thus becomes apparent that in the event of a second epidemic peak, the State has chosen to put those populations that from its point of view can be qualified as expendable in the “front line”, towards whom, in the event that deconfinement may give rise to protest movements —as is already the case almost everywhere— an authoritarian response would be easy to justify and implement, since it is already being carried out on a daily basis. The experimental nature of this selective deconfinement incorporates the possibility of riots as an additional variable.
We shall not go into detail here regarding the extent to which the most “socially fragile” have been those most affected by the consequences of the Covid 19 epidemic, nor regarding the logical perversity with which the disaster is linked to the poorest so as to become still more disastrous, or the extent to which the consequences have been felt by them at all levels: by women, due to the increase in domestic violence and the increased responsibility for family reproduction caused worldwide by unemployment, lack of resources, and illness; by the racialized (witness the startling racial disproportion of deaths linked to Covid-19 in the United States), by prisoners and refugees, by the more precarious workers, etc. We will have to come back to this. Here we only wished to say, in the face of those who want to “save the health system”, that the State’s health care is just as terrible for proletarians as its failures, just like that much-vaunted economy which is considered to be the source of all evil.
All this will have to be clarified. For the time being, we will content ourselves with saying that the use of this “fragility” for the purpose of a return to the normalcy which is responsible for generating and justifying these “fragilities” fills us with anger and disgust.
Même si je suis en gros assez d’accord avec cet article de Carbure, j’en profite pour rebondir sur ces derniers mots “nous inspire de colère et de dégoût”.
Je crois qu’il nous faut là aussi garder la tête froide et éviter d’abonder le flux d’émotions qui alimente les réseaux sociaux. J’ai lu quelque part sur Facebook que l’Etat préparait “une hécatombe” pour le 11 mai…. Pas d’accord. On a pas besoin d’en rajouter dans l’émotion pour garder une position politique de combat face à cette x° crise du MPC.
De même que je refuse de parler de “violences policières” tant il est vrai que la violence EST la seule raison d’être de la police, comme la justice, la prison, dans l’organisation capitaliste, de même, il faut arrêter de dire que la bourgeoisie a un intérêt quelconque à “sacrifier” les plus actifs de ses prolétaires. Je pense moi qu’ils sont dans la merde et ont TOUT INTERET à ce que les prolos puissent repartir rapidement au boulot, et en bonne santé pour être d’autant plus productifs. Sauf à penser de façon complotiste qu’ils se débarrasseraient comme cela des surnuméraires…
Pas la peine d’en rajouter dans le cynisme présumé de l’Etat. Pas besoin de pédagogie infantilisante : tout le monde sait parfaitement que le boulot de l’Etat c’est de garder debout le mode de production et de faire repartir la machine le plus vite possible et avec le moins de casse possible parmi les bras qui produisent les marchandises, directement ou pas…
En revanche, on peut imaginer comment résister au redémarrage rapide de l’économie, le freiner, le rendre plus safe pour nous… Non pas en supposant que le prolétariat va profiter de cette crise pour déclencher la révolution mondiale, on verra bien une fois qu’on y sera, mais juste pour défendre sa survie, comme un syndicalisme de la vie quotidienne, comme on défend son « bout de gras » dans le face à face entre les deux pôles du MPC, comme le disait Christian Charrier. Les soutiers d’Amazone nous en ont montré un des chemins, aujourd’hui
Peut-on utiliser des éléments scientifiques ou se présentant comme tels dans la discussion entre communistes révolutionnaires ? Pour moi, oui, mais à condition d’en penser les tenants et les aboutissants. Dans le cas présent, il faut d’abord. dire que l’immunité collective est une hypothèse peu fondée scientifiquement et que son adoption comme doctrine par tous les États plus ou moins confineurs relève non d’un choix politique, mais d’une contrainte économique : celle de reprendre la production, comme le dit bien Carbure, mais en imposant à tout le prolétariat des conditions d’exploitation très aggravées, condition de la relance de l’accumulation. De plus, on ne peut pas donner sans critique les algorithmes projetant le total des morts à la fin de l’épidémie, parce que ce sont des modèles mathématiques et qu’on ne peut pas comprendre comment se produit et circule un virus dans. la société capitaliste globale au moyen de tels modèles. Pour ce faire, il faut lier théoriquement compréhension du vivant et compréhension du processus révolutionnaire ; et si l’on cherche sur le Net, on peut trouver des analyses de scientifiques un peu critiques de la science officielle.
FD
@Lisbeth Salander
Il y a plusieurs manières de parler de la crise en cours, et même si je suis également grosso modo d’accord avec ce que tu dis ici, je trouve qu’il manque à cette idée que tu développes la compréhension du niveau restreint où elle existe elle-même. L’article à visée polémique publié ici se veut une intervention dans un champ de discours assez large où l’idée de déconfinement par zone peut être interprétée de plusieurs manières (de l’incompétence gouvernementale qui va relancer l’épidémie à l’urgence inconditionnelle de relancer l’économie, etc.).
