Bangladesh : Ils demandaient de meilleurs salaires…
La police au Bangladesh a tiré lundi des balles en caoutchouc pour disperser des milliers d’ouvriers du textile en colère réclamant des hausses salariales, sur fond de débat sur leurs conditions de travail après la mort de 1.127 employés dans l’effondrement d’un immeuble près de Dacca.
La police affirme être intervenue après que des ouvriers ont bloqué l’accès à une autoroute dans la zone industrielle d’Ashulia, à la périphérie de la capitale, où sont basées des centaines d’usines de confection travaillant pour des groupes occidentaux comme l’américain Walmart ou le français Carrefour.
Ces usines avaient fermé quelques jours la semaine dernière pour cause de violence d’ouvriers. Elles ont rouvert vendredi, l’Association bangladaise des fabricants et exportateurs de textile (BGMEA) ayant dit avoir obtenu la garantie du gouvernement que les usines bénéficieront de “la plus grande sécurité”.
Depuis l’effondrement d’un immeuble du secteur textile le 24 avril, qui a fait 1.127 morts, les ouvriers, parfois payés 38 dollars (30 euros) par mois, ont presque quotidiennement débrayé pour réclamer des hausses de salaire et l’exécution du propriétaire de l’immeuble.
“Ils demandaient de meilleurs salaires. Nous avons tiré des balles en caoutchouc et fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser car ils sont devenus violents et ont occupé une route”, a déclaré à l’AFP le chef de la police d’Ashulia, Badrul Alam.
Selon lui, environ 20.000 ouvriers ont pris part à la manifestation. Selon le chef de la police du district, Mustafizur Rahman, ils étaient 12.000.
La chaîne privée de télévision, Ekattor, a indiqué que 50 personnes avaient été blessées dans les heurts entre la police et les ouvriers.
Le minimum salarial mensuel avait été fixé à 38 dollars en novembre 2010, un traitement récemment qualifié de “travail d’esclave” par le pape François. Les syndicats réclament que les salaires mensuels de base soient portés à environ 100 dollars (77 euros).
Le Bangladesh est le deuxième exportateur au monde de vêtements en raison de la modicité des salaires et d’une main-d’oeuvre abondante. Ce secteur-clé de l’économie représentait l’an dernier 80% des exportations du pays.
Auteur AFP
le plus gros acheteur de textile, H & M, a beau avoir signé l’accord, il envisage de relocaliser une partie de sa production en Amérique latine ou en Afrique. Rien à voir, selon le patron de H & M, Karl-Johan Persson, avec la catastrophe de Rana Plaza. «Question de qualité, de réactivité et de prix», assure-t-il au Financial Times.
Journal Libération du 20 mai 2013
http://www.liberation.fr/economie/2013/05/20/bangladesh-la-revolte-des-ouvriers-du-textile_904327