Sabotage SNCF
Une trentaine d’intellectuels s’élève face au “tour clairement politique” que constitue la mise en examen dans le cadre de la législation antiterroriste de neuf personnes dans l’affaire des sabotages SNCF.
La Ligue des droits de l’Homme observe également “avec inquiétude l’extension de l’accusation de terrorisme à toute forme de contestation sociale et politique”.
Polémique autour des sabotages SNCF (Reuters)
Une trentaine d’intellectuels, dans une tribune à paraître jeudi 27 novembre dans Le Monde, et la Ligue des droits de l’Homme, dans un communiqué, dénoncent un usage abusif de la législation antiterroriste après la mise en examen de neuf personnes dans l’affaire des sabotages SNCF.
Les neuf membres du groupe soupçonnés d’avoir provoqué des dégradations contre des lignes TGV ont été mis en examen le 15 novembre par un juge d’instruction pour des délits qualifiés de “terroristes” par la justice. Cinq d’entre eux ont été placés en détention provisoire.
Dans une tribune publiée par Le Monde, les intellectuels estiment que “la cible de cette opération est bien plus large que le groupe des personnes inculpées, contre lesquelles il n’existe aucune preuve matérielle, ni même rien de précis qui puisse leur être reproché”.
“Inculpés pour l’exemple”
Les “personnes inculpées n’ont pas été choisies au hasard, mais parce qu’elles mènent une existence politique. Ils ou elles ont participé à des manifestations (…), ils réfléchissent, ils lisent des livres”, dénoncent les signataires.
Selon eux, “une fois établie l’inconsistance de l’accusation de sabotage des caténaires, l’affaire a pris un tour clairement politique”.
Les philosophes Alain Badiou, Daniel Bensaïd, Jean-Luc Nancy et Jacques Rancière, le sociologue Luc Boltanski, l’écrivain Dominique Noguez, et l’éditeur Eric Hazan figurent notamment parmi les signataires de cette tribune.
Ils réclament en particulier “l’arrêt des poursuites et la libération immédiate de celles et ceux qui ont été inculpés pour l’exemple”.
“Gesticulations sécuritaires”
De son côté, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) regarde “avec inquiétude l’extension de l’accusation de terrorisme à toute forme de contestation sociale et politique alors même que, dans le cas présent et de l’aveu même de la ministre de l’Intérieur, aucune vie n’a jamais été mise en danger, ni même susceptible de l’être”.
“Le terrorisme est une menace trop sérieuse pour que l’on cède en la matière à des instrumentalisations et à des gesticulations sécuritaires”, juge la LDH dans un communiqué dénonçant “une procédure qui ne s’embarrasse pas du respect des libertés individuelles et se déroule sous l’oeil de médias alimentés d’informations uniquement à la charge des personnes mises en cause”.
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