Refuser de parler de « violences policières » pour les raisons que tu dis est une manière de faire. Mais à se concentrer sur la nature fonctionnelle des choses dans le MPC on en oublie un peu leur mode d’existence et leur caractère évolutif. On pourrait tout aussi bien dire que l’avantage de l’expression de « violences policières » est de qualifier un surcroît de ces actes par rapport à leur nécessité fonctionnelle pour l’Etat. Que la police soit la main armée de l’Etat, c’est une chose. Est-ce que ça explique les très singuliers coups de matraque télescopique dans l’anus des jeunes racisés, ou l’extension de la répression « dure » ? On peut traiter tout cela comme déclinaison indifférente de la « nature » de la police, c’est bien vrai. Mais on peut également tenir ces évolutions et déclinaisons comme dignes d’intérêt : il y a « ce qui est » et « ce qui se passe », ça n’est pas la même chose.
De même pour la question du déconfinement partiel et de la « colère et du dégoût » que ça suscite. On peut ramener les « phénomènes » à leur essence, c’est une manière de faire, et critiquer les apparences trompeuses par ce moyen. Mais les apparences trompeuses sont multiformes et les moyens de les critiquer par conséquent divers. Le déconfinement général avec souci particulier pour « les plus faibles » en est une, aussi, et c’est celle-là qu’on a pris sur nous de défaire. Pour le caractère « affectif » de la colère et du dégoût, là aussi : on peut tirer bénéfice d’une neutralisation, mais également d’une expression de ces « affects ». Ça dépend à qui on adresse la critique. La gauche humaniste, scandalisée du manque d’humanité de cette décision politique, n’est pas le seul interlocuteur possible. Bref, à chaque intervention sa délimitation propre.
Sur le fond : non, il ne s’agit pas de dire que la bourgeoisie veut exterminer les prolétaires : qu’en revanche elle n’hésite pas à les sacrifier pour les besoins de la cause n’est pas très nouveau. Pour l’interprétation complotiste : on ne parle pas des mobiles des décisions politiques mais de leurs effets. Pointer la différence entre les discours et les pratiques, et éventuellement la manière spécifique dont les discours accompagnent les pratiques ce n’est pas ouvrir la voie au complotisme, c’est juste se donner les moyens de penser un pan important de ce qu’on appelle tout généralement « la politique ». Mais évidemment, on peut aussi dire que la politique et l’Etat sont le pur et simple masque des rapports de production, et faire passer ce principe devant les considérations sur son mode d’existence spécifique. C’est, encore une fois, une autre manière de faire.
D’accord sur tes remarques.
J’ai une allergie peut être un peu excessive aux discours rebelles…..et puis n’oublions pas que les mises en question de la gestion des crises par l’Etat sous entend souvent qu’on aurait une alternative, ce qui n’est pas du tout le cas pour Carbure, bien entendu!! Je pense là aux discours charognards de type Mélenchon et autres. “Charognard” n’est pas ici une insulte mais un fonctionnement physiologique: “qui se nourrit de cadavres”.
Nombre officiel de décès dans les EPHAD: 6339 (soit près de 50% du total)
Nombre officiel de décès dans les prisons: 4
C’est quand même un drôle de “politiquement correct” celui qui, par souci de ne pas invisibiliser les plus “socialement fragiles” (avérés ou présumés), aboutit à l’oubli des principales victimes.
À bas la jeunesse qui a tout compris (soi-disant). Vive les pépés
Je crois qu’il est de notoriété publique que plus de 95% des morts ont plus de 60 ans……
De notoriété tellement publique, et à tel point évident que j’ai relu trois fois le commentaire ci-dessus de El Misterioso X pour comprendre quel était le propos. On sait tous pour avoir lu la presse au moins une fois depuis le 14 mars que la circulation du virus et les populations les plus susceptibles d’en mourir sont deux choses à la fois distinctes (comme les poules et les œufs), et corrélées (les poules et les œufs, aussi). Est-ce qu’on est en train de nous reprocher d’avoir une lecture “sociale” de cette crise alors qu’on à affaire à une crise à lire en termes… d’âge ? Les prolétaires c’est les jeunes tatoués dans les prisons, et les plus de soixante-ans, c’est “les papis et les mamies” ? C’est bien, c’est les animaux de la ferme un peu. Le cochon, la poule, le prolétariat, les vieux, tout ça.
Après quelques temps, je crois que les choses se précisent, pour ma critique. Il semblerait qu’il y a, chez certains radicaux, une espèce de “jouissance” devant la catastrophe. Jouissance qui interdit du coup d’aborder cette crise pour ce qu’elle est réellement .
Pour me faire comprendre:
On dirait qu’il y a presque eu un “regret” devant le fait que l’Afrique soit si peu impactée par le Covid19. On avait tellement annoncé la catastrophe pour les plus pauvres…
De même, il se dit assez peu que le nombre de morts en France va approcher les 30 000 morts, soit à peu près le même nombre que la grippe dite de Hong Kong en 1969, grippe qui a tue un million de personnes dans le monde et que tout le monde avait oublié jusqu’à aujourd’hui…
On dit peu, également, que le nombre de morts dans le personnel soignant “en première ligne”, “au front”, “nos héros”, est aujourd’hui de…. 25 morts. On est loin de l’hécatombe , quand même…..Pourtant, ils sont surement les plus exposés à la contamination…
Disons que je trouve agaçant ces embrasements systématiques dès qu’il arrive le moindre événement… Comme pour les gilets Jaunes qui annonçaient l’insurrection généralisée…
On dit peu, également, que le nombre de morts dans le personnel soignant “en première ligne”, “au front”, “nos héros”, est aujourd’hui de…. 25 morts. On est loin de l’hécatombe , quand même…..Pourtant, ils sont surement les plus exposés à la contamination…
Sachant que le Gouvernement ne communique pas au sujet des décès survenus parmi les personnels hospitaliers, la question se pose de savoir d’où vous tenez ces chiffres?
AFP
https://www.ladepeche.fr/2020/04/25/coronavirus-qui-etaient-ces-soignants-decedes-du-covid-19-en-france,8862592.php
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-que-sait-on-des-soignants-francais-morts-du-coronavirus_3908843.html
Quand bien même le bilan serait sous estimé, on est loin d’une hécatombe
la dépêche: ” Depuis le début de l’épidémie en France, au moins 25 personnels soignants sont décédés du Covid-19 selon un décompte de l’AFP. Un premier bilan sûrement sous-estimé par rapport à la réalité.
Donc sur la base de données partielles et”sûrement sous-estimées” vous concluez que ce n’est pas une hécatombe…
D’une part, en comparant ce qui comparable (personnel soignant) , et même si le bilan comptable s’établit autour du double: 50 décès, en Allemagne on ne compte aucun soignant décédé, alors qu’en Espagne-Italie-France-Angleterre les chiffres cumulés sont, par rapport au nombre des personnels, très importants, probablement de plusieurs centaines;
D’autre part, ces décès auraient pu être évités (cf.Allemagne) et ont été directement causés par l’incurie, l’incompétence et le manque de sérieux, voire par les décisions criminelles des états sus-mentionnés.
Enfin, “En attendant la fin”, l’affect lié à la fonction desdits personnels peut largement expliquer, même si ce n’est pas “une hécatombe”, les réactions du public à cet égard.
Conclusion provisoire: Ne pas verser, par radicalité hors-sol, dans un relativisme fort peu à propos puisque ne considérant pas les causes et leurs effets.
le compte n’est pas bon, encore que…
“Une hécatombe (en grec ancien ἑκατόμϐη / hekatómbê) désigne à l’origine, en Grèce antique, un sacrifice religieux de cent bœufs. Il faut cependant nuancer ce fait, car les cités grecques qui n’étaient pas assez aisées pour se permettre le sacrifice de cent bœufs pouvaient en sacrifier moins.”
« Les soignants ayant le plus contracté le coronavirus n’étaient pas nécessairement ceux qui travaillaient en unité Covid »
https://www.lemonde.fr/journal-blouses-blanches/article/2020/05/10/journal-de-crise-des-blouses-blanches-l-apres-emmener-mon-fils-faire-du-velo-et-voir-des-amis_6039241_6033712.html
D’abord, il y a les faits, ensuite l’usage qui en est fait: exemple par Carbure Instrumental.
Je ne vais pas répondre des plombes sur ce tout petit aspect de mon commentaire qui en comportait bien d’autres sur le fond.
Mais, quand même, voici tout à fait comment on fait de la surenchère misérabiliste avec les chiffres…
Si je parlais de “morts” et non de contaminés, c’est parce que pour 80 % des personnes au moins, atteintes par ce virus, la guérison est spontanée, elles s’en sortent sans problème et le Covid19 est, oui, une grosse grippe….
Désolé encore d’enfoncer des portes ouvertes (timidement) mais plus de 90% des gens qui sont morts n’étaient plus en âge de travailler, ce qui n’enlève d’ailleurs rien à l’aspect tragique de la mort d’un individu….
Et si on veut faire une vraie critique sans misérabilisme, il faudra s’atteler à analyser, chiffrer et comprendre la vraie surmortalité dans les banlieues parisiennes…..
@Amutio
« D’abord, il y a les faits, ensuite l’usage qui en est fait : exemple par Carbure Instrumental »
bien que ce soit son sujet, dont il est absent, le cas Carbure est anecdotique, car il n’instrumentalise pas grand monde
ce qui me frappe, c’est que toute l’opposition politique, y compris maintenant interne à LREM, se livre à un véritable racket sur les mécontents de la gestion de crise par l’équipe Macron-Philippe
jetez un œil sur les Mélenchon-Ruffin, qui préparent une “Assemblée Constituante”…
François Ruffin : «Cette crise, c’est l’échec de tous ceux qui nous dirigent depuis trente ans»
https://www.liberation.fr/france/2020/05/09/francois-ruffin-la-l-histoire-ou-la-nature-nous-offre-une-chance_1787895
des “charognards”, écrivait Lisbeth
j’ai épinglé la camarade Ana Dinerstein, qui voit dans les décisions de Boris Johnson celles d’un “Adolf” et ses conseillers des “scientifiques nazis”
“OK, on s’exprime avec le cœur et les tripes aussi, et l’on est en colère… Mais quand on le formule par écrit avec le temps de la réflexion, et de la part d’une théoricienne communiste celui de l’analyse, ce n’est plus de la colère qui s’exprime…”
https://patlotch.forumactif.com/t238-luttes-reactions-syndicales-et-politiques#3679
un temps pour tout… si on lit bien le texte Blog Carbure : « Déconfinement sélectif et expérimentations sanitaires : la colère et le dégoût », on n’y sent pas l’expression d’une colère, mais une analyse à froid qui part de cette colère pour faire de l’activisme théorique
au fond, les militants, leaders ou aspirants non-leaders objectifs de “l’auto-organisation”, c’est toujours un peu leur problème, le racket…
je suis plutôt partisan de laisser “les gens”, les prolétaires, réagir comme ils le sentent et le peuvent, sans mots d'”ordre”, ou alors on ne prétend pas que la communisation sera leur fait, sans parti, sans guide, sans dieu ni maître
Des fois, j’ai l’impression que Patloch dit en mieux ce que je voulais dire… pas toujours…. mais des fois…..
@Lisbeth Salander
des fois je me demande pourquoi on oublie un “t” à Patlotch, de Potlatch, imaginez que Debord ait écrit dans la revue Potlach, ça l’aurait foutu mal, non ?
Je suis membre de l’AIMSIB
(Association Internationale pour une Médecine Indépendante Scientifique et Bienveillante)
Nos prises de position pourraient vous intéresser.
À TITRE PERSONNEL, j’ai écrit ces notes sur l’éventualité d’une “deuxième vague”
Deuxième vague ?
Ils diront qu’il n’y a plus de décès du covid à cause du confinement.
Comme dans cette vieille blague :
Un homme marchait dans la rue et lançait du sable. Un autre homme l’arrête et lui demande :
-Pourquoi tu jettes du sable ?
– Contre les crocodiles !
Eh bien… il n’y a pas de crocodiles !?!
Il n’y a pas de crocodiles parce que je jette du sable !
Tous les jours apparaît dans les médias au moins un avis d’expert qui nous met en garde contre une deuxième vague.
Il y a trois approches de cette question qui permettent, sans jouer au devin, d’affirmer qu’il n’y aura pas de rebond de cette épidémie : la biologie évolutive des virus émergents, l’histoire des épidémies plus particulièrement à virus respiratoire et l’observation de la courbe de l’épidémie selon les pays et les régions.
On trouvera des documents en référence ici https://www.aimsib.org/2020/05/03/vaccin-anti-covid-19-et-immunite-de-groupe-cest-non-et-encore-non/ .
Un virus émergent évolue vite (les coronavirus ont un fort potentiel évolutif) et s’adapte à son hôte en perdant virulence et transmissibilité
Historiquement a-t-on observé un rebond pour une pandémie à virus émergent se transmettant par voie respiratoire?
Le cousin du virus responsable du Covid-19, le SARS-CoV de 2003 nous a montré le contraire : l’épidémie a débuté en novembre 2002 (période précoce), était finie en juillet 2003, et on a encore trouvé qq cas résiduels bénins (4) en janvier 2004.
Il faut comprendre qu’au début d’une épidémie les cas sont grandement sous-estimés car on ne connaît pas le virus, on ne sait pas le détecter.
Par contre à la fin de l’épidémie (où nous en sommes), on va détecter tous les cas, donc même si on trouve encore qq cas, ça ne veut pas dire que l’épidémie est encore active.
Il n’y a pas de rebond dans les pays qui ont déconfiné (exemple : Allemagne, Autriche, Danemark, etc…)
De plus en médecine de ville comme en hôpital en France (et particulièrement en Bouches du Rhône où les tests sont pratiqués à grande échelle dès le début de l’épidémie), les cas nouveaux deviennent rares, dans ces conditions, comment pourrait reprendre l’épidémie?
Où se cache le virus? De quel réservoir pourrait-il reprendre sa course?
Voici deux interviews d’experts qui posent problème : le premier laisse la parole à une biomathématicienne et le second à un professeur de santé publique.
Comment peut-on inférer d’une modélisation mathématique qu’il y aura rebond de l’épidémie?
https://francais.medscape.com/voirarticle/3605934?nlid=135377_2401&src=WNL_mdplsnews_200504_MSCPEDIT_FR&uac=244220AY&faf=1#vp_1
COVID-19 : une deuxième vague est-elle inévitable au vu de l’immunité collective actuelle?
Cette interview de Lulla Opatowski fait suite à cette publication dont voici le résumé
« La France a été fortement touchée par l’épidémie de SRAS-CoV-2 et a été mise en quarantaine le 17 mars 2020. À l’aide de modèles appliqués aux données sur les hôpitaux et les décès, nous estimons l’impact du confinement et l’immunité actuelle de la population. Nous constatons que 2,6 % des personnes infectées sont hospitalisées et 0,53 % meurent, allant de 0,001 % chez les 80 ans. À tous les âges, les hommes sont plus susceptibles que les femmes d’être hospitalisés, d’entrer en soins intensifs et de mourir. Le confinement a réduit le taux de reproduction du virus de 3,3 à 0,5 (réduction de 84 %). D’ici le 11 mai, date à laquelle les interventions devraient être allégées, nous prévoyons que 3,7 millions de personnes (fourchette : 2,3-6,7), soit 5,7 % de la population, auront été infectées. L’immunité de la population semble insuffisante pour éviter une deuxième vague si toutes les mesures de contrôle sont libérées à la fin du confinement. »
Les résultats de cette publication concernent donc le taux de personnes ayant rencontré le virus et les prévisions sur la deuxième vague reposent donc sur le concept plus que douteux de l’immunité collective (voir ici la critique : https://www.aimsib.org/2020/05/03/vaccin-anti-covid-19-et-immunite-de-groupe-cest-non-et-encore-non/ ). Il n’y pas d’autre justification avancée : aucune modélisation alors que deux articles montrent qu’il est possible de modéliser l’effet relatif des différentes sortes de confinement sur la forme de la courbe : le niveau des mesures d’éloignement physique n’a pas d’effet sur l’évolution de l’épidémie. Le développement d’une pandémie a une durée limitée, pratiquement indépendante des efforts déployés dans un pays particulier. (https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.09.20059782v2) (https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.24.20078717v1)
Autre interview (https://www.publicsenat.fr/article/societe/patrick-zylberman-la-deuxieme-vague-est-souvent-beaucoup-plus-mechante-que-la) Patrick Zylberman, professeur émérite à l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique : « La deuxième vague est souvent beaucoup plus méchante que la première »), le titre, comme souvent dit le contraire du contenu de l’article.
Au passage, je n’insisterai pas sur l’évocation de la pénurie de masques qui serait la faute de l’opinion ! Ni sur l’attente du Messie pour nous sauver du confinement (messie =vaccin), voir également ici : https://www.aimsib.org/2020/05/03/vaccin-anti-covid-19-et-immunite-de-groupe-cest-non-et-encore-non/.
Voici la justification de la crainte d’une seconde vague : le SARS Cov de 2003 aurait provoqué une seconde vague ! Et P Zylberman de citer la deuxième vague à Toronto en juillet 2003 après la première vague en mars 2003.
Pourtant « Au Canada, il y a eu 257 cas, le premier cas étant survenu le 23 février 2003 et le dernier le 12 juin 2003. » (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7106085/)
On lit ici (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31668196) que le virus est arrivé à Toronto début mars et que , vu le faible nombre de cas, l’OMS avait déclaré Toronto débarrassé du virus trop tôt ; mi avril, puisque quelques cas sont apparus en mai et Toronto a été déclaré définitivement déclaré libre du virus le 2 juillet. Sur la courbe mondiale de l’épidémie on ne lit pas de seconde vague.
Donc pourquoi P Zylberman évoque-t-il cette seconde vague qui n’a pas existé ?
Il évoque aussi les 2 pandémies consécutives de la grippe de Hong Kong de 1968-1970, dues au même virus : il affirme que la deuxième vague a été plus sévère que la première. Ce n’est pas ce qui est expliqué ici (https://academic.oup.com/jid/article/192/2/233/856805 ) ; il y a eu plus de décès en Europe (contrairement à l’Amérique) la deuxième année mais les cas asymptomatiques la première année en Europe ont du être largement sous-estimés. Les auteurs expliquent la différence entre les 2 continents par l’immunité de la population européenne déjà acquise contre le virus (« L’immunité préexistante au gène de la neuraminidase N2 pourrait avoir contribué à l’impact différentiel de la première saison de pandémie dans les deux régions. On pense que l’exposition aux virus A/H2N2 en 1967/1968 a atténué l’impact de la pandémie de 1968 [3, 11]. Une étude a montré que les personnes infectées par le virus A/H2N2 en 1967/1968 ont été protégées contre l’infection grippale pendant la première saison de la pandémie de A/H3N2, et que les infections chez les personnes ayant des anticorps antineuraminidase antérieurs étaient plus fréquemment asymptomatiques, par rapport à celles des personnes n’ayant pas d’anticorps antineuraminidase »)
La grippe n’est pas le Covid : on ne peut pas comparer 2 pandémies grippales saisonnières avec l’émergence d’un nouveau virus.
Conclusion : il n’existe pas d’exemple de deuxième vague ou de rebond épidémique, pourquoi donc en attiser la crainte ?
ET APRÈS?
Allons-nous attendre d’avoir 0 nouveau cas de Covid-19 pour déconfiner totalement ?
Il y aura forcément de nouveaux cas : on connaît bien mieux le virus au bout de 7 mois d’épidémie, on le traque avec des tests en nombre, on remonte les chaînes de contamination.
C’est très bien, mais il aurait fallu faire ça au début et pas à la fin de l’épidémie!
Il est attendu de trouver de nouveaux cas, mais de quelle gravité sont-ils ? Entrainent-ils une hospitalisation, des décès ?
Et à l’automne lorsque la grippe saisonnière va arriver, va-t-on tout oublier ?
Il serait utile d’utiliser les capacités techniques mises en œuvre pour le covid-19 pour suivre la prochaine pandémie grippale. Le réseau GROG a dû arrêter ses activités en 2014 faute de subvention (https://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/09/21/22808-surveillance-grippe-reseau-grog-ferme-ses-portes ), ce réseau réalisait des prélèvements pour suivre la grippe et les infections respiratoires, au contraire le réseau Sentinelles de l’Inserm qui assure maintenant seul cette surveillance ne réalise pas de prélèvement (http://www.sentiweb.fr/france/fr/?page=methodes).
Les virus respiratoires peuvent être identifiés par PCR comme le Covid-19 ; juste avant la pandémie de Covid-19, le nombre de prélèvements de surveillance était ridiculement bas (il est tombé jusqu’à 39 pour une semaine pour toute la France !).
La grippe peut être aussi meurtrière que le Covid-19 :
Grippe estimation des décès par année dans le monde (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6815659/)
Global mortality associated with seasonal influenza epidemics: New burden estimates and predictors from the GLaMOR Project
« Nous avons estimé qu’en moyenne 389 000 (fourchette d’incertitude 294 000-518 000) décès respiratoires étaient associés à la grippe dans le monde chaque année pendant la période d’étude, à l’exclusion de la pandémie de 2009, ce qui correspond à environ 2 % de tous les décès respiratoires annuels. Parmi ces décès, 67 % concernaient des personnes âgées de 65 ans et plus. Pour les personnes de moins de 65 ans, une mortalité respiratoire de base plus élevée, un niveau d’accès aux soins plus faible et des saisons dominées par le sous-type A(H1N1)pdm09 ont été associés à une mortalité grippale plus élevée, tandis qu’un niveau de développement sociodémographique plus faible et une dominance A(H3N2) ont été associés à une mortalité grippale plus élevée chez les adultes de ≥65 ans. »
https://www.worldometers.info/coronavirus/
au 11 mai 2020 Décès dus au Covid-19 : 284 033
(avec toutes les réserves déjà discutées sur ces estimations!)
Que se passera-t-il à l’automne 2020 ?
Reconfiner le monde entier parce qu’on aura laissé l’hôpital continuer à se délabrer?
Emma Kahn
merci pour ce copié-collé reprenant
“Pandémie COVID-19, l’analyse générale de l’AIMSIB”
https://www.aimsib.org/2020/03/08/pandemie-covid-19-lanalyse-generale-de-laimsib/
du 8 mars !
j’ai lu des dizaines d’articles de ce genre, avec références à des organismes que je ne connais pas et des arguments scientifiques dont je ne peux juger. Arrivé bout, “convaincu”, je me dis “- elle, il, a raison”. Je lis la thèse opposée, pareil. Alors je me dis, “- mon petit, t’es pas capable de juger”
par contre, j’ai l’habitude des “démonstrations”, des raisonnements “logiques”, et là, ça le fait pas, surtout la fable du sable et des crocodiles. Je me dis “- elle me prend pour un neuneu”
2 mois ont passé après cette argumentation
les choses en ayant été où elles étaient en février-mars, les gouvernements ont confiné en masse, enfermant les infectés, qui ressortent aujourd’hui, d’où leurs précautions, à peu près les mêmes partout selon les moyens, rythmes différents : tests, isolement, etc.
qui peut prétendre qu’il faut faire autre chose maintenant ? Pas même Raoult. Emma n’en parle pas, elle critique la stratégie de la pénurie du début, quand les Etats n’avaient pas le choix. Le simple bon sens dit au péquin que je suis : “- mets un masque, tiens tes distances, et attends de voir.” Le simple péquin résonne pour lui, pas en termes de statistiques, de probabilité ou pas d’une “2e vague” (dans notre cas, dans ma compréhension c’est plutôt la première qui reprendrait). Le simple péquin sait qu’il lui suffit d’1 contact pour choper cette merde
le péquin pas trop con, il n’attend pas ni les décisions de l’État ni les arguments d’experts pour savoir comment se protéger, s’il le peut, avec un minimum de bon sens. Esprit libre, il n'”obéit” pas, il proteste ou non, mais il conduit sa rafiot en esprit libre par tous les temps. En dernière instance, le Titanic, il s’en fout
Vous avez mal lu, il ne s’agit pas d’un copié-collé de l’article du 8 mars auquel j’ai également contribué!
J’apporte des éléments nouveaux dans le texte ci-dessus et dans l’article du 3 mai dernier.
Méfiez-vous du bon sens, il trompe souvent!
Pourquoi parler de Raoult?
Il ne comprend rien à la théorie de l’évolution!
À part ça, personne ne vous oblige à faire confiance à l’Aimsib, sachez seulement que comme nous sommes dans le collimateur des lobbyistes de l’industrie, nous n’avons pas le droit à l’erreur et sommes extrêmement mesurés dans nos affirmations!
@QuiVousSavez
@Emma
dont acte. Il y des éléments nouveaux, plus actuels, et j’admets que vous “démontrez’ que la deuxième vague, c’est du pipeau. J’ai corrigé ce premier jet chez moi
https://patlotch.forumactif.com/t235-caracteres-evolution-de-la-pandemie-et-des-traitements#3680
je parle de Raoult parce qu’il le fait aussi :
« L’histoire de rebond, c’est une fantaisie qui a été inventée à partir de l’épidémie de grippe espagnole […] qui n’a rien à voir” avec celle du Covid-19. “C’est de la science-fiction”, a-t-il même enfoncé le clou, ce jeudi soir, sur BFM TV.
Selon Didier Raoult, la pandémie de Coronavirus suit une “courbe en cloche, typique des épidémies. […] La plupart du temps, ça se passe en une seule courbe. […] Les épidémies commencent, s’accélèrent. Elles culminent – c’est le moment maximal de transmissibilité – et elles diminuent puis disparaissent. Et on ne sait pas pourquoi” »
https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/coronavirus-le-risque-d-une-deuxieme-vague-est-une-fantaisie-pour-didier-raoult-1588346895
« Méfiez-vous du bon sens, il trompe souvent ! »
dans ma réponse, je parle en tant qu’individu, partant de lui-même, comme toujours, écrivait Marx dans “l’Idéologie allemande” : « Les individus sont toujours partis d’eux-mêmes, naturellement pas de l’individu “pur” au sens des idéologues, mais d’eux-mêmes dans le cadre de leurs conditions et de leurs rapports historiques donnés. »
« C. Communisme production d’échanges lui-même »
https://www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450000e.htm
ce texte pourrait fournir une bonne base à la compréhension de la différence que j’ai voulu souligner, sur un ton qui peut paraître anarchiste individualiste, mais qui ne prend pas moins en compte les intérêts des autres que toute approche étatique ou vue d’en haut, de toute instance qui considère le problème général et propose des solutions générales dans cette société sans souci d’en changer
ma vie, ni celle de personne, ne se règle sur une courbe de Gauss, une moyenne statistique, un nombre de morts, et ici, Ana Dinerstein adopte ce même point de vue individuel, par-delà son analyse de théoricienne communiste : « Je reste à la maison. […] Le pire : la mort est devenue un baromètre. Voyons combien de personnes meurent, puis nous pourrons décider si nous devons retourner au verrouillage ou non. […] Je ne vais nulle part merci Mr Adolph Johnson », sortie antifasciste de trop…
https://patlotch.forumactif.com/t238-luttes-reactions-syndicales-et-politiques#3679
la question n’est pas de « faire confiance à l’Aimsib », ou non. Il est évident que je partage certains de vos points de vue, mais pas votre posture, celle d’où vous parlez : « l’AIMSIB dispose de quelques membres dont la recherche en virologie est le métier, leur chef étant la formidable Emma Khan…», la posture d’une controverse avec d’autres spécialistes qui considèrent le problème dans sa généralité
“méfiez-vous” de ne pas conseiller à des personnes qui vous liraient sans y prendre garde de ne pas prendre soin d’eux-mêmes et de leurs proches et relations d’abord. Que doivent-elle faire si elles vous suivent, “pas de deuxième vague”, « Allons-nous attendre d’avoir 0 nouveau cas de Covid-19 pour déconfiner totalement ? Il y aura forcément de nouveaux cas. » Mais qui a envie d’être un “nouveau cas”, parce qu’il faudrait “déconfiner totalement” plus vite, comme chez Trump et Bolsonaro ?
vous voyez bien que son “bon sens” ne trompe pas toujours qui pense et agit pour lui-même, sans pour autant porter atteinte aux intérêts d’autrui. La contradiction est là (cf Marx plus haut), entre l’individu et la société, en tant qu’elle est aujourd’hui capitaliste, économie politique
voyez aussi notre décalage, vous venez apporter votre éclairage dans un blog de théorie communiste, où personne ne rêve d’une solution démocratique, étatique, politique, anti-“lobbyistes de l’industrie”, dans les conditions du capitalisme. Très bien, cela aide notre réflexion, mais nous ne pouvons entrer dans ces débats scientifiques parce que nous ne sommes pas qualifiés, et nos critères sont ailleurs, faire que les individus, à commencer par les plus exploités, dominés, victimes privilégiées de cette pandémie, partent d’eux-mêmes et de leurs intérêts immédiats à court et moyen terme, et qu’ils le fassent ni aux ordres de l’État, ni dans la servitude volontaire aux intérêts d’une catégorie particulière, serait-elle celle des experts médicaux les mieux intentionnés du monde
vous terminez par cette question : « Que se passera-t-il à l’automne 2020 ? Reconfiner le monde entier parce qu’on aura laissé l’hôpital continuer à se délabrer ? » Mais que se passera-t-il si je suis mort parce que je n’ai pas suivi mon bon sens près de chez moi, au non d’un raisonnement scientifique qui se fout de mes intérêts singuliers, et met en avant un intérêt général dans les mêmes termes qu’un politicien défenseur du service public ?
LES CONSEILLEURS NE SONT PAS LES PAYEURS
LA science est prise en défaut de vérité absolue, ne serait parce que ses avis les plus “autorisés” (par qui ?) sont sur certaines questions diamétralement opposés. Quand il y va de sa vie, doit-on jouer les arbitres entre chercheurs en désaccord et faire un pari sur sa santé, ou plutôt son “bon sens” pour la préserver à tous les coups ?
– Déconfinement: la deuxième vague sérieusement envisagée par les chercheurs. Le Huffpost, 12 mai. La possibilité d’une reprise de l’épidémie de coronavirus, déjà visible dans d’autres pays, fait partie des scénarios probables calculés par les scientifiques.
https://www.huffingtonpost.fr/entry/deconfinement-les-chercheurs-ont-calcule-les-risques-et-le-resultat-nest-pas-encourageant_fr_5eb9178fc5b6d34558afb27e
et pourquoi, en parfait béotien, retenir la thèse “pas de deuxième vague”, de “la formidable Emma Khan, chef des virologues de l’AIMSIB” plutôt que les scénarios de l’AP-HP, de l’Inserm ou de chercheurs américains ?
Je ne vais pas entrer dans un débat théorique sur la théorie communiste, je n’en ai pas les moyens.
Comme le sujet de l’immunité de groupe était abordé dans cet article je me suis permis d’y répondre car je travaille sur ce sujet depuis plusieurs années.
Concernant “la formidable virologiste'”, c’est sans doute un coup de pub de la part de l’éditeur que je n’ai pas pu empêcher , mais comme j’écris sous le pseudo de ma grand-mère, ce n’est pas important!
Vous citez ce blog du Huffington Post ; il y est question de deuxième vague.
Je vois passer plusieurs bobards de ce genre tous les jours dans les plus grands médias : avez-vous fait l’expérience de vérifier sur les courbes qui sont accessibles sur le net?
Vous auriez vu qu’il n’y a jamais la moindre trace de rebond, reprise, deuxième vague ou autre fantasme!. Ça n’existe pas, il n’y en a jamais eu au cours de l’histoire des infections virales à virus respiratoires et surtout pas avec un virus émergent qui a pour seul réservoir l’homme!
Et pour finir avec la crainte de la mort : vous savez sans doute que la quasi totalité des morts sont des sujets âgés avec de graves comorbidités. De toutes les façons on va tous mourir!
@QuiVousSavez
On ne va pas polémiquer plus avant mais des arguments genre “bobards”, en stigmatisant les chercheurs ou virologues (ni plus ni moins légitimes que vous a priori) qui, eux, pensent que…. limitent beaucoup le sérieux que l’on peut accorder à vous lire….Nous nous contenterons d’essayer de comprendre qui pense quoi, pourquoi, etc, etc. Sinon, il nous faudrait vous “croire”, ce qui ne serait pas très rationnel